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Dernière modification par prescripteur (22 avril 2023 à 12:27)
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Une des questions qui apparaissent quand on fait une recherche Google a écrit
Comment l'OMS definit la maladie ?
[Chez l'homme] Altération de l'état de santé se manifestant par un ensemble de signes et de symptômes perceptibles directement ou non, correspondant à des troubles généraux ou localisés, fonctionnels ou lésionnels, dus à des causes internes ou externes et comportant une évolution.
Après je dis "la" définition, mais évidemment ce n'en est qu'une parmi d'autres, enfin pour le coup c'est pas la def de n'importe qui quand même c'est l'Organisation Mondiale de la Santé.
Je vous laisse avec cette définition vous faire votre avis.
Dernière modification par L'Apoticaire (22 avril 2023 à 16:33)
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Dernière modification par prescripteur (22 avril 2023 à 18:31)
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prescripteur a écrit
Bonjour, avec cette definition attrape tout une grande partie de la population est "malade".
https://www.insee.fr/fr/statistiques/42 … re=4238781
Et encore si l'on prend les problèmes visuels, auditifs, digestifs, de sommeil etc...les non-malades sont l'exception.
voir https://www.has-sante.fr/upload/docs/ap … e_agee.pdf
(tableau 2 page 9)
Amicalement
Pour moi ça veut surtout dire qu'il n'y a rien de spécial (comme tu l'as souligné) à être malade, tout le monde est malade à un moment de sa vie voir pendant sa quasi intégralité pour beaucoup, donc voilà y a rien de grave à être "malade", ça veut juste dire qu'on a un problème qui nous affecte le fonctionnement de l'organisme, et "un pb qui nous affecte le fonctionnement de l'organisme" bah j'appelle ça une maladie, comment appellerais tu ça toi ? (je sais qu'il y a d'autres mots : pathologies, etc... Mais du coup le mot malade semble très approprié pour pas mas de cas dans lesquels l'addiction a des sérieux problèmes sur l'organisme, après, oui, il n'y a rien de grave à être "malade", mais justement mes propos vont dans ce sens).
Après je comprends où tu veux en venir, et j'aime être précis sur les termes (car les mots comptent ! ), donc oui, je suis ok avec toi sur le fait que même si approprié et juste, le mot "malade" a une connotation bien trop péjorative pour beaucoup, et l'utiliser, le dire auprès de gens pour qui "malade" veut dire "déviant", "fou", ou autres termes péjoratifs, bah c'est pas une bonne idée, oui.
Mais du coup, dans tout ça, j'aimerais savoir (surtout par curiosité hein) quels sont les critères précis qu'une personne doit avoir pour que tu la considères comme étant "malade" ?
Vu que tu semble trouver la definition que j'ai donnée pas hyper appropriée je serais curieux de savoir la tienne :)
Dernière modification par L'Apoticaire (22 avril 2023 à 22:28)
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Dernière modification par prescripteur (23 avril 2023 à 10:38)
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prescripteur a écrit
Bonjour, ce n'est pas tellement la définition que je vise que l'usage. C'est d'ailleurs souvent le cas quand une définition a des sens différents selon la personne, le contexte etc..
C'est ce que j'avais souligné oui.
Mais du coup, je re-pose la question car la réponse m'intéresse : quels sont les critères ou du moins le type de critères et leur intensité, qu'une personne doit présenter pour que tu la considères comme étant "malade" ? (désolé j'suis curieux^^)
Car tu considères que les consommateurs ne sont pas malades, mais du coup, qui l'est ? Enfin, qu'est ce qui doit se passer chez une personne pour que tu la qualifies de "malade" ?
Dernière modification par L'Apoticaire (23 avril 2023 à 10:54)
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Dernière modification par Alexandre11 (23 avril 2023 à 16:02)
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Merci pour vos réponses, je suis d'ailleurs de ton avis Apothicaire, je pense que c'est une maladie selon la définition, et tout en comprenant le point de vue de prescripteur, je ne pense pas qu'il faille faire ce jeu sémantique, il n'y a pas de honte à être "malade".
