Lilas 24 : C'est vrai que parfois je me dis avoir bien conscience de ma relation avec la drogue et des raisons qui me poussent à consommer. Je sais que mon esprit est traumatisé par des abus quand j'étais gosse, une personne que j'aimais qui s'est suicidé lorsque j'étais encore très jeune. Puis toutes les choses immondes de ce monde que j'ai pu voir... Je sais que je replonge à chaque fois parce que tous ces souvenirs m'empêchent de trouver le sommeil et lorsque c'est le cas je suis réveillé par des cauchemards. Même avec la meilleure volonté du monde et que des choses positives se présentant à moi, je finis souvent par faire comme une
crise de panique lorsque je pars me coucher. Je connais les lignes directrices de mon mal être, mais peut-être qu'il faut que je cherche encore plus loin pour vraiment comprendre.
Comme tu dis je fais de mon mieux pour ne pas retourner dans un comportement complètement marginal. Je me fais des nouveaux potes qui m'apportent un environnement sain, je mets du coeur dans mon boulot merdique qui est de bosser dans un fast food, j'ai même été élu employé du mois. J'ai commencé à parler un peu à une fille, ce que je n'aurais jamais fait ces derniers mois à cause de ma dernière relation qui m'a encore plus détruit. Tous mes projets ne font qu'avancer vers la réussite. Je reste vraiment impliqué dans ce qui se passe dans ma vie. Mais lorsque je vais pour enfin rentrer chez moi, je roule aussi vite que je le peux, je grille les sens interdits parfois pour rentrer le plus vite possible et enfin me poser seul, dans ma bulle, le stylo à la main avec de la musique ou un film. J'ai complètement conscience que de me défoncer pour écrire et être plus créatif est une illusion, c'est pas vraiment une histoire d'être plus créatif, prendre des drogues me permet juste d'être davantage motivé et m'enlève cette peur d'être "mauvais". Défoncé, je me fiche de savoir si ce que je suis en train d'écrire est de qualité, je ne pense qu'au plaisir que je prends à la faire. Mes barrières s'effacent et ce que j'écris semble beaucoup plus authentique et personnel.
J'ai déjà suivi une thérapie une fois dans un
CSAPA quelques semaines avec un psy et c'était pas vraiment utile, peut-être que je suis juste tombé sur la mauvaise personne... Mais aucun rendez-vous m'a amené quoi que ce soit, mon psy ne se souvenait pratiquement jamais de ce que j'avais pu lui raconter durant la séance précédente. Il me donnait des conseils à la con du style "respire pronfondément 20 fois avant de t'endormir". Comme si ça allait faire quoi que ce soit à mon insomnie qui est plus qu'extrême. D'ailleurs je crois que c'est le seul conseil qu'il m'ait jamais donné, les séances consistaient juste à me faire parler. Si je m'arrêtais de causer, c'était le blanc direct, avec le mec qui attend juste que tu continues au lieu de réagir. Donc j'ai arrêté le
CSAPA et l'année dernière j'ai commencé les réunions NA. Au début oui ça m'a bien motivé mais franchement ça a pas duré. J'ai déjà parlé avec mon beau-père plusieurs fois de mon problème, et c'est vrai qu'il m'a amené beaucoup de soutien et de positif dans ma vie. Mais pareil, cette aide n'est toujours pas suffisante... Je ne sais vraiment plus à qui demander cette fameuse aide dont j'ai besoin. Je suis une psychologue depuis quelques mois qui est vraiment très bien, elle a énormément d'années d'études de psychologie des son bagage plus énormément d'expérience avec les jeunes en difficulté. Mais j'ai accès à ce genre de psy haut de gamme seulement grâce à une association dans laquelle elle est bénévole, donc ça veut dire la voir une fois par mois si pas tous les un mois et demi. Je sens que ça pourrait être bénéfique si seulement je pouvais la voir plus souvent.
Mes félicitations pour ta sobriété!! J'espère vraiment avoir le même déclic que toi un jour. Je me demande vraiment où il va falloir en arriver pour que mon cerveau comprenne enfin que consommer est une mauvaise chose. Avec tout ce que j'ai vu et vécu à cause de ça, moi-même je ne comprends pas comment j'ose encore y toucher.
Je pense qu'on est pareil sur ce point, du moment qu'on y retouche ne serait-ce qu'une fois, c'est un retour dans l'abus presque instantané. J'ai l'impression que le jour où je voudrai devenir sobre pour de bon, il me faudra arrêter absolument toute substance. Par exemble dans une soirées où il tourne des drogues dures, à l'arrivée je vais dire non, et après quelques verres de Vodka je me mets à réclamer.
Merci beaucoup pour ton témoignage, tu m'inspires merci de me dire que c'est possible.
morphe07120 : Ton petit message est vraiment gentil et motivant merci beaucoup! C'est justement quelque chose qui me met beaucoup en colère, le fait que je sois à un âge et dans une période de ma vie avec beaucoup d'oportunités, les choses semblent enfin me sourire et pourtant la torture psychologique ne s'arrête pas. Ca me donne l'impression de ne pas être un poil reconnaissant pour les belles choses qui m'arrivent. Je promets que je le suis et c'est pour ça que j'arrive à continuer à mener ma barque malgré toutes ces choses qui me poussent à couler. Mais rien ne semble empêcher pour de bon mes rechutes... Mais merci d'être aussi là pour me dire que même avec notre passé compliqué, il est possible de s'en sortir. Vous me faites tous garder espoir et me poussent à continuer d'essayer de trouver ma propre solution, parce que je crois comprendre qu'il n'y a aucun remède universel pour briser les chaînes de l'addiction. Les besoins de chacun sont différents... C'est un long processus de guérison qui implique faire face à tout ce qui nous a mené là, une remise en question, apprendre à se connaître au lieu de fuir et trouver un style de vie sans drogue qui nous rend tout de même heureux. C'est un travail très personnel qui demande beaucoup de courage... Alors vraiment félicitation à vous tous.
