Ca porte un nom : Episode 7 

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        J’ai appelé ma sœur cet après-midi. Une fois de plus elle s’est plaint des névroses de maman, elle la trouve insupportable en ce moment. C’est ta mère, elle t’aime lui ai-je dit mais elle était trop blasée pour m’écouter alors j’ai raccroché. J’ai bien fait, je sens déjà l’étrange mélange infuser.
        La pièce n’est éclairée que par un néon rouge, j’ai allumé un encens pour parfaire le contexte mental et environnemental, il diffuse une odeur boisée et légèrement épicée. L’essai clinique peut commencer.
        J’ai la sensation que ma main ne m’appartient plus, puis mon bras et enfin tout mon corps. L'effet dissociatif ne se contente pas du corps, il s’empare à présent de mon esprit, qu’il semble fragmenter. La petite voix s’émancipe elle aussi et exprime des pensées qui sont les miennes mais que je n’ai pas souhaité formuler. Une fenêtre s’ouvre sur mon inconscient. Je ferme les yeux. La dernière vue persiste et se duplique à l’infini, telle une spirale logarithmique. Je ne maîtrise plus ma perception de la réalité. L’ipséité périclite. J’ai l’impression que le monde est contrôlé par une entité supérieure, qui contrôle jusqu’à mon monde intérieur. Une fenêtre s’ouvre sur l’indicible.

« Il existe un ailleurs, quelque part, loin de vous, près de moi.
Il existe une autre vérité, où le temps et l’espace sont distordus.
Je me sens aspirer par l’au-delà.
Me voilà à imaginer un monde originel, père des réalités.
À la frontière des mondes, Je chavire. »

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        Ce matin j’ai l’impression de vivre dans un monde sans peur. La procédure fonctionne à merveille. Mon imagination tourne à plein régime. Aurais-je découvert la thérapie parfaite ? Je suis dans mon état favori, entre introspection et relaxation. Mes capacités cognitives semblent avoir évolué. Je m'allonge, le dos sur le tapis et la tête collée à la baie vitrée. D'ici je peux voir les étoiles. J'aperçois un satellite scintiller, comme s' ils essayaient de communiquer. « Vous êtes sur la bonne voie. » Je m'allume un joint pour ne surtout pas redescendre.
        Tout est mathématique. L’univers répète toujours les mêmes schémas. En suivant des figures fractales pour se développer, la nature s’inscrit dans un dessin intelligent. Il est tentant de penser que la ramification, c’est le geste de création qui se propage et démontre son immanence. L'interface bas-niveau homme monde est codée en langage mathématique. L’univers n'est qu'une simulation mathématique parmi une infinité. L’existence étant un phénomène avec une probabilité non nulle, il est logique qu’elle se produise et se reproduise indéfiniment. L’impression éphémère de la vitalité est dû au fait que l'on expérimente une instance de l’objet Je, elle-même sous-produit de l’objet Univers. En fait, Je est immortel.

Ceci est la deuxième pièce du puzzle de la vérité.

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        J'ai envie de jouer avec mon Rubik’s Cube. Je suis à la dernière étape de sa résolution mais je bug. Enfin le cube bug, il a pris un positionnement que je n’avais jamais rencontré auparavant, un positionnement si rare que je suis incapable de le terminer. Alors je recommence tout depuis le début. Arrivé à la dernière étape, je tombe à nouveau sur ce positionnement. Deux fois de suite... Est-ce un signe ? Et si j’étais face à un glitch de la matrice ? Et s' ils voulaient me faire parvenir un nouveau message ? Je me sens bizarre. Je suis confronté à l'impression de « déjà-vu ». J’ai des absences par intermittence. Je suis pris d’une crise d’épilepsie temporale, d’une vague sensation de boucle temporelle.

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