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TR N°2 La mort
AUTEURE : KATHERINE
DATE DE PUBLICATION : 2012
LIEU : INCONNU
SUBSTANCES : Peganum harmala , Mimosa Hostilis
La mort
La dernière fois je m'étais concentrée sur la non-intention, avec ce "advienne que pourra" je voulais laisser surgir ce que je ne soupçonnais pas. C'était plutôt réussi. J'ai appris l'humilité.
Cette fois ci, je savais pourquoi je buvais, je voulais boire. J'avais pris conscience depuis quelques temps d'une grande colère accumulée et d'un besoin de l'évacuer qui se traduisait parfois dans mon quotidien par de grands éclats disproportionnés, des accès de violence intenses, une haine dévastatrice.
Le médecin est arrivé, D. et moi l'attendions, quelque peu fébriles N. nous a rejoint, les retrouvailles sont agréables même si l'appréhension de la nuit à venir se fait sentir.
Le premier verre est, comme d'habitude, pas si difficile à avaler, je l'invite à se blottir au fond de mon ventre, je le couve. Très rapidement (environ 10 minutes après l'ingestion), je ressent les premiers effets. Chaleur, détente et tension, le tissu tendu devant moi au mur, une tenture indienne, un arbre de vie, organique, fleurissant, animé, la vibration du monde... Je me redresse, je sens une rage monter, légère, maîtrisable. Je respire, gonflant cette émotion et la rejetant dans la pièce. Je secoue la maloka avec mon animosité, je pourrais la détruire, je tiens le monde dans ma resiration, je le tiens par les couilles. Je sens cette toute puissance en même temps que je m'aperçois de ma prétention. Je me dis que je en devrais pas être si sûre de moi, je me rallonge.
Les effets s'estompent presque, tout est plus calme, tout est magnifique, les visuels sont splendide, une créature faites de pierres précieuses pointe le bout de son nez par le velux, elle est changeante et éclatante de beauté. Je mets la couette sur moi, je m'enferme dans cette grotte, et commence à y voir des fractales incroyables faites de chair humaine et de couleur, yeux fermés ou ouvert c'est la même chose, je suis subjuguée.
J'entends N. rugir, crier, se faire traverser par la sève, la force. Je me laisse happer par l'intensité du fluide qui m'envahit. Je perds peu à peu le contrôle, chacun de mes repères se dilluent, disparaissent, le tout dans la difficulté émotionnelle, je pleure ces certitudes qui s'envolent, j'accepte ma condition d'être humain, je repense à l'humilité, qu'est-ce que j'en chie... putain j'en chie...
C'est de plus en plus fort, c'est trop fort...Non! C'est très fort, ok, bon ne te laisse pas emporter par l'angoisse... putain c'est dur... les images se bousculent encore, je tiens mon corps, mon sexe, je me griffe, je m'attrape, je me perds, je disparais, tout disparait, plus rien n'a de consistance, tout est insaisissable, je ne peux plus rien saisir, rien à quoi me raccrocher, rien qui puisse me fixer.
J'ai purgé deux fois dans le chaos le plus total, en ne sachant pas d'où sortait le liquide, ou il allait, je ne peux pas toucher, je ne peux pas sentir, je ne sais pas où je sens, où je suis, ce que je suis, depuis quand, qu'est-ce que c'est "quand"... J'ai peu purgé et ce n'est pas un hasard, ma bouche était fermée, elle fermait la frontière entre l'intérieur et l'extérieur, elle m’empêchait de me répandre a l'extérieur, ma seule survie était dans la sauvegarde de mon être à l'intérieur de mon corps.
J'ai demandé de l'aide, c'est la seule fois où j'ai pu, su, réussi à prononcer les mots. Je ne savais plus comment gérer le liquide qui s'était échappé de mon corps par le visage. Le médecin est arrivé, m'a donné de quoi m'essuyer et j'ai disparu à nouveau, je pleure encore, mais je parviens parfois à trouver les ressources pour accepter, pour laisser faire, allez, soyons optimiste, pour apprécier.
Un seul verre quand j'en avais bu 5 la fois précédente. Un seul verre qui m'a emporté pendant 3h au moins, interminable, je ne peux pas tout raconter, tout verbaliser, c'est difficile d'être exhausitive, mais bordel, waw. J'ai, pour la première fois, supplié que ça s'arrête. Mes seins, mère nourricière, m'ont bien aidé. Le contact du médecin quand j'ai saisi pour la première fois une entité matériel, son être, seul objet tangible, palpable, la seule chose qui ne disparait pas. Les visages qui s'éclatent en fractales dans la pièce, dans la soupe de l'univers, l'électrcité, la lumière, les vibrations, la dissolution totale... Mes mains posées sur mon visage, la moiteur réconfortante.
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TR N°3 : Prise sauvage
AUTEUR : KURT
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES : inconnues
LIEU : SUISSE
Bonjour tout le monde! J’hésite à faire ce post, mais bon… je me lance !
Alors je vous livre un petit TR, qui ne sera pas spécialement intéressant. Mais il donnera une autre approche que les TR chamaniques divins, puisqu’il s’agit d’une prise sauvage de 3 novices en la matière.
Mais avant tout, il m’apparaît important de décrire mon état d’esprit post-voyage. Je suis une personne alternant entre phases joyeuses et motivées et phases légèrement dépressives. J’utilise pour décrire cela le terme de haute libido ou basse libido (mais pas libido dans le sens sexuel, mais plutôt le concept jungien(?) d’énergie psychique). Quand ma libido est basse, je suis d’état morose, me sentant seul, ne possédant aucunes motivations et passant une bonne partie de mon temps à glander… Là , ça faisait environs une voir deux semaines que j’étais dans un état de très basse libido. Bref, ça n’allait pas très fort !
Enfin, revenons au vif du sujet. Un de mes amis avait reçu dernièrement une « boisson » d’ayahuasca venant directement d’un marché péruvien. Trois doses d’une préparation prétendument forte d’après la vendeuse. Trois doses pour trois amis qui aiment parcourir le monde de l’esprit ensemble. Parfait ? Ouaif… le problème est qu’aucuns de nous n’a jamais été initié à l’aya dans les règles de l’art et que nous avons encore moins le numéro d’un chaman dans notre répertoire. Bref, si nous voulons tenter, ça sera un dépucelage peut être violent pour nous trois. Et personnellement, j’ai toujours respecté et été effrayé par l’aya, alors une telle idée me rends fortement anxieux. Mais bon, si le destin me propose cela, c’est qu’il a ses raisons ! Et il aurait été bien présomptueux de me croire plus malin que lui. Advienne que pourra.
Bref, par un beau samedi après-midi ensoleillé, nous nous sommes retrouvés les trois à mon chalet, perché au milieu des Alpes. Après un bon moment à parler et à rire, nous débutâmes l’expérience. Les rituels que nous avons appliqués sont simples puisqu’ils n’existent tout simplement pas. La diète suivie s’est résumée au strict minimum. Pas de babioles, juste nous nus face à la liane et son lumineux additif. La boue amère descend difficilement et ce goût fait tout de suite monté l’envie de vomir. Une fois nos verres bus, nous nous posons à l’extérieur sur des chaises longues, avec bidons à proximité, couvertures chaudes et l’ordinateur en arrière fond crachant des icaros.
Les nuages commencèrent leur danse environ 20 minutes après. Sensations étranges dans mon corps... Je suis soudain pris d’une forte envie de vomir, mais je suis resté cinq minutes au dessus du bidon sans que rien ne vienne. Je me recouche et là , je commence à quitter la réalité. Mon corps est lourd et je suis littéralement plaqué sur ma chaise longue, écrasé par la vie. Ma conscience devient une énorme mosaïque dansante et les images défilent à une vitesse croissante. Mes oreilles bourdonnent et le silence n’existe plus. Bon dieu, ça devient fort, violent ! Comment survivre à ça ? J’ouvre les yeux. Ouf, le monde est toujours là . Je les referme et je retombe dans cette dimension mathématique mouvante. Je gigote et tente désespérément de trouver la position de survie. Cela fait maintenant une heure que j’ai bu, harassé par la violence de l’instant, je décide d’aller m’isoler et de retrouver l’intérieur de mon chalet, qui est pour moi une place rassurante.
Affalé sur mon canapé, je continue de danser avec l’univers. Plusieurs visions glauques, mais je pense que c’est chez tout le monde comme ça. Au fond de mes intestins j’ai la même sensation que lors de mon bad trip au 2c-e + sauge, mais je tiens bon. D’ailleurs, dans ces moments, quand je pense au forum, je n’arrive qu’à me le représenter comme une sorte d’organisme complexe J
Mais assez rapidement, les visuels commencent à diminuer. La vague de la dmt est passée. Je me retrouve dans un état complètement différent d’avant. Et je dois avouer, c’est cette part de l’expérience qui m’a particulièrement plu et surtout qui me semble la plus utile. Les effets sont encore bien présents, mais je ne suis plus défoncé ! Non non, ce terme ne convient absolument pas... le terme juste est lucide. J’ai l’impression de pouvoir réfléchir sur moi avec une incroyable honnêteté. Je peux me regarder sans fard et sans me juger. Les choses sortent naturellement d’elles-mêmes. J’avais l’intention de venir nu devant la liane et de la découvrir de manière humble, mais c’est devant moi-même que je me retrouve à poil. Impressionnante capacité à faire le point et à choisir. La volonté boostée au max. Je ne vais pas trop m’étendre… Juste l’envie de garder le loup en moi (par rapport à un de mes autres sujets, mais bon ^^)
Bref, je vais plus ou moins arrêter là parce que c’est plus de 3 heurs du mat et j’en ai marre. Pour mes deux compères, l’expérience c’est très bien passé et le régiment ne compte aucunes pertes ! 4 ou 5 jours se sont écoulés depuis… et je dois dire que je me sens extrêmement bien ! La libido a retrouvé un seuil particulièrement haut et avec elle est revenue l’envie de travailler et surtout la joie et la bonne humeur J J’ai aussi l’impression que dans mes contacts avec les autres, je ne suis plus sur la défensive comme je l’étais parfois avant. Oui, tout est bien qui finit bien…
Par contre, j’ai une petite question pour les habitués de l’aya. J’ai eu l’impression que la dmt était certes bien sympa, mais que l’effet vraiment intéressant, permettant l’évolution, était dû à la liane seulement. Un peu comme si la dmt était l’art rococo, tape à l’œil et attirant le fidèle, mais que le cœur de l’église, où se déroulent les choses essentielles, était seulement la liane (désolé pour la comparaison foireuse, mais la dmt ressemble au rococo, point !). Je demandais si avec une préparation contenant seulement de la liane, je pourrais ne ressentir que la deuxième part des effets ? Certes, il y aura un peu de fun en moins… Merci à celui qui me répondra.
