3 semaine sans drogue: petite victoire, mais maintenant?

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L'alchimiste homme
Etoile Filante
Inscrit le 01 Oct 2012
270 messages
Hello la communauté,

J’ai disparu des ondes radar pendant trois semaines. La raison ? J’ai poursuivi une cure « maison », sans drogue, (quasi) sans alcool,  évitant toute tentation en me mettant au vert. Même de ce forum – pourtant ma catharsis et une source de plaisir, d’information et même d’amitiés – je devais m’écarter, le temps d’aller mieux.

Faire une pause (puisqu’il n’a jamais été question d’arrêt définitif, chose encore inconcevable), c’était devenu vital. Ces 3 derniers mois, ma consommation de drogues avait explosé – notamment celle de 3-MMC. Enchainer deux jours sans 3-MMC, kéta ou MXE relevait de l’exploit. La 3-MMC a beau être relativement douce (ainsi que ses effets néfastes, même quand on en abuse), cette petite salope avait fini par m’accrocher. J’en prenais dans tous les contextes : festif, sexe, pro, seul tout comme un rat mort devant BFM Business ou RMC. Qu’importe où se situait le soleil dans le ciel, je consommais. Le matin, l’aprem, le soir, plusieurs jours à  la suite (jusqu’à   6 jours in a raw), etc.  Cette surconsommation s’accompagnait également d’un usage de plus en plus fréquent et massif de cannabis et d’etizolam nécessaires pour me calmer. Et je n’évoque pas les autres drogues comme la kéta, la md et la MXE que je prenais de façon quasi hebdomadaire, voire davantage encore.

Je maigrissais, je mentais, je paraissais. Surchargé de travail comme jamais je ne l’ai été auparavant, face à  des responsabilités de plus en plus lourdes à  assumer, rongé par l’envie de bien faire et la peur de l’échec, je ne croyais trouver mon salut que dans mes « échappées chimiques ». Certes, la 3-MMC est un carburant redoutablement efficace dans un contexte de travail effréné. Elle aide à  se lever, donne de l’énergie, accroit la concentration  et facilite le contact et les échanges, mais ça ne dure pas indéfiniment.
L’accoutumance est très rapide, et les doses toujours plus grandes pour des effets devenant presque neutres, à  l’instar d’un stimulant strictement fonctionnel.

Certes aussi, les sensations de déprime les jours suivants sont bien plus supportables qu’avec de la md, de la méthylone, de la méphédrone et même la cocaïne, mais consommée presque tous les jours (entre 0,5 et 1g/j), elle affecte néanmoins les humeurs. D’un naturel plutôt jovial, cette drogue était en train de chambouler mon équilibre. Les jours sans, je ressentais de plein fouet cette déprime qui pourtant n’avait pas vraiment lieu d’être. Broyant du noir, je n’étais plus apte à  rien sinon à  fumer des joints dans l’espoir que cela me redonne un petit peu de quiétude, ce qui bien sûr me donnait l’effet inverse.

D’un point de vu professionnel, la situation était alarmante, car étant mon propre chef, une journée où je ne suis pas dans le coup, c’est une journée perdue.

Vous m’avez peut-être vu écrire sur ce forum que j’étais un drogué heureux. C’était vrai et ça le reste aujourd’hui. Mais j’ai dépassé les bornes et la question devenait alors de savoir si je saurais être un non-drogué heureux.

A plusieurs reprises du haut de mes 27 ans et de mes 10 ans de conso, j’ai fait des pauses, le plus souvent courtes (1 à  2 semaines max, plusieurs mois sans bédo). Les pauses sont très utiles non seulement pour faire le point sur sa dépendance, mais aussi pour recentrer sur ce qui est essentiel dans la vie : la famille, les amours, les amis, le travail…
Pour ce faire, j’employais toujours la même stratégie (payante pour moi) :
1ère phase : déconnexion totale, se sevrer radicalement dans un environnent qui ne m’est pas familier
2ème phase : continuité du sevrage (si possible sous supervision d’une personne bienveillante), mais cette fois-ci dans une environnement connu (dans lequel on a eu habitude de consommer)
3ème phase : retour chez soi, dans son univers, face à  ses tentations et tenir bon le plus longtemps possible.