Il ne devrait pas y avoir de honte mais dans la vie reelle cela entraine souvent de la stigmatisation , surtout si la personne a en partie généré sa "maladie" et il y a une forte pression pour "qu'il se soigne". Par exemple la justice envoie aux consultations jeunes consommateurs les consommateurs de cannabis en "obligation de soins". C'est donc qu'elle a fait un diagnostic de "maladie" qui peut se transformer en cas de récidive en diagnostic de "malade qui refuse de se soigner". Il y a donc un abus de l'emploi du mot malade qui justifie une resistance. Mais c'est contre l'abus que je m'élève pas contre le mot.
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (23 avril 2023 à 16:22)
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Dernière modification par Unposcaille (23 avril 2023 à 17:18)
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Gerek a écrit
Idéalement, laisser la personne que tu reçois en consultation déterminer si son état actuelle, ses consommations et les conséquences (bénéfiques et/ou non) l'amène à s'attribuer ce statut de "Malade".
Combien de fois tu recevras quelqu'un qui te diras qu'il est malade (comprendre addict) de tel produit alors que c'est parfois simplement une solution pour faire face à un truc bien merdique ou pour réussir à vivre et à s'intégrer au sein d'un groupe/communauté/société.
J'ai rarement vu des "malades" en consultations.
Des personnes qui avaient des problèmes avec leurs conso/conduites, oui. Et on trouvait des parades.
Bref j'apporte pas grand chose à part ma maigre expérience sur le sujet.
Ps : Interne en psychiatrie donc ? Petite appétence pour la pédopsy ou pas du tout ? C'est que ça manque cruellement de professionnels en ce moment pour nos petites croquettes de moins de 18 ans et ça, ça craint !
Nope, psychiatrie adulte aha, mais je suis d'accord, d'autant plus que dans ma ville la pedopsy est dirigée par de grands défenseurs de la psychanalyse malheureusement.
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Qu’est ce qui caractérise spécifiquement une drogue ? C’est quoi l’addiction ? Le cerveau est une machine psycho-stimulée par tous les détails du monde. Il sécrète des endorphines au contact de n’importe quel plaisir. L’amour, le sucre, l’aventure, une tasse de café au réveil, le chant des oiseaux sur le lac du Chammet, le regard de Loretta qui comprend tout. Toutes ces substances meuvent en moi des neurotransmetteurs. Décharge d’adrénaline, libération de sérotonine. Je crois qu’il est impossible de trouver une « ontologie » des drogues du point de vue de la psycho- activité. On pourrait dire que la drogue est essentiellement un agencement juridique, sémantique et répressif situé dans une structure sociale déterminée. Il y a des gens qui retrouvent Cyril Hanouna tous les soirs comme on ouvre une bière. Si on prend l’exemple d’une rupture amoureuse, le sentiment de manque n’est il pas complètement caractéristique d’une drogue ? On pourrait dire que l’addiction c’est l’ensemble des habitudes, des affections dont quelqu’un a besoin pour tenir debout - mis à part les nécessités vitales, manger boire dormir. En quoi suis-je plus un drogué qu’un autre ?
Bien sûr que la drogue n’est pas que néant, mensonge et bras soporifique du capital. Bien sûr que je la vomis, que j’ai besoin de la vomir.
