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Je ne sais pas si cela intéressera beaucoup de monde par ici, mais j'aurais voulu partager ma première expérience avec les happy caps "trip-e", qu'il est possible de trouver sur divers smartshops. Ces pilules contiennent de la poudre de Hawaian Baby Woodrose ainsi qu'une quantité non négligeable de caféine. Pour être honnête, cela était ma première prise de quoi que ce soit qui puisse être hallucinogène : j'avais acheté les capsules un soir où, après avoir consommé trop de xanax, je m'étais dit que j'aimerais bien avoir une expérience qui change de la torpeur tranquille que m'apportent les benzos et les substances opiacées. Le lendemain, j'ai regretté cet achat. Je suis suivie pour une dépression et un trouble anxieux qui me suivent comme mon ombre depuis plus d'un an et demi. Après avoir lu plusieurs trip-report, je me suis donc dit qu'au vu de ma situation, prendre l'une de ces pilules était un aller simple pour un bad trip et je les ai jetées au fond d'un tiroir. En plus, je vis avec ma famille (bien que majeure) et je ne voyais pas vraiment comment je pouvais prendre un hallucinogène aussi puissant et long que le lsa sans que mes proches s'aperçoivent de quoi que ce soit.
Aujourd'hui, cela fait un bon mois que les capsules dormaient au fond du tiroir, et en me levant, je n'avais pas pensé qu'elles en sortiraient. Ma soeur m'a annoncé qu'elle n'avait pas eu un emploi, et je l'ai laissée faire son deuil seule car elle semblait avoir besoin d'espace. Seule dans ma chambre, je ressasse ma replongée dans les opiacés de la veille (je n'en avais pas pris depuis plusieurs mois) qui ne m'a valu que des nausées et mon incapacité à faire quoi que ce soit. Le nausées sont encore très présentes - d'un coup, sans savoir pourquoi, je prends une caps de lsa de je l'avale. Je regrette instantanément : nauséeuse et misérable, je viens de prendre une substance qui allait potentiellement me donner plus de nausées. Je prends une grande inspiration, et décide de me pauser. Dans les dix à quinze minutes suivant la prise, je commence à ressentir une excitation, sans doute à cause du café contenu dans ses pilules. Un grand sourire commence à se dessiner sur mon visage, car je sens que la substance commence à monter et je suis particulièrement impatiente d'en ressentir les effets. En parallèle, je commence à me sentir légèrement nauséeuse : c'était attendu, je prends donc un peu d'huile essentielle de menthe poivrée sur un sucre pour rendre la montée moins inconfortable. J'en imbibe aussi un mouchoir; l'odeur me soulage et je me sens mieux instantanément. Alors que je commence à savourer la montée, ma soeur remonte et me demande de l'accompagner faire une course en voiture. Je lui avais promis de l'accompagner - j'accepte donc mon destin. Au pire, tout endroit est propice à vomir lorsque l'envie est suffisamment pressante. Heureusement pour moi, tout se passe bien et je peux vite retourner au confort de ma chambre.
Réinstallée confortablement dans mon lit, je remarque léger bourdonnement - les nuances de blanc paraissent soudainement incroyablement vibrantes. Mon champ de vision semble s'être rétrécit, mais j'accepte ceci comme étant ma nouvelle réalité. J'ai la tête qui tourne, et bien que cette impression soit très probablement due à la nausée qui ne m'a pas quitté depuis le début de l'expérience, je trouve que c'est très plaisant. Le crépi sur mes murs semble avoir gagné en intensité. Le bourdonnement remarqué plus tôt semble fusionner avec le bruit de l'installation de mon ordinateur, qui m'enveloppe d'une manière particulièrement confortable. Je me sens particulièrement immergée dans ma chambre, habituellement si familière. Les poutres de mon plafond se courbent et changent de dimensions, et je suis submergée par la joie que me procure l'accueil enthousiaste qu'elles font à mon trip. Je me rappelle alors que je possède un corps; mais il est tout engourdi, il me semble étranger. Lorsque je le touche, j'ai l'impression de toucher quelqu'un d'autre tout en étant capable de ressentir l'effet de mon touché. Cette dernière sensation est particulièrement agréable, car j'ai toujours rêvé de savoir ce que pouvaient ressentir mes proches lorsque nos corps se touchent. Je passe un moment à juste me gratter et ressentir ce corps qui est le mien sans l'être, ce qui me procure un plaisir tel que mes joues sont toutes engourdies de mon sourire persistant. Je réalise alors que je n'ai jamais été aussi heureuse, et que prendre cette unique pilule a été la meilleure décision de ma vie.
