Catégorie : En passant - 17 avril 2019 à 18:06
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Bootspoppers a écrit
Excellent .
Pour le test: Bon ma culture s'arrête au siècle dernier..
Céline?
Merci !
Raté pour Céline même si j'avoue que c'est une de mes grandes influences en terme de style. Non là, il est bien du siècle dernier mais n'est pas français et s'est plus fait connaître dans les années 60-70. On va dire que là où je le copie c'est quand j'écris en majuscule tout une phrase alors qu'elle n'est pas censée l'être selon les vieux croulants de l'Académie française ahah.
Difficile d'évaluer un exercice d'écriture, puisque la démarche l'emporte sur le résultat.
Cet auteur, que je n'ai pas reconnu, aurait peut-être gagné à mieux choisir ses lectures. Il est des livres dont le processus d'écriture démontre le génie de l'écrivain, et qui lui aurait soit donné envie de s'améliorer, soit convaincu qu'un écrivain raté et conscient de l'être est coupable de chaque arbre abattu pour en faire du papier.
Ou alors il est de la race des Bukowski, dont le talent les autorisent à se torcher avec des uniformes d'académiciens, mais qui s'en abstiennent parce que les broderies dorées à la con, ça gratte.
similana a écrit
Difficile d'évaluer un exercice d'écriture, puisque la démarche l'emporte sur le résultat.
Cet auteur, que je n'ai pas reconnu, aurait peut-être gagné à mieux choisir ses lectures. Il est des livres dont le processus d'écriture démontre le génie de l'écrivain, et qui lui aurait soit donné envie de s'améliorer, soit convaincu qu'un écrivain raté et conscient de l'être est coupable de chaque arbre abattu pour en faire du papier.
Ou alors il est de la race des Bukowski, dont le talent les autorisent à se torcher avec des uniformes d'académiciens, mais qui s'en abstiennent parce que les broderies dorées à la con, ça gratte.
Eh beh tu as bien raison, c'est bien du Bukowski qui s'en ballek. Après l'inspiration est bien plus dans le style que dans la pensée elle même. Je n'oserai pas prétendre que Bukowski aurait pu dire ça.
La pensée, elle, est plus dans un délire que j'ai pu avoir il y a quelques années. Mais si on doit y trouver une certaine inspiration, je pense que c'est plus à prendre chez Alfred de Musser avec L'allégorie du Pélican dans Nuit de Mai.
(On va sûrement me reprocher de partir dans des explications trop longue pour un simple commentaire mais ballek.)
En gros, c'est plus une critique de la condition l'écrivain en soi que de certains écrivains. Le principe même d'écrire implique de retranscrire une pensée, une émotion par des mots. Malheureusement, les mots sont bien souvent réducteurs et trop faibles pour décrire ce que l'on a vraiment vécu. Alors, ce qui est écrit est bien souvent décevant et raté comparé à l'absolu que l'on a cru saisir entièrement De ce fait, on en retranscrit que les restes bouseux, les déchets de ce qu'on a pu ingérer auparavant comme le pélican qui ingurgite sa nourriture et la broie puis la régurgite dans le bec de ses rejetons pour les nourrir. Ainsi, cette déception d'avoir flirter avec l'absolu et de ne pouvoir en retranscrire que des débris à travers l'écriture serait la condition tragico-romantique de l'écrivain qui en ferait forcément un écrivain raté. (Ceci dit, tu me fais penser que ça aurait peut-être été mieux d'écrire: "Tout écrivain est un humain raté" plutôt que "écrivain raté", m'enfin je verrai si je change ça, ce texte est bien vieux de toute façon.)
Bref, si ça t'intéresse: on retrouve pas mal cette idée dans les extraits suivants du poème:
"Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,
Ses petits affamés courent sur le rivage
En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.
Déjà, croyant saisir et partager leur proie,
Ils courent à leur père avec des cris de joie
En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.
Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,
De son aile pendante abritant sa couvée,
Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.
Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;
En vain il a des mers fouillé la profondeur;
L'océan était vide et la plage déserte;
Pour toute nourriture il apporte son cœur.
[...]
Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.
Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps;
Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes
Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.
Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,
De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,
Ce n'est pas un concert à dilater le cœur ;
Leurs déclamations sont comme des épées :
Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant;
Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang."
Anonyme813 a écrit
Je connaissais pas Bukowski ... sad
ben ça va devenir tes nouveaux livres de chevet alors
Strych9 a écrit
Anonyme813 a écrit
Je connaissais pas Bukowski ... sad
ben ça va devenir tes nouveaux livres de chevet alors
Tu recommandes quel titre?
Bukowski, celui qui raconte l'histoire des gens ordinaires, ceux qui changent pas de chaussettes tous les jours, c'était un pas grand-chose, mais pas un écrivain raté !
(souvenirs d'un pas grand-chose, contes de la folies ordinaires, nouveaux contes de la folie ordinaire)
..il l'a regarda dans les yeux. La rencontre d'un enfer et du paradis !
Finn, toi tu sembles porté sur la poésie, ce qui explique à nous pauvres de nous que tu juges, et te juges plus sévèrement que le feront les dieux ad pas très. La perfection peut à la limite se poser sur tes genoux le temps de la trouver amer...Si tu as dépassé les 25 ans, t'es foutu mon gars !
Un brouillon de pensées, ça m'a fait tiquer parce que peut-être que les écrivains médiocres, ou les philosophes entartés arrivent, par ce processus, à commett
re des livres (les acheteurs devraient être poursuivi pour complicité, moi je dis).
J'ai appris à lire et à aimer lire via Frédéric Dard il a écrit le num 2 de Fleuve Noir, vendu plus de 200 millions de livres qu'on lit aux chiottes, et surtout définit ce qu'est un petit garçon qui a les mains sur les hanches). L'important pour lui était de raconter des histoires aux lecteurs.
Mais, surtout, un brouillon de pensées, c'est le l'unique support dont a eu accès Soljenitsyne pour terminer le manuscrit d'Une journée d'Ivan Denissovitch. L'espace de ses pensées a été brouillon, correcteur, rédacteur, et support virtuel du livre qu'il a écrit dans sa tête, en chantonnant chaque phrase pour s'en souvenir. Pas parce qu'en URSS y'avait pas de papier, crayons, etc..mais que dans le camp où l'administration du Goulag l'a invité dix années entières, écrire était un crime, tout était un crime. Puni d'une seconde peine de 25 ans, sans procès.
Alexandre Soljenitsyne, lors de l'audience de relégation, a plaidé en personne, en lisant Une journée Divan Denissovitch devant la cour. Verdict : liberté.
La poésie, comme la bd érotique et les modes d'emploi Ikea, ça nourrit l'âme, peu importe les humeurs puérils de ceux qui se prennent la tête pour savoir si "Bite couille nichon" sonne mieux que "Nichon couille bite".
D'autres humains écrivent des livres peu importe comment, ne cherchent pas à savoir s'ils sont mieux ou pire en humanité. Ceux-là nous sauvent sans qu'on le sache, sans qu'on leur témoignent respect ou reconnaissance. 3653 jours...les 3 jours supplémentaires ce sont les années bissextiles.
Il va de soi que quand Bukowski dit ce que tu as écrit, il est l'égal du ruskoff nobelisé littérature, dans la version originelle. Traduire c'est trahir!
C'est presque Apostrophe version PA hein !
un pélican, c'est pas ce truc raté qui ressemble à un oiseau ?
Atchô Huckleberry
Anonyme813 a écrit
Ps: je ne connaissais pas l'auteur russe que tu as cité vu que je reste pas mal ancré dans une tradition française mais il a l'air intéressant, j'y jetterai un œil à l'occasion, merci pour le partage eheh.
Nan mais c'est pas vrai!!!! Qu'est-ce qu'on vous apprend à l'école?
Oui c'est un vague auteur assez obscur... Je reconnais que la chute de l'URSS l'a enseveli sous des monceaux d'indifférence dans son propre pays.
Au XXième siècle c'est un écrivain russe (et whistle blower) majeur.
L'Archipel a été mon livre de chevet, le Premier Cercle est top aussi...