Bon, bravo à ceux qui m’auront lu jusqu’au bout !!! J’espère ne pas vous avoir ennuyé… Ni avoir choqué du monde avec une prise d’aya hors des règles.
Merci et gros bisous à vous !
Dernière modification par groovie (18 janvier 2017 à 02:08)
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TR N°5 : Il était une fois... une souris
AUTEURE : ANNE - (premier tr du topic)
DATE DE PUBLICATION : 2007
SUBSTANCES : Ayahuasca (classique)
LIEU : BRESIL
Par où commencer ? C’est tellement limpide dans ma tête mais tellement complexe de mettre des mots là dessus… Peut être commencer par le tout début, le moment où je me dis, ça y’est, la liane me tend la main, elle m’accepte. J’ai bu le liquide sacré… Miaaaam ! Petit goût de fèves de cacao brut, qu’on aurait mélangé à de la terre !! Amer d’abord, acre ensuite… En fait, en deux mots, pas bon !
Je suis là assise toute droite et les couleurs éclatent, le plafond de la maloka est un feu d’artifice… Je sens mon crane se vider, comme si l’intérieur de mon cerveau s’effaçait, ma tête est une boite vide, et là , le côté gauche de mon visage se compresse pour entrer dans le côté droit…. J’ai l’absolu certitude qu’il ne me reste que le profil droit, étrange sensation de déséquilibre de mon moi profond…
Toujours est-il qu’en tant que novice, je me dis à ce moment là que je suis défoncée de chez défoncée ! Je me sens partir dans un tunnel sans fin, j’y circule lentement et paisiblement alors qu’autour de moi, ce n’est qu’explosion de lave et de couleurs saturées. Je me sens grandir, je remonte le courant de ce torrent de feu aux 1000 et unes couleurs. Je me sens comme enveloppée dans du coton…
Je ne sais pas exactement comment j’en suis arrivée là , mais soudain, les chants, les drums, ça crée un véritable ouragan à l’intérieur de mes tripes, ça fait des tourbillons qui montent et qui descendent à l’intérieur de mon tube digestif, j’ai bouffé un tsunami tout entier à moi toute seule, c’est pas possible autrement ! Je sens une spirale infernale qui vient de très loin du cœur de la terre et qui remonte dans mon ventre à une vitesse folle, cette violence intérieure me surprend presque…
Je suis persuadée que le chaman commande et contrôle la purge, et là , il nous sort le grand jeu, faut que je sorte, ma crainte étant de vomir dans la Maloka, lieu que je considère déjà comme trop sacré pour être sali…
Me voilà à l’extérieur, le choc, le monde est fait de pixels, de cubes de toutes tailles qui entrent et qui sortent des murs, le sol ondule, … Je me dirige vers le trou… Je ne sais pas dans quel ordre j’assimile ce trou à une mare à grenouilles, est-ce cet endroit de verdure ou est-ce ce que j’ai au fond de moi ? A moins que la souris et la grenouille, ne soit une nouvelle fable à écrire ? Toujours est-il qu’à chaque fois que je vais y vomir, ce sont des dizaines de grenouilles qui sortent de ma bouche pour rejoindre le trou… le gout est affreux et pourtant, je suis contente de purger, ça me fait un bien incroyable, ça me ressource et me donne l’impression de larguer des valises !
C’est après la 1ère purge que j’ai soudain l’impression d’avoir ouvert une porte sur mon monde parallèle. Une plateforme s’ouvre sur mon nouvel horizon. Tout est fait de micros pixels bleutés et rosés… C’est d’une beauté inouïe… Je m’approche du feu, le feu est vivant, il est dressé vers le ciel, il est pixelisé lui aussi, et il dessine des mouvements de haut en bas comme pour s’adresser aux étoiles. Plus jamais à partir de ce moment, je ne regarderais un feu de la même façon…
C’est là que le fils du vent entre en scène, le fils du vent (c’est le nom qui me vient en pensant à lui), 8 ans, beau comme un ange, qui va donner le ton à mon univers féerique. Il se met à chanter et jouer des maracas autour du feu. Il devient mon conteur musical, je suis dans le pays des contes et légendes, je comprends ce qu’il raconte, c’est d’une limpidité incroyable alors que quelques heures avant, je ne comprenais rien à l’espagnol ! Là , c’est devenu un hymne à la joie, à la vie, c’est un conte initiatique, qui va m’aider à grandir, à évoluer, à vivre en harmonie avec moi même et avec les autres dans ce nouveau monde parallèle.
Parfois, il se trompe, trébuche sur un mot, ça le fait rire, ça m’éclate drolement, j’ai la sensation que ce petit prince là , sait exactement où il m’emmène, la musicalité de son conte va d’ailleurs me tenir plusieurs jours durant… Encore aujourd’hui et pour l’éternité je crois. Quand il reprend un couplet avec sa petite voix qui court, en s’acharnant sur ses maracas, la liane effectue sa folle spirale dans mes entrailles, je rejoins alors ma mare à grenouilles à 2 mètres de là , contente de larguer une nouvelle valise qui me pèse…. Et je l’observe de loin, et je m’amuse à le regarder, il incarne la perfection…
Autour du feu, une paire de hollandais qui discutent à voix basse, j’assimile leur langage à celui des elfes, c’est fabuleusement beau ! Merlin est assis en face de moi, c’est devenu… Merlin l’enchanteur, le vrai… d’ailleurs, il reconnaît ma cape comme étant celle de Broceliande. Lit-il dans mes pensées ? Ou lui en ai-je touché un mot ? Ou alors, suis-je vraiment devenu un personnage à part entière dans ce conte fantastique que je le lui renvoie si fort ? A moins qu’il soit aussi dans un conte de fées ? Aucune idée…
Je ferme les yeux, j’ondule dans mon décor et je vois des gens vêtues de toges blanches et bleues pales qui se promènent, ça et là , un livre à la main, je suis dans un pays d’histoires, chacun apprend, tire un enseignement, une philosophie de quelquechose. Notre intellect est en ébullition permanente. Je reçois moi même des conseils d’une voix féminine douce et sereine, sage et tranquille, mais parfaitement virtuelle… elle chuchote à l’intérieur de moi, je ne parviens pas à me souvenir aujourd’hui de ses mots exacts, de ces précieux conseils et pourtant, je me vois acquiescer, être en accord parfait avec ses paroles, je sais qu’elle a raison.
Ce qu’elle me dit est d’une logique implacable, elle me dit ce que j’ai toujours su sans jamais m’en rendre compte. Elle me dit ce que j’espérais entendre depuis toujours. Elle détient la vérité, et me la transmet et cela me semble tellement évident que je me demande pourquoi je n’y ai pas pensé toute seule. A d’autres moments, j’ ai l’impression qu’elle me moralise, qu’elle me fait la leçon, qu’elle me bouscule dans mes retranchements, ça me rend triste, la tristesse devient une émotion violente qui me fait venir les larmes, je pleure, ça me soulage et c’est même extrêmement agréable, et d’ailleurs, je sais qu’elle a encore et toujours raison, qu’elle fait cela pour mon bien, et j’acquiesce comme une petite fille qui comprendrait enfin le sens de la vie telle qu’elle est, telle que je devrais la percevoir, sans toutes ces contraintes et ces doutes qui pourrissent l’existence…
J’arpente des couloirs étroits, très étroits, je m’y glisse facilement mais les bords me caressent les épaules, j’y ouvre des portes, , l’une m’invite sur une plateforme mathématiques, c’est Matrix ici, je réalise des équations digne de l’écran de la Matrice (vous voyez, cet écran avec les chiffres verts qui coulent) sans aucune difficulté tellement cela s’articule logiquement dans ma tête. Des cubes entrent et sortent des murs, des formules mathématiques et chimiques font des tracés au travers de ma plateforme. Je comprends des tas de choses quand j’arrive aux résultats des équations. J’ai des révélations incroyables qui s’offrent à moi…
Ca me fait éclater de rire ces prises de conscience évidentes, ça m’arrive plein de fois dans la soirée de me dire « mais bien sûr ! » en me tapant le front du genre « mais pourquoi j’y ai pas pensé avant ? » Ce sont de vraies révélations ! J’ai un énorme fou rire à un moment tellement ça me paraît dingue d’en apprendre autant sur moi même et sur la vie en si peu de temps… J’ai l’impression d’avoir 200 ans de vie derrière moi.
Je reste un moment dans le fauteuil à l’entrée de la Maloka, je voyage là dans mon pays d’elfes et de lutins farceurs, de fées, c’est l’extase au sens propre dans ma tête. Les gens sont beaux et d’une bonté extrême. L’amour qui règne là est représenté par des milliards de poussières de pixels irisés qui coulent des murs et entourent les gens présents. J’ai l’impression que chacun se déplace en flottant au dessus du sol.
Je passe un bon moment dans ce couloir, parce qu’à chaque tentative d’entrée dans la Maloka, les drums me rappellent que c’est la fête à l’intérieur de mon corps, la spirale infernale continue sa danse du ventre. C’est assez régulièrement que je retrouve mon trou à grenouilles. Je l’aime bien !
Je retourne enfin dans la Maloka, cet endroit est devenue une bulle translucide. Je vois l’ossature de cette bulle, ça me fait penser à un énorme ballon de plage translucide dans lequel nous serions installés. Tout est irisé, c’est d’une somptueuse beauté, c’est l’esthétisme poussé à l’extrême.
