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Je bous d’impatience. Dans deux petites heures, je flyerai dans son appart, défoncé à ses cames sexuelles. Je me sens con, excité comme un gamin qui s’apprête à franchir les portes d’un parc d’attractions. Obnubilé, je me promène sur le forum Psychoactif, présenté comme un espace solidaire entre consommateurs de narcotiques. Je parcours les témoignages des psychonautes, ces internautes qui testent de nouveaux produits et rapportent leurs expériences à la communauté des usagers. Je m’arrête sur un rapport de zobi1984 « Je crois avoir trouvé ma drogue. La 3-MMC. 00:00. Avec ma copine, on prend 3 mg en sniff pour le test allergique. Au bout de 5 min, on sent déjà une douce montée de chaleur, et un je-ne-sais-quoi de prometteur. 00:30 : prise de 20 mg, chacun en sniff. Léger picotement des narines pendant quelques minutes. Sensation de chaleur plus prononcée. Ensuite, on prend plusieurs lignes de 30 mg, chacune espacée de 30 min. Le produit ne se révèle vraiment qu’après plusieurs lignes. Sensation de bien-être, empathie, envie de parler plus que d’habitude, ambiance enveloppante. Pas de sourire béat comme sous MDMA mais avec ma copine, on est quand même très love. Après pas mal de lignes, ce produit devient aphrodisiaque pour nous. On se jette l’un sur l’autre. »
Je lis aussi le « trip report » de l’Alchimiste « La 3-MMC est infiniment aphrodisiaque. L’intensité du désir sexuel qu’elle procure dépend selon les personnes mais pour ma part, je deviens littéralement incontrôlable. Après 3 traits, je me crois le roi du monde, fort comme un roc, sûr de mon charme. J’ai l’impression que je pourrais déplacer des montagnes, et mon cerveau ne pense qu’à assouvir ses fantasmes les plus profonds ».
Je me marre. Certains psychonautes maîtrisent l’art de la narration, s’appliquent tellement à retranscrire leurs expériences que c’en est à crever de rire. Sur le forum, les éloges de la 3-MMC n’en finissent pas, mais je préfère me méfier de leur ferveur. Cette molécule n’a rien de bénin. Elle n’est pas « sensuelle » comme la MDMA mais sexuelle, elle ne réveille pas les sens mais les tripes, les bas instincts, l’animalité enfouie en chacun de nous. Elle est bonne, délicieuse, et par conséquent — je ne suis pas naïf — dangereuse. Sur les sites associatifs et communautaires, de nombreux témoignages mettent en garde contre son potentiel addictif, sa capacité à accrocher les usagers. Une came magique et pourtant si peu connue du grand public.
Des commentaires ?
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Je ne connais pas cet auteur mais je me demande s'il sait réellement de quoi il parle. Je pars du principe que tout est dangereux selon la façon dont on consomme... et quand je dis tout, je parle également de l'eau. Avalez 8 litres d'eau (si c'est faisable) et vous en mourrez.
Ok rien n'est poison, tout est poison, c'est la dose qui est le poison. Mais la pâte à sel, c'est lorsqu'on est petit qu'on joue avec. La comparaison eau/drogue, elle est s'essoufle vite. Elle passe à côté de ce qui fait l'énorme force des drogues addictives : leur capacité a court-circuiter le fonctionnement même de notre système de récompense, que nous a doté l'évolution pour survivre de façon adaptée à notre environnement.
Dans le fond, je trouve assez hypocrite.
Hypocrite ou alors, il fait partie d'une tranche des lecteurs de psychoactif qui voient dans ce site moins la RdR que la possibilité d'être tenu au courant des nouvelles molécules qui valent le coup dans la jungle toxique des RCs.
Dernière modification par g-rusalem (13 octobre 2022 à 12:50)
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le forum Psychoactif, présenté comme un espace solidaire entre consommateurs de narcotiques.
"Présenté" ?
Donc le mec tire du contenu pour son roman ici, est lui-même apparemment un usager exalté ( certains diront qu'il vend une image sexy de la consommation) et crache dans la soupe ?
