Je suis tombée sur ce site parce que je cherche des informations diverses sur la prise de drogue et le moyen d'aider une personne qui se drogue, mais les réponses ne sont pas toujours fiables ou complètes. Alors j'espère trouver ici quelques indications et conseils, parce que je ne sais plus quoi faire.
Mon frère se drogue depuis très longtemps, mais ce n'est qu'il y a quelques mois que nous nous en sommes rendus compte. Il nous a fallu un long moment pour comprendre qu'il avait des hallucinations, et vu que c'était la première fois qu'on vivait ça, nous ne savions pas quoi faire pour lui venir en aide. Il suait à grosses gouttes, était dans une terreur panique, et s'alarmait encore plus de nous voir aussi calmes, quoi qu'effrayés, non pas par ce qu'il voyait, mais par son comportement. Je suis restée avec lui toute la nuit parce qu'il ne supportait pas d'être seul, et il n'a pas cessé de parler, persuadé que quelqu'un lui voulait du mal, et il s'est ensuite mis à douter de moi. Quoi qu'il en soit, c'est cette nuit-là qu'il nous a parlé ouvertement de sa consommation de
cannabis et de cokaine.
Il ne l'a plus fait ensuite. Pendant quelques semaines, je l'ai emmené loin de chez nous. Il avait décidé de ne plus consommer tellement cette épreuve l'avait terrifié. Il dormait beaucoup, il est devenu plus nerveux encore, et au bout de deux semaines, il n'a plus tenu, il a fait venir un copain, qui lui a ramené du
cannabis. Malgré toutes mes interventions, rien y a fait. Il a replongé. Non seulement il fumait, mais il est rentré, et il se droguait presque ouvertement. Il a continué à avoir des hallucinations pendant, je dirais, encore trois semaines après son retour. Il m'appelait parfois en panique pour me dire qu'il avait vu telle ou telle chose, et il a même entendu la voix d'une personne avec qui il était en conflit dans le téléphone pendant qu'il discutait avec moi. On rentrait parfois pour le voir à moitié comateux, assis devant l'ordinateur, et de l'ammoniac, une pipe à eau artisanale et une cuillère disposés sur du papier absorbant. Il continuait à dormir énormément, a énormément maigri, puis d'un jour au lendemain, il s'est mis à manger comme un ogre, passant du sucré (et surtout du chocolat) au salé puis encore au sucré. Il pouvait faire plusieurs repas sur la soirée et ne pas être rassasié. Suite à quoi il a repris beaucoup de poids. Pendant quelques temps, il s'est beaucoup renfermé, et quand quelqu'un passait le voir, il tenait absolument à ce qu'on dise qu'il n'était pas là . Maintenant qu'il se remet à sortir, il semble reprendre de la drogue, mais je ne sais pas ce qu'il prend. Il avait parlé de
cocaïne, on nous a parlé d’héroïne, je retrouve parfois des capsules de
Xanax,
Lorazépam, Lormétazépam... Son comportement cachottier et son refus à tout dialogue (il ne se drogue pas, d'après lui) nous laisse dans le flou.
Nous avons essayés de le convaincre de faire une cure de désintoxication, de déménager pour le changer d'environnement. Nous y avons mis tous les moyens que nous avions à disposition, mais malgré tout, je pense que notre ignorance sur le sujet et sur les aides à apporter rend nos contributions moindres. On est en Belgique, par conséquent, je ne sais pas si vous pourrez m'aider, mais voilà , il faut faire quelque chose. Après ça, il s'est complètement fermé. Ego blessé (d'être perçu comme un drogué), addiction ou bien s'il s'est persuadé qu'on n'est pas de son côté, malgré qu'on est resté avenants et compréhensifs (les premiers temps), il n'a plus voulu discuter de ça avec nous. Dès qu'on aborde le sujet, il prend la fuite.