Je visualise cela comme un monde où les gens se rejoignent pour se laisser aller à ne rien faire d’autre que penser, à se dématérialiser de tout. Je la vois comme une sorte de salle de repos où l’on vient se dépolluer du monde extérieur, s’enrichir de son propre vécu. Plus rien ni personne ne peut rien contre nous pendant que nous sommes ici. C’est une bulle protectrice, une enveloppe maternelle dans un monde parallèle. Ce monde parallèle là cherche sa vérité. Mieux, est sur la voie de la vérité. Chacun dans la sienne, et pourtant je pense à ces mots « Un pour tous et tous pour un », nous sommes un groupe en route vers le bonheur et c’est au fond de chacun de nous, mais ensemble, que nous le trouverons. Et pour mieux nous aider à trouver notre chemin, nous avons LE guide dont le cœur est rempli de bonté. Ecrire cela me donne des frissons. Je suis troublée de cette symbiose parfaite entre les êtres. Je pensais que ça n’existait que dans ma tête, que dans mes rêves d’enfant, que c’était la plus grande de toutes les utopies.
Le chaman s’arrête de chanter, une vague de silence s’abat sur la Maloka, je ferme les yeux, je sens comme un soulèvement des foules à l’intérieur de la pièce et je vois une vague énorme recouvrir notre bulle, elle nous surplombe sans jamais nous atteindre. L’énergie est à son apogée. Ce silence est chargé d’émotions. Il est régénérateur, salvateur sans aucun doute. Incroyablement constructif. J’entends un claquement de langue régulier, suivi d’un pshitttttt !! Je trouve ça lunaire comme forme de langage ! Mais très adapté à l’espace en fin de compte…
Je fais un tour d’horizon des yeux, mes snake-riders vont bien, certains sont allongés, dorment, d’autres sont assis, méditent, je les distingue à peine dasn le noir mais je sens un lien fort et profond qui me relie à eux tous pour l’éternité. Nous avons ce soir, bâti un empire colossal extrêmement précieux, à la force de nos âmes.
Je m’endors dans du coton.
Je me réveille le matin, j’ai cette fabuleuse envie de pleurer de bonheur. Je ressens déjà des émotions nouvelles, je ne suis plus la même que la veille, je ne me suis jamais sentie aussi sereine.
Depuis, allez comprendre pourquoi… je bois en quantité industrielle du lait d’amandes, je trouvais ça fétide avant, ça devient un besoin physique maintenant.
Je suis dans la lune, complétement distraite, je rêve, je pense, je plane, j’y repense…
Je me sens en paix avec moi même, en tous cas, j’ai sorti le drapeau blanc, ça travaille…
Je me demande comment réussir à exprimer au moins ¼ de ce que j’ai ressenti…
Je me dis que c’est impossible.
Je me réjouis de rien,
J’ai des frissons à plein de moments de la journée, pour une photo que je revois, pour un TR de l’un de mes frères d’aventure, pour une musique que j’écoutes, pour le muguet qui a fleuri dans mon jardin, pour le baiser que me donne mon amoureux…
La vie est un magnifique terrain de jeu.
Je ne remercierais jamais assez celui par qui toute cette histoire a commencé :Amour01:
La souris a mordu la queue du serpent…
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TR N°6 : Errance douce-amère indéchiffrable
AUTEURE : LEA
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES : Peganum Harmala - 45 kg , 1m60, 3grammes en décoction, à domicile.
LIEU : FRANCE
C'était là ma 2eme tentative avec la Pégane, j'ai pris plus de précautions que la 1ere fois et fait une petite diete les quelques jours précédents
Le 1er essai m'avait aidé à redescendre un peu sur terre après un acide avalé de travers (peut-être 2g dont j'ai profité des effets à long terme plus que je ne les ai sentis sur le moment, peut-être pas les conditions adaptées), et celui ci me semblait aller de soi en vue d'une session aya en projet.
Une demie-heure à 3 quarts d'heure après avoir avalé la décoction je ressens violemment le besoin de m'allonger, il est 15h, mon "lit" est à même le sol et je trouve ça d'autant mieux quoique j'eus préféré carrément par terre, "on" me fait comprendre que je vais gerber bien comme il faut, et ça sera effectivement le cas.
J'ai laissé ma radio allumée et le son me semble maintenant bien trop fort mais je ne me sens pas de me lever pour arranger ça, les sujets sont intéressants par contre, les trous noirs...et comme à chaque fois que je suis dans un état second le sujet de la physique quantique doit se présenter d'une façon ou d'une autre il est très vite abordé, en même temps que je commence à me sentir secouée dans mon corps sans avoir bougé un petit doigt
Je bois littéralement chaque parole et je "vibre" de plus en plus, comme si mon âme était bercée en accéléré et s'apprêtait à quitter mon corps, au moment où ça devient critique je bouge un peu et la sensation s'arrête, à la radio quelqu'un commente: "ah on y était presque", je réponds mentalement que ça sera pour une autre fois
Je porte maintenant beaucoup plus d'attention aux bruits de l'extérieur qui arrivent au 1er plan, devenus un tout très étrange, des airs aux accents médiévaux me viennent, plus possible de me concentrer sur ce qui se dit à la radio qui est devenue un bruit de fond (pourtant 3 fois plus fort), l'impression de zoomer sur les sons les plus éloignés... je crois voir des yeux partout mais en dehors de ça la différence visuelle est très dure à expliquer, je la ressens plus qu'autre chose, au niveau des couleurs et de ma compréhension directe des formes que je vois sans les reconnaitre vraiment, depuis le début des effets je sens mon cœur battre dans mon estomac, je commence à être vraiment mal et me traine jusqu'aux chiottes pour gerber un bon coup
Dès que je ne suis plus en position allongée j'ai l'impression de perdre tous mes moyens physiques et intellectuels, je me sens d'un coup très faible, visuellement c'est comme si on me mitraillait la réalité en stop motion ultra rapide, que j'évoluais au milieux de flashs abrutissants qui me donnent un tournis insupportable, la faute à une persistance rétinienne violente, je m'étale par terre dans les toilettes et me dis que je vais rester là , mais je me rends compte que je suis aussi extrêmement sensible au froid de la pièce, je refais donc le voyage (4 longs mètres) jusqu'à ma chambre que je paie par une bonne galette dans ma poubelle (qui me servira par la suite tout la soirée pour ne plus avoir à remettre ça)
Dès que je suis à nouveau affalée ça repart à 100 à l'heure mentalement, je suis même étonnée de ma clarté de raisonnement, j'aurais écrit des kilomètres si ça n'impliquait pas de me redresser un poil. Soulagée maintenant je laisse la plante me faire voyager, mon estomac palpite comme un 2eme cœur, je ressens quelque chose de très doux et féminin qui m'emmène dans 20 lieux et époques différentes à la minute, sans aucun rapport mais avec une étonnante continuité presque logique entre chacun, je sens la force de la jeunesse qui sex-prime, j'assiste à un rituel oublié d'un autre temps où je crois comprendre qu'un jeune garçon est emmené faire soigner ses corps subtiles qui ne correspondent pas à ceux qu'on connait, le "corps des ancêtres" représenté en rouge a l'air mal en point, il est question d'un autre corps un brun dont je veux absolument me rappeler la signification que je trouve très riche symboliquement, mais impossible de m'en souvenir à présent, je me demande à quoi correspond tout ça et j'en ai oublié encore une bonne partie
ça me fait penser à des rituels de passage à l'âge adulte, puis je dévie sur les rites funéraires égyptiens quand je remarque que j'ai pris inconsciemment la position de certaines momies dans leur sarcophage, mains croisées sur la poitrine.
2 ou 3h passent comme 5 dans un état d'hypnose, je ressens de plus en plus un esprit féminin présent à travers ce que je vois, je me sens très bien et malade à la fois, on me prévient de me préparer à gerber mes trip(e)s très bientôt, trois douloureuses galettes qui viennent de plus en plus profond en moi après et je continue la visite guidée de lieux et temps aléatoires, je ne comprends pas où tout ça veut en venir mais je sens qu'il y une cohérence interne que je ne me représente pas encore, je dérive longtemps comme ça mais j'ai bien oublié les 3/4 des spécificités du voyage et ses nombreuses destination, avec l'impression que tout ça est resté imprimé quelque part en moi
Je vole et vogue à travers les réalités, visite des divinités marines, une femme me pisse sur le 3eme œil au ralenti, je me souviens vaguement d'une présence animale, tout s'enchaine avec facilité, encore quelques gerbes qui viennent toujours de plus loin, je revois une scène de matrix, cette scène précisément sera évoquée à la radio quelques heures après, je m'endors vers 19h pour me réveiller à minuit, très assoiffée, au milieu de visuels abstraits et me rendors presque immédiatement pour 2 heures
Au réveil persuadée que les effets se sont estompés parce que je suis un peu mieux le fil de mes pensées je suis immédiatement détrompée en essayant tant bien que mal de ne pas m'effondrer par terre en allant chercher de l'eau que j'ai tout autant de mal à boire
Je suis donc clouée au lit pour le reste de la nuit, à écouter mon corps et la radio juste bonne à vomir, discuter par sms, et me sentir travaillée physiquement, plus de présence féminine ni de voyage mental mais je passe 5 heures d'inactivité totale mais productive sans aucun ennui pendant que la radio me parle de la perception du temps
Je n'arrive à tenir debout que vers 8h du matin, la plante m'a sans aucun doute bien pratiquée sans que je puisse expliquer en quoi ou m'en souvenir et je cherche des pistes pour peut-être mieux interpréter cette expérience qui peut sembler très confuse vue comme ça surement parce que je ne la comprends pas encore bien, et pouvoir approfondir le tout avec une autre prise
merci d'avoir lu
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TR N°7 : Est advenu ce qui a pu
AUTEURE : KATHERINE. - deuxième TR , voir plus haut (N°2) mais le plus ancien dans le temps.
DATE DE PUBLICATION : 2012
SUBSTANCES : peganum harmala, mimosa hostilis
LIEU : INCONNU - EUROPE?
Quelle joie de revoir R. après si longtemps, un an quasi exactement après mon initiation à l'iboga. De l'eau avait coulé sous les ponts et je sentais bien quele moment était parfait pour repartir en voyage ensemble. Pas prémédité une seconde pourtant ! Prévenu par D. une semaine à l'avance de la soupe qu'on boirait « peut-être », j'ai bossé toute la semaine comme une acharnée sans prendre le temps d'y penser. N’empêche, je n'allais pas venir les mains vides, j'ai pris soin de choisir ma tenue et d'apporter quelques objets qui me sont chers, comme ça, mine de rien.