Car oui, si tout n'est pas parfait, l'entraide reste quand même omniprésente sur le forum, qui ne dévie qu'assez peu, AMHA, de sa visée rdr et construction de savoir, contrairement à ce que l'auteur sous-entend.
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Myrmidon a écrit
Donc le mec tire du contenu pour son roman ici, est lui-même apparemment un usager exalté ( certains diront qu'il vend une image sexy de la consommation) et crache dans la soupe ?
Cracher dans la soupe c'est un peu fort, au même titre que nous sommes une association et un forum de bénévoles, membres comme modérateurs, cet usager ne nous doit rien. A lui de venir ici, raconter ses expériences (parce qu'il est effectivement venu sur le forum poster qq messages y'a pas longtemps) et tirer ses propres conclusions. Aussi irrationnelles soient-elles.
Tu la vois la grosse violence symbolique + combo dérésponsabilisation dans ces textes? Le gars vient ici parler de comment "wolalala la drogue c trop rigolo haha trop marrant le sex sous 3-mmc", ignore toutes les formes qu'on peut essayer de mettre sur les cadres de prise, comment utiliser, comment essayer de se responsabiliser aussi etc... tout ça pour ensuite pondre ça :
Cette molécule n’a rien de bénin. Elle n’est pas « sensuelle » comme la MDMA mais sexuelle, elle ne réveille pas les sens mais les tripes, les bas instincts, l’animalité enfouie en chacun de nous. Elle est bonne, délicieuse, et par conséquent — je ne suis pas naïf — dangereuse. Sur les sites associatifs et communautaires, de nombreux témoignages mettent en garde contre son potentiel addictif, sa capacité à accrocher les usagers. Une came magique et pourtant si peu connue du grand public.
bruh
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Agartha a écrit
C'est tout à fait ça. La formulation "cracher dans la soupe" laisse à desirer sans doute, ce que je veux dire, c'est que de mon point de vue, il fait exactement ce qu'il semble critiquer dans les témoignages d'usagers qu'il rapporte. Et il fait exactement ce qu'il sous-entend que PA fait.
C'est lui qui écrit un livre sur l'usage des drogues, et à en croire cet extrait, lui qui lui donne une image cool, "YOLO", "vive la drogue" ( l'hôpital qui se fout de la charité) avant de faire "je sais mieux que les autres usagers moi, je suis pas naïf".
Et pourtant j'ai l'impression de lire un ado surexcité après son premier taz.
Quant au style, c'est pas transcendant, selon moi. Le thème ? Mouai. Surtout que ça a l'air traité de façon putassière, en mode je donne une image grunge et glamour à ma pratique. M'enfin j'extrapole peut-être.
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CaptainCrox\' a écrit
Je sais que les textes de PA sont libres de droit m
Les textes sont en CC BY NC SA...ce qui signifie :
--Attribution à l'auteur
--Non commercial
--Reproduction à l'identique
Je ne sais pas s'il respecte vraiment la licence...sur le net des photographes demandent de l'argent pour ça
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joel92 a écrit
Il prouve bien que l'underground ne peut pas être récupéré. L'underground à partir du moment où tu veux faire du blé dessus tu passes direct pour un bouffon, et c'est tant mieux.
Bonsoir,
Pas vraiment d'accord avec ça, après chacun sa vison, mais je trouve que Hunter Thomson par exemple a vraiment rendu au plus proche certains univers "underground"...Cizia Zike aussi dans un autre registre (mais tout aussi "en dehors des sentiers battus").
Ça demande un relâchement, un laissé allé sans aucun préjugé du milieu, une mise complète en situation aussi pour que ça puisse ressortir "non bouffonesque".
Après je ne connais pas le Zerka en question, où plutôt jamais eu envie de lire ses histoires de Bois de Boulogne sous coke...
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Zénon a écrit
Mais tout de même, dans son Paname Underground, il s’évertue à rendre l’argot/verlan que l’on utilise depuis presque trente ans dans le milieu. Et de ce côté-là, franchement, c’est pas mal foutu, son machin.
L’air de rien, le rendu argotique tient difficilement sur le papier.
Après, la critique est facile, l’écriture de romans beaucoup moins.