Cela faisait déjà  plusieurs semaines que le lumineux rouge du danger immédiat clignotait dans ma petite tête et que je me préparais à  faire ce « quelque chose » qui allait enfin me permettre de remonter la pente. J’avais échafaudé plusieurs plans : la cure classique en maison spécialisée, prendre mon bâton de pèlerin et chausser mes quechua  pour bouffer les bitume des jours durant, louer une baraque paumée dans la montagne et m’y cloitrer, prendre le maquis, etc.

Il y a quatre semaines, j’ai eu la chance de pouvoir me dégager une semaine de repos. Il me fallait saisir cette chance. Sur les conseils de ma mère (mon garde-fou, mon baromètre), je décidais de partir en retraite dans un monastère, celui-là  même où j’avais passé deux semaines pour réviser avant les concours quand j’étais en classe prépa. Par chance, des chambres étaient encore disponibles. Un coup de téléphone le vendredi et j’étais accepté pour le lundi d’après.

J’avais trouvé la solution idéale pour ma phase 1. J’ai pris le train le dimanche soir, laissant à  ma copine mon tel, mon ordi et ma weed. Je n’avais pris avec moi que les livres de mon adolescence (ceux qui me font du bien), des stylos et du papier, mes runnings, 3 etizolam (pour mes 3 premières nuits) et 2 paquets de cloppes et plein de petites chaffouineries sucrées ;-). Ces 10 jours (car j’ai demandé à  pouvoir resté 3 jours de plus) m’ont fait un bien fou. Me replonger dans la lecture, l’écriture, me « ré imprégner » de la noble mélodie des alexandrins de Corneille et leurs souffles épiques. Me replonger dans Maupassant, Zola, Camus, Zweig fut une renaissance pour moi. Réveil 6h45, petit dej avec les frères dont la sincère dévotion et l’humanisme décuplaient mon courage et forcaient mon admiration, 1H de jogging dans les bois, lecture, aide à  la cuisine, au jardinage, au ménage, déjeuner frugal, lecture encore, puis de nouveau un jogging pour finir sur des discussions passionnantes à  la lumière des cierges, encore de la lecture, telle était mon hygiène de vie.

Certes, les 2 premières nuits furent un peu agitées (c’est la manque du bédo), mais au matin du 3ème jour, j’étais frais comme un gardon, motivé à  bloc et enthousiaste. En somme, je renaissais. La veille de mon dernier jour, j’ai demandé à  rester plus longtemps. M’ayant sans doute trouvé de bonne volonté, ils ont accepté de me garder jusqu’au mercredi et j’ai alors du commencer à  piocher dans leur bibliothèque pour combler mes heures « perdues ». Plus encore qu’une aide au sevrage, ces 10 jours m’ont permit de relativiser mon travail, faire une pause salvatrice et hiérarchiser mes impératifs à  court/moyen terme.

C’est ensuite chez mes parents que je suis allé, en banlieue parisienne. Mêmes objectifs, mais cette fois-ci, j’avais le téléphone, internet et le souvenir tenace de mes mauvaises habitudes. Là  encore, l’isolement, le sport et la lecture furent déterminants. 5 cig par jour, 10km de footing et du squash, telles étaient mes devenues mes drogues. La complicité bienveillante de ma mère et de mon petit frère fut également décisive.

Le lundi suivant (soit 14 jours après mon arrêt total), une autre opportunité de changer d’air allait m’aider à  grignoter quelques jours de sobriété supplémentaire : un voyage professionnel à  Moscou de 4 jours. Dépaysement et choc des cultures garantis dans cette mégalopole où l’on ne peut s’empêcher à  chaque coin de rue de songer au passé. De mémoire de moscovite, il n’avait jamais fait aussi beau un début du mois de mars… 10°C, une température optimale.
Pour la première fois depuis des années, je n’avais rien pris avec moi dans l’avion. Nulle crainte non plus de se voir céder aux proposition d’un dealer de rue, car je n’en ai pas vu un seul. Le cannabis n’est pas vraiment populaire dans ces contrées lointaines. A propos, je n’ai pas vu de désomorphine non plus.
Okay, le soir, j’enquillais shots de vodka Beluga, mais pas de drogues.