Et puis on arrive D. et moi, on discute, on va se balader un peu et R. prend la température, demande ce qu'on est venu chercher. Bah ouai tient ! C'est vrai ça ! Qu'est-ce que je suis venue chercher moi ? Je crois que je veux pas le savoir. On parle d'acceptation aussi, ça va déterminer ma nuit.
Une fois tout et tous installés, le premier verre bu, je réfléchis à la phrase que je vais choisir pour orienter ma nuit (c'est un rituel que j'ai commencé à ma première session ayahuasca, ça porte ses fruits alors je continue). Cette fois ci ce sera « Advienne que pourra ».
Premier verre :vision yeux fermés, des pallissades en bois peint en blanc (exactement comme ceux qu'on voit dans les cartoons pour entourer les jardins, planches larges et pointues en haut) avec derrière et cherchant à s’immiscer par tous les moyens (entre les planches, au dessus, en dessous, sur les côtés) des gens (des filles, des garçons, plutot jeunes voire enfants, vétus avec des couleurs vives, encore une fois un peu stéréotypés comme des dessins-animés). Il sont très curieux, ils cherchent à m'approcher, ce n'est pas effrayant, juste étonnant, intriguant et un peu déstabilisant.
Deuxième verre :absence interrompue par D. qui sort brusquement du canap' pour aller purger. J'ai presque crier de surprise.
Troisième verre :à partir de celui-ci je n'ai plus de vision les yeux fermés, les yeux ouverts tout est très confus au niveau visuel, mais lumineux et coloré, je peux parfois m'attarder sur un objet de l'autel ou R. ou A. parce qu'ils sont beaux. D. n'est plus qu'un amas de couverture à l'autre bout de la pièce, je ne sais pas vraiment s'il est bien surce matelas, je ne peux être sûre qu'il est encore présent que lorsque je l'entends. Quoi qu'il en soit il y a des tas d'autres gens. On voit rarement leurs visages, mais je me souviens surtout de filles, enfin de cheveux long en tout cas. Il y en avait vraiment beaucoup dans les toilettes, elles posaient leurs mains sur mes cuisses, mes épaules, mon visage, partout en fait et je les visualisais en même temps, c'est confus et clair à la fois. Je dois sortir des toilettes parce que je me rends bien compte que je n'arriverai pas à chier avec tous ces gens qui me déconcentrent,j'arrive dans le salon et grognant « on peut même plus chier tranquille nom de dieu ! »
Quatrième verre :La vision est encore plus confuse, toujours plus rien les yeux fermés, il s'agit maintenant de sensations et d'émotions. Je suis traversée par des tas de pulsions et d'énergies très différentes les unes des autres. Je ne réfléchis pas, je ne pense pas, rien d'intellectuel dans tout ça, c'est physique, c'est primaire, c'est instantané. Je ne me braque pas comme à mon habitude sur ce qui ne m'arrive pas, je me concentre au contraire sur ce qui se passe, la seule pensée que je crois avoir pu verbaliser dans mon esprit est celle-ci « c'est comme ça et pas autrement ». Je suis vraiment bien rétamée en tout cas, pfiou je comprends plus grand chose au temps, à l'espace, à l'égo. Lorsque j'émerge à peine, R. qui sait me prendre par les sentiments (enfoiré!) m'invite à y retourner.
Cinquième verre :Comme je n'ai pas su le garder plus d'une minute environ, ça n'a pas été plus fort que le précédent, mais pas moins puissant pour autant. J'ai senti ce dernier verre comme la purge ultime, c'était comme racler le fond de la casserole, de la colère me venait, des pulsions sexuelles, des tensions dans le corps très puissantes, une envie de rugir, des rugissements d'ailleurs, des vocalises, des coups de poings dans le lit et sur moi-même, c'était dur et libérateur à la fois, je sentais que j'endurais ces tensions pour les évacuer.
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TR N°8 : PRISE DE CONTACT
AUTEURE : ALICIA
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES : recette péruvienne traditionnelle - un demi verre - 160cm 55kg
LIEU : PEROU
Contexte : cérémonie marquant le milieu d'un voyage avec trois autres femmes dans les sites sacrés des Andes péruviennes
Nous avions rencontré notre « chaman » à sa boutique dans le quartier historique du Cusco ; l'accompagnatrice l'avait choisi pour notre groupe car elle avait beaucoup apprécié ses chants lors de la cérémonie à laquelle elle avait participé au cours de son précédent voyage, comparativement au chaman avec lequel elle avait travaillé auparavant, et parce qu'il était moins cher !
Nous le retrouvons le lendemain matin sur le site de Sacqsayhuaman pour une cérémonie de purification. Belle énergie, beaux chants, belle cérémonie ; il s'est un peu acharné sur moi qui traînait un mal de gorge avec toux depuis mon arrivée et je me sentais bien mieux après (mais ça n'a pas duré...). Déjà quelques visions portées par ses chants et la lumière du Soleil si puissante là -bas...
Deux jours après (si je me souviens bien), c'est le grand soir !
Nous le retrouvons à sa boutique. « Oh, il n'a pas l'air en forme... » A peine un mot et il nous invite à le suivre avec sa copine jusqu'à son véhicule : un vieux camion qu'il appelle son « orange mécanique » et dont les crissements et mouvements chaotiques rappellent la Gastonmobile...
Au bout de plus d'une demi-heure de trajet pour rejoindre les hauteurs de Cusco, nous arrivons chez lui et découvrons sa hutte de cérémonie dans le jardin, qui cottoie une hutte à sudation et un cabanon avec toilettes tout confort !
Nous déposons nos chaussures, prenons chacune un seau (« C'est quoi le tien ? Moi c'était de la lessive... »), un rouleau de papier toilette et sommes laissées toutes seules pour nous installer sur les couvertures empilées déjà disposées en cercle. Nous fouinons dans la hutte : un côté ayahuascero et un côté « septrionniste » (une espèce de secte métaphysique à laquelle adhère ce « chaman »), séparés par un drap blanc suspendu ; bizarre, cette dichotomie... Nous nous glissons dans nos sacs de couchage, nous mettons d'accord sur le côté vers lequel nous nous tournerons pour dégobiller et attendons...
Il arrive, toujours l'air dans le gaz, gros rhube, et nous présente l'ayahuasca dans une bouteille en plastique de Coca-Cola ! Un mythe s'effondre... Après un petit tour de chant, nous buvons chacune notre galopin cul-sec (oarfh, je m'attendais à pire... ça a un arrière-goût de jus de citron ; peut-être pour faire passer) ; puis il nous laisse et, en regardant sa montre, nous dit : « A dans trois quarts d'heure. » Ah ? Bon, ok... On papote, on médite, on repapote...
Il revient alors qu'on commence à se sentir un peu groggy. Il chante, se sert de différents objets rituels (dont un éventail de plumes qui produit un super son !) ; sa copine prend le relais par moment. Ca monte ; je m'allonge...
Visions en écran à quelques centimètres de mes yeux, très rapides, avec des changements d'angles de vue et des accélérations de caméra qui me donnent la nausée...
Je vois des yeux lumineux qui me regardent, des dizaines de paires d'yeux, dans des visages sombres triangulaires aux dents pointues, au bout de corps en forme des vers dont seule la partie haute sortirait d'orifices dans un sol nébulleux. Les vers-serpents changent de forme, se font menaçants et répugnants, passant par toutes les figures archétypales qui peuvent effrayer des humains. J'ai peur de ce qu'il y a en moi et qu'ils me montrent...
Et puis je réalise : « mais puisque c'est moi, je n'ai pas de raison d'avoir peur ; je peux regarder lucidement le spectacle ». Je leur dis : « Hé, je vous ai reconnus ! Arrêtez votre char, pas besoin de vous déguiser... » et éclate de rire ; eux aussi : « C'est bien que le prenne comme ça, c'est ce qu'il fallait ; on va pouvoir s'amuser maintenant... »
Et c'est partie pour la grosse poilade ! Ils continuent de changer de forme mais pour me montrer la façon dont ils aiment s'adapter à ce que nous pouvons comprendre ; un peu comme dans Abyss.
Emportés par les chants, nous faisons des parties de tobogan et rodéo à dos de serpent arc-en-ciel, qui veille au grain sans se montrer en entier. Je rencontre différents esprits des plantes (« Mama-Coca ? C'est bien elle ? »), les « petits vers » me montrent mon chez moi, mon lutin de l'autre côté du miroir... et nous rentrons chacun chez nous.
« Vous partez déjà ?! Et mes questions ? (T_T)
- Une autre fois. On se revoit bientôt, souviens-toi... »
Je devais participer à une autre cérémonie au mois de juillet en Europe...
« Ah oui c'est vrai. Bon ben, à bientôt alors... »
Voum ! Grosse redescente. J'ai l'impression que ça a duré même pas une demi-heure...
Le chaman est dans le gaz.
Sa copine me demande si ça va, si je veux en reprendre. Je réponds que les esprits m'ont dit que ça serait tout pour aujourd'hui... et que j'avais senti après avoir avalé mon verre que ça ne serait pas très fort pour moi ce soir : une prise de contact, mais ça me va.
Je sors prendre l'air ; j'admire la lune.
Je croise le chaman qui sort et je lui montre émerveillée, à quatre pattes, une petite luciole. Il me regarde d'un air : « mais bien sûr... » o_O
Au bout d'un moment, je retourne avec les autres ; chiffons-carpettes sur la moquette !
Je me détends, écoute les chants (de la fille : lui est allongé sur ses jambes et ne va pas tarder à ronfler !)... et v'là t'y pas que ça repart : « oh pinaise ! »
Je vis un dialogue intérieur qui me montre mes fonctionnements, mes angoisses et des bribes d'avenir possible.