La situation n'est plus tenable. Il me vole de l'argent, ne paie pas ses amendes pénales, nos parents se sont endettés. A la maison, l'atmosphère est étouffante. Tout le monde essaie d'agir normalement, d'être compréhensif envers lui pour lui montrer qu'il peut avoir confiance en nous. Tout ça n'est qu'une façade. On se demande toujours quand il va exploser, parce qu'un mot de travers, même le mot le plus anodin, peut le mettre dans une colère monstre. Il crie, puis il claque la porte, et il ne revient qu'après quelques heures, où le lendemain. Personne n'est prêt à agir, d'une façon ou d'une autre, et la tension continue de nous accabler. Mes parents n'ont pas le sommeil tranquille, et quand j'entend parler mon frère, je ne suis pas à mon aise non plus quand il est dans le coin. Paranoia, délire de persécution, j'ai plusieurs fois été obligée de l'empêcher de sortir parce qu'il était armé. Ça va beaucoup trop loin. Sans parler d'une autre peur, beaucoup plus évidente, de ne pas pouvoir le réveiller un jour, ou d'apprendre qu'il s'est suicidé d'une façon ou d'une autre. Je le sens moins révolté et plus abattu chaque jour. Sa fierté qui lui a tant coûté par le passé s'amenuise. Et le fait qu'il ne parle à personne m'inquiète plus que tout, parce qu'il intériorise tout et que c'est ainsi qu'on en vient à faire des conneries. Comme de mettre fin à ses jours.
De tous ceux qui ont essayés de me conseiller (médecins, inspecteurs des stups), tous sont d'avis qu'il n'y a plus que deux solutions, à ce stade, mais je refuse d'y croire. Nous avons le choix entre le mettre à la porte où le jeter en prison pour trafic de drogues. On est déjà passés par là , et la prison n'a fait que renforcer son sentiment de révolte. D'autant que chaque fois, on ne s'en sort pas sans dommages. Tant qu'il n'est pas disposé à admettre son addiction et à s'en sortir, une cure forcée n'aura aucun effet, si ce n'est à envenimer la situation. Mais je vois mes parents s'éloigner l'un de l'autre, ils sont en désaccord sur ce qu'il faut faire, et c'est pire que tout. Je suis... tellement en colère contre mon frère, que je n'arrive plus à lui parler sans que ça ne tourne en dispute. Il n'en est pas à nous supplier de lui donner de l'argent, il ne fait pas de grosses crises violentes pour obtenir ce qu'il veut, mais j'ai peur qu'on n'en soit pas loin. Il vend tout ce qu'il a, et quand il n'aura plus rien à vendre, il prendra ce qu'il a sous la main. Il m'a déjà volé, si une enquête est encore ouverte, qu'il y a une perquisition et qu'on trouve de la drogue dans la maison, cette fois, nous serons tous considérés responsables, et on risque nous-même la prison.
Inutile de préciser que j'adore mon frère. Mais il y a tant d'aspects à considérer. J'ai envie de croire qu'il peut s'en sortir, même s'il n'y croit pas lui-même. J'ai envie d'espérer qu'il puisse s'en remettre. Mais il a l'air... "conditionné". Sa conception de la vie, depuis des années, c'est un
joint coincé entre les dents, une liasse de billets dans la poche, grosse voiture, maison encore plus grosse. Inutile de dire qu'il en est loin. Il conçoit la vie dans la violence de la rue et la tension du trafic. Il ne voit peut être pas de porte de sortie, ou il baisse trop vite les bras, mais même si on a essayés, on ne peut pas faire ce travail pour lui. On ne peut pas le sevrer à sa place. En outre, il ne croit pas en nous, et même si on a été aveugles, ça fait longtemps qu'il ne nous fait plus confiance. J'ai l'impression qu'on n'a plus de valeurs à ses yeux, parce que même s'il s'aperçoit qu'on souffre de le voir ainsi, au bout du compte, dans ses choix, dans ses actes, il ne nous prends pas en compte.
Alors voilà , il n'est plus le seul à se détruire. On est tous sur la corde raide, et rien ne s'arrange. Quoi qu'on fasse, quel que soit l'angle sous lequel on prend le problème, il semble n'y avoir aucune solution tant qu'il ne nous laissera pas l'aider. Et cette impuissance... Je n'ai jamais rien connu de plus destructeur que de regarder quelqu'un que j'aime sombrer sans qu'il ne soit en mon pouvoir de l'aider et d'apaiser ses peines.
Loin de moi l'idée de l'envoyer en prison, mais j'ai besoin d'avis différents, de savoir ce qu'il y a à faire "d'autre". Qu'est-ce qu'il est encore possible de faire pour lui venir en aide ?