PS: et tant que tu y es, jette un coup d'oeil à Dostoïevski...
Hilde a écrit
Nan mais c'est pas vrai!!!! Qu'est-ce qu'on vous apprend à l'école?
Oui c'est un vague auteur assez obscur... Je reconnais que la chute de l'URSS l'a enseveli sous des monceaux d'indifférence dans son propre pays.
Au XXième siècle c'est un écrivain russe (et whistle blower) majeur.
L'Archipel a été mon livre de chevet, le Premier Cercle est top aussi...
PS: et tant que tu y es, jette un coup d'oeil à Dostoïevski...
J'y jettera un coup alors ! Et Dostoïevski c'est au programme depuis un certain temps, mes profs de prépa en parlaient déjà
à l'époque et ça avait l'air bien cool. De toute façon, j'ai encore pas mal de retard à rattraper
Anonyme813 a écrit
Dostoïevski c'est au programme depuis un certain temps, mes profs de prépa en parlaient déjà
à l'époque et ça avait l'air bien cool. De toute façon, j'ai encore pas mal de retard à rattrap
La chair est triste hélas rt j ai lu tous les livres Ch B
Un des plus ignobles mensonges de la littérature...
Anonyme813 a écrit
J'y jettera un coup alors ! Et Dostoïevski c'est au programme depuis un certain temps, mes profs de prépa en parlaient déjà
à l'époque et ça avait l'air bien cool. De toute façon, j'ai encore pas mal de retard à rattraper
Soljénitsyne, je le voyais plutôt au programme d'histoire (au minimun au programme d'histoire), quant à Dostoïevski, au programme de littérature russe !
Anonyme813 a écrit
La chair est triste hélas rt j ai lu tous les livres Ch B
Un des plus ignobles mensonges de la littérature..
Voulant m'assurer que je comprenais ton commentaire, j'ai googlé, et c'est Mallarmé -
et même pas sûre d'avoir compris...
Hilde a écrit
Soljénitsyne, je le voyais plutôt au programme d'histoire (au minimun au programme d'histoire), quant à Dostoïevski, au programme de littérature russe !
En histoire j'ai pas eu la chance de le croiser ma foi, mes programmes ne devaient pas être suffisament adaptés pour cela. Et pareil, jamais eu le droit à un cours de littérature russe parce qu'on restait concentré sur la France si ce n'est deux trois allusions, même en dissert c'était déconseillé de citer de la littérature étrangère ou non classique malheureusement.
Bootspoppers a écrit
La chair est triste hélas rt j ai lu tous les livres Ch B
Un des plus ignobles mensonges de la littérature...
J'ai pas vraiment compris ton message non plus Boots ahah, "Ch B" c'est pour Charles Bukowski ?
ismael77 a écrit
Même si l'oeuvre est une performance, c'est à dire qu'on voit tout se faire, c'est ce que toi tu ressens qui compte.
La cuisine de l'auteur ou artiste j'en ai rien à faire, mais du tout.
)
Mais le gros problème, c'est que la plupart des commentaires -et surtout le tien- font une fixette sur la pensée du texte alors que je précise dès l'intro que c'était un exercice de style et non une véritable pensée. Et je pense que c'est à partir de là qu'il y a un malentendu.
En effet, la démarche amène forcément au résultat donc on peut pas juger l’un séparément de l’autre puisque le résultat est le seul matériau dont on dispose face à un texte. Par conséquent, je demandais pas de dissocier les deux pour juger l’un et l’autre séparément. Non si j’ai précisé tout ça, c’est pour éviter de tomber dans le vice dans lequel tu es tombé. Je demandais pas qu’on juge le texte comme une pensée à laquelle je crois et que je soutiens de chair et de sang, je précisais que la démarche était un exercice de style pour que les jugements portent sur le style, sur des critères esthétiques et non éthique. Et c’est pas non plus sur ma « démarche artistique » qu’il fallait juger le texte. Le texte est ouvert on s’en branle de ce qu’a voulu faire son auteur.
