Coucou !
Je prends enfin le temps d'écrire ce
TR, que je vais essayer de faire synthétique pour ne garder que l'essentiel, et avec le recul que j'ai aujourd'hui. L'interprétation que j'en fais a beaucoup évolué depuis. J'ai tripé dans la nuit du 1 au 2 janvier, et c'est franchement l'expérience la plus marquante de ma vie
ContexteMal dans ma peau, particulièrement depuis ma première prise de
LSD en mai 2018 (j'avais écris un
TR que je vous recommande de ne pas lire, j'étais pas bien du tout et très confus), s'en ai suivi 2 mois avec des crises de paniques plusieurs fois par jour, bref vraiment pas top. Petit à petit j'ai atteint une situation stable dans ma tête, mais franchement pas super confortable, pas à fond dans la vie quoi. Toujours des angoisses, un dégoût pour le monde, impossible de voir mon avenir en couleurs, quoi. Bref
"j'étais pas bien"Pas très
RDR diront certains, personnellement j'ai toujours espéré, cru, que les psychédéliques avaient le pouvoir de me chambouler pour le meilleur, de m'aider à faire face à mes peurs, à ce qui ne tournait pas rond dans ma façon de penser et de ressentir. Et c'est ce qui s'est passé
Mes prises précédentes : 60ug 4 fois (pas d'hallus, angoisses), 120ug 1 fois (genre OEV léger, le mur qui respire avec moi était l'hallu la + marquante quoi + grosses angoisses), plusieurs microdosing. Mais avant le trip, j'avais rien pris depuis un bout de temps. Sauf pour la première fois, toutes mes prises ont été en solo, trop terrorisé de la première fois pour pouvoir sortir triper dehors ^^ Et je connais personne qui va en teuf, j'aurai pu envisager de triper là, mais jamais eus l'occaz'
Prise et montée très difficileToujours le même fournisseur sur le
DW, mais cette fois un
buvard "cadeau" offert avec une offre promo sur de la
mdma J'ai supposé qu'il s'agissait d'un
buvard dosé à 150-180ug, parce qu'il en vendait des comme ça. Je ne sais pas à combien, mais il était carrément plus dosé que ça...
A 19h30, seul chez moi, je prends un tiers de
buvard environ, pensant prendre environ 60ug. Je mets aussi Tame Impala sur les enceintes, ça tournera en boucle toute la nuit. 1h30 après, comme avec mes prises précédentes, l'angoisse qui monte. Aucun effet en dehors de l'angoisse, comme d'hab. Je suis étonné tout de même, d'habitude ça vient pas avant 2h00... Je comprends qu'il y a un soucis sur les dosages. Évidemment ça monte de plus en plus, et je comprends que mon premier
bad trip (à 60ug je précise ahah...) allait être soft à côté de celui-là, parce que ça arrive fort. Je vais pas vous faire un roman noir, c'était très très dur à vivre, j'ai beaucoup hésité à appeler les secours, j'ai bien fais de ne pas le faire, ça aurait évidemment fait empirer les choses. Je dirai que pendant 30mins, j'ai vécu des heures très douloureuses, aucune hallu, que de l'angoisse, quand 5mins sont ressenti comme 1h. J'étais au téléphone avec un proche qui connaissait le truc et qui m'a accompagné comme il pouvait (merci à lui), en arrive un stade où l'angoisse me rend incapable de parler, je gémis, je ferme les yeux, l'impression de perdre connaissance.