Bien sûr qu’elle est merveilles et voyages. Surtout, qu’elle déplace. Elle bouge le cul des trop sûrs d’eux, remet en perspective. Elle désidentifie. Déstructure certitudes, appartenances et orientations sexuelles, propulse vers des possibles insoupçonnés. Elle fait nager dans ciels profonds ou voler dans des océans infinis. Elle permet la rencontre, réuni des bandes, accompagne l’amour. Donne la force d’affronter l’inafrontable, troque la faiblesse contre le courage ou détend l’hyper-activité. Tout ça est vrai et tout l’inverse aussi. Elle est source d’aventures ambivalentes. Ses forces sont aussi ses faiblesses. Certaines drogues nous affectent durablement, et il faut qu’elles soient accompagnées de travail, de rituels et d’attention. C’est une affaire sérieuse. Certaines ouvrent à des mondes complexes dans lesquels il faut savoir manoeuvrer, trouver son chemin dans le labyrinthe pour atteindre l’absolu en son centre. Chaque substance a son langage, ses possibles et ses écueils. Ce qui est destructeur, c’est une manière de s’y rapporter. C’est ce que les occidentaux en font, comme marchandises, comme milieux et finalement, comme drogues. Parce que rien n’est drogue en soi. Il y a des substances et des usages, des affects qu’on crée avec elles. La substance n’est qu’un élément d’un rhizome plus vaste, et ce n’est pas elle qui porte le coup fatal.
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Les 11 critères diagnostics du DSM V de l’American Psychiatric Association
Besoin impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de jouer (craving)
Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au jeu
Beaucoup de temps consacré à la recherche de substances ou au jeu
Augmentation de la tolérance au produit addictif
Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes provoqués par l’arrêt brutal de la consommation ou du jeu
Incapacité de remplir des obligations importantes
Usage même lorsqu'il y a un risque physique
Problèmes personnels ou sociaux
Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité
Activités réduites au profit de la consommation ou du jeu
Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques
Ces critères permettent de caractériser le degré de sévérité de l'addiction :
Présence de 2 à 3 critères : addiction faible
Présence de 4 à 5 critères : addiction modérée
Présence de 6 critères ou plus : addiction sévère
Un exemple simple est les amateurs de bon vin. Ils ne sont pas "alcooliques" (du moins en général) mais seraient très malheureux s'ils devaient cesser toute consommation. Certains doivent le faire pour des raisons médicales mais n'y arrivent pas (ou mal) à cause du craving et de l'addiction au bon vin. Mais, en dehors de ces rares contre-indications médicales, est ce une addiction pathologique ?
De même chez les fumeurs "raisonnables". Ils remplissent beaucoup de criteres ci dessus mais sont ils "malades" ?
J'en concluerais que l'addiction "pathologique" est un concept auto-défini. C'est la pathologie (y compris la pathologie de l'addiction) qui est définie comme maladie et pas forcément l'addiction en elle même. C'est la "science" qui la definit comme une maladie et pas forcément la realité.
Mais il est vrai que la consommation excessive (de drogues, de sexe, de sport etc..) augmente le risque que l'addiction devienne pathologique.
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (05 mai 2023 à 10:47)
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L'addiction serait pathologique à la condition qu'elle entraîne une souffrance ?
C'est certainement plus complexe mais je crois que c'est central. Amicalement
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Alexandre11 a écrit
, l'addiction est considérée comme une maladie, sans débat.
Merci pour ta question. Je vais te faire une réponse avec une archive du forum. C'était en novembre 2006, ce qui est l'ancêtre du forum existe depuis deux mois. Sur une idée qu'il a eu avec Fabienne, Pierre programme et met en ligne un forum web. Pierre est chargé de communication à RuptureS, une boutique a Lyon, et tous les deux ont été plusieurs années avant investis dans KeepSmiling Lyon.
Et lors d'échanges sur ce thème, une autre voix se fait entendre. Je cite donc kanar, mais toute la discussion est intéressante.
https://www.psychoactif.org/forum/t4-p1 … E.html#p92
kanar a écrit
salut Catherine, et salut à tous.
Catherine je reprends tes termes:"notre mal de vivre chronique" (en parlant de nous autres les UD). Tout à fait d'accord avec ton speech, mais donc tu admets là que la toxicomanie est un "mal" et qu'il est "chronique"...