L’important c’est ce que ça fait au lecteur : à quoi ça le fait penser, quelle émotion ça lui procure, quels mots ou quelles formulation lui a plu ou déplu. Bref, des jugements esthétiques. Et tu me diras que ta réponse est aussi une réaction au texte et, par conséquent, l’expression de ce que t’as procuré le texte. Mais là, j’ai l’impression que tu juges plus l’auteur que le texte ou alors que tu fais une interprétation morale du texte comme si c’était ce que l’auteur pensait et donc qu’on ne pouvait juger le texte sans s’attaquer directement à l’auteur (tu remarqueras d’ailleurs que si j’utilise le terme « auteur » et non « moi » depuis tout à l’heure c’est justement pour éviter le vice du procès d’intention en donnant plus de consistance à ce qui est désigné par « auteur ».)
Bref, j’ai du mettre du flou en répondant aux commentaires sur le fond dans les derniers messages je l’admet mais bon, comme je l’ai dit, c’est le lecteur qui s’approprie l’œuvre donc c’était pas inintéressant d’y répondre et puis la pensée -même si je n’y adhère pas plus que ça- méritait peut-être d’être légèrement défendue si les lecteurs faisaient vraiment une fixette dessus.
Sinon, pour mes autres billets, eh bien c’est, jusqu’à présent, le premier chapitre d’un roman que j’écris donc peut-être que vu que c’est de la fiction, il y a moins d’ambiguïté quant au fait que je parle en mon nom ou non. En revanche, le style reste sulfureux mais est aussi plus travaillé et, je pense, bien moins pompeux que ce billet qui est un vieil écrit comme je l’ai dit.
Anonyme813 a écrit
J'ai pas vraiment compris ton message non plus Boots ahah, "Ch B" c'est pour Charles Bukowski ?
J'avais pensé à Charles Baudelaire plutôt.
Anonyme813 a écrit
Je demandais pas qu’on juge le texte comme une pensée à laquelle je crois et que je soutiens de chair et de sang, je précisais que la démarche était un exercice de style pour que les jugements portent sur le style, sur des critères esthétiques et non éthique.
J'ai démarré ton texte et je ne suis pas allée jusqu'au bout (et c'était il y a plusieurs semaines). Je n'ai pas aimé, n'ai pas trouvé cela bon, c'était un peu grossier, outrancier, flirtant avec la masturbation intellectuelle un peu trop exhibitionniste, maladroit en fait. D'ailleurs j'ai reconnu ta patte, celle de tes autres textes, mais moins finement maîtrisée, toutes ces déclarations péremptoires ou ruminations qui semblent trop vouloir choquer et provoquer. La forme dès le départ décrédibilisait le fond, je ne m'y suis donc pas attardée.
Quant à tes autres textes, un ça va, deux bonjour les dégâts. C'est trop la même chose, le même ton, le même monologue logorrhéique, la même violence tendue, limite à son paroxysme, mais toujours centrée sur la même obsession retournée dans tous les sens, explorée sans fin, sans respiration, on étouffe vite, on se lasse vite. Cela manque de changement de rythme, de point de vue, c'est comme un mauvais titre de techno à la dynamique ultra compressée qui fait vite mal aux oreilles. Après si tu regardes chaque phrase individuellement, c'est très bien, mais la concaténation de l'ensemble est pour moi totalement indigeste. Ce sont de très bonnes gammes, mais pas une symphonie.
Ce qui dans les deux cas me gêne c'est cette trop ostensible intention de choquer et provoquer. Il n'y a pas l'ombre d'un doute ou ambiguïté. Trop explicite. Trop d'insistance. Comme on dit c'est téléphoné. Et du coup pas subtil, trop directement adressé au lecteur, qui ne peut que brandir un bouclier pour tenter de faire barrage (ou non en fait).
C'est un peu paradoxal car tu as en permanence en tête la question de la réception par le lecteur, donc j'en déduis que tu sais ce que tu fais et le fais intentionnellement, mais mon sentiment est que tu devrais essayer d'également t'adresser à lui par des voies détournées et par des types de chemins plus variés, plutôt qu'emprunter l'autoroute à fond la caisse.