Environ T+2h, première hallu : traînée de lumière quand je bouge ma main. Je me dis "ça y est, c'est les syndromes du
HPPD, j'ai trop angoissé". A ce stade, je considère que j'ai perdu, je ne peux plus lutter, j'abandonne, j'accepte l'idée d'"être fini", de ne plus avoir rien à perdre. J'ai pas voulu lâcher prise car incapable de le faire, comme d'hab', mais j'ai pas eus le choix. Deuxième hallu : des fleurs sur le mur. Toujours angoissé, j'y vois un peu d'espoir, je trouve ça très beau. Je dis à mon proche au téléphone avec moi : "Au point où j'en suis, je vais essayer de prendre le trip, je vais me débrouiller seul, on se tient au courant". Il prendra de mes nouvelles vers 3h du matin
TranscendanceA ceux qui connaissent bien les dosages, à votre avis, mon buvard était dosé à combien du coup ? J'en ai pris qu'un tiers ahahPuis je pars, je ne saurais pas donner de repères temporels. Mon égo se dissout totalement, et
je passe tout le trip les yeux fermés, principalement. Je ne les ouvre que pour regarder l'heure sur mon tel. Je suis dans mon lit, toujours Tame Impala sur les enceintes, en ambiance pas trop fort, mais ça m'a beaucoup accompagné.
Il y a eut 3 phases d'hallus. Quelques semaines après j'ai essayé d'en faire des dessins, n'espérez pas grand chose je suis un très mauvais dessinateur... Mais je maîtrise un peu l'ordi donc j'ai essayé de rattraper ça à l'ordi, et surtout d'expliquer rapidement qu'est-ce qui représente quoi (au final il n'y en a qu'un dsl, j'ai pas osé mettre le 3ème ahah)
Avec du recul, la
première phase était la plus importante, celle qui m'a le plus marqué. Plus d'égo, je n'existais plus (donc plus d'angoisse, je précise... j'ai vraiment apprécié le trip, au final...). Pour être sincère, je le sentais quelque part, cet égo et cette souffrance qui lui était attaché (angoisse oblige), volontairement j'ai choisi de le mettre de côté. Voilà, de façon TRES moche, ce que j'ai vu (la seule chose qui change avec mon dessin, c'est que jamais les formes géométriques ne se superposaient à la boule, et que tout était plus... beau. Et pas tellement de couleurs au final).
Un monde parallèle, et au milieu de nul part, une boule d'énergie au milieu, et des formes géométriques qui dansent autour, en harmonie avec la musique. J'étais ce que je voyais, j'étais cette boule d'énergie. Ce qu'elle représentait, c'est "l'ordre naturel des choses", comme si elle animait tout ce qui existe, elle était la raison d'être, et existait indépendamment de notre volonté. Aucune raison de se battre, elle est immuable, autant vivre en accord avec elle pour éviter de se faire du mal. Avec du recul, et bien que n'ayant aucune confession religieuse, j'aime bien l'appeler "Dieu", mes excuses aux athées les plus convaincus. Donc j'étais Dieu, comme toute les choses.
Les formes géométriques autour, elles représentaient :
-L'espace (je veux dire ce qui nous entoure à chaque instant, l'espace dans lequel on bouge chaque jour) et en fait LES espaces, c'est-à-dire des réalités superposées
-Le temps (le temps qui passe et que l'on croit mesurer avec une montre)
-Et la musique qui était jouée sur mes enceintes (Tame Impala, je répète et je recommande
)
Ces trois entités représentées par ces formes géométriques dansaient, reliées à cette boule d'énergie/à moi, qui leur donnait vie : elle/je les aspirait, les faisait exploser (grandiose à voir, franchement...), quelle joie, la vie, l'harmonie, la beauté de la contemplation et d'une vie en accord avec notre nature profonde, c'est-à-dire sans se battre contre notre lien à cette boule d'énergie qui nous permet de vivre, à chaque instant. Elle ressemblait au Soleil, sans être éblouissante
J'ai bien aimé... J'ai dû arrêté de triper à un moment, ça devait être la transition vers un autre univers. J'ai regardé l'heure, mais je ne m'en souviens plus. Le temps n'avait plus tellement de sens, l'heure que je voyais sur l'écran semblait être déterminée de façon assez aléatoire, quoique jamais l'heure n'a reculé non plus ^^
Puis je repars, c'est la
deuxième phase, bien différente. Elle m'a beaucoup aidé à me réconcilier avec la vie de façon générale, bien que l'expérience du trip n'ait pas tellement été agréable. J'ai tenté de le dessiner, mais franchement c'est pas facile, car tout était une question de texture. Je précise que mon égo n'était toujours pas revenu, j'étais ce que je voyais. Le monde entier, l'univers, était devenu
une prison de chair sanguinolente, vivante, elle bougeait, était animé de battements de cœurs. Le sang coulait le long des parois. C'était sale, c'était douloureux, c'était ce que l'on ne voulait pas voir de la vie, la saleté de la vie, la douleur de la naissance. Si je devais décrire cette texture qui m'entourait, je dirai que la texture d'un vagin est ce qui s'en rapproche le plus, mais avec du recul, je pense qu'il s'agissait plutôt de ce que l'on voit et ressent à l'état de fœtus. Cette prison de chair, ça devait être le ventre de ma mère.
