Voila on y est. J'ai passé donc le cap des 5 mois sans
subutex. Il y a encore 2 semaines j'écrivais et décrivais cet état confus et triste... Et solitaire. Je me relis et la confusion est toujours présente. Mais maintenant la confusion n'est plus une sombre folie qui me tourmente et qui grignote partiellement mon cerveau de façon aléatoire, non la confusion est plus cohérente, plus construite, plus définie. Paradoxal comme sentiment... Une confusion cohérente.... Enfin. Désormais j'ai la nette impression que mon esprit essaie de s'extirper douloureusement de la fuite pour s'avancer vers quelque chose de plus construit. Je me bouffe littéralement le cerveau pour savoir quelle voie je vais mener à son terme, de quoi ai-je envie, comment vivre ceci... Sans cela... Etc. Je me suis autorisée des projets pendant la
came, les ai menés à leur terme ou presque durant mon
TSO, et maintenant que je n'ai plus de substance opiacées cohabitant avec la chimie de mon corps, me voici en plein état de doutes et de revirement. Mais là où avant existait une grande inquiétude aujourd'hui réside un apaisement succinct. D'avoir pris le temps de me déculpabiliser, d'avoir pris le temps d'attendre, sans réfléchir, ou du moins en me faisant violence pour ne pas trop tergiverser, m'apporte une sorte d'apaisement aujourd'hui. J'affronte les problèmes laissés de côté un à un, j'abandonne le superflu pour un temps et m'occupe même de priorités qui parfois ne le sont pas, mais ce sont les miennes et ça c'est bien.
La lecture du psychowiki sur l'après
sevrage est un soulagement mais j'ai trouvé très peu de témoignages concernant l'état post
sevrage des mois après voir plus. Heureusement il y'a le soutient et en plus du forum, des correspondances compréhensives et rafraÎchissantes, mais ça suffit pas tout le temps. Alors voilà je reprends, l'apaisement succinct d'aujourd'hui est dû aux terreurs d'hier. Oui le
sevrage est une souffrance et mieux vaut avoir des raisons bien ancrées et sincères avec soi même pour vouloir avancer dans cette voie. Car au delà du
craving, de l'explosion de pensées relatives aux produits, il y a aussi eu chez moi de sérieuses pensées noires. J'en ai toujours eu, j'ai toujours vécu avec, j'ai souvent pensé de quelles façons je pourrais me supprimer sans trop avoir mal, comment minimiser un tel acte pour mes proches, pour qu'il comprenne un geste incompréhensible. Je pense même qu'au delà de mon amour inconditionnel pour les animaux, lorsque j'en ai pris j'ai été soulagé de savoir qu'ils me maintiendrais grâce à mon engagement sincère et sans limite de les aimer, choyer, nourrir, soigner et ce jusqu'à la fin de leurs vies. Un acte égoïste en somme pour des animaux dénués d'égoïsme. Alors voilà ils m'ont aussi aidé ces derniers temps, car malgré le fait de vivre avec l'idée qu'on pourrait vouloir se supprimer un jour, rien n'a jamais été aussi concret dans mes pensées que ces derniers mois. J'échafaudais une situation de bout en bout, mais surtout très précisément. Moi qui avait accepté que l'envie de mourrir puisse faire partie de ma vie comme une sorte d'échappatoire face à un sale début d'histoire, ces précisions m'ont fait terriblement peur je dois l'avouer. Saleté d'esprit joueur de tour. Car au delà de l'échappatoire j'y ai aussi trouvé un sens depuis longtemps, une envie qui ne se traduit jamais par un acte n'est qu'un appel à soi même pour se projeter, se rappeler de bonnes raisons, et quelque part ça me permettait de toucher visuellement le fond, un fond par lequel il serait impossible de remonter, pour avoir l'occasion de ne pas le toucher du tout. Mais lorsque ces pensées se font menu quotidien, que le "plan" se précise, que l'idée même d'un soulagement est arrivé, oui là j'ai eu très peur. Et pourtant je n'ai jamais voulu mourir. Sinon à quoi aurait servit ce
sevrage, autant le reprendre si c'est pour avoir une envie morbide si réelle. Lorsque ces pulsions se sont apaisées, et ce malgré les moments difficiles, j'en suis arrivée à la conclusion ou plutôt à l'interprétation: que s'il s'agissait de pensées si réelles qu'elle puisse s'apparenter à ceux d'un rêve éveillé, peut être avais je besoin de réellement faire mourir une part de moi même pour me reconstruire. Cette part c'est celle de la fuite. D'ailleurs si ces pensées étaient si présentes c'est parce que je voyais (je vois encore) la situation, la vie monocorde telle qu'elle est. Sans produits, sans fuite possible. Et pour moi ça a été triste. Je ne pourrais jamais être conventionnelle et trouver le bonheur dans une vie comme j'avais envisagé de me la construire sous
came, comme je l'ai construite sous
TSO. C'est comme si je suis sortie d'un rêve et que la chute a été dure et pas très compréhensible. Il a fallu ramasser les morceaux éparpillés par cette chute et reconstruire un nouveau puzzle. Trouver un équilibre entre le conventionnel pour éviter l'anxiété de la vie (taf, argent, loyer...) et entre le bonheur que je désire (reprendre un camion, voyager, ne plus me mettre de limites qui sont surmontables qui plus est). Alors Voila c'est un blog, donc je me livre sans limites et pour une fois, sans pudeur.