Je suis rentré samedi dernier à  Paris. J’étais effrayé à  l’idée de sortir et de revoir mes amis, car je savais que ça impliquerait que j’y retouche. Ma crainte était fondée : une fois avec mes amis, ma volonté n’a pas duré 20 min. 3-MMC pour commencer la soirée, MDMA une fois en club, kétamine en after, le tout accompagné de pléthore de joints. Au moment de rentrer chez moi, j’ai pécho un 20 balles de weed pour m’aider à  mieux rouiller mes films et séries du dimanche. Comme le disait un frère quand j’étais au monastère, « ite missa est » (la messe est dite) j’avais retrouvé mes mauvaises habitudes.


Depuis, je pense avoir déjà  repris mon rythme de croisière niveau bédo. Je n’ai pas commandé de 3-MMC, je bénéficie donc encore d’un petit sursis. Pire encore, j’ai reçu avant-hier 250mL de GBL (un achat compulsif qui datait de 3 semaines, quand fonsdé H24 à  la 3-MMC, je me disais qu’un bon vieux coup de GBL valait mieux que 3 etizolam et 10€ de weed). Je n’y ai pas encore touché, mais l’envie me démange.

Voilà  ce que je voulais partager avec vous. Je suis de retour parmi vous, je vais mieux, je tiens bon, j’espère flancher le plus tard possible et même si je devais rechuter, je ferais tout pour limiter la casse, rester un drogué heureux, libre de se camer mais pas prisonnier de la drogue.

L’Alchimiste
Reputation de ce post
 
Merci du partage ! LZ
 
C'est un beau récit! Bravo
 
tu as du courage d'avoir décidé par toi même de faire une pause...

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pierre
Web-Administrateur
Inscrit le 15 Sep 2006
17505 messages
Merci pour ce recit L'alchimiste. En tout cas, tu n'as pas perdu ta plume !

Peux tu nous préciser depuis combien de temps tu prenais de la 3mmc quasi non stop ?
Et tu n'as eu aucun effet secondaire du sevrage ? Je trouve cela étonnant ? Meme pas une phase depressive ?

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Snoop' femme
Modératrice à  la retraite
Inscrit le 09 Jul 2012
2280 messages
salut l'alchi ! et merci pour ton temoignage !

je trouve ca cool que tu ai pu trouver de bons endroits et de bonnes occupations pour t'aider dans ta "pause"/"coupure"/"sevrage", je sais perso aussi que les lieux et l'entourage ont un effet tres plus importants quand on veux faire une pause, voire plus.....

bien contente aussi que tu sois de retour, je n'interviens pas dans le forum RC (j'y connais pas grand chose) mais je lis beaucoup, et je me demandais où tu etais passé....me voilà  rassurée :)

pour le reste (le gbl, les retrouvailles avec les potes, les tentations), le plus dur je pense, comme tu le dis toi meme, sera de rester un "drogué heureux" mais non un "drogué prisonnier".....pour ca, je te souhaite de tout coeur de trouver le juste milieu, trouver ton juste equilibre niveau conso, pour peut etre mieux kiffer tes moments de conso (plus espacés??)

sinon, comme pierre, je me pose la question des effets secondaires du sevrage......peux tu nous en dire plus??

a bientot salut

Born by accident, Bastard by choice, just...Bad seed...

"Si chaque personne savait ce que les uns disaient sur les autres, il n'y aurait pas deux amis au monde"

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L'alchimiste homme
Etoile Filante
Inscrit le 01 Oct 2012
270 messages
Merci Pierrot :)

On va dire que sur les 3 derniers mois, je passais une semaine sur deux à  consommer au moins 3 fois par semaine. Souvent, c'était 5 jours par semaine, en gros jusqu'à  ce que ça ne me fasse plus rien ou que mon pocheton se tarisse.
Les déprimes, je les ai ressentis, mais pas au moment du sevrage, car le but de la phase 1, c'est de se créer un environnement dans lequel on pense à  plein de choses, mais pas à  ça. De plus, comme je l'ai dit, la "gouffre sérotinien" est bien moins douloureux avec la 3-MMC qu'avec la MD ou d'autres drogues similaires.