Enfin je dis cela de mémoire et comme je le sens.
Hilde a écrit
Anonyme813 a écrit
J'ai pas vraiment compris ton message non plus Boots ahah, "Ch B" c'est pour Charles Bukowski ?
J'avais pensé à Charles Baudelaire plutôt.
Anonyme813 a écrit
Je demandais pas qu’on juge le texte comme une pensée à laquelle je crois et que je soutiens de chair et de sang, je précisais que la démarche était un exercice de style pour que les jugements portent sur le style, sur des critères esthétiques et non éthique.
J'ai démarré ton texte et je ne suis pas allée jusqu'au bout (et c'était il y a plusieurs semaines). Je n'ai pas aimé, n'ai pas trouvé cela bon, c'était un peu grossier, outrancier, flirtant avec la masturbation intellectuelle un peu trop exhibitionniste, maladroit en fait. D'ailleurs j'ai reconnu ta patte, celle de tes autres textes, mais moins finement maîtrisée, toutes ces déclarations péremptoires ou ruminations qui semblent trop vouloir choquer et provoquer. La forme dès le départ décrédibilisait le fond, je ne m'y suis donc pas attardée.
Quant à tes autres textes, un ça va, deux bonjour les dégâts. C'est trop la même chose, le même ton, le même monologue logorrhéique, la même violence tendue, limite à son paroxysme, mais toujours centrée sur la même obsession retournée dans tous les sens, explorée sans fin, sans respiration, on étouffe vite, on se lasse vite. Cela manque de changement de rythme, de point de vue, c'est comme un mauvais titre de techno à la dynamique ultra compressée qui fait vite mal aux oreilles. Après si tu regardes chaque phrase individuellement, c'est très bien, mais la concaténation de l'ensemble est pour moi totalement indigeste. Ce sont de très bonnes gammes, mais pas une symphonie.
Ce qui dans les deux cas me gêne c'est cette trop ostensible intention de choquer et provoquer. Il n'y a pas l'ombre d'un doute ou ambiguïté. Trop explicite. Trop d'insistance. Comme on dit c'est téléphoné. Et du coup pas subtil, trop directement adressé au lecteur, qui ne peut que brandir un bouclier pour tenter de faire barrage (ou non en fait).
C'est un peu paradoxal car tu as en permanence en tête la question de la réception par le lecteur, donc j'en déduis que tu sais ce que tu fais et le fais intentionnellement, mais mon sentiment est que tu devrais essayer d'également t'adresser à lui par des voies détournées et par des types de chemins plus variés, plutôt qu'emprunter l'autoroute à fond la caisse.
Enfin je dis cela de mémoire et comme je le sens.
Salut Hilde !
Eh bien voilà une critique sur des critères esthétiques, c'est plus intéressant.
Je passerai sur la critique du texte ici présent car je pense que ta critique est plus générale et que de tout façon, ce n'est pas un texte que je prend spécialement à cœur. Je relèverai juste la formulation "masturbation intellectuelle" qui me surprend puisque le texte est lui-même une critique de la "masturbation intellectuelle" dont on peut faire preuve en glorifiant des auteurs par des interprétations à tout va (ce qui, je le rappelle, n'est pas vraiment ma pensée, c'est important de le savoir pour la suite de mon message donc je le reprécise). Et puis rien que le fait que tu puisses critiquer le fond pseudo-intellectuel prouve bien que tu t'accroches encore au fond plus qu'à la forme sur ce texte ici présent, je le précise encore une fois pour la suite. Mais bon passons, c'est un débat stérile.
Quant au reste, une grande partie des critiques sont valables: je reconnais qu'il y a des reformulations par moment qui ne sont pas forcément nécessaires et peuvent apporter de la lourdeur au récit. Ce sont encore des erreurs de débutant et j'y travaille car ce qui est posté ici n'est pas définitif. Le roman est loin d'être achevé donc je n'ai pas encore le recul nécessaire ni suffisamment d’expérience pour cela.