Oui fin, la critique n'en reste pas moins pleinement légitime, cet argument n'a pas de sens. Ou alors on critique plus rien et on ne se permet jamais d'emetre d'avis sur ce que nous n'avons pas fait ?
Raisonnement étrange .
Et pour ma part, au contraire, le "rendu argotique" tiens très bien sur papier. Ça donne un côté très cru/vrai aux romans qui en font bon usage, et ça marche parfaitement bien.
Un roman bien écrit c'est pas forcémment du Victor Hugo hein.
Zénon a écrit
Bref, justifié ou pas, ça reste tout de même un coup de pub pour ce forum, que je croyais confidentiel avec peu de lecteurs. Erreur ! De par ses contradictions internes, en provoquant le débat, j’ai l’impression que Psychoactif fait au contraire intégralement partie de notre culture francophone.
There is no such thing as bad publicity.
Pardon mais... Tu pensais sincèrement le forum comme "confidentiel" ? Sérieusement ?
En 2009 peut être, mais plus depuis un bon moment !
T'en connais beaucoup des forum avec autant de nouveaux sujets/inscriptions par jour ? Consulté par les médecins,addictos et beaucoup de pro du milieu médical/prise en charge de l'addiction ? Qui est cité/inclus dans des débats avec les pouvoirs publics ?
Et pour finir, non, toute pub n'est pas bonne à prendre. Un propos malheureux peut aujourd'hui quasiment niquer la vie de quelqu'un, notamment avec ces conneries de résaux sociaux.
Et encore moins lorsque le sujet du forum est en grande majorité porté sur des substances et comportements illégaux, donc à risque de mesure de rétorsion de la part des autorités en cas de pub trop mauvaise qui en serait faite.
Enfin, cette idée que "toute pub est bonne à prendre" c'est un peu éculé. Ça marche dans certains cas, genre Trump, ou les connards du style, dont la popularité est basée en réalité sur leur fils-de-puterie.
Mais ça ne fonctionne pas dans beaucoup d'autres, AMHA lorsque l'objet de la pub négative est basé sur des "valeurs", une image positive.
Ce qui est le cas de PA, donc non, une mauvaise pub ce n'est absolument pas une bonne chose, surtout tournée vers l'incitation à la conso de stup', qui est un putain de délit :)
Pour finir, oui, comme tu l'évoque, le cru et le glauque font vendre beaucoup, beaucoup de papier. Et c'est pas bien dur à faire AMHA, contrairement à ce que tu penses .
Dernière modification par AnonLect (14 octobre 2022 à 08:52)
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Dernière modification par Zénon (14 octobre 2022 à 13:49)
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Zénon a écrit
En attendant, j’ai toujours pas ma réponse : nos commentaires sont libres de droits, ou quoi ?
Il y a quelques postes j'avais répondu que sur PA :
cependant a écrit
Les textes sont en CC BY NC SA...ce qui signifie :
--Attribution à l'auteur
--Non commercial
--Reproduction à l'identique
C'est une licence creative commons (pas la plus libre C0), mais qui laisse une certaine liberté d'utilisation en respectant certains points.
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Dernière modification par shepperd (14 octobre 2022 à 19:44)
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Zénon a écrit
Cher Anon, salutations !
Je te jure, sur la tombe à mon arrière-grand-mère paternelle, j’avais pas pris la mesure de la popularité de ce forum.
Honnêtement, je le croyais confidentiel et peu lu.
J’ai décidé de vivre sans Internet. Super ! Mais parfois, c’est vrai que je suis à la ramasse sur plein de trucs. En même temps, je pense que j’y gagne plus que je n’y perds.
Mais que vient faire Victor Hugo ici ?!
Détrompe-toi : il est très difficile d’utiliser l’argot, brusquer la syntaxe et rendre le parler de la rue sans tomber dans l’illisible pour le pékin du coin qui n’a pas les codes. Extrêmement difficile. Sur 400 pages, c’est du domaine de l’exploit.
Quand un texte coule et te paraît simple, dis-toi que le travail en amont est titanesque, des années à déplacer des virgules.
La langue française s’avère tellement rigide que la « littérature argotique » reste anecdotique chez nous, peu s’y sont attaqués de front.
Tout le monde n’est pas Céline.