Les esprits et moi « extrayons » des choses de moi : l'esprit de la grippe porcine, croisé à l'aéroport, qui est une espèce de boule pleine de piquants effrayés d'être à la vue de tous, les peurs, petits lézards... A chaque extraction, je raccompagne l'esprit de ce qui me quitte vers sa famille ; je rencontre la famille des peurs, qui vit dans l'obscurité sous un buisson... Au moment de partir, demi-tour : j'ai oublié l'esprit de ma toux (revenue entre temps) ! Hop, un petit coup de serpent-taxi : moi je suis en train de redescendre, alors le serpent va l'accompagner jusque-là où je ne peux plus aller.
Au revoir les amis ! Je serai contente de voir revoir bientôt !
Et tutududutu, me voici reviendue dans mon corps (qui, entre temps, s'était délesté d'un peu de bile dans le seau à lessive).
Le lendemain matin (« ah bon, 'y a pas de debriefing après la cérémonie avant qu'on ne se laisse s'endormir ? »), il n'y a plus que nous dans la hutte. Nous attendons que le chaman vienne nous voir, mais l'heure tournant, nous nous avançons jusqu'à sa maison. Sa copine et lui préparaient le petit déjeuner et semblent surpris que nous ne soyons pas venues un peu plus tôt.
Le temps de faire chauffer l'eau chaude pour les tisanes que l'on nous propose, sa copine nous demande comment on a trouvé la cérémonie et lui, qui a à peine échangé quelques mots avec nous, nous appelle pour nous dire que le camion est prêt et que c'est l'heure d'y aller : vous comprenez, il doit ouvrir sa boutique...
Vous voulez acheter quelques objets d'artisanat en souvenir ?
Et voilà , au revoir les touristes !
Dernière modification par groovie (18 janvier 2017 à 02:10)
Hors ligne
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TR N°10 : PREMIÈRES LEÇONS
AUTEUR : LOàC
DATE DE PUBLICATION : 2007
SUBSTANCES : INCONNUES
LIEU : INCONNU
Je me décide enfin à numériser mon expérience...
Je débarque là -bas avec mon amie vers 17h.
On fait toc-toc sur la grande porte, qui s'ouvre pour donner sur un magnifique endroit, avec une ambiance un peu bizarre, très détendue mais en même temps assez chargée. J'avais l'impression de sentir qu'il s'était déjà passé pas mal de chose. Mais surtout j'étais bien nerveux, j'ai pas arrêter de trembler de nervosité jusqu'au soir.
Néanmoins, c'est la première fois que je percevais si bien l'extrême logique qui m'avait conduit jusqu'à ce point. J'avais bien le sentiment de continuer mon chemin et celui-ci passait par là .
C'est comique, sur place je retrouve un ami du luxembourg, son chemin passais par là aussi, je sais qu'on est tous des co-voyageur de cette dimension, mais c'est toujours marrant de voir comment les chemins se croisent, se re-croisent surtout quand on sait que ça n'arrive pas par hasard...
Bref, Il est vite 22h, et je suis toujours nerveux, même si dans ma tête ça va plutôt bien, je ne me pose pas de question, non pas que je m'y refuse mais je trouve tout ça très normal, ça ne m'étonne pas d'être ici, mais mon corps pense pas pareil, on dirait :)
Après un tour de plumage-fumage purificateur qui me détend un peu, vient le moment de déguster l'exellent breuvage. Je suis au trois quart du cercle, j'ai donc bien le temps de voir venir...noriach se lève, après c'est à moi...et ça se passe, tout naturellement comme le reste.
Bon, alors oui c'est pas bon. De plus, comme disent les habitués, c'est la première fois qui est la meilleure. Un fort goût de fève de cacao, bien amère.
Après une demi-heure, trois quart d'heure mon amie me dit qu'elle ne sent rien et elle se demande si c'est normal. Je venais juste de me dire que je commençais peut-être à ressentir quelque chose mais je pense aussi que si j'ai toujours rien de clair, ça risque de me passer à côté.
Je décide donc de la suivre pour la deuxième tournée.
Là , Kajuyali me sert un petit fond de bolinette, vraiment pas grand chose. Je suppose qu'il sait ce qu'il fait et je bois avec bien plus de peine que le première fois malgré le fait qu'il y en ait bien moins.
A peine ce fond terminé, je me lève, et me sens bien lourd, ou plutôt je ressens une lourdeur qui m'envahit, la même que j'avais vaguement ressentit quelque instants auparavant en croyant que peut-être rien ne suivrait.
Là je sens que ça travaille sec, je décide même de ne pas aller me rassoir car je sens que ce petit fond n'était en fait pas nécéssaire.
Je me retrouve face au trou et c'est comme si on me serrait le ventre, je vomis assez violement mais étrangement, je n'ai que ce petit fond qui sort. ça et rien d'autre.
Je m'entend penser "qu'est-ce que tu croyais ? comme si elle avait besoin de plus, comme si tu savais ce qu'il fallait" et je ne sais pas si c'est moi qui pense ou si c'est elle qui me parle.
Je retourne dans la maloca, et me met assis pour ne pas vomir trop vite. Je sens l'ayahuasca qui quitte mon estomac et se dirige vers mon intestin, j'entend des bruits étrange, la liane me néttoie l'intérieur. Là , je réalise ce que c'est la purge.
Je n'ai pas eu une purge violente, mais avant que je l'expérimente, je pensais plutôt que ça s'apparentais à des symptômes d'intoxications, maux de ventre, diarhée douloureuse...En fait je pensais être malade.
Et là je me sens bien, je sens que ça va sortir par le bas, je me lève et vais au toilette prestement. Je rigole quand j'y suis, je suis bien et je chie comme j'ai jamais chié, comme on me l'avait dit. Pareil à un robinet qu'on ouvre, flush ! Et pourtant, je suis bien, ça me vide.
J'ai dû aller aux toilettes 5-6 fois, et toujours la même chose, vidange. et puis fin de la nuit, plus rien, c'était vidé. Rien à voir avec une quelquonque intoxication qui te laisse barbouillé. Du grand nettoyage.
Quand je retournais à la maloca, je m'allongais et là , je me trouvais dans une espèce de cours, comme un cours qui se donnerait en pleine nature, avec plein d' interactivité ("visions explicative") et la liane était l'enseignante.
Au début, je me demandais si cette deuxième pensée n'était pas un effet placebo, tellement j'étais "normal", mais finalement, quoiqu'il en soit j'ai décidé de la prendre comme la voix de la liane, vu que c'était comme ça que c'était le plus intéressant.
C'était comme si je voyais ma conscience quotidienne qui parlait avec la liane, qui lui montrait des trucs tout simple, mais bien choisis à propos de la vie.
C'est la première fois que j'avais une telle impression d'enseignement, de sentir le professeur "contenu" dans ce que je venais d'avaler.
C'était une gentille prof, expérimentée et qui ne me bousculait pas trop, comme peuvent l'être les enseignantes lors de vos première leçons.
Un moment, elle m'a fait me sentir seul, la solitude. mais juste un peu, pour me montrer. Je savais maintenant à quel point il fallait prendre quelqu'un dans ces bras dans ces moments-là .
Je ne vais peut-être pas m'étaler sur les différentes leçons qu'elle m'a donner vu qu'elle ne concerne que moi, et je ne pense vraiment pas que ce soir représentatif de quoi que ce soit mais p-e que certains se le demandent...en fait c'est très banal mais c'est ce que d'une certaine façon, j'avais besoin qu'on me montre, à moi...
Elle m'a dit que la vie c'était des découvertes permanentes, une découverte permanente, qu'il n'y pas de découverte ultime. Que lorsqu'on ne comprend pas, c'est pas grave, c'est toujours beau à regarder. Il ne faut pas toujours chercher de message caché, le message est là , quand tu le vois pas, c'est pas grave, tu peux regarder comme une peinture.
Elle m'a aussi montré qu'on apprenais du bon comme du mauvais, qu'il ne fallait pas tout le temps vouloir se soustraire au "dark" de la vie...À un moment, elle a ouvert une trappe qui donnait sur le "dark". Elle me dit, "c'est là que ça se passe" d'un air amusé, chantant. Un chemin y descend avec des fourmis à la file indienne qui y descendent et kajuyali fait un chant qui résonne comme un chant qui doit me donner du courage et accompagner les fourmis. Mais je pouvais toujours dire non, et j'ai dis non. À quoi elle a dit, "il va bien falloir un jour, pourtant". Donc, p-e qu'elle me bottera un peu le cul un jour, ou bien j'irai.
Pas à un seul instant, je n'ai été secoué, malmené, j'étais toujours très "moi" en conversation avec elle. Elle était très "c'est sa première fois, on va pas le traumatiser"
Je me suis reveillé le lendemain, comme "si rien ne c'était passé", tout aussi naturel qu'avant et que pendant. Pas à un seul instant, je n'avais eu l'impression que mon cerveau était en ébullition ou travaillait plus que de coutume comme parfois avec d'autres psychédéliques. Ce lendemain, Je me sentais d'humeur "pic-nic ensolleillé avec des amis" :)
C'était tout ce qu'il me fallait pour me mettre en confiance.
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TR N°11 : UNE SOURIS DANS UNE ARAIGNÉE
AUTEURE : ANNE - deuxième TR (voir TR N°5)
DATE DE PUBLICATION : 2009
SUBSTANCES : AYAHUASCA , SALVIA D.
LIEU : INCONNU
e me décide enfin à vous faire partager l’expérience la plus énorme de ma vie. Elle date d’il ya 6 mois maintenant. Vous comprendrez alors le pourquoi des petites araignées qui ornent ma signature. Je l’ai longtemps gardé pour moi et mes compagnons de beuveries… mais j’ai quand même envie de vous la conter tant cette histoire est folle. Je suis au deuxième soir d’une session sur 3 nuits…
Je suis dans le même état d’humeur que la veille, c’est à dire pas du tout angoissée de boire, formidablement heureuse d’être là , j’ai une forme olympique.
Je bois mon verre, la liane me propose une visite guidée de l’hyperespace. Je suis partante. Je me retrouve dans la plateforme des volumes. J’entre alors dans un espace transparent. Tout y est transparent. Je me demande alors pourquoi je vois puisque c’est transparent, mais le transparent est une couleur en même temps qu’un matière, irisée comme du cristal. C’est magnifique.