En revanche, ce que je trouve intéressant c'est dès lors que tu montre ton avis général sur le style: "Ce qui dans les deux cas me gêne c'est cette trop ostensible intention de choquer et provoquer. Il n'y a pas l'ombre d'un doute ou ambiguïté. Trop explicite. Trop d'insistance." A mon avis, c'est là qu'on peut en effet passer à côté de quelque chose qui donnerait justement toute l'ambiguïté du récit. Tu ne t'es pas demandée pourquoi c'était si insistant ? Si choquant ? Si provocateur ? Pourquoi le personnage principal déversait autant de haine et se voulait aussi subversif alors même qu'il n'a qu'une vieille femme croulante qui ne l'écoute sûrement même pas en face de lui ? La situation en devient presque absurde, elle ne l'écoute sûrement pas -et cela même lui il l'admet- et pourtant il continue jusqu'à se mettre dans des états pas possibles. C'est en effet comme s'il avait quelque chose à prouver. Paradoxalement, à travers la sans cesse émulation de sa soi-disant puissance, il ne fait que prouver sa faiblesse. Et ne va pas dire qu'il n'y a rien dans le texte qui laisse penser ça car en plus du ton souvent burlesque ou la situation absurde de base, le personnage l'envisage à plusieurs reprises de manière détournée ou non et c'est même manifestement confirmé lors du dernier dialogue avec les larves (cf. les deux dernières partie du chapitre 1).
Loin de moi de vouloir faire du trash pour du trash, cela je le laisse aux canassons à la tête fêlée par le vice. Alors oui ça parait peu subtil de prime abord, on peut d'ailleurs même vite s'en lasser si l'on reste à une lecture qui reste cantonnée au premier degré du texte. Mais la subtilité, le doute, l'ambiguïté vient justement de ce que t'exprime: c'est trop gros pour passer, c'est trop flagrant. Oui, on a l'impression que je fais de la littérature à coups de marteau, que je met sur le papier toutes les horreurs qui peuvent me passer par la tête et que je les rabâche à toutes les sauces. Alors que non, à force de coups de marteau, on sent les fissures d'un personnage, d'un discours qui pourrait faire la caricature d'un miasme aberrant, d'une situation qui est plus à déplorer pour ce personnage qu'une force à jalouser ou une arrogance à condamner. Parce que sous le dégueuli, il y a la poésie d'un personnage rouillé et affaibli par sa boîte à pharmacie si ce n'est par sa vie elle-même.
Chose amusante, en l'écrivant, j'avais pour intention d'en faire récit en partie humoristique de par la démesure et l'absurdité qui s'en dégage. Un humour noir, cynique voire dépressif qui ne convient pas à tout le monde certes et qui, dès lors que tu n'y es pas sensible, fait perdre tout son intérêt à l’œuvre en effet. Parce que s'il n'y avait aucun second degré, aucune autre grille de lecture que le sens premier qui en émerge, eh bien oui, en effet, ça nous étouffe très rapidement. Mais on s'étouffe plus dès lors qu'on se rend compte que certaines phrases sont là pour nous faire souffler du nez, nous faire un peu rire jaune puis ainsi nous faire dire: ça va trop loin, doit bien y avoir autre chose, c'est quoi ce con qui part dans tous les sens avec son arrogance à deux sous et sa logorrhée abjecte ? On réagit puis on comprend mieux que c'est plus subtil que ça en avait l'air.
Je ne m'étalerai d'ailleurs pas sur les diverses interprétations qu'on peut faire du récit car ça prendrait des plombes et qu'il y en a autant qu'il peut y avoir de lecteurs. Mais t'as saisi le truc, face à n'importe quelle œuvre, il ne faut jamais s'arrêter au premier niveau de lecture, à la simple apparence qui n'est qu'une parure pour accrocher mais qui devient vite énervante voire lancinante dès lors que l'on en sort pas pour voir plus loin. Je pense que pour illustrer ça rien de mieux que cette vidéo qui montre très bien comment l'auteur de cette interprétation de Dorian Gray a d'abord été ennuyé par une avalanche de mots d'esprits qui se juxtaposent sans plus, avant qu'il ne creuse plus profondément l’œuvre pour trouver une nouvelle grille de lecture, cette fois-ci plus intéressante: " ".
