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Les témoignages associés montrent également combien la stigmatisation est intériorisée par les personnes. La violence des termes que ce participant utilise « déchets » ; « tox » ; « putes » renvoie à la violence subie au quotidien, notamment dans le langage toxicophobe qui peut être entendu dans les familles, dans les discours politiques et parfois même jusque dans les cabinets de consultations.
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Miser sur la réduction des risques plutôt que sur la répression
La stratégie politique mise en œuvre jusqu’à présent, qui laisse des usagers de crack et des habitants des quartiers populaires vivre dans des espaces de non-droit constitue une violence d’État vis-à-vis de publics en situation de fragilité.
Déplacées, les scènes ouvertes se reforment. Cette politique répressive accentue les dommages, les désordres et les souffrances tant pour les usagers que pour les riverains et aboutit à une impasse, symbolisée par le mur de Forceval. Preuve de son inefficacité, les scènes ouvertes se disséminent aujourd’hui dans différentes villes de France, comme à Bordeaux par exemple.
Pourtant, d’autres solutions existent, qui permettraient de pallier cet échec. Elles nécessitent de repenser les politiques des drogues à partir d’une approche de réduction des risques qui promeut la santé, le soin, l’inclusion sociale et la capacité d’agir des usagers et la pacification de l’espace public pour les riverains
Une approche qui peine à s’imposer en France
La France a, elle aussi, mis en place des initiatives de réduction des risques. Des espaces de dialogue entre habitants et usagers de crack ont également été ouverts, comme celui instauré par le dispositif Agora. Dans ces espaces de citoyenneté, on considère que la parole des usagers de drogues et la diversité de la parole des riverains, souvent invisibilisées, doivent être replacées au centre du débat public.
Ces initiatives sont cependant constamment freinées par la dimension répressive de l’approche des drogues dans notre pays. Celle-ci empêche le développement de dispositifs de prise en charge pluridisciplinaires tels que les haltes « soins addiction » inscrites dans la loi de santé publique de 2022.
Soulignons cependant que l’arrivée du nouveau préfet de Paris, Laurent Nunez, en juillet 2022, s’est accompagnée d’un discours sensiblement différent sur le crack. À la veille de l’évacuation du camp de Forceval le 15 septembre 2022, il déclarait que « l’action ne peut pas être que policière et répressive, elle doit aussi être sanitaire et sociale ». Son discours est donc plus en phase avec celui de l’agence régionale de santé et celui de la ville de Paris porté par l’adjointe à la santé Anne Souyris qui promeut une approche de réduction des risques.
Espérons qu’il s’agit là d’une amorce de changement, car pour l’heure, le traitement politique des usagers de crack et des riverains des scènes ouvertes met en évidence l’existence de « hiérarchies morales » qui accordent des valeurs différentes à la vie des personnes qui constituent notre société, pour reprendre l’expression de l’anthropologue Didier Fassin. Cette situation éclaire d’une lumière crue les failles de notre démocratie, qui est encore loin de parvenir à déployer équitablement les principes d’égalité, de liberté et de fraternité qui la fondent…
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Dernière modification par prescripteur (16 septembre 2023 à 12:30)
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