Puis, je commence à observer une feuille froissée posée sur une bouche de cheminée, qui sert généralement à "cacher la misère" lorsque l'on prend des photos pour un site de vente. La texture de cette feuille me semble absolument magnifique : on dirait la mer. Je m'assois sur mon lit et me sens de plus en plus engourdie. Je regarde l'heure : il est 13h36 (les caps ont été prises à environ 11h30, j'ai oublié de le mentionner plus tôt). J'appuie sur la tête de mon lit. Je la ressens intensément, c'est comme-ci j'étais en communion avec cette tranche de bois et les poutres au dessus de moi. Je ressens mes cheveux sur mon épaule, et me sens en communion avec moi-même pour la première fois depuis des mois. L'euphorie du début du trip n'est toujours pas redescendue. Mes mouvements sont parfois désordonnés et j'ai une sensation qui est proche de celle de l'ivresse, avec une certaine difficulté à tenir en place. Je me dis alors que je dois préparer à manger pour moi et ma soeur, car à cause d'une de mes maladresses, nous devons ressortir dans l'après-midi. En allant à la cuisine, je me regarde dans un miroir et remarque que mes pupilles sont si dilatées que je peux voir mon reflet intégral à l'intérieur. Je mange des courgettes farcies et bois un thé vert, ce qui restera un des meilleurs repas de ma vie. J'ai droit à une symphonie de saveurs digne d'un restaurant cinq étoiles, alors qu'il ne s'agit que d'un plat réchauffé quelques minutes au micro-ondes.
Le temps passe incroyablement vite, trop même. Comme le temps qui s'écoule, je vais moi-même très rapidement. Mon cerveau semble être un véritable circuit de formule 1, sur lequel mes pensées courent à une vitesse folle. J'ai l'impression d'être en communion avec la terre entière, et plus particulièrement les membres de ma famille. Tandis que je bois mon thé, je me dis que je comprends l'amour de mon père pour sa weed : nous sommes tous les deux des amoureux des plantes et de ce qu'elles peuvent nous donner. Sans doute à cause de la digestion, les nausées sont revenues; malheureusement, je suis obligée d'accompagner ma sœur, car c'est à cause de quelque-chose que j'ai fait qu'elle doit se déplacer à nouveau. Lors du trajet en voiture, la nausée est affreuse. A ce point de l'expérience, je ne suis qu'amour et nausée. Je me dis que je dois surmonter cette épreuve pour ma soeur, ce qui est, à postériori, un peu exagéré. Nous entrons dans un garage automobile. L'odeur qui y règne, qui me dégoute déjà habituellement, me semble insoutenable. Raide comme un piquet, je pense à ma sœur et à l'amour que je lui porte. Lors du trajet de retour, je lutte contre la nausée qui me domine en me concentrant sur la conversation normale que j'essaie de tenir et l'amour qui m'habite. La sensation lorsque je me lave les mains en rentrant est amusante, mais je suis surtout impatiente de retourner dans mon lit.
Il est alors 15h, la nausée est vraiment intenable, je commence à redescendre et la sensation de retrouver mon corps dans cet état la est affreuse. Heureusement, j'ai la présence d'esprit de me lever prendre un demi xanax, que je dissous sous ma langue. J'attends que la crise passe assise sur mes toilettes. Je pose mes mains sur ma poitrine, et j'ai l'impression que mon corps est fait de plastique. Je ne sens plus mon épiderme, mais ressens une chaleur en dessous de la partie endormie. Soudain, je remarque que mon lavabo est incroyablement sale. Si j'ai en tête ma chanson préférée des Rolling Stones, je décide d'arrêter de tout peindre de noir et de commencer à tout peindre en ce blanc vibrant qui m'attire tant. Je décide ensuite de descendre nettoyer toutes les armoires de ma cuisine, ce que je fais avec une énergie frénétique. Ce faisant, je ressens une incroyable communion avec ma mère, avec qui je me suis disputée au sujet du ménage un peu plus tôt dans la semaine. Je me dis que j'aimerais lui rendre tout l'amour qu'elle me donne, et remplacer toute la négativité que j'apporte en ce moment à mes proches par de la possibilité et de l'amour.
Je finis ce que j'ai à faire et à 17 heures, tandis que les effets du trip se dissipent doucement, je fais un thé et profite de donner tout l'amour que j'ai à donner à mes proches. Objectivement, je n'aurais jamais du faire ce trip : subjectivement, je suis encore remplie de la joie qu'il m'a procuré, et j'ai l'impression que cela va me donner de la force pour les jours et mois à venir.
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