Moi aussi, je prends beaucoup de recul face à ce monde médical qui tente, quelque part, de nous "incarcérer" (là où il faudrait nous "libérer" de notre addiction, et encore, pourquoi faire finalement) et lorsque j'entends que le toxico est un "malade" qu'il faut "guérir" (par substitution puis sevrage avec suivi social psychologique blablabla), ça me hérisse le poil comme quand, à l'époque (et peut-être même encore un peu maintenant) on voulait guérir les homosexuels de leur maladie!
Et encore, je préfère encore ce discours à ceux qui disent que les UD ne sont pas des malades mais juste des connards de sales tox qu'il faut brûler au bûcher...
Non pas que je refuse le fait d'être malade, mais alors pas du tout, j'ai moi-même été hospitalisé en psychiatrie plusieurs fois et pas que pour toxicomanie, mais tu l'as dit toi-même, nous possédons un "mal de vivre chronique"... Je suis tout à fait d'accord.
Tu remarqueras alors l'ambivalence du jugement que nous portons envers nous-mêmes: quelque part le mot "malade" stigmatise notre comportement, nous marginalise à outrance et semble peu opportun dans la mesure où il nous range dans une case qui me semble erratique car il nous colle sur le dos un problème là où, pour nous, il n'y en a pas. "Malade"... ça fait doucement rigoler non?
Alors je ne veux pas jouer sur les mots, comme quand les gens se prennent le chou sur le fait de dire UD ou toxico ou pharmaco etc.,mais quand même, à un moment donné il faut bien coller une défintion exacte sur les mots alors...
Sommes-nous malades???
La réponse "nous ne sommes pas malades, nous sommes simplement des gens subissant un
"mal de vivre chronique"", ne me satisfait pas car elle me semble incomplète!
Qu'en pensez-vous???
Tu disais quoi, Catherine?
Le serpent qui se mord la queue?
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Dernière modification par prescripteur (06 mai 2023 à 12:46)
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Dernière modification par meumeuh (09 mai 2023 à 11:44)
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Ma réflexion toute personnelle à ce sujet : il faut juger un arbre à ses fruits. Quels sont les fruits de la logique de la maladie ?
Avec le temps, j'en arrive à la conclusion que tout le monde possède un "mal de vivre chronique", consommateur ou non, psychiatrisé ou non. On en est juste plus ou moins encombrés selon les cas. On peut très bien affirmer que la souffrance fait partie de la vie, sans pour autant faire de nécessité vertu. A chaque fois que j'ai eu l'opportunité de connaître les personnes de plus près, celles qui me semblaient les plus heureuses et les plus équilibrées se sont toujours avérées moins "stables" et "saines" qu'elles ne le paraissaient, ou qu'elles ne voulaient bien l'admettre. Il suffit de mettre les gens à l'aise et de les écouter parler d'eux, pourvu qu'ils s'y laissent aller sans trop se censurer pour correspondre aux normes sociales de la santé mentale (bonheur, équilibre, épanouissement, etc.). Je dis ça sans jugement aucun : on en est tous plus ou moins là.
Mais ça n'est pas le degré de souffrance qui détermine si l'entourage ou le milieu médical vont considérer quelqu'un comme malade ou non. Ce qui fait la différence, c'est les parades mises en place contre ce "mal de vivre chronique". Certaines impliquent des comportements qui sortent des normes sociales établies, et qui génèrent des angoisses chez ceux qui se sont construits autour de ces normes. Les médecins sont aux premières loges, car leur parcours les porte à se construire autour de la norme "santé".
Et quand on est angoissé, le premier réflexe, c'est souvent de remettre ça sur l'autre, sur son comportement, sur son risque. C'est à dire, au bout du compte, sur son être, puisque c'est bien l'être qui détermine les parades que chacun trouve contre ce "mal de vivre chronique". En conséquence, on est porté à vouloir faire changer l'autre, juste pour se rassurer, pour assurer son propre équilibre psychique, même si on ne s'en rend pas compte, et qu'on croit être guidé par la seule bienveillance. Ca me semble un réflexe quasi compulsif, auquel personne ne peut prétendre échapper complètement.
