TSO : Dangers du mésusage
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Help13©Patrice_PrevotelDepuis plusieurs années, on note une augmentation importante du mésusage des
TSO. Cette pratique à haut risque pour la santé entraîne également un trafic de médicaments ou fuitage sur des marchés parallèles.
Les diverses facettes d’un même problème
L’usage détourné des traitements de
substitutions prend différentes formes selon la molécule utilisée. Les cas les plus fréquents de mésusage concernent la BHD, dont la présentation et l’accès facilitent le détournement. Entre 13 % et 46 % des patients traités à la
buprénorphine s’injecteraient, snifferaient ou, dans une moindre mesure, fumeraient le médicament. Cet usage détourné n’est pas sans conséquence sur la santé des patients : dégradation de la paroi veineuse ou des cloisons nasales, infections des sinus, abcès, hépatite médicamenteuse, mais aussi contamination par le VIH et le VHC (virus d’hépatite C). Contrairement au princeps de la BHD, les génériques contiennent des excipients insolubles dangereux en cas d’injection ou d’inhalation (silice, talc, amidon de maïs, stéarate de magnésium). Quant au mésusage de la
méthadone, les risques sont le surdosage et la combinaison avec d’autres substances illicites, certains médicaments, comme les
psychotropes, ou même de l’alcool. Les risques d’interaction entre la
méthadone et d’autres produits sont cliniquement importants. Avec l’alcool, on note une augmentation de la sédation, de la dépression respiratoire et de l’hépatotoxicité. Les barbituriques, quant à eux, diminuent le taux de
méthadone tout en ayant un effet dépresseur qui s’ajoute à celui du traitement. Enfin prendre des
benzodiazépines, ou d’autres anti-dépresseurs, avec de la
méthadone renforce l’effet sédatif. Les interactions sont également dangereuses avec les traitements à la BHD et doivent être signalées au médecin afin qu’une surveillance accrue soit mise en place.
Le marché noir : l’autre visage du mésusage
Le mésusage des
TSO engendre également une économie souterraine avec un important trafic de médicaments. On estime que la BHD est devenue l’une des drogues les plus consommées après la
cocaïne et le
cannabis. Le marché noir représenterait plus de 50 % de la consommation et la France est considérée comme une plaque tournante de ce trafic. En mai 2007, un important réseau de médecins, de pharmaciens et de dealers, a été démantelé. Ils auraient coûté plus de 500 000 euros à la Sécurité sociale. La même année, une saisie record de BHD est effectuée à l’aéroport de Port-Louis à l’île Maurice : un steward d’Air France est arrêté en possession de 51 863 compri-més de
buprénorphine, pour une valeur d’environ 1,2 million d’euros. La souples-se de délivrance de ce médicament, qui a permis à l’origine de réduire les risques de transission de virus chez les toxicomanes, est mise en cause dans l’apparition de ce marché noir. La Sécurité sociale multiplie les contrôles pour repérer les ordonnances suspectes. Acheter ou vendre illégalement de la
buprénorphine est passible de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.
Oser en parler à son médecin
Dans la mise en place des
TSO, il est important qu’une relation de confiance s’instaure entre le patient et le soignant. S’il se shoote à la BHD, le toxicomane se confiera plus facilement à son médecin quand la question du mésusage a été abordée dès le début du traitement. Informé d’un usage détourné, le praticien apportera des conseils de prudence et proposera des contrôles médicaux spécifiques. La BHD n’étant pas fabriquée pour être injectée, elle est dense et peut provoquer des obstructions veineuses qui engendrent phlébites et embolies. Il est important pour les consommateurs de ne pas culpabiliser de ce mésusage et d’oser en parler, que ce soit pour demander de l’aide afin de revenir à un protocole de soin « traditionnel » ou pour bénéficier d’un suivi particulier. Il ne faut pas oublier que les
TSO s’inscrivent dans une politique d’information et de prévention. Deux notions qui sont également prépondéran-tes dans la réflexion menée à propos des salles de consommation, trop souvent appelées salles de shoot par les médias : un terme que réfutent les associations, qui le trouvent restrictif et caricatural. Après maintes discussions, le gouvernement a donné son accord, début 2013, pour l’ouverture d’une première salle de consommation expérimentale à Paris. Ces structures, qui existent déjà à l’étranger, s’adressent à des toxicomanes souvent en grande précarité et poursuivent plusieurs buts : sécuriser la consommation, améliorer la prise en charge médico-sociale et amener le consommateur à réfléchir à un possible
sevrage.
Les chiffres clés
Dans un rapport de l’ANSM (ex-Afssaps), en 2009, l’usage des
TSO a été en cause dans 34,2 % des cas de DRAMES (décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances). Parmi les personnes décédées, 76,4 % étaient sous
méthadone. Dans 70,7 % des cas, le traitement était associé à des benzo-diazépines, à des médicaments psychoactifs ou à de l’alcool. Concernant les personnes sous
buprénorphine, le nombre de cas d’interaction avec d’autres produits est encore plus élevé.