Salut,
Au cours de l'année dernière j'ai eu la malchance de sombrer dans une forte addiction au
crack, au point de vendre mes affaires au rabais au cash converter/affairs du coin pour avoir de quoi acheter parfois seulement un demi que je consommais parfois en moins d'une demi heure.
J'avais perdu le contrôle au point d'être esclave de la substance, piloté par le
craving, j'en étais à faire du faux
crack avec du
lexomil, ça n'avait aucun intérêt, c'était probablement très néfaste pour mes poumons mais ça calmait mon
craving.
Pour rejoindre ton histoire, j'ai réalisé de fortes dépenses dans la
coke mais comme il m'en fallait toujours plus parce que le
craving était insupportable, on se retrouve à ramper sur le sol pour examiner la moindre particule blanche solide qui s'y trouve dans l'espoir vain de trouver de l'or, puis on finit par fumer des déchets, des résidus qui n'ont rien de
crack, ce n'est pas grave la recherche continue tant que le
caillou commande le cerveau.
Du coup tu te tournes vers tout le monde en voyant les gens comme des portes monnaies ambulants, pouvant succomber à de la pitié, à la mendicité. Tu espères qu'on te tende la main afin que tu puisses bouffer le bras à partir de l'épaule.
C'est le moment où ta propre mère avec toute sa confiance en la personne qu'elle à mise elle même au monde et qui ne peut pas la trahir te propose de l'aide financière pour aider à surmonter la précarité, elle ne sait pas que tu penses seulement à ce que tu vas t'envoyer dans les poumons ou les narines sans vergogne. À ses yeux et avec tes mensonges tu es victime de la Société, des impôts injustes et au montant mirobolants, une inflation du loyer impayé depuis 2 mois et des consommables, de l'eau et de l'électricité parce qu'il a fait plus froid cette année, les assurances malussées, une compagnie de téléphonie abusive, et j'en passe.
Alors comme tu as ton indépendance, elle te laisse une CB pour que tu puisses faire les choses à ton rythme sans crever de faim, l'idée c'est de payer toutes les charges à payer avec tes revenus mais maman te dit que tu peux faire des courses cette semaine, attention 50€, alors au début tu salives en permanence, tout transpirant, en plein manque les yeux qui ne peuvent envisager aucune autre issue que celle décidée par l'addiction.
La morale n'existe plus, elle n'a pas d'importance, seul le crime paie.
Mais l'idée c'est de pouvoir faire durer la source tant que possible, alors on retire une fois, mais promis juste aujourd'hui et après ça se fera la semaine prochaine comme ça ni vu ni connu.
Sauf que la morale une fois bafouée rend l'homme comme un animal primitif animé seulement par les pulsions.
Et ainsi, on a le malheur de consulter le solde en banque des comptes de notre propre mère, puis on voit de l'argent, des ressources que nous n'avons pas alors on se les approprie, notre besoin, notre cause est plus juste que n'importe qu'elle autre.
De fil en aiguille la réalité te rattrape quand elle constate que plus de 3000€ manquent dans son compte. Une somme faramineuse, deux fois le montant de mon allocation chômage et tout ça parti en fumée en moins d'un mois. De l'argent qui aurait pu acheter une voiture, au pire une console, quelque chose de pertinent et potentiellement justifiable, mais les possessions sont vaines, l'intégralité d'entre elles sont déjà vendues. Des collections, des souvenirs, des bijoux, bradés pour quelques piècettes.
Alors la main qui avait accepté de t'aider paraît lointaine, mais de toute façon la culpabilité ne t'atteindra jamais quand tu penses servir une cause noble et juste.
Un homme vertueux? Vraiment? Robin des
Crack qui vole aux pauvres pour se rendre plus pauvre lui même. Quelle indignité.
Et a un moment donné sonne le glas des conséquences, après une semaine, peut être deux passées à cran, sans produits, tourmenté, on commence à prendre un anxiolytique pour se calmer, puis un deuxième et ainsi de suite jusqu'à appeler sa mère en fautif dans un espoir de rédemption, j'ai ingéré une boîte de médocs parce que je suis un sale addict et que je ne ressens rien à part l'angoisse du manque.