Mais le milieu médical encourage et renforce cette logique délétère en l'institutionnalisant et en la rationalisant. Bien trop souvent, soigner est synonyme de prescrire, plutôt que de proposer ou d'offrir. Et la prescription contient l'autoritarisme. Bien qu'elle ait le bon goût de paraître déculpabilisante au premier abord, la logique de la "maladie" fournit tout un tas de justifications à cette compulsion autoritaire, à ce droit d'ingérence sur le comportement de l'autre, et ça peut conduire aux pires paradoxes thérapeutiques. C'est un cadeau empoisonné.
Le médecin plein de bonnes intentions se croit guidé par la raison, par la science, et par la bienveillance, alors il se sent autorisé à y aller franco : c'est pour le bien du "malade". Faire disparaître le symptôme qui l'angoisse finit par prendre totalement le pas sur l'alliance thérapeutique. Il n'écoute plus les patients, fait sans eux, malgré eux, et finalement contre eux. Et plus le "malade" résiste, plus la preuve de sa maladie semble établie.
Cette médecine en vient à balayer la violence d'un sevrage forcé ou d'une hospitalisation sous contrainte d'un revers de main. Forte des certitudes que lui donne ce concept de maladie, elle en vient à ignorer les plaintes des "malades" sur les effets secondaires des traitements les plus lourds. En psychiatrie, elle n'hésite pas à séparer le malade de ses proches, à le placer à l'isolement, à le sangler "pour son bien", même quand le patient n'est pas un danger pour lui-même ni pour les autres, en dehors de l'angoisse qu'il génère. Elle en arrive à culpabiliser le "malade" qui ne veut pas "se soigner", et à conforter les proches dans cette attitude. Et à le faire fuir le "malade" qu'elle voulait soigner...
En psychiatrie comme en addicto, on voit beaucoup trop de personnes en grande souffrance, qui se retrouvent complètement hors circuit de soin, renvoyées au marché noir, isolées, et livrées à elles même face à des symptômes parfois graves, sans la moindre aide... Juste par lassitude et par besoin de se protéger contre les cravings surprotecteurs et autoritaires des soignants angoissés. Et c'est du lourd, il y a de la casse, les souffrances sont démultipliées, et les conséquences deviennent parfois dramatiques.
Pour éviter ce désastre thérapeutique, il faudrait parvenir à séparer la logique du soin de celle de la prescription, et donc de la maladie.
Quand on dit qu'on "prend soin" des gens qu'on aime, on ne les enferme pas dans un comportement défini par une norme sociale, et ça n'implique pas de les considérer comme des malades. Je désire la même chose pour le soin "médical", que je voudrais comme le soin qu'on porte à ses proches, en plus professionnel, plus savant et plus expérimenté. On doit pouvoir être médecin, avoir vocation à soigner des personnes, sans se sentir obligé de les considérer comme des malades, au sens classique du terme. Mon psychiatre raconte souvent qu'il a dû "désapprendre" ce qu'il avait étudié à l'université pour pouvoir travailler convenablement, et ne pas se retrouver une fois sur deux à obtenir l'effet inverse de celui qui était visé.
Refuser le statut de malade me semble la seule parade pour se libérer de cette logique autoritaire, et pour que la prescription laisse la place au soin. Pour moi, ça n'est pas nier la souffrance, et encore moins culpabiliser les personnes. C'est tout l'inverse.
Dernière modification par Pesteux (06 mai 2023 à 18:31)
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prescripteur a écrit
devrais je me renommer en soignant ou equivalent ?
