Tout d'abord je veux remercier Pierre, c'est bien de savoir qu'il y a quelque part un écoute bienveillante.
Mille fois merci, je sais qu'il ne faut pas désespérer du genre humain, j'en ai une fois de plus la preuve.
Bonjour Sabine
Merci à toi aussi pour ton message, il est vrai qu'on croit toujours que les saloperies de la vie n'arrivent qu'aux autres, mais maintenant je sais que cela fait partie intégrante des épisodes de notre existence, que cela nous structure, et nous rend plus forts, maintenant j'attends de pied ferme ce qui pourra m'advenir.
J'ai chevillé au corps un goût immodéré pour l'humour, fut-il noir, et celà me confère une certaine force de caractère ( etre la premiere à rire de soi, cela te blinde sa bonne-femme.)
Et puis j'ai lu quelque part que c'est avec l'héroïsme les seules choses qui nous restent quand on a tout perdu ( enfin quelque chose dans ce sens ). ça m'a toujours aidée,même dans les situations les plu tragiques.
Hum.......mes relations avec la police, je pense que dans mon cas, il y a eu beaucoup de maladresses et de lacheté vis à vis de moi, et puis comme on me l'a dit, j'ai l'air d'etre une femme qui sait encaisser, une "femme forte" donc je ne veux accuser personne, à toi de juger . . .
Voilà , mon fils a quitté la maison le mercredi 13 avril 2005 au soir vers 9 heures, et n'est jamais revenu.
Le lendemain, j'ai été très étonnée de ne pas le voir pour le petit déjeuner;il dort, ai-je pensé, avant d'aller dans sa chambre et de m'apercevoir qu'il n'avait pas dormi à la maison.
Il avait 39 ans, n'avait jamais découché de sa vie.sans m'en prévenir, question de politesse, Donc gros étonnement, et une pointe d'inquiétude.
J'ai commencé à téléphoner un peu partout, et n'obtenais aucune réponse vable de nulle part, son jeune frère s'y est mis de son coté, et mon mari ( qui n'est pas son père ) s'y est mis aussi,
tout ça en vain , jusqu'à ce que j'ai l'air d'avoir un écho du coté du commissariat vers 16 heures 30, là on m'a dit de ne pas quitter, et j'ai été balancée une une ligne d'attente, pendant un bon moment avant que la communication ne soit coupée.
Ne sachant plus quoi faire, j'ai décidé d'attendre, dans mon esprit il y avait un problème, au pire, Antoine était peut etre en garde à vue suite à une erreur , comme cela s'était déjà produit.
Un quart d'heure aprés, un lieutenant de police m'appelle, très brusque dans sa façon de parler, " vous étes bien Mme. S..., la mére d'Antoine B......., Venez immédiatement, madame , j'essaye de placer un mot , mais il me raccroche poliment au nez..
Je fais donc les 10 km. qui me relient au commissariat central, j'entre dans le batiment, ou on me fait attendre dans le vestibule, à ce moment-là , j'entends prononcer le nom de mon fils, sans situer dans quelle pièce celà a été fait.
Au bout d'un quart d'heure, le lieutenant vient me chercher,me fait monter au second étage, et m'ouvre une porte donnant dans un bureau.
Là sur un meuble de bureau il y a un console informatique tournée vers moi, Avec un texte ecrit, d'où se détachent, ecrits en gros le numéro d'immatriculation du véhicule que j' avais prété à mon fils, et dans le corps du texte, les mots, " PERSONNE DECEDEE"
Voila comment j'ai appris la mort de mon fils vers 17h 30, alors que son corps a été retrouvé à 12h20 ( il avait ses papiers sur lui )
Voilà , je suppose que pour eux le plus dur était fait, j'ai bien sur immédiatement posé la question qu'ils attendaient," la personne décédée est-elle mon fils ???" " oui" m'a t on répondu, et j'ai eu droit à un laïus " quand je dois annoncer cette nouvelle à des parents, celà me donne la chair de poule enfin j'ai eu droit à l'énumération de leurs vapeurs de vierges, de leurs états d'ames, de leurs inquiétudes,tout juste si j'ai échappé à l'énumération de leurs angoisses métaphysiques, et à l'énoncé des prénoms de leurs grands-meres respectives. également, puisque j'ai soutenu mordicus que contrairement à ce qu'on voulait m'entendre dire, il ne pouvait pas s'agir d'un suicide, alors, serai-ce une drogue frelatée, , . . . .qui risquait de provoquer une véritable épidémie dans la ville, et que tout le monde était très inquiet etc . . .etc. etc . . . . . enfin bref, des conneries, de la bouillie pour les chats ! ! !