Sale, douloureux, oppressant, on ne voudrait pas voir ça, pourtant c'est apparu comme étant la vie, d'un autre côté. Et on ne peut pas rejeter une des facettes de la vie même si elle est désagréable, ça serait tricher et ne peut mener qu'à la déception, au final. Avec du recul, cette phase m'a vraiment aidé à accepter ce fait dans ma vie, à la prendre dans son intégralité
Pour ce qui est de la
troisième phase, c'était une orgie, du sexe partout, métaphoriquement. J'ai fais un dessin pour ça, mais au final ça me dérange un peu de le mettre puisque c'est très porno du coup, je me contenterai d'une description : métaphoriquement, des pénis (visuellement, des longues tiges) et des fesses/cuisses de femmes (visuellement, quelque chose d'assez ferme et mou en même temps, à la forme très arrondie... Dur de décrire, comme des fesses mais sans limites quoi). Tout l'univers en était rempli, ils s'interpénétraient, tous ensemble, ils dansaient, c'était l'orgie. C'était vraiment l'expression décomplexée de mes instincts sexuels
D'un côté c'était sympa, mais très vite j'ai compris qu'il y avait un problème avec ces images... C'était pas très sain. Au final il y avait un gros décalage entre l'ennui de ma vie sexuelle du moment et cette orgie qui était sous mes yeux. Depuis le trip, ça m'a permis de rééquilibrer, et ça a aussi améliorer ma vie sous cet aspect-là
Puis ça s'arrête, à un moment... Je sens que c'est la redescente.
Redescente, réflexionsJe vais pas trop détailler les longues heures de la redescente, il s'agissait surtout de réflexions sur ce que j'avais vu, sur ce qui n'allait pas dans ma vie, ect... Juste l'essentiel :
Quelle heure ? Aucune idée, peut-être 3h du matin (T+5h30) ? D'abord, une petite période, peut-être 30mins, d'extase : l'égo revient, je redeviens moi, l'angoisse en moins. Je me mets nu, pour prendre une douche, sentir l'eau chaude, mais aussi l'idée de marquer la FIN du trip, de me laver de celui-ci. Toutes mes angoisses avaient disparu, je ne me suis jamais senti aussi apaisé de ma vie... Je cogitais intérieurement, toute ma vie allait-elle désormais être comme ça, apaisée, sereine ? Pendant 30 minutes, j'ai osé y croire, même si un instinct me disait que je ferai mieux de ne pas trop rêver non plus. Le voyage, c'est fini.
Je m'assoie, et ce que j'avais anticipé arrive. Grosse claque d'angoisse putain... Avec du recul je suis très content de ma réaction à ce moment. J'aurai pu me dire :
-Ce trip n'était que mensonge et illusion, tu resteras angoissé toute ta vie, tu t'en sortira jamais, la preuve. Et je serai entré de nouveau dans le cercle vicieux dans lequel j'ai vécu les derniers mois.
Mais j'ai inspiré profondément, j'ai choisis l'approche plus sage (je crois que le trip m'a assagi) :
-Penser que l'angoisse disparaîtra à tout jamais de ta vie est illusoire. L'angoisse fait parti de la vie de tous, elle est un message qu'il faut savoir accepter et interpréter quand il est là. Le voyage que tu viens de faire n'était pas une illusion, utilise-le pour améliorer ta vie et mieux te comprendre.