L'italien: Parfois c'est ce que je me dis, je peux être un consommateur occasionnel et juste kiffer de temps en temps, mais il m'a été prouvé maintes fois que seulement un verre de vodka réveil en moi une consommation compulsive... Quand je me dis que je gère c'est clairement un mensonge.
A l'heure d'aujourd'hui où je reviens aux nouvelles, j'ai tout simplement complètement replongé depuis un peu moins d'un mois. Après mon dernier message je suis resté campé sur mes positions concernant le fait de ne pas retourner voir mon docteur. Je suis resté pendant deux mois sur une consommation se résumant à 2
joints le soir avant de dormir. J'étais vraiment fier de moi, je pensais voir enfin le bout du tunnel, comme à chaque fois que j'arrive à plus d'un mois de sobriété, je me dis que j'ai parcouru le plus dur mais c'est tellement pas la réalité. Plus le temps passe et plus la frustration est grande. Je suis retourné voir mon docteur, je me suis fait un weekend de trois jours de grosse défonce au
xanax, puis j'ai réussi à m'arrêter là et reprendre ma vie. Quelques semaines plus tard je recommence à sortir entre potes chose que je ne faisais plus depuis plusieurs mois. J'ai goûté de nouveau à l'alccool, ça m'a fait du bien et le lendemain je me suis acheté une bouteille. J'ai commencé à boire tous les soirs, puis la
coke a recroisé mon chemin pile à un moment de gros
craving et j'ai pas su dire non. Après quelques railles j'ai sorti l'argent pour un gramme. Et là ça fait deux semaines que chaque jour je consomme plus d'un demi gramme de
coke, quatre grammes de
cannabis, des somnifères et quelques verres. C'est une catastrophe parce que j'ai dépensé plus de la moitié de toutes mes économies nécessaires à la réalisation de mes projets, si vous faites le calcul c'est une belle somme... Lorsque la défonce redescend je me retrouve dévasté par ce que j'ai fait, alors j'en reprends pour oublier empirant encore davantage le problème initial. En plus de ça je dois me rendre à un évènement très important dans deux jours, je ne vais pas en dire plus pour protéger mon identité. Dans tous les cas c'est quelque chose qui va déterminer beaucoup de choses pour mes années à venir. Je vais devoir me donner à cent pour cent sur une longue période avec aucune possibilité de toucher sans risquer gros. Et c'est dans deux jours, vu la situation ça risque de vraiment être un feu d'artifice dans ma tête. Actuellement je ne reste jamais plus de cinq heures sans me faire un raille et si c'est le cas je deviens simplement agressif et me renferme sur moi-même, c'est à l'exact opposé du comportement à adopter lorsque je serai là-bas. J'ai vraiment peur de tout foirer juste parce que j'aurai pas su contrôler mes pulsions, si ça se passe mal je pense que je vais péter un plombs... C'est la dernière ligne droite pour que tous mes buts actuels se réalisent, je m'étais mis toutes les cartes en main pour réussir, j'arrivais à passer au dessus de mes phases de
craving. Tout s'annonçait se passer exactement comme je l'avais prédit, jusqu'à ce que mes insomnies finissent par me faire perdre la raison avec un trop grand besoin de faire redescendre la pression. Et me voilà 48h avant l'évènement pour lequel je me suis préparé si assiduement ces derniers mois, fauché et complètement intoxiqué. Je vais essayer d'arrêter la
coke dès demain, je m'interdis d'aller acheter avant de prendre mon train. Je vais continuer à prendre un peu de somnifères pour pouvoir dormir, et les
joints seulement le soir. Me faire un dernier trait avant de me lancer serait la pire des idées, si je suis en redescente là-bas c'est la fin pour moi. Une petite désintoxication de deux jours se trouve être mon seul semblant de solution, je dois dès demain me répéter constamment que si j'en reprends c'est comme si je tirais un trait définitif sur mes dernières chances. J'espère que j'y arriverai... Quoi qu'il arrive je me donnerai à cent pour cent en redescente ou pas, je ferai de mon mieux pour contrôler mes émotions et les inclure sainemant dans mon processus créatif. Stresser et me rabaisser ne servira à rien. Ce qui est fait est fait, maintenant je dois garder la tête sur les épaules et donner le meilleur de moi-même. Je vois mon addiction comme une antité et je lui dis d'aller se faire foutre, c'est mon moment, tu ne me l'enlèveras pas. Même si je ne réussis pas, je veux savourer l'instant, la chance d'être déjà arrivé jusque là, je ne lui permettrai pas de faire de ce moment un mauvais souvenir.
Merci beaucoup pour votre soutien les amis, je vous souhaite à tous une très bonne nuit!