On se demande souvent ce qu'il peut arriver de positif à faire un
sevrage, ou on se dit, tiens maintenant que je suis en paix avec moi même pourquoi pas me sevrer. Moi le positif je le trouve petit à petit, comme certains arrivent à faire une introspection avec du
LSD, moi il m'aura fallu passer par de nombreux états pour interpréter le positif de ces états, de mes sentiments les plus noirs et une sacré dose d'optimiste et de croyance en moi même et en ma volonté de faire ceci pour des raisons valables. Je crois que c'était le moment. Une bonne dose de chance que ce soit le moment. Et je me répète, de sacrés bonnes raisons valables. Alors oui le
sevrage est une souffrance, oui j'ai eu l'impression d'être en paix avec moi même avant de l'entamer et pourtant j'ai eu l'impression d'être dans un de ces films d'horreur où le méchant te dis qu'avant d'arriver à lui parler tu devras passer par différentes portes qui te mèneront vers tes peurs les plus profondes et que tu devras les affronter pour pouvoir passer les autres portes. Mais au final qu'est ce que j'ai appris sur moi durant ces instants de terreur! Et qu'est ce que j'ai l'impression d'avoir mué d'une peau. Maintenant je sais bien que d'autres étapes viendront, je les sens venir d'ailleurs, ne serait ce que celles de l'action (c'est pas le tout de réfléchir à un moment il faudra agir) et qu'un jour je pourrais porter ma seconde peau et me dégager totalement de la 1ère. Ça sera moi, mon moi nouveau mais ce sera moi, pas un déguisement imposé par mon fantasme de vie, ce sera juste moi et ma vie. Simplement. Ce
sevrage est digne, je l'imagine, d'une psychothérapie avec soi même où on serait à la fois patient qui rage, pleure, souffre et psychothérapeute qui écoute, ouvre des voies et aide à l'interprétation.
Comment dire à présent... Que toutes ces étapes, que ces 5 mois restent confus mais le sont de moins en moins. Que puis je dire de 5 mois de
sevrage? Que je n'en suis qu'au début. Que j'ai accepté de souffrir et que j'accepte de souffrir encore car j'en retire un réel bénéfice. Que le chemin est long et que les fantasmes n'y ont pas leur place, que la seule chose qui y ai sa place c'est le réel, sans fard, sans embellissement et qu'il faut en chemin se poser la question si oui ou non je suis prêt à affronter ce réel, si j'en suis capable, si j'en ai envie? Je ne crache pas sur la
came, oui c'est un échappatoire, oui c'est addictif et ça peut te foutre dans une merde noire (pour moi: fric, amis, amour). Mais sans cela je n'en serais pas la aujourd'hui à affronter ma vie et mes peurs, peut être même que je n'aurai pas chercher les interprétations de mes pensées morbides et que je serais passé à l'acte. La
came m'as sauvé dans un instant de ma vie où je me détruisais, puis la
came a finit par se fondre avec ma destruction pour l'exacerber. Le
subutex m'as permis de ne pas me détruire davantage et de me reconstruire, me sevrer du
subutex m'as permis de comprendre pourquoi je me détruisais et m'as ouvert quelques portes vers un apaisement. Voila j'espère pouvoir continuer à écrire la suite dans 1 an, puis 2. Mais comme le paradoxe de la "confusion cohérente" à ce jour je suis dans le paradoxe du "je réfléchis énormément mais prends malgré tout les choses comme elles viennent". Ce
sevrage c'est: si ça doit réussir ça arrivera car je réfléchie assez pour tenter l'action, si ça ne doit pas arriver c'est que ce n'était pas le bon moment et dans ce cas j'aurai déjà énormément appris.