Après, il faut dire que j'arrive généralement assez facilement à  gérer mes sevrages. Celui ci était mon premier qui n'avait pas comme objet principal la cannabis, donc c'était encore nouveau pour moi.

Le problème avec le 3-MMC, c'est son prix et sa facilité d'accès Sans ces deux composantes, je ne me serais jamais fait peur comme ça.

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L'alchimiste homme
Etoile Filante
Inscrit le 01 Oct 2012
270 messages
@ Snoopy
Merci pour tes encouragements, ça fait plaisir. Généralement, c'est moi qui en donne sur ce forum. Aujourd'hui, j'en reçois.

Ne pas me prendre comme référence pour les symptômes de sevrage à  la 3-MMC, car je ne pense pas être représentatif. Les déprimes, je les ai eu tout du long de ma consommation (de même que des brainzaps, les dents qui serrent la nuit même 48h après la dernière trace et le sgeg en compote ;-) ), mais quand je me suis arrêté, le bonheur a pris le dessus sur le blues.

De plus, comme tu le rappelles, le fait d'avoir été dans un monastère avec des hommes humbles, généreux et menant une vie à  des années lumière de la mienne, ça m'a gonflé à  bloc. Dés lors, je m'interdisais d'être triste.

Dernière modification par L'alchimiste (20 mars 2014 à  14:32)

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drugstore cowboy homme
Repose en Paix
Inscrit le 27 Feb 2013
1744 messages
Salut "l'armechimiste" tongue

Moi aussi suis bien content de t'avoir lu et de te revoir parmi nous !
Prend soin de toi, et à  bientôt je pense, mes passages sur Paris vont être de + en + fréquents je te contacterai.

DC

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L'alchimiste homme
Etoile Filante
Inscrit le 01 Oct 2012
270 messages
Hello,

Juste un petit mot pour vous dire que j'ai tenu le coup ces deux dernières semaines. Il n'y a que samedi dernier que je me suis craqué avec des amis (3-MMC et GBL à  gogo). Dieu que ce mix est bon.
En revanche, plus rien la semaine si ce n'est mon (ou mes deux) bédo(s) du soir.

Je crois sincèrement que je suis sur la bonne voie. Je travaille bien, fais du sport tous les jours, même ma conso de clopes à  diminué. Je pense être de nouveau capable de me relancer sur le forum (peut-être pas dans un premier temps avec des trip report), sans être tenté, sans que ça me rappelle à  de mauvais souvenirs.

Je prépare un nouveau petit sujet pour me relancer, ainsi que des fiches psychowiki sur de nouvelles petites dorgues.

Merci DC pour ton soutiens, n'hésite pas à  me texter quand tu seras à  Paris.

Bises à  tous.

L'Alchi

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Tomboy
Adhérent PsychoACTIF
Inscrit le 13 Apr 2013
1006 messages
Salut l'Alchimiste,
tout d'abord je tiens à  te dire que tu as bien du courage pour t'imposer une pause, surtout avec la 3mmc.

Perso je n'ai toujours pas réussi, j'ai stoppé par la force des choses: mon dernier colis a été intercepté par les douanes (enfin ya de très fortes chances) et c'est la panique, je psychote tous les jours sur la boîte aux lettres au cas où ma commande apparaîtrait....C'est de l'ordre de l'obssession...

Et c'est vrai que l'accessibilité à  ce prod aidant, ça facilite pas l'arrêt....C'est si simple de faire une commande sur le net, ya qu'à  attendre le facteur....Si c'était aussi simple pour tous les autres prods!

Perso j'adore aussi cette molécule mais je la trouve particulièrement vicieuse....Elle est très addictive, quand on en a, on s'arrête plus... Par contre, ça va faire 1 mois que j'en ai pas repris et je ressens pas forcément de symptômes de sevrage, sauf la déprime.

Sinon tu n'as jamais ressenti d'effets secondaires à  tes prises?dépression pendant le descente....vomissements...serrage de dents...etc

Je te souhaite plein de courage et surtout tiens nous au courant. tes commentaires sont toujours les bienvenus et très pertinents!

Niglo

"Mieux vaut être une exactitude dans la marge qu'une erreur dans le texte..."

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