Si tu captes l’anglais, je te conseille d’aller lire certains auteurs dans leur langue originale pour bien t’en rendre compte. Par exemple : Irvine Welsh, Salinger ou le Clockwork Orange de Burgess.
Dans un genre différent, autre exemple : notre cher et tendre Agartha ! Franchement, je kiffe grave son style incisif avec tout son langage anglo-saxon de culture Internet dépourvu de fautes d’orthographe. Il déchire sa mère. Mais parfois, pour qui n’a pas les codes, on comprend plus rien.
Bref, oublions la forme un instant, parlons maintenant de fond. Le souci, c’est de ne considérer la littérature que pour et par la drogue, à travers le seul prisme de la RDR. Combien de critiques hâtives ai-je lues ici sur des œuvres soi-disant anti-drogue, alors que le sujet se trouvait ailleurs !
Si ton prisme, c’est l’antisémitisme, tu risques de passer à côté de Céline.
Oui, Céline, encore et toujours. Car ici, il me semble l’exemple parfait autant sur la forme que sur le fond.
D’accord, Zarca, c’est pas Céline. Loin de moi l’idée de vouloir le défendre à tout prix. Comme je l’ai dit, je le trouve très moyen et putassier. Et puis, s’il est adoubé par Beigbeder, là, c’est sûr que ça craint.
Mais pour une véritable critique littéraire, faut savoir de quoi on parle. Sinon, n’importe qui donne son avis sur n’importe quoi.
Quant au reste de ton commentaire, faudrait que j’y réfléchisse un peu plus à tête reposée. Là, j’ai une petite gueule de bois bien méritée et peu de temps. Un autre jour, j’essaierai d’y revenir.
En attendant, j’ai toujours pas ma réponse : nos commentaires sont libres de droits, ou quoi ?
Rapport au "parlé de la rue/syntaxe/difficile..."
Un certain Frédéric Dard, qui avait tout de même une sacrée production dans ses bonnes heures, ne serait sans doute pas tout à fait d'accord avec ça...après, c'est sur, c'est du travail, mais un peu comme dans tout,une fois les rouages bien graissés ça coule de source!
Plus de 150 "San Antonio" en circulation il me semble...OK, c'est pas du "ouech ouech", c'est de "l'argomuche de Pantruche", mais c'est la même au final, non ?
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Dernière modification par joel92 (22 octobre 2022 à 10:08)
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Dans le roman, l’échange entre Rebecca et Oscar évolue vers les questions d’addiction. Ils évoquent la drogue et l’alcool qui, aujourd’hui, s’ajoutent à d’autres addictions: les écrans, le porno, les jeux…
Oui, toutes ces choses qu’on voudrait ne pas faire mais qu’on ne peut pas s’arrêter de faire. On n’a pas toujours la maîtrise de nos consommations, on voudrait acheter des choses qui posent moins de problèmes pour l’environnement et pour la dignité humaine, mais on est souvent dans un décrochage entre ce qu’on fait et ce qu’on voudrait faire. Moi, par exemple, j’ai pris la décision de ne pas regarder mon téléphone les trois premières heures de la journée – ce qui est déjà mal perçu socialement parce qu’on attend de vous que vous soyez connecté dès huit heures du matin. On croit qu’il faut faire un effort, alors que franchement, c’est meilleur pour moi. Ce qui s’est passé à Kiev ou en Afghanistan, vous n’êtes pas obligé de prendre ça dans la gueule à huit heures du matin.
Ces réflexions sur l’alcool et la drogue, c’est une façon d’aborder votre propre expérience des substances…
Les addictions ont été hyper-importantes dans ma vie et j’avais envie d’aborder le thème frontalement. Boire ou fumer, ça ne m’ aidait pas du tout à écrire, et tout le temps où ça m’a bien accompagnée, je ne me suis pas posé de questions. En plus, je ne suis pas quelqu’un qui avait un problème moral avec le fait de consommer plein de choses, mais à un moment donné, j’ai vu que ça se retournait contre moi, et ce n’est pas parce que je comprenais que ça se retournait contre moi que ça réussissait à me faire changer de comportement. Mais arrêter de boire, ça change quand même votre sociabilité.
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (22 octobre 2022 à 11:01)
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