Je visite ensuite un espace géométrique, les matières et les dimensions sont diverses et variées. Je vois des triangles, des pyramides, des contours d’octogones s’y imbriquent.
Ma machoire se met alors à se détacher doucement en 1000 petits carrés. Ces petits carrés dansent devant moi, et je les entends presque se marrer en voyant ma tête d’ahurie. Je suis désolidarisée de mon corps, je pars carrément en sucette dans tous les sens de la pièce. C’est une sensation formidable, bizarre mais franchement très marrante quand tu l’acceptes. Et ce soir, je me sens prête à tout accepter.
Et en effet, la plante semble bien décidée à me surprendre. Elle va s’arranger pour que tous mes principes, toutes mes croyances, tout ce que j’avais pu imaginer sur la liane, tout, absolument tout va voler en éclats.
Un peu comme la veille où je faisais des objets de ce que je voulais, là , j’efface tout ce que je sais, ce que je crois connaître, ce que je croyais acquis comme une évidence, on efface et on recommence à zéro. Reformatage complet. Je réinvente un monde où je ne distingue plus l’envers de l’endroit, le haut du bas, ce qui est près ou loin. Mon cerveau se balade en petits carrés en compagnie de ma machoire dans la pièce pendant que mon corps est devenu celui d’une poupée de chiffon, je peux faire tout ce que je veux avec. Faire un nœud avec cette jambe là , déplier mon bras à l’infini… Là où je suis, rien ne se passe comme dans la vraie vie, tout est à créer. Tout est inédit. L’avantage quand on se rend compte que tout est à créer, c’est qu’on fait comme on veut, les possibilités sont infinies. Ca tombe plutôt bien parce que je sens que j’ai plein de trucs en réserve à inventer.
Là , B m’appelle près de R. Je ne comprends pas tout de suite ce que je fais là . Pour tout dire, R. va apparemment très mal, il gémit tout ce qu’il peut, mais je ne m’en rendais pas compte, je croyais qu’il faisait le son. Je lui fais quelques bisous, il ressemble vraiment à tout petit bonhomme, il semble en effet avoir subi, il a le visage tendu, les yeux grands ouverts, il est tout choqué. Petit bonhomme courageux… Je le rassure, je me concentre pour lui filer un peu de ma bonne humeur, parce que moi, je suis drolement speed ce soir encore. Je le vois me faire un petit sourire. J’ai confiance, tout est ok.
Quand je quitte R., j’ai alors l’impression que ma nuit est finie. Je suis autour du feu, je traine là un moment, je me dis que j’irais bien continuer ma petite visite guidée de l’hyperespace mais bon, va falloir mettre un peu de carburant dans la machine de guerre qui me sert de cerveau.
Je suis installée tout au fond de la maloca avec M. Je m’amuse un moment avec elle et le petit chat, je vis ces moments comme des moments d’une extrême tendresse, tout doux, exactement comme des jeux de petits chats… J’aime ma petite M. de toutes mes forces. Je la vois qui se mine, j’essaies de la faire rigoler, on se raconte des histoires de mouton, on en déduit à la fin que le cerveau de mouton ne contient qu’une capsule de DMT, ça nous fait hurler de rire, je lui joue du maracas, elle aime bien, ça me réjouie de lui faire plaisir… et hop ! Idée !!!
Allez petit pipe de salvia. Yihaaaa ! Quand je finis de tirer ma dernière latte, je claque la langue contre mon palet, l’effet salvia est immédiat, mon palais se met à gonfler gonfler à l’infini, à m’en étouffer. Carrément barré.
Je retourne dans le jardin. Oh le truc !!! La même que la veille, je ne reconnais rien. J‘ai l’impression d’être dans un vivarium. Je vois des iguanes dans les fauteuils. Avec M. on est éclatées ! ah la salvia a le chic de te semer dans l’hyperespace et impossible ensuite de retrouver ton chemin.
Il y a ce moment où T. se transforme en homme–fauteuil. Il se bagarre avec ce fauteuil, il en sort des objets, une cruche, un chat… Je ne comprends pas du tout ce que je vois. Une tête de T. avec un tronc en fauteuil… C’est trop génial.
Je repars boire ½ verre. LE ½ verre. J’ai un mal de chien à l’avaler. J’entends l’envolée de rire de L. à nouveau, … j’adooooore !!! T’as raison L, on n’est pas là pour faire les chochottes, on est des gros punks ou on l’est pas. Son rire me dira ça tout le WE. J’ai des hauts le cœur en avalant le machin, j’émets des bruits affreux aux pieds de la belle. J’entends le rire fluorescent de S. Je m’éclate. Funky le quartier des chamans, décidemment funky !! C’est tout bon.
De là , dans ma tête, c’est la bousculade, je viens raconter quelques sornettes à M, j’ai la continuelle impression qu’avec M, on est dans un monde féerique de jeux et de rire, de douceur et de réconfort. Petite sœur de bonheur. Je m’assois 10 fois au moins sur la tête du petit chat. Plus rien ne me semble normal, je ne sais plus d’ailleurs faire la distinction entre ce qui est normal et ce qui ne l’est pas.
Quand j’arrive dehors, c’est toujours un vivarium à la place du jardin. Il y a D. allongé et T. est devenu transparent dans son fauteuil. Je vois à la couverture sur le fauteuil qu’il y a forcément quelqu’un dessous, mais la tête de T. a disparu et c’est un film irisé à la place, comme dans mon espace transparent de début de soirée.
On dirait que la visite guidée de l’hyperespace a repris. Sauf que je ne comprends plus rien. Je tente de me rouler une clope mais je ne sais pas comment m’y prendre. Je ne vois par où commencer en premier. le tabac ? la feuille ? Je ne sais plus. J‘ai plein d’idées qui n’aboutissent pas. Je bug…
Je me rend alors compte que je suis dans la plateforme des objets perdus. Des choses tombent d’un ciel tout bleu et je ne sais pas quoi en faire. Je vois une petite école, une échelle qui tombent, et je n’arrive pas à leur trouver une fonction. Je ne sais plus à quoi servent mes mains. Je ne sais plus me rouler une clope. Je suis vraiment perdue, perdue dans mon corps, perdue dans l’espace. Je suis confuse… je me mets à marmonner, dixit D… En fait, je sens que je m’enfonce dans une boucle où moins je comprends, plus je me perds…
Mes histoires ne tiennent plus debout, les mots se mélangent. Je ne sais plus faire une phrase dans l’ordre. Ma tête est à nouveau toute en bordel. Tout y est en vrac. Mon cerveau est dans la salle des mots perdus.
Je saute alors dans mon seau. C’est T qui me rattrape au vol. Voilà que j’y vomis des mots, je vois les lettres E-C-H-E-L-L-E sortir de ma bouche et aller dans le seau. Quelquepart, tout ça me fait bien marrer, mais je suis dans une confusion telle que mon cerveau ne sait pas quoi faire de ces informations. Ca m’enerve un peu de laisser passer l’info comme ça, sans rien en tirer.
Je reclame le silence à mon cerveau, mais c’est le vacarme à l’intérieur et pipelette que je suis, je commente en marmonnant. Ca me fout en rogne contre moi. Je me retrouve accroupie dans les cailloux, j’ai un haut le cœur. En même temps que je me tords dans le seau, je sens que ma machoire s’est positionnée autrement. Je me mets à vomir un épais fil de mousse qui arrive droit du fond de ma gorge, presque sorti de la glotte. C’est douloureux. Je commence à grincer… J’ose encore marmonner que je crache du poison, je me conseille à moi même de la fermer parce que je sens quelquechose de surpuissant me tomber dessus, et là , en effet, je me fais dérouillée, quelquechose s’empare de moi, ça me replonge dans le seau, je vomis à nouveau cet épais fil de mousse de toutes mes forces. Il vient du plus profond de mon ventre… j’entends alors des courants d’airs aspirants qui m’appellent vers le sol… quelquepart.
Je pose la main par terre, dans les cailloux et là … LE CHOC !!!!!!! Je suis appelée à l’intérieur d’une araignée. Je ne me demande à aucun moment où je suis, je le sais. Je suis en train de me laisser glisser dans une araignée… Ma main est complétement absorbée par la moindre petite aspérité du sol. Je sens un courant aspirant qui me pousse à m’engager dans cette voie là … Ma main glisse comme sur un rail, des millions de petits fluides glacials me lèchent la main et l’avant bras tout en m’aspirant vers le sol. C’est absolument délicieux. Divin ! je n’ai qu’une envie, m’y plonger corps et âme.
Je suis parfaitement consciente en tant qu’ANNE, que je vais, dans moins de 2 secondes, aller me rouler dans les cailloux, mais ça m’appelle, ça m’aspire, je communique déjà avec ce monde là , j’entends des grincements, des souffles, tout ça m’aspire sur un rail métallique glissant. Toute façon, c’est tout bonnement irresistible, il faut que j’y aille.
Je me laisse aspirer, je glisse sur le sol…. OUAAAAAAAAHHHHHHHHHH !!!!!!!
Là , D. pose sa main dans mon dos. Cette main posée sur moi me semble immense. Mon corps la trouve de trop. En tant qu’ANNE, je sais que c’est D qui s’inquiète de mon cas.
Je le rassure dans l’urgence tant j’ai peur de rater le coche. Je sais, toujours en tant qu’ANNE que je suis en train de vivre un pur moment, un truc fabuleux, une aventure hors du commun, je suis chanceuse putain, je suis CHANCEUSE !!!!!!!! Tout va bien D, ne t’inquiètes pas, faut que j’y aille… je lui dit tout ça en étant déjà plus dans mon corps à moi. Mon cerveau lui, est entre les deux mondes. D. retire sa main.
Je me laisse alors complétement glisser. Ca m’enveloppe de petits filins de fluide glacial, c’est comme un milliard de caresses faites avec la précision d’un laser. C’est bon mais c’est bon… Je chemine dans cet espace un peu ténébreux à une vitesse folle, comme si je glissais sur un fil métallique.
En tant qu’ANNE, j’arrive à cet instant à prendre du recul sur le truc, je vois araignée, je suis araignée, je communique avec les araignées et mon cerveau d'ANNE en a conscience. C’est un moment génial que je vis avec moi même. Mon corps vit un truc de taré et mon cerveau l’observe.