Sa lecture peut d'ailleurs donner des pistes de lectures sur mon propre récit parce que certains point convergent. Cependant, ce n'est qu'une interprétation parmi d'autres et y a quand même de grandes différences -déjà c'est pas le même roman, hein- même si je ne vais pas me cacher que Le portrait de Dorian Gray a été une grande influence pour moi.
Et c'est là que tu comprend pourquoi je fais autant attention au lecteur. Il prend une part active au récit, si tu es là pour te distraire et te laisser aller à une lecture passive eh bien c'est raté. Et si tu veux rester bloquer à une lecture premier degré et que le style ne te convient pas alors, oui passe ton chemin, tu ne vas pas t'y plaire et je le comprendrais.
Somme toute, le lecteur est l'altérité face à ce monde absurde où pourtant tout semble aller de soi, où rien -ou presque parce qu'il faut tout de même laisser quelques indices si on ne veut pas totalement perdre le lecteur- ne semble remis en question. Le lecteur est face à un personnage délirant et qui se croit illuminé par la beauté de la vérité implacable mais qui ne se rend même pas compte -ou à peine- qu'il est complètement éclaté et mutilé de la caboche. Le lecteur c'est celui qui sait écouter et reconnaître les sous-textes, les non dits, ce qui fait justement toute la subtilité d'une œuvre parce qu'en effet, un roman sans lecteur n'est rien. Alors oui, le narrateur -et non moi- emprunte l'autoroute à fond la caisse mais c'est assumé car c'est justement pour que le lecteur comprenne que ce n'est pas là qu'il faut regarder si l'on veut reconnaître les subtilités, et ce qui peut faire l'intérêt de l'œuvre. Difficile, en effet, de voir la symphonie autrement que comme des gammes quand on n'a pas la clef de lecture qui peut nous faire apprécier l’œuvre comme une unité où chaque mots, chaque formulations se révèlent nécessaires à la signification.
Après, pour te rendre justice, c'est vrai que mettre un post toutes le deux semaines ne permet peut-être pas suffisamment de s'en rendre compte, l'enchaînement est trop sériel pour que l'on puisse le prendre comme une totalité cohérente.
Plus encore, je rappelle que ce n'est là que le chapitre 1 qui est en ligne donc en effet la subtilité, on ne la trouve pas encore suffisamment. Ce que j'ai écrit ça fait environ 8 pages, si on comprend tout dès les 8 premières pages alors le roman ne sera qu'une nouvelle et non un roman. On est encore dans la mise en place d'une pensée, d'un personnage, d'un cadre spatio-temporel, d'une intrigue etc. Bref, c'est toujours au début qu'on a du mal à rentrer dedans (c'est personnellement mon cas pour tous les romans que j'ai lu et même ceux que j'ai préféré et dont je voue aujourd'hui une grande fascination).
Sur ce, sans rancunes Hilde, j'aime bien ce genre de critiques, ça me stimule et je compte tout de même bien tenir compte de ton commentaire pour revoir les lourdeurs qui émergent ça et là dans le texte et à l'avenir.
Ps: Désolé si je peux paraître arrogant dans mes réponses mais il faut bien que je défende mon point de vue alors ne le prend pas personnellement bien sûr !
Anonyme813 a écrit
Quant au reste, une grande partie des critiques sont valables: je reconnais qu'il y a des reformulations par moment qui ne sont pas forcément nécessaires et peuvent apporter de la lourdeur au récit. Ce sont encore des erreurs de débutant et j'y travaille car ce qui est posté ici n'est pas définitif. Le roman est loin d'être achevé donc je n'ai pas encore le recul nécessaire ni suffisamment d’expérience pour cela.
