25 Décembre 2004,
Réveil brutal.
J'ouvre les yeux, je suis dans les vapes, je mets plusieurs minutes à savoir où je suis. Que s'est il passé? Qu'est ce que je fais là ? Où est David? Je ne le vois pas.
David !!!! Bon Dieu !!!!!!!! Ce n'est pas un cauchemard, mais bel et bien la vérité. J'attrape ma veste, mon sac, il faut que je sorte de là . J'ai l'impression d'étouffé. Je dois rentrer. Je sors dans le couloirs, il n'y a personne, je pars.
Arrivée dehors je m'effondre. Quelle heure est il? Quel jour sommes nous? Je n'en sais rien, je veux rentrer. J'ère dans la rue tel un zombi jusqu'à la maison.
Tel un automate j'ouvre le portail, traverse mon petit jardin, j'ouvre la porte. Je vais finir par me réveiller.....
A peine rentrer, je revis la nuit. La table basse est dans la cuisine, les pompiers l'avaient ôter pour coucher David à terre. Je m'assoies sur le lit, la grand mère à David, il faut que je l'appelle, elle doit être dans tout ses états, je n'en ai pas le courage. Je m'assoies sur le lit, pas de lumière, pas de bruits, pas un souffle. Il n'est plus là , je ne rêve pas....
Ca sonne à la porte, qui ça peut bien être, quel heure est-il? quel jour sommes nous? Je me lève, il fait jour, ouvre. La maman de David. Bonjour glacial, pas un geste, pas une parole.
-"Je suis venue chercher l'argent que David a gagné."
-"Je sais pas où il l'a mis. Il faut que je regarde."
-"Je repasserais. Sa grand-mère t'attend". Elle repart comme elle est venue.
Je m'effondre une nouvelle fois, elle a fini par m'achever. J'ai des flash back, des bouts de la nuit me reviennent en pleine figure, revivant à chaque fois l'instant. Et là je me souviens dans la voiture des flics qui me conduisent à l'hosto, j'entend ce flic parlait à la radio. La mère de Mr. David a été prévenu. Elle nous a dit que ça ne la concernait plus, elle s'en foutait et on s'est fait lynché parce qu'on l'a réveillé.
Je m'en souviens maintenant de tout, assis sur mon canapé je revis une nouvelle fois toute la nuit, encore et encore.............
Je cherche le fric que David a planqué derrière le miroir de la salle de bain. Je cherche aussi le reste de
came, à quoi bon décroché sans lui ça n'a plus aucune importance, plus rien n'a d'importance. Il faut que j'aille voir sa grand- mère, il n'y a qu'elle qui pourra me comprendre. Il n'y a qu'elle qui me croira quant je lui dirais que ce n'est pas une od.
Je pars le fric dans une poche, la
came dans l'autre, tiens les magasins sont ouverts, Noel est passé. Je n'ai plus la notion du temps. Petit détour par la pharmacie, chercher un box, si déjà , il n'y a que ça qui pourra me calmer. Je retourne vite fait chez moi, mettre mon cerveau en veille avant d'aller voir sa grand-mère.
Arriver devant chez elle, elle m'ouvre la porte, elle guettait ma venue. Elle me fait entrer, me serre