KeithMe si je peux me permettre, je pense que la meilleure facon pour eux de l'apprendre est via le dialogue avec toi, et non pas une gaffe, ou pire, un pétage de plombs général qui leur fera péter la vérité en pleine gueule, sans aucune préparation, et là crois-moi ils souffriront.
J'étais revenu vivre chez mes parents il y a plus de deux ans, pour décrocher des
speedballs en intraveineuse, après plusieurs Overdoses et une vie complètement chaotique à Londres, pour essayer de sauver le peu de moi qui restait. J'étais dans un sale état, des croutes sur la gueule (oui oui comme dans les plus gros clichés sur la drôôgue) et je pesais à peine 50 kilos pour 1,83m. Donc je pense que c'était grave visible que j'allais mal.
Malgré ca, je n'ai rien dit à mes parents et juste dit que j'avais fait un genre de burn-out. Du coup je me cachais la vérité et eux aussi se mentaient. Le truc c'est qu'au bout de deux semaines je me suis remis à consommer,
héro et
coke, en shoot bien évidemment. Et je continuais à cacher la vérité à mes parents, alors que je devenais de plus en plus suspicieux, je relevais jamais mes manches malgré le mois de juin, j'étais constamment en yoyo, je vomissais parfois sans raison... Mais je voulais absolument que mes parents n'apprennent jamais que je sois dans la
came, par honte justement.
Je résume hein, mais voilà c'a continué quelques temps, j'ai essayé de me mettre sous traitement
subutex au
CSAPA du coin mais il était tellement chargé que je devais attendre 3 semaines pour avoir un rdv (je pouvais pas aller au médecin de famille qui m'aurait probablement balancé aux darons). Franchement j'en pouvais plus, tout le mode de vie de la
came, devoir faire des allers/retours pour qu'on me file de la
came/coke gratos, revendre vite fait, tout ca en plus en étant en zone rurale et en habitant et en devant leur cacher. C'était une des périodes les plus désagréables de ma vie, encore plus que quand j'étais en mode déchet à Londres, parce que là je devais faire comme si tout allait bien. C'est une putain de torture et c'est vraiment pas bon de mener ce genre de double vie.
Moi au bout d'un moment, ca m'a mené au gros pétage de plombs (ca plus le fait que j'en pouvais plus de toutes ces rechutes/traitement/clean/rechute à travers les années), je me suis dit que ca finirait jamais, du coup un jour je me suis fait assez de thunes pour acheter une quantité énorme de
came et de
coke, avec la ferme intention de me l'injecter le plus et le plus vite possible pour en mourir. Je voulais quand même profiter avant de crever, donc je me suis pas fait LE shoot mortel tout de suite, j'ai shooté comme un fou pendant 3-4jours, un truc de malade.
Bon en fin de compte, mes parents m'ont retrouvé inconscient dans ma chambre, le bras gauche tout gonflé et ensanglanté, et plein plein de seringues utilisées, par terre, dans mes tirroirs, etc, du coup urgences, etc, passage en psychiatrie, cure, et convalescence pendant plus de 6 mois. Mais mes parents ont été traumatisés. Mon père, quand ils sont rentrés des urgences, a pris des photos de mes tiroirs, du sol, du sang partout, il a fait une fixation dessus, j'ai vu les photos et putain c'est vrai que c'est gore. Ma mère a perdu le sommeil complètement. Je leur ai fait mille fois plus de mal que si je leur en avais parlé et fait progressivement intégrer la notion que leur fils était héroinomane (pour beaucoup de gens c'est encore quelque chose d'inimaginable, c'est vrai), sans douleur. Je m'en veux encore beaucoup de les avoir fait autant souffrir, mais ca me donne d'autant plus de bien m'en sortir dans la vie, quand je vois le sourire et la fierté de ma mère quand je lui raconte ma nouvelle vie, j'ai les larmes aux yeux, d'ailleurs là en l'écrivant ca me le fait haha.
J'ai mis du temps à me rétablir, sous médocs, détruit émotionellement, etc... et à rétablir une relation saine avec mes parents, qui ne m'ont malgré ca toujours nourri logé blanchi durant ce temps, meme si avec mon père on arrivait plus du tout à se parler. C'a pris du temps, mais au final, j'ai réussi à me sortir, à retrouver une activité, et de déménager de chez eux, et avoir une vie plutot cool. On a beaucoup parlé de tout ca, et franchement tu serais étonné de l'ouverture d'esprit dont ils peuvent faire preuve si tu leur expliques bien les choses, sans confrontation et sans conflit d'égo.