A toi de juger de la dose adéquate, mais effectivement j'avais eu cette impression-là, des sortes de reformulations redondantes - reformulations bien trouvées on peut comprendre la difficulté à se décider à en jeter à la poubelle - qui en s'accumulant me donnaient une impression d'auto-complaisance égocentrique - et un peu puérile - (du narrateur) à la limite encore plus écœurante que la teneur de ses ruminations. Il y a peut-être moyen de rendre cela moins itératif
Alors je comprends aussi ce que tu dis par la suite, et il faudrait voir l'ensemble pour juger, mais il ne faut pas dégoûter le lecteur trop tôt ou épuiser sa curiosité prématurément. Je dirais, d'après mon ressenti, nul besoin d'aller aussi loin pour faire mouche, ou alors faire avancer le récit en même temps, ne pas donner l'impression de piétiner sur place.
Le second degré n'est pas évident de prime abord, on le soupçonne au travers de la répétition, et en soi ce n'est pas un problème.
Anonyme813 a écrit
Parce que sous le dégueuli, il y a la poésie d'un personnage rouillé et affaibli par sa boîte à pharmacie si ce n'est par sa vie elle-même.
Je n'ai pas été frappée par la poésie... mais le terme dégueulis me convient bien;)
Anonyme813 a écrit
Mais on s'étouffe plus dès lors qu'on se rend compte que certaines phrases sont là pour nous faire souffler du nez, nous faire un peu rire jaune puis ainsi nous faire dire: ça va trop loin, doit bien y avoir autre chose, c'est quoi ce con qui part dans tous les sens avec son arrogance à deux sous et sa logorrhée abjecte ? On réagit puis on comprend mieux que c'est plus subtil que ça en avait l'air.
Là je suis peut-être moins d'accord dans la mesure où cela ne m'a pas vraiment donné envie d'explorer le personnage que j'ai trouvé trop caricatural; je ne l'ai pas trouvé fêlé mais définitivement catégorisable et irrécupérable - malgré quelques petites touches un peu plus attendrissantes par ci par là -, j'avais beaucoup plus envie de savoir ce que "la vioque" en pensait et comment elle vivait la situation... de vérifier qu'il s'agissait bien d'un être vivant et non juste de la chose du narrateur.
Anonyme813 a écrit
Bref, c'est toujours au début qu'on a du mal à rentrer dedans (c'est personnellement mon cas pour tous les romans que j'ai lu et même ceux que j'ai préféré et dont je voue aujourd'hui une grande fascination).
Pas systématiquement; j'avais justement eu du mal à entrer dans certains grands romans de Dostoïevski et pas dans d'autres, mais il est parfois facile d'entrer dans certains chefs d'oeuvre. je suis assez admirative des romans dans lesquels on entre comme dans du beurre... à condition qu'ils tiennent la route dans la suite du récit. Enfin ce n'est pas obligatoire d'être immédiatement accessible, à l'auteur d'en décider.
Bon, en fait je viens de regarder à nouveau tes premiers posts en diagonale. Ce qui me gêne c'est que ne sachant pas ce qui est à l'origine de cet élan du narrateur, de cette surexcitation, il ne m'entraîne pas avec lui. Aussi je peux consentir à l'observer quelques instants, mais pas à l'accompagner aussi longtemps dans son délire. La familiarité d'adresse du narrateur au lecteur me semble forcée dans le sens où si je n'y adhère pas dès le départ, je reste sur le côté et en me sens pas concernée. Tu forces le lecteur à une complicité qui ne lui est pas nécessairement naturelle. Acceptation ou rejet. Moi je rejette. Je vois que dès la partie 4 du chapitre I le rythme change un peu, cela se concrétise, je préfère, mais reste gênée par cette (fausse) complicité entre narrateur et lecteur.
Finalement je me demande si le narrateur ne devrait pas davantage se préoccuper du lecteur et s'assurer qu'il le suit, est toujours-là à écouter son monologue plein de considérations (limite de comptoir) qui suscite peut-être chez lui une réaction de rejet.
Anonyme813 a écrit
Ps: Désolé si je peux paraître arrogant dans mes réponses mais il faut bien que je défende mon point de vue alors ne le prend pas personnellement bien sûr !
Je ne te trouve pas arrogant, il n'y a pas de mal à théoriser ta pratique, c'est même intéressant; de mon côté je peux juste te faire part de mon ressenti. D'ailleurs il ne porte que sur les premiers posts, jusqu'au 4ème.