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Jadis, Agnès aimait bien finir sa journée avec un verre de Chardonnay ou de Pouilly fumé. «Mais seulement certains soirs, hein, n'appelez pas la DDASS. Avec ou sans mon conjoint, c'était agréable de marquer la fin de certaines journées un peu chargées avec ce moment de calme et de bien-être.» Agnès n'arrive pas vraiment à savoir si c'est arrivé soudainement ou de façon progressive, mais un jour, pourtant, elle a «réalisé que ça faisait des lustres qu'aucune bouteille n'avait été ouverte».
Ce sevrage involontaire, Agnès l'interprète de plusieurs façons: «J'en reviens à cette histoire de charge mentale. Le soir, une fois mes fils bel et bien endormis, il me reste toujours des choses à faire. Préparer le repas du lendemain, plier du linge, remettre la maison en ordre... j'ai toujours mieux à faire que de m'asseoir avec un verre bien frais. De la même manière, moi qui aimais bien prendre de longs bains en soirée, j'ai quasiment arrêté. C'était ça ou laisser ma maison devenir une porcherie.»
Comme Agnès, j'ai fortement ralenti ma consommation d'alcool depuis que je suis devenu père. Non seulement les occasions de sortir sont moins nombreuses, mais j'ai fini par considérer le fameux verre du soir comme une menace. Cela s'est produit lorsque j'ai réalisé que pour arriver au bout de certaines journées compliquées passées avec ma progéniture, je visualisais la bière ou la bouteille de vin qui m'attendait dans la cuisine une fois tout le monde au lit.
Entendons-nous bien: il n'y a rien de mal à boire un verre ou deux, et à y prendre un plaisir proportionnel à la difficulté de la journée qui vient de s'écouler. Ce qui me gênait, c'était de commencer à en avoir envie chaque soir, et de me rendre compte trop tard que l'envie s'était muée en besoin. J'ai alors décidé de réagir avant qu'il soit trop tard. Que l'alcool fasse chaque jour office de lumière au bout du tunnel ne me semblait pas sain.
En janvier dernier, lorsque l'actrice Anne Hathaway a annoncé qu'elle comptait arrêter de boire de l'alcool jusqu'à la majorité de son fils actuellement âgé de 3 ans, les réactions (dont la mienne) furent gentiment moqueuses. Est-ce que ce n'était pas un peu excessif? Ne valait-il pas mieux adopter un comportement modéré, sans pour autant diaboliser l'alcool? N'était-il pas totalement hypocrite de construire autour de cet enfant un monde sans boissons alcoolisées, alors que dès l'adolescence il risque d'avoir envie de découvrir cet univers inconnu?
Pour Stéphanie Ladel, c'est le statut particulier de l'alcool, produit lié au plaisir et à notre patrimoine mais substance potentiellement dangereuse, qui crée autant de circonspection: «Anne Hathaway renonce à quelque chose qu'elle apprécie, au profit de bien plus important à ses yeux. C'est une mise en balance réfléchie qui l'a amenée à cette conclusion. Pourquoi juger le fait qu'elle arrête l'alcool, alors qu'on ne le ferait ni pour les brocolis, ni pour la MDMA?»
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prescripteur a écrit
Bonjour, on peut l'invoquer pour la pizza mais en effet les brocolis ne sont pas addictogènes.
Ah ces journalistes flemmards qui ne font pas l'effort de chercher des exemples qui tiennent la route!
1) j'aime bien l'expression risque d'addiction spécifique, j'espère qu'on aura l'occasion de la réutiliser.
2)je n'aurais pas imaginé que les consommateurs étaient aussi clairvoyants, mais effectivement s'ils le sont et qu'ils veulent avant tout prévenir ce risque, c'est logique.
Ocram a écrit
Avoir des enfants ça change le rapport à... la vie.
On sent le vécu
psychodi a écrit
mais depuis que j'en ai (des gosses), les apéros après l'école en compagnie d'autres parents (devenus depuis des potes), ça a fait augmenter mes consommations et parfois dans des proportions importantes...
Oh la rationalisation toute pourrie mdr^^. Ne me dis pas que tu y crois toi-même. C'est le psy qui se fout du curé!
psychodi a écrit
et ça nous arrive parfois, avec leur mère, de nous enquiller une boutanche de rouge le soir...pour "souffler" un peu d'avoir eu nos mômes sur les bras en + de la journée de taf...bref...
C'est ce qui m'était venu tout de suite à l'idée, que si l'on a moins le temps et d'occasion de consommer et de récupérer, on a encore plus de raisons de consommer pour décompresser, et que l'un dans l'autre, ben au final ça dépend de l'individu et des compromis qu'il est prêt à faire. :)
linec13 a écrit
Je crois que le fait de devenir père a fait beaucoup augmenter l'alcoolisme de mon ex, sans doute la pression qu'il s'est mise d'être un bon père.
Résultat il a effectivement perdu sa fille qui a décidé de ne plus le voir, au bout de 13 ans à subir ses frasques liées à l'alcool ( bagarres, comas etc )
Là c'est un exemple tragique effectivement.
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prescripteur a écrit
Pour l'alcool, la plupart des consommateurs savent évaluer correctement le risque d'addiction spécifique qu'ils ont avec lui et si ce risque leur parait élevé c'est tout à fait logique de supprimer le risque à la base.
1) j'aime bien l'expression risque d'addiction spécifique, j'espère qu'on aura l'occasion de la réutiliser.
2)je n'aurais pas imaginé que les consommateurs étaient aussi clairvoyants, mais effectivement s'ils le sont et qu'ils veulent avant tout prévenir ce risque, c'est logique.
Je n'ai pas écrit que tous veulent tous prévenir le risque mais que c'était logique de vouloir supprimer le risque à la base. Ce n'est malheureusement qu'une minorité qui emprunte cette voie !
Par contre je pense que la majorité des consommateurs est clairvoyante sur ses risques mais n'en tient pas compte, pour des raisons diverses (déni, hédonisme etc..).. Comme a dit Oscar Wilde
On commence par se tromper soi-même ; et ensuite on trompe les autres. ”
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (20 novembre 2019 à 19:44)
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prescripteur a écrit
Par contre je pense que la majorité des consommateurs est clairvoyante sur ses risques mais n'en tient pas compte, pour des raisons diverses (déni, hédonisme etc..)..
Ah oui, j'avais plutôt compris que tu disais que les consommateurs tenaient compte du risque qu'ils percevaient...
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Dernière modification par Vivel (21 novembre 2019 à 08:29)
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Hilde a écrit
psychodi a écrit
mais depuis que j'en ai (des gosses), les apéros après l'école en compagnie d'autres parents (devenus depuis des potes), ça a fait augmenter mes consommations et parfois dans des proportions importantes...
Oh la rationalisation toute pourrie mdr^^. Ne me dis pas que tu y crois toi-même. C'est le psy qui se fout du curé!
...
ha bah j'savais pas que t'étais curé...
et t'as raison, j'y crois pas moi-même à la relecture ...mais c'est un chouette alibi, en fait nan ?
Hilde a écrit
ben au final ça dépend de l'individu et des compromis qu'il est prêt à faire. :)
...et "compromis", chose bue...due...
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