Mon père était typiquement le gars old-school de droite niveau drogues (né en 50), en mode "les drogués faut tous les enfermer" etc etc. Eh bah il a fait un énorme travail sur lui-même et compris beaucoup de choses. J'injectais encore mon
subutex après ces évènements, et un jour ma famille m'a dit qu'ils le savaient, pas la peine de le cacher, et qu'ils m'aimaient autant, que je m'injecte mon traitement ou non. On en a parlé tous ensemble autour d'une table, avec pour unique but la
réduction des risques. Ils voulaient juste s'assurer que je faisais ca proprement, mes parents se souvenaient encore de l'infection horriblement dégueulasse qui aurait bien pu emporter mon bras, lors de ma tentative de suicide, ma mère flippait qu'on m'ampute.
Du coup pour eux c'était la priorité, le reste, ils disaient, c'était mes affaires. Mon père a dit, "on a tous notre truc à nous, on tourne tous à quelque chose, y en a c'est le loto, le café, d'autres le nettoyage, le sport, y en a comme moi c'est la clope, toi c'est l'injection, c'est ni mieux ni pire que les autres, c'est quelque chose de personnel". T'imagines même pas comment j'étais fou de joi qu'il soit aussi compréhensif (et aussi très juste dans sa réflexion). Depuis on se comprend aussi beaucoup mieux l'un l'autre et on se parle, alors qu'avant, depuis toujours on n'avait jamais réussi à communiquer.
Alors voilà , j'espère que tu peux tirer quelques idées de mon histoire. Le dialogue est à mes yeux la solution suprême. Et en te cachant, tu te mets en danger, de une parce que personne ne peut t'aider s'il t'arrive quelque chose, et de deux, tu développes ce genre de double vie et de haine, de honte, contre toi-même, qui est vachement dangereux lorsqu'on consomme des stups car l'usage ne fera que s'intensifier et devenir hors de contrôle, crois-moi c'est quasi systématique dans ce cas de figure. Avant toute chose, tu devrais essayer de ne plus culpabiliser, c'est pas bon comme truc. Une fois un très très vieux tox m'a dit, "ce qui est pire que de taper de la
came, c'est taper de la
came et se détester à cause de ca, parce qu'à ce moment, t'en profites même plus vraiment".
Crois en l'ouverture d'esprit de tes parents, et avant tout, en leur amour. Tu es leur fils, et crois-moi, même si tu faisais les pires choses, ils auraient du mal à ne plus t'aimer. Là en l'occurence ce n'est même pas quelque chose de "mal", juste quelque chose de tabou et de stupidement illégal. Donc tente une ouverture, discute de facon générale et essaie de connaitre leur avis sur les drogues, etc, mais n'y vas pas de facon "Papa, Maman, j'me drogue à l'
héro et la
coke" là c'est sûr, ca passera pas forcément bien. Essaie de te mettre à leur place et de comprendre leurs réactions, si tu veux qu'eux mêmes te comprennent. Ne t'offusque pas, ne te braque pas, si quand tu leur en parles ils disent des choses maladroites ou involontairement blessantes, tu dois te rappeler que la plupart des gens ne sont pas habitués à parler de manière concrète de la conso d'
héroine. Adapte ton message à leurs sensibilités et tiens compte de leurs arguments, même s'ils ne vont pas dans ton sens. Et aussi fais leur comprendre que ce n'est pas de leur faute, beaucoup de parents culpabilisent quand leurs gosses prennent de la
came. Et enfin, dédramatise la chose, sans en faire quelque chose de totalement banal (ils risqueraient de mal le prendre) et sans avoir l'air jenfoutiste, juste évite l'hystérie, reste concret dans tes "explications" et rassure les.
Voilà , c'est les conseils que je te donne, tu en fais ce que tu veux, mais c'est vachement important, et sache que tu ne pourras pas leur cacher éternellement. Je pense que beaucoup de consommateurs d'
héro devraient commencer à faire ca pour que l'usage d'
héroine prenne enfin un visage humain chez les gens, et mettre fin à tout le fantasme, la peur et le tabou qui entourent ce sujet là . Quoiqu'il en soit, ce sont tes parents, ils t'aiment, tu les aimes, il y a forcément moyen de dialoguer et de faire accepter ce que tu
FAIS (qui n'est pas ce que tu
ES, très important ce truc)
Pardon d'avoir écrit un truc aussi long mais ca me tient vachement à coeur ce sujet là , et si tu pouvais éviter de faire les mêmes erreurs que moi, je serais vraiment content pour toi, tu pourrais vraiment éviter pas mal de souffrances et problèmes, crois-moi. Allez je t'envoie tous mes encouragements pour que tu y arrives et je te souhaite bonne chance.