La communauté scat fait partie de la communauté fétichiste, déjà considérée comme bizarre par les « courants », et est-elle même souvent victime d'ostracisme de la part de cette même communauté fétichiste : vous dire combien ce tabou dérange et interpelle.
On n'en parle pas entre gays, même adeptes du fist - pratique déjà marginale - dans une sorte de matriochka du racisme dont est déjà victime la communauté gay et qui le répercute en son sein ; on est tous le déviant/pervers de quelqu'un.
Même des sites fétichistes n’ont même pas cette option dans les préférences sexuelles sélectionnables, au nom d’une bien-pensance environnante.
La merde est l’un des tabous le plus puissants dans notre conditionnement, dès l’enfance. Certains le brisent et le dépassent et semblent en jouir d’une façon intense. Les adeptes surnomment la merde « le caviar », tellement ils semblent libérés d’avoir franchi cette limite: des "pigs" happy like a pig in
shit !
Briser un tabou de plus, choquer et surprendre, jeux de soumission et contrôle entre adultes consentants, humiliation et dégradation, bien-être généré par le lâcher-prise, un lien spécial avec les pratiquants: les attraits sont nombreux pour les pratiquants; une variante de plus du désir humain.
Un des aspects du scat dans sa symbolique est le cannibalisme: manger l'autre d'une des façons la plus intime et transgressive qu'il soit.
Le fist et le scat se rejoignent sur plusieurs plans, hormis la zone du corps mise en jeu: ne pas être révulsé par les éventuels contacts avec les excréments, être à l’aise mentalement dans sa pratique du sexe, passer un cap, et une relation forte, intime et symbolique entre les partenaires: le partage ultime d’intimité.
Comme pour le fist, il s’agit de plaisir et d'intimité et non de performance.
Certains fisteurs - une très faible minorité- ont adopté cette pratique pour s'affranchir des contraintes des lavements et se sentir en totale liberté dans une continuation logique de leur sexualité anale et fétichiste.
Les chems de synthèse (2mmc...) sont assez courants dans le milieu sans être une obligation, et semble aider pour les premiers pas.
Pour ma part je commence à me former à ce tabou qui il y a encore quelques mois ne m'intéressaient pas, puis m'a intrigué, puis m'a excité: comme pour le
chemsex. Encore une fois le circuit de récompense semble être à l’œuvre dans sa manipulation! Je n'ai aucune idée de là ou j'arriverai, peu importe, je teste.
Je sais que cet article va susciter des réactions de dégout, insultes(?), incompréhensions, des questionnements, de la part de notre communauté utilisatrice de psychoactifs, elle-même marginalisée.
Justement.
Souhaitez-moi bonne chance :-)