C'est ce que j'ai fais, et l'angoisse est revenue à un niveau normal. J'ai mené énormément de réflexions sur ma vie, en les rapprochant avec les 3 phases que je venais de vivre. J'ai écris des trucs. J'ai mangé des trucs en conserve, j'ai beaucoup pensé à la nourriture et à la place que ça jouait dans une vie saine. J'ai vu la décadence de l'homme dans des petits pois-carottes en conserve.
Je pense, je mange. Et je me douche, à chaque fois que j'ai l'impression de débloquer quelque chose dans ma vie, comme pour me purifier et passer à autre chose.
Je ne suis pas prêt à dormir, je considère qu'il n'est pas temps de dormir, de toute façon. Je le sens, j'y crois, je veux renaître, alors j'attends le soleil, ça me semble évident. Il se lève, qu'est-ce qu'il est beau, quelle célébration de la vie... Les réflexions lucides de la nuit ont écarté toutes mes angoisses, un sourire fixe se colle à mon visage, et je contemple, je veux vivre. Je m'endors vers 10h du matin, je me lèverai vers 14h sans réveil
L'aprèsDebout à 14h, plus grand chose à manger chez, je sors en ville. Je me promène, il fait beau, le sourire ne me quitte plus, il trône sur mon visage comme le soleil dans le ciel. Qu'est-ce que tout est beau, la vie, moi, les autres, j'achète à manger, j'appelle ma mère, je prévois de rentrer chez moi le lendemain, voir mes amis, ma famille, ma copine, pour leur dire comme je peux que je les aime.
Cela fait à peu près 45 jours que j'ai vécu ce trip, j'ai connu des mauvais moments depuis, évidemment la vie c'est pas toujours au top (le trip me l'a appris), mais chaque jour je repense à cette nuit. Je me lève toujours en regardant le soleil et avec l'envie de vivre. Toujours cette compassion pour les autres, pour la nature et pour moi. Je me respecte, m'affirme beaucoup plus sans écraser personne, je prends soin de moi, je mange mieux (je mange moins de conserves ahah), j'arrête comme je peux le
joint quotidien, je pars faire du sport avec une envie sincère. Surtout, l'avenir m’apparaît enviable, malgré l'état du monde. Qu'importe la merde qu'il y a tout autour, vivre conformément à ses principes c'est l'assurance d'une vie heureuse. Ce genre de dictons tournent dans ma tête désormais, et ça me tire vers le haut franchement
Je vais pas trop m'étendre... Cela n'a eus que des conséquences positives sur ma vie. Il y a 2 semaines, une réflexion que j'ai eus en marchant dans la rue a mis fin à toutes mes crises d'angoisse. L'anxiété est toujours là, parfois, mais au final, comme tout le monde. Forcément, j'y vois un lien avec le trip, puisque ce qui m'a vraiment fait du bien n'est pas tant le trip en lui-même mais plutôt les heures de réflexions intérieures durant lesquels je l'ai digéré, à y repenser, à l'interpréter, ect
J'ai pas tant tenu à vous raconter ma vie mais plutôt à essayer de mettre en avant les mécanismes par lesquels cela m'a fait du bien, j'espère avoir réussi à transmettre ça, à peu près.
Un mot de
conclusion :
Je sais qu'en
RDR on conseille de faire attention aux dosages, de ne pas trop prendre de psychédéliques d'un coup. Pourtant, dans le cas d'un S&S approprié et d'une personne un peu comme moi, angoissé, je déconseillerai une petite dose, dans mon cas elles ont eus tendance à faire remonter les angoisses sans être capable de les exploser... J'avais lu ça dans un livre sur le
LSD, aussi... A débattre...
C'est tout pour moi, je vous souhaite sincèrement le meilleur à tous, et je repars, guéri
Je sais pas si ça en intéresse certains, mais dans le cadre de mes études je prépare une recherche sur le thème des psychédéliques, je pensais la partager avec vous quand elle sera fini, en milieu d'année si tout se passe bien ! Une petite contribution à la guérison de l'humanité par les psychédéliques