15 novembre 2012
Le débat avait été lancé par d’anciens présidents : le Brésilien Fernando Henrique Cardoso, le Mexicain Ernesto Zedillo et le Colombien César Gaviria s’étaient rassemblé pour proclamer l’échec de la « guerre contre les drogues » et pour prôner un tournant. A leur avis, la
légalisation ou la
dépénalisation de certains stupéfiants était désormais à l’ordre du jour.
Maintenant, ce sont des présidents en exercice qui prennent position, malgré l’opposition de l’opinion publique.
Le président du Guatemala, le général du cadre de réserve Otto Pérez Molina, a relancé la discussion. Son homologue de l’Uruguay, José Mujica, est allé plus loin, puisqu’il a proposé que l’Etat prenne en charge la production et la distribution de
cannabis.
Le 6 novembre, aux Etats-Unis, les électeurs du Colorado et de l’Etat de Washington ont approuvé, par référendum, la consommation « récréative » de la
marijuana. Cette initiative va plus loin que les Pays-Bas, dont la tolérance équivaut à une
dépénalisation. Six jours plus tard, le 12 novembre, les gouvernements du
Mexique, du Costa Rica, du Honduras et de Belize, ont signé une déclaration qui prend acte du « changement de paradigme » à l’égard du
cannabis « dans certaines régions de notre continent ».
En Uruguay, bientôt un Institut national du
cannabisLe changement le plus audacieux a lieu en Uruguay, où la Chambre des députés étudie la proposition du gouvernement de José Mujica. Le projet prévoit la création d’un Institut national du
cannabis, chargé du contrôle et de la régulation des activités liées à l’importation, l’exportation, la plantation, la culture, la cueillette, la production, l’achat, la commercialisation et la distribution de la
marijuana et de ses dérivés.
Le consommateur individuel uruguayen sera autorisé à cultiver six plants de
cannabis et à produire 480 grammes par an. La consommation serait fixée à 40 grammes mensuels, soit environ 20
joints, dont le coût serait de 700 pesos (27,50 euros). Des clubs de quinze consommateurs maximum pourront cultiver 90 plants.
« Pepe » Mujica a accordé un entretien épatant à la BBC où il explique que la marihuana « mérite plus de respect et d’être davantage connue ». Le président uruguayen, toujours en verve à ses 77 ans, assure néanmoins qu’il n’a jamais fumé un
joint. « Ce qui m’effraie c’est le narcotrafic, pas la drogue », a dit l'ancien guérillero Tupamaro, en guise de justification à son initiative contre la prohibition.
Source :
http://america-latina.blog.lemonde.fr/2 … s-latinos/