Alors on t'emmène à l'hôpital, tu commence à expliquer ta situation puis tu te rends compte de l'embarras que tu es comme individu, tout ce mal pour un poison?
Et pendant ce temps ta famille que t'as pas vu depuis plusieurs mois te trouvent en tenue d'hôpital, plein de sueur, vide, gavé aux
neuroleptiques, grelottant, et ils attendent des explications. Dieu merci il ne jugent pas et veulent que tu te rétablisse. Mais la vérité c'est que tu es une loque qui fait peine à voir, c'est ça l'image que tu veux donner à ces gens ? Alors tu cogites puis ça finit par passer, pour mieux te revenir plus fort dans la face plus tard.
Devant le fait accompli, la souffrance ressentie lors du
sevrage après des mois de consommations excessives fait ressortir l'humanité que tu avais abandonné, l'hôpital a vu ta consommation de benzos en une prise était un acte de détresse avec une volonté de mettre un terme aux tourments.
Donc au moins le cadre de l'hôpital est ton nouvel environnement, le seul contact avec l'extérieur un cagibi de 3m² qui sert de local fumeur, ton quotidien une chambre partagée avec un inconnu dont la seule discrétion tient à un rideau de papier au milieu d'une grande salle remplie d'anxiété. Avec pour seule activité et source de divertissement un écran de télévision, donc tu ingurgite de la bouillie de publicité sur un lit de nullité, le tout en étant nourri à la soupe. Le temps d'attendre un transfert en soins dans une unité d'addictologie pour un séjour de 3 semaines, avec encadrement et prise en soins, ateliers et conversations autour des addictions, des stratégies à mettre en place, etc.
Deux semaines d'hospitalisation et mon transfert se met enfin en place, le centre n'a que 16 places au total et il fallait attendre la Libération des lieux par un des résidents arrivant au terme de sa cure.
Arrivée dans un grand bâtiment qui possède en fait une cour ouverte en son intérieur, à l'abri du vrai monde extérieur, sécurisé et encadré par le personnel soignant. Après deux semaine en huis clos hospitalier la sensation de la chaleur du soleil sur ma peau était fantastique.
Puis pendant mon séjour on m'a donné encore plus de
neuroleptiques à gober, j'avais du
tercian à ingerer 4 fois par jour.
Mon état s'approchait de celui de la léthargie, je passais mon temps à dormir les
neuroleptiques m'empêchaient de ressentir le manque ou autre en me mettant un coup de massue.
Puis de fil en aiguille j'arrive un peu à m'adapter au traitement mais la réalité c'est que je subis les effets secondaires difficilement, ma vision est trouble, floue, je ne peux pas me concentrer, lire ou écrire, le soleil du mois de juin me brûle littéralement la peau à la moindre exposition, je suis fatigué en permanence.
Dans mon infortune j'arrive tout de même à créer une bonne entente avec les autres patients, beaucoup sont là pour alcoolémie et seul deux ou trois pour la drogue.
Mais qu'importe je savais ce que j'étais venu accomplir ici. J'ai eu la chance d'être soutenu, d'avoir de la visite des amis et des proches.
Puis au bout de 3 semaines, malgré mon injonction auprès de la psychiatre, suite à sa décision de me renvoyer chez moi alors qu'elle m'avais demandé si je me sentais prêt et que je lui avais affirmé que non avec les bonnes raisons.
Puis une fois de retour à mon appartement j'étais si seul...
Ma copine avait pris un autre appartement pour éviter de rester dans un lieu taché par l'addiction, mais c'était un faux prétexte, elle continuait de son côté mais c'était en apparence sous contrôle. Avec le temps ça s'est révélé être le cas mais j'étais trop fragile, j'ai vite recommencé à prendre de la C mais inconcevable de retoucher au
crack.
Au final on s'est remis à vivre sous le même toit en partageant nos affections, et notre consommation que nous essayons de maintenir le plus modérée possible.
La route me paraît encore longue mais je reviens d'un endroit très sombre.
Puis c'est à mon tour d'apporter aux gens dans les ténèbres un point de lumière.
Puisse la force et le courage t'accompagner dans ton parcours camarade. Tes nouvelles sur ton chemin vers la rédemption seront les bienvenues, mais tu es libre de partager tes craintes et tes inquiétudes, de parler des démons qui te hantent.