« JE SUIS ARAIGNEE ! C’est E-NO-RME !! » J’éclate de rire, je prends un pied dingue, je quitte ANNE et replonge mon cerveau dans ma bestiole…
J’arpente des territoires, je vois du jaune criard, avec du violet foncé… je me demande si ce ne sont pas mes couleurs. J’arrive dans un quartier où je sens la présence de consoeurs. Elles ont des airs de loubardes. Si je devais les habiller et leur mettre de la musique, je leur mettrais un perfecto pourri et du metal de hardeux ! ^^
Je communique avec le monde araignée. Communication qui se traduit par des grincements, des sons à ressort et des sons aspirés… je me rends compte que ce n’est pas un monde très sympathique, les deux que je croise complotent, ricanent, se moquent. N’empêche, j’adore leur humour cynique et grinçant et toute façon, je suis complétement dans mon élément, parce que je dois rappeler que pendant que j’analyse mon nouvel espace, chaque cellule de mon corps, chaque cellule de mon cerveau continue d’être affolé de plaisir sous ces milliards de caresses faites au fin pinceau glacé partout sur mon corps, mon visage, mon cou…
J’évolue dans un univers purement féminin, atrocement sensuel, ça fait presque mal tellement c’est bon.
Je ne sais pas comment vous dire ça, mais jamais rien ne m’a procuré cela. Ca va au delà de ce qu’on imagine être le plaisir. Ca serait comme un orgasme multiplié par 100 000 en continu pendant une étérnité. Un truc de barjot !!
En même temps que j’évolue dans mes cailloux, en jouissant par tous les pores de ma peau, le cerveau irradié de plaisir, je tisse ma toile.
Cet univers métallique, glissant, mouillé est orgasmique. Je me trouve soudain dans un liquide visqueux, gluant, j’associe ça à du liquide amniotique. En fait, j’ai dans la bouche une salivation hors du commun et je me plais à en laisser couler un filet de bave. Je ne contrôle pas du tout le phénomène. Je me retrouve trempée. Soudain, un courant froid m’aspire vers l’avant, ça me gèle complétement.
Ma raison d'ANNE me rappelle. Je suis allée bien loin dans les bois… il est temps pour moi de ressortir de la bête. Je prends rendez vous pour le lendemain.
Je me sens sortir, comme arrachée du sol. Je me suis bavée sur le visage, le cou, je suis pleine de feuilles, j’en ai partout. J’ai l‘impression d’avoir crapahuté sur des kilomètres dans les bois au ras du sol, mais je n’ai en fait pas bougé d’un millimètre.
Je m’excuse auprès de D pour ce moment d’égarement. Quand même, j’ai joui du cerveau en live devant lui pendant 3 plombes. J’ai presque un peu honte, mais ça pas eu l’air de le traumatiser. Ca me rassure, et je suis en fait bien soulagée qu’il n’y ait eu que lui. L’orgasme en collectivité… c’est pas facile à assumer ! Bref, pour l’instant, j’ai beau être revenue dans mon corps, je suis encore complétement perdue.
Je rentre dans la maloca. Je m’allonge sur le petit chat. Il toque à ma tête pour me prévenir. Je retrouve M. Je suis trop contente de les retrouver elle et le petit chat. Le pire, c’est qu’en rentrant, ce n’est pas la première chose que je pense à lui dire… et puis, je m’entends grincer et je lui raconte mon aventure… je suis toute excitée. Plus je lui raconte le truc et plus je trouve ça étonnant, merveilleux, orgasmique, truc de fou ! je sens que je m’emballe en lui parlant, je sens que ça me rappelle. Elle me dit d’y aller. C’est clair, je ne suis pas bien à l’intérieur de la maloca, je vois d’ici les cailloux qui me manquent et m’attendent. J’entends les grincements, je sens les courants aspirants… Merde… c’est incroyable !!! J’en crève de retourner dans mon monde d’araignée. Sérieux, c’est physique.
Je conclue mon histoire par « en gros, les araignées, elles jouissent du cerveau toute la journée »… et je repars dans la nuit.
Lorsque j’arrive dehors, je trouve l’air électrique. Je pose une main sur le sol. Elle est directement absorbée par le sol jusqu’à mon coude, les lasers de fluide glacial reprennent sur mon avant bras, ça m’aspire dans un souffle lugubre … J’ai un fil qui glisse sur ma lèvre inférieure, c’est hyper agréable. Mais en approchant mon visage du sol comme pour me laisser couler, ma raison m’arrête et l’emporte cette fois. En fait, j’ai affreusement peur d’y retourner. Je suis partagée entre le plaisir et la terreur d’y retourner. La bestiole est en moi mais je refuse de repartir dans les cailloux. Il s’agit quand même d’un univers individualiste et un peu sournois. Je sais m’y déplacer, je sais tisser, mais je m’y sens à nu, je ne suis pas armée pour me défendre en cas d’attaque. En fait, j’ai eu trop le temps d’y penser… j’ai la grosse trouille d’y retourner.
Je me pose dans le fauteuil près du feu. Voilà du monde autour du feu.
Je me mets en boule, toujours un fil à la bouche…En fait, je suis un peu traumatisée par ce qui vient de m’arriver. Je n’en reviens pas. Je ne comprends pas. Ca va au delà de tout ce que j’avais pu imaginer possible. Bien au delà .
Le chat roux me grimpe dessus. Comme la main de D. tout à l’heure, il est immense et trop lourd. Il est posé sur moi, y’a pas de respect quoi ! Je trouve vraiment pas ça logique. Ca m’enerve.
Je le jette 1 fois, 2 fois, 3 fois. Il revient à la charge, ça devient l’ennemi. J’ai de la violence en moi là .
Je l’attrape, je le balance. J’ai presque envie de shooter dedans. S et L m’ont vu faire. J’ai l’impression qu’ils sont entre rire et surprise de mon agressivité soudaine. Je cherche à me justifier, je baragouine que « ça ne se fait pas, non mais oh, c’est manquer de respect ». Pfff, ça tient pas la route mon truc vu d’un humain. ^^ D’habitude, j’aime bien les chats, mais là … je ne suis pas encore tout à fait moi.
Je me love alors dans ma bulle de bien être… Je pense à mon amoureux, personne n’arrive à me rouler une clope et je sais que lui il saurait, je l’aime, j’ai envie qu’il soit là , ça prend toute la place d’un coup… Toute la place à l’intérieur de mon écorce. Mon amour pour lui déborde. C’est du désir liquide qui coule dans mes veines. C’est sensationnel. J’ai l’impression à ce moment là d’avoir emprunté à l’araignée un peu de sa faculté à être dans le désir, le plaisir et la jouissance en permanence. Je sens que j’ai une énergie différente qui circule en moi…
J’ai comme le sentiment que j’ai tout à découvrir, un nouveau monde s’ouvre à moi, tout me semble excitant, inédit. J’ai pour la première fois le sentiment d’habiter mon corps, j’ai gagné l’autorisation jouir de tout, tout le temps.
Je sens que plus rien ne sera jamais plus comme avant. Tout est aventure… je me sens maitre de mon destin…
Voilà … Depuis cette session qui date de 6 mois maintenant, j’ai encore du mal à comprendre ce qui m’est arrivé. Je ne peux presque pas imaginer que c’est mon cerveau qui m’a joué un tour tant ça me semblait être vrai. Si j’avais eu le choix avant, je n’aurais jamais choisi d’entrer dans une araignée. Je ne sais pas ce qui m’a emmené dans cet univers là , mais c’était incontrolable et surpuissant. Encore aujourd’hui, quand j’y pense, j’en frissonne tellement ce moment fut au dessus de tout ce que je pouvais imaginer avec l’ayahuasca. D’ailleurs, j’ai mis un long moment après ça à reprendre des produits tant j’avais l’impression que rien ne me satisferait plus après un telle expérience.
Et il est clair que j’ai le sentiment que rien ne pourra jamais être aussi fort que ça… c’est gravé dans ma mémoire… et je me demande encore parfois qui remercier pour ce cadeau que la plante m’a fait. Je suis une grosse chanceuse, voilà ce que je me dis.
Merci d'avoir lu !
Dernière modification par groovie (18 janvier 2017 à 02:12)
Hors ligne
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TR N°13 : CERCLE NATEM TRADITION SHUAR
AUTEURE : BEATRICE
DATE DE PUBLICATION : 2012
SUBSTANCES : AYAHUASCA , 1m65 50KG, 1/2Verre
LIEU : INCONNU
diète sans ail oignon viande thé café alcool et tout intoxicant depuis une semaine, jeune depuis le midi
nous n'avons pas pu arriver la veille, mais la chamane a construit une demi lune en terre au centre du teepee , elle représente la terre mère, l'autel est installé dessus: fleurs, cristaux et toute sorte de trucs.
l'après midi après le dernier repas léger, médit, les participants se rencontrent et se connaissent. à 18h nous faisons un rituel tibétain pour éliminer les obstacles, on joue des instruments traditionnels et autres (didge etc)
20h un feu est d'abord allumé à même le sol au centre même du teepee et face à la demi lune : c'est le père soleil qui ensemence la mère. la chamane explique ce qui va se passer, les règles, désigne un maitre de la porte chargé d'ouvrir le teepee quand quelqu'un sort et de vider les seaux de vomit et un maitre du feu qui est chargé de l'alimenter d'une façon rituelle: posture, construction du feu selon l'axe ciel terre etc... quand on commence à avoir des braises elle en répand entre le feu et la demi lune en formant le premier dessin : la semilla (la graine) chants et offrande de cèdre aux 4 directions pour purifier l'espace
21H premier temps: purification au tabac. elle roule un mélange de tabac et autres plantes dans une feuille de mais en le fumant on pose les intentions pour la cérémonie. puis on se nettoie les narines avec du jus de tabac, c'est horrible: picotements toux éternuements ça descend dans la gorge en brûlant atroce, mais ça dégage +++ du sopalin tourne en grande quantité. puis elle nous envoie du napo (tabac coca et aya) dans les narines avec une sarbacane: effet assuré!!!
