Partie 1Jeudi matin, comme à l'accoutumé, réveil enfariné en sueur et les jambes en vrac… Un petit café quand même et un litre d'eau sur la gueule histoire de remettre la machine en route. Il va être l'heure de faire un choix pour la journée :
méthadone maintenant ou
héro tout à l'heure ? Oui ? Non ?… Je réfléchis… humm… que d'hésitations… mais le léger manque matinal me rappelle vite à l'ordre alors que mon regard s'arrête sur mon larfeuille…
Je recompte mes thunes il me reste 240 euros en poche largement de quoi me laisser aller à une petite rêverie. 40 euros suffirait largement à me produire un soulagement immédiat et magique... J'essaie de me raisonner mais l'envie est là , c'est trop tard. La métha me parait maintenant si fade à côté de l'explosion radical d'un bon shoot sauvage…
Allez hop hop, direction le 93. La décision est prise. Il faut pas perdre plus de temps, la route est longue dans les bouchons.
50 minutes de calvaire dans le trafic pour enfin débarquer en terre promise, la Seine-Saint Denis. Quelques minutes encore… A gauche, à droite et encore à droite. Voilà j'arrive presque. Plus que 300 mètres avant de franchir la ligne d'arrivée, j'avance, le feu passe à l'orange. Merde pas ça, fais chier... réflexe con et irréfléchi, j'accélère et traverse le carrefour en trombe. Et en pleine action j'aperçois sur l'autre file une caisse pleine de képis, nos regards se croisent alors que je suis pleine grillade de feu !!! Faut pas que je reste là !!! Je trace à bloc…
Un coup d'œil dans le rétro et je les vois faire demi-tour à fond et lancer la chasse : gyros enclenchés et sirènes hurlantes. Merde ! Ils arrivent à ma hauteur et me font signe de m'arrêter cash. C'est mort, ça sert à rien d'aggraver la situation avec un délit de fuite pour un feu orange de merde. J'obtempère. Me voila immobilisé sur le bas-côté de la chaussée.
« Alors monsieur, vous êtes daltoniens ? Vous avez pas vu le feu rouge ? » Salutations matinales et contrôle. Je donne toute la paperasse. Ils retournent dans leur véhicule pour vérifier. 15 minutes après, un des képis revient vers moi me demande sèchement de sortir de mon véhicule. Il a l'air furieux. Il me reproche le solde nul de mes points de permis et m'assène le classique
« Monsieur, vous allez me suivre au commissariat ». Je rétorque, je m'explique. La loi explique que l'annulation du permis suite à une perte des points ne prend effet qu'à la notification par courrier recommandé qui fait date pour justifier du début d'annulation du permis. Dans l'intervalle d'attente (ce qui est mon cas), le permis bien que foutu est encore valable quelques semaines. J'essaie de faire valoir mes droits et de faire comprendre que si j'admets avoir grillé le feu, je ne suis pas en défaut de permis. J'insiste bien fort sur le fait de ne pas avoir été encore notifié pour mes points, blablabla… Mais rien à faire.
Pourtant j'ai déjà été contrôlé quelques fois dans cette situation et je sais très bien qu'ils peuvent avoir cette information en quelques secondes. Pourtant et en dépit du bon sens juridique, le flic me mythonne
"Monsieur, taisez-vous! Vous n'avez plus de permis. Votre solde est nul, vous êtes en infraction alors taisez-vous maintenant".[/i] J'insiste une dernière fois.
"Hey, ça va là , ça commence à bien faire, c'est pas vous qui allait nous apprendre notre métier". Ben voyons !
"Vous vous expliquerez là -bas Allez au poste !!" Putain ça c'est une journée commence bien. Et en prime toujours les jambes qui tirent. Bon c'est pas grave, dans une heure, je suis dehors et j'irai me faire mon shoot peinard.