Surtout pas, ne change rien, c'est parfait ainsi :)
Au départ, j'ai pensé qu'il y avait une large part d'humour dans ta question. Mais finalement, peut-être pas le moins du monde. J'imagine facilement que ton pseudo, tu l'as choisi bien avant que psychoactif n'en arrive à ces conclusions sur la rdr "non prescriptive". Peut-être même que "prescripteur" t'avait paru moins écrasant que "médecin", et que tu as pris ça justement pour te distinguer de la logique autoritaire. Aujourd'hui, tu te dis peut-être que tu as très mal choisi ton pseudo. Perso, je pense que tu as eu le nez creux, bien au contraire. Ton pseudo saisi parfaitement ce qu'il y a de déconnant dans la logique médicale. A mes yeux, tu ne pouvais pas viser plus juste. C'est une formidable mise en abyme, un acte manqué parfaitement réussi^^
Le médecin a une place particulière dans notre société. C'est une position très différente de celle du simple soignant. Une position d'autorité symbolique, mais aussi de pouvoir concret, validée tout à fait officiellement et légalement par nos institutions. Avec les effets que je décrivais plus haut...
Mais ces effets infusent dans tout le milieu médical, et même bien au-delà. Je pense au social et au droit notamment. J'ai connu des "équipes soignantes" (psychologue, infirmiers, assistants sociaux, aidants bénévoles, etc.) totalement prises dans cette logique autoritaire de la maladie. Du coup, choisir un pseudo construit autour du terme soignant ou assimilé ne te permettra pas d'échapper à cette image de proximité avec le pouvoir, l'autorité et la prescription.
Or, tu ne participes pas à cette logique. Tu la combat. Tu pratiques le soin non autoritaire. On peut prendre n'importe lequel de tes posts au hasard et en extraire des citations qui le démontrent. C'est reconnu de tous ici.
En te rebaptisant "soignant" ou un truc du genre, tu effacerais la place particulière que tu tiens dans l'institution médicale. Or je pense justement que c'est une place forte, qu'il faut tenir, et ne surtout pas abandonner à l'ennemi. En te nommant "prescripteur", tu mets ton autorité symbolique au service de la cause.
En l'arborant fièrement le pseudo "prescripteur" sur psychoactif, tu montres que "même un médecin" peut faire ce pas de coté, et sortir de cette logique autoritaire. Que ça n'est pas une renonciation au serment d'Hippocrate, mais que c'est au contraire un prolongement, une nécessite pour mieux soigner.
Ca a plein d'avantages :
- pour les usagers qui sont en dehors du corps médical, comme moi, ça redonne de l'espoir dans la médecine et son monde. Ca montre que l'autoritarisme médical n'est pas une fatalité. Et ça aide à ne pas se braquer dans un rejet total du soin.
- pour les médecins et autres professionnels du soin, ça peut leur donner de très bonnes idées, et leur inspirer une autre approche de leur travail.
- pour psychoactif, ça aide à crédibiliser l'association aux yeux des institutions, en faisant rejaillir un peu de ton autorité symbolique sur la dialectique défendue.
J'en profite pour te remercier pour ton champignon. Ca m'a touché. Vraiment. Me sentir entendu par un médecin, qui a justement choisi "prescripteur" comme pseudo, ça donne à ton champi d'autant plus de saveur.
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Pour beaucoup de gens quelqu'un qui consomme "de la drogue" ne peut être que malade ou délinquant. Dirait t on la même chose d'autres comportements à risque comme l'alpinisme ou les défis "extrêmes" ?
Ces paroles font écho à celles de David Nutt :
Il existe de nombreuses activités à risque comme le base jump, l’escalade, le saut à l’élastique, le deltaplane ou la moto, qui présentent des dangers et des risques égaux, voire pires, que bien des drogues illicites. Bien sûr, certaines personnes pratiquent des sports soi-disant «extrêmes» spécifiquement parce qu’ils sont dangereux. L’équitation n’en fait pas partie et la plupart de ceux qui la pratiquent le font par simple plaisir plutôt que pour le frisson de l’excitation, presque certainement dans une ignorance complète des risques encourus. Le rugby, le quad et la boxe sont d’autres activités similaires, tout aussi dangereuses mais plaisantes. À l’exception de la boxe, interdite dans certains pays d’Europe, les sports ne sont pas illégaux malgré leurs dangers certains.
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