ça réveille mais ça crispe aussi, picotements sur la peau et sensation de vibration
ensuite pour les fumeurs réguliers de ganjah et chichon elle donne des graines qui purifient permettent à la médecine de fonctionner car apparemment le THC diminue l'aya. ça a l'air raide! ceux qui en ont eu commencent déjà à vomir!!
remerciements pour le premier temps et appel des guides
22h environ on boit la médecine (aya) les doses ont l'air aléatoire mais elle dit que c'est la médecine qui choisit! j’en ai un demi verre.
chants d'entrée.
elle répand d'autres braises et cette fois ci fait un autre dessin estrella (l'étoile)
23h30 je ne sent rien, tout le monde a commencé à vomir et à s'écrouler. je vais la voir et lui demande si je peux en reprendre en la touchant du bras, elle me dit qu'elle termine avec le feu et après elle m'en redonne. mais au moment ou je la touche je sens un courant électrique d'elle à moi et tout d'un coup je sens les effets plein pot!! du coup qu'en elle m'appelle je lui dit que c'est bon, elle sourit!!
je m'assois mais bientôt je ne peut plus tenir assise. incroyable déferlement de couleurs tourbillonnantes par dessus la réalité, lasers, guirlandes lumineuses, serpents ondulants d'une intensité de lumière extraordinaires tournoiement de spots: je suis dans le teepee comme dans une teuf avec light show
l'atmosphère devient électrique, les sons sont perçus par les yeux, les sensations physiques par les oreilles, tout se mélange; mon corps est comme dans un bateau sur une mer déchainé, le sol ondule
je vomis mes tripes
ça dure un temps, je suis hors du temps, mais il me semble que l'esprit est "normal" c'est à dire que je sais qui je suis où je suis et que j'ai pris la médecine; mais je me sens vraiment mal, le ventre (mon point faible) me fais super mal, j'ai les intestins qui se tordent l'estomac se retourne on a l'impression que l'intérieur se déverse à l'extérieur; c'est super beau mais super violent!!
je vois des chiens des gens qui ne sont pas là mais au milieu de la réalité, superposé, je sais que ce sont des visions quand je passe la main et que je les traverse; et toujours gros light show organique à l'intérieur et à l'extérieur de moi
la chamane chante et utilise l'arc en bouche, on part sur le son, déferlement de couleurs et passage dans d'autre mondes où je partage avec d'autre gens mais brièvement, puis retour dans l'ici et maintenant, mais un ici et maintenant où les gens sont comme tatoués de couleurs vivantes et changeantes, on les choses bougent, où les poteaux du teepee deviennent serpent, où la terre est couverte de joyaux, où les textures sont en 3d
je ne suis pas moi, je vois cette personne vomir et souffrir mais je ne suis pas cela, je suis détachée
puis je suis terrassée, l'esprit tourbillonne, c'est un peu trop fort mais je m'abandonne. la plante me parle :
elle me montre une porte et un tunnel "tu veux aller faire un tour dans le bardo"?? le bardo dans la tradition tibétaine c'est l'entre deux vies, le bardo du moment d ela mort, le bardo de l'ainseité et le bardo du devenir. je répond "pourquoi pas, mais seulement un moment, je reviens dans mon corps après" "elle" rit (la plante qui me parle) "quand tu prends ce tunnel , tu sais pas quand tu reviens" pas méchante, ironique!!
je n'ai pas vraiment peur mais je réfléchis, mes intentions étaient si possible de reconnaitre la nature de l'esprit, je me dis "non, la reconnaissance de la nature de l'esprit, c'est ici maintenant , dans ce corps ,dans cette vie, je n'ai pas besoin d'aller voir le bardo" et tout d'un coup tout changeplus de light show, moins de visions, par contre l'esprit super lucide
je continue à vomir, mais je me sens un peu moins mal, mon corps par contre est super lourd, je ne tiens pas assise
la chamane passe à chacun pour lui faire una "limpieza" nettoyage, elle voit les problèmes de chacun en discute un peu avec la personne, lui crache dessus et nous badigeonne de toute sorte de trucs (eau parfumée, onguents etc..)
tout d'un coup il est 2h du mat...gros gap temporel!!
je somnole mais je pars consciemment dans les rêves. je pense et cela devient réel, je comprends que tout est une projection de l’esprit. je continue à vomir de temps en temps, mais entre les moments de vomissements j'ai moins mal, juste les intestins au taquet. j'ai envie d'uriner mais je n'arrive pas, quand je marche la terre ondule toujours, je rampe à moité pour sortir du teepee, ce que j'essaye plusieurs fois.
chacun est tenu de tenir l'arc en bouche et le "hochet" de feuilles et de chanter un chant spontané, une bonne moitié est incapable de s'assoir et à plus forte raison de chanter.
mon chant :
the earth is our mother, we must take care of her X2
pachamama madre de todos
te hemos tomado tanto, te hemos robado, te hemos enganado!
perdona nos, perdona nos..X2
la terre est notre mère, nous devons prendre soin d'elle
pachamama, mère de tous
nous t'avons tant pris, nous t'avons volé, nous t'avons trompé
pardonne nous, pardonne nous.
Je commence à moins sentir les effets et à avoir sacrément faim!! j'avais cru comprendre qu'au point du jour il y aurait le tabac des femmes et la présentation des aliments, j'attends avec impatience.
le tabac de l'eau clôture de la médecine. on fume et on peut à ce moment exprimer son vécu par rapport au trip. je raconte ce qui m'est arrivé avec la porte du bardo. la chamane me dit que j'ai eu un doute, que je n'ai pas su ou pu lâcher prise, que je ne suis pas encore en harmonie avec mon corps (ou mon coeur???
je n’entendais pas trop, les fameux bourdonnements et sifflements étaient toujours là )c'est pour cela que les visions ont cessées. je suis un peu amère, je vois que c'est là ce qui m’empêche de reconnaitre la nature de l'esprit: une tendance au doute, à vouloir contrôler/maitriser comme en yoga , à croire que je sais ce qu'il faut faire, à ne pas m'abandonner, à ne pas faire confiance!
04h elle repasse et propose à présent du san pedro, l'aya c'est la grand mère et le san pedro le grand père. elle dit qu'il va nous donner la force et que les énergies vont changer, qu'on sera plus ensemble; Je refuse, (on a 5 heures de route le jour même et taf le lendemain, je ne veux pas avoir à conduire encore sous effet)
elle change le dessin de braise : corazon, le coeur.
chants plus entrainants, on joue des tambours chamaniques! effectivement l'ambiance change : plus d'énergie, de joie! c'est la renaissance. même si je n'ai pas pris de san pedro j'ai ressenti ce changement d'énergie interne et externe. J'ai de plus en plus faim, je n'ose pas aller grignoter car les règles sont posées, j'aurais bien aimé aussi aller tripper dans la nature mais pareil: on est tenu de rester dans le cercle jusqu'à la fin de la cérémonie; je commence à avoir des idées négatives "c'est interminable, tant de palabres" etc.. mais en même temps je ne me laisse pas aller à ces négativités, je sais que c'est mon corps esprit qui fatigue!
06H le dessin de braise change encore il s'agit maintenant d'un demi soleil, c'est comme si le soleil extérieur allait naitre du feu intérieur.
le tabac des femmes, on fume le cheerot dans la feuille de maïs, que les femmes, d’ailleurs tous les mecs sont out! on prie pour les femmes on chante encore, chants spontanés, chants des dakinis chants à Marie..Le jour se lève, l'énergie bascule, c'est le temps de la vie
07H 4 femmes vont aller préparer les aliments, les autres nettoient le teepee, je lave les seaux à vomi, on secoue les écroulés, on balaie... le feu meure petit à petit
08h la faim me rend un peu agressive, j'aimerais bien manger qu'on clôt la cérémonie et que je puisse aller me poser quelques heures avant la route!
mais ça continue encore, remerciements, prières, encens, on reçoit des cadeaux de la chamane, bijoux onguents ou autre. elle passe encore un peu de temps avec chacun avec des instructions précises et personnelles, pas pour moi elle dit sentir que je suis impatiente. je me hais d'être si pragmatique!!
enfin on commence à faire passer les aliments dans un ordre bien précis: la galette de mais, la viande fumée les fruits frais puis les fruits secs. un seul tour et c'est encore des chants, des remerciements, la dédicace de la cérémonie. j'ai encore bien faim!!! manger me redonne des forces et m'enlève le mal de tête qui me plombait depuis plusieurs heures: je ne suis pas bonne pour jeuner!!
09h30 re nettoyage au tabac en jus et /ou inhalation de napo : là du coup je me sens complètement éveillée, même effet qu'au début hier soir : comme un excitant avec clarté lucidité mais aussi crispation des mâchoires, muscles tendus etc.. je vais avoir du mal à me reposer!!
et puis les embrassades et enfin elle déclare la cérémonie close
et je me fuite dans un coin pour aller me reposer mais les autres défont rituellement la demi lune, vident le teepee, parlent beaucoup..
je dors environ une heure et demi mais en plein cagnard ce n'est pas évident! je me lève un peu grognon, en même temps le lieu les gens et la chamane sont tellement super! j’ai honte de focaliser sur ma faim et ma fatigue!! on partage les expériences les gens ont vraiment envie de parler!
13h30 repas partagé, derniers conseils même diète pendant plusieurs jours encore!
et on est obligés de prendre la route, fatigués mais bien clairs. J'ai encore les intestins brassés et ça dure deux jours
cercle natem : la mort, la renaissance et la vie
l’œuvre au noir, au blanc et au rouge!!
j'ai peut être refusé de mourir complètement ???mais je me suis sentie renaitre et vivre!! un super cercle, j'ai été très honorée d’en avoir fait partie! j’ai vu mes limitations, et je crois que mon corps est un peu trop sensible pour certaines plantes si puissantes..Et 14 heures de cérémonie, j'ai trouvé ça un peu long! mais c'est ainsi la manière traditionnelle et si on avait pu rester jusqu'au lendemain j'aurai eu l'esprit plus libre et aurait probablement été plus détendue dans mon rapport avec la médecine et à la cérémonie.
cette chamane est super puissante mais en même temps super douce, beaucoup d'amour et d'attention à chacun!
un grand merci à elle, à la médecine et au lieu!
Dernière modification par groovie (18 janvier 2017 à 17:41)
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