Et je me disait, et moi, qu'est-ce que je deviens là -dedans un mot de réconfort, ça ne vous ecorcherait pas la bouche, prosez moi une chaise, un verre d'eau, ça se fait dans les séries télé, alors pourquoi pas dans la réalité ? ? ? faites moi voir qu'il n'y a pas que vous au monde, cCoucou, au secours . . . . . ., je ne suis pas transparente, je suis là , j'existe, je souffre,
Aussi sec, La première question qui m'a été posée: " Savez vous qu'il a beaucoup d'argent sur son compte", en brandissant des fax de sa banque, tu parles le pauvre gosse venait de faire la saison à la montagne et avait mis un peu de sous de coté , quel mépris, le fric, le nerf de la guerre, la seule chose importante, Il avait de l'argent de coté, et pour un ex-toxico, evidemment, ce ne pouvait pas etre de l'argent honnète ( je déduis par ailleurs que sa banque a été avertie de sa mort avant moi ! ! ! sympa, non??? )
On m'a aussi demandé de fouiller sa chambre, et de ramener au commissariat tout ce qui me semblait louche , laissant la porte ouverte à tout et n'importe quoi. Quel sérieux, quelle conscience professionnelle, chapeau les flics, Ahhh! ! ! vous étes forts pour rentrer toutes sirènes hurlantes au commissariat parce que c'est l'heure de la bouffe, ou de la débauche ( j'ai travaillé 25 ans en face du commissariat, alors je connais )
Dans mon hébétude, j'avais envie de crier que ce n'etait après tout que leur travail, et demander si quelqu'un dans ce putain de commissariat pouvait imaginer ce que je ressentais et me laisser trois minutes de répit pour rassembler mes esprits ? ? ?
Quand je leur ai demandé qui allait prévenir son frére, son père, on m'a répondu: " mais vous, madame, et surtout ayez la délicatesse de le faire de vive-voix, allez d'abord voir votre médecin, puis allez les voir pour les en avertir, mais surtout pas par téléphone, c'est trop brutal ! ! ! Pour un peu j'aurais du les remercier de leur façon de procéder , de leurs conseils bienveillants, et de leur attitude attentionnée ! ! !
Que te dire de plus, qu'on veut me faire dire à tout prix qu'il sagit d'un suicide ( ça arrangerait tout le monde et on cloturerai vite cette affaire, mais enfin, quand on se suicide, on ne se sert pas trois seringues ( retrouvées dans la voiture) Sur le plan enquéte, il y a eu autopsie, recherche d' A D N , remontée des appels télephoniques ( il y avait des appels qui provenaient d'un détenu d'une maison d'arret, curieux non, c'est sans doute lui qui lui a suggéré de se suicider ,) puis les choses ont eu l'air de vouloir bouger, et celà tout bétement quand la police a su que mon ex-mari était très connu dans notre ville, avait pignon sur rue, , beaucoup d'argent, et le bras très long . . . . . .
Cela a bougé aussi quand , j'ai osé, moi la mère insignifiante et fauchée , qu'on avait mise à toutes les sauces, prevenir que j'allais me constituer partie civile;
Terrible que même devant la mort, il y a une justice, une attitude à deux vitesse, égards ou pas selon ta situation sociale, et qu'il faut toujours se battre, encore et encore pour étre respectée.
Voilà , je t'ai épargné les détails des interrogatoires aux fins de dépostion, il y a quelque part une sorte de voyeurisme malsain, une arrogance qui revient à te faire sentir que si c'est arrivé, tu es responsable de tout , que tu es une nullité, qui n'a pas su élever ses gamins, et que tu ne recolte que ce que tu as semé.
Le tout enrobé dans une pitié condescendante, j'ai meme eu droit à de grands eclats de rire concernant des tatouages maoris qu'Antoine s'était fait faire au cours de son séjour de 5 ans en Polynésie. Ils ont ri de lui comme d'une béte curieuse, J'aurais aimé un tout petit peu de respect, qu'on respecte son son ame, qu'on respecte son corps, ce n'etait tout de meme pas trop demander, vis à vis d'un homme qui venait de perdre la vie.......Et je ne parle même pas du respect dû à mon chagrin
Heureusement, j'ai les lettres d'Antoine ou il me dit qu'il m'aime, qu'il n'aurait pas souhaité avoir une autre maman que moi, qui évoque nos joies, nos peines, nos fous-rires, notre complicité, ses confidences.ses doutes, ses chagrins, le pourquoi de son attitude passée.
Pendant une longue période, j'ai eu la certitude d'étre la lie de le terre, une mère indigne et qui ne méritait pas l'air qu'elle respirait.
Voila, j'ai essayé de faire court, mais il y a eu tant et tant de choses et ce n'est pas évident.
mais comme je n'ai rien à cacher à personne, si tu veux des précisions, et si quelqu'un veut plus de renseignements, ou de détails, je suis à votre écoute et préte à vous répondre
.
Ce n'est pas de ma part de l'exhibitionnisme sordide de la morbidité, mais si tout ça peut servir à quelqu'une ou quelqu'un, ce n'aura pas été pour rien, et j''en serais très heureuse.
Avec mon amitié . Bisous . . .
Dernière modification par mooreapastel (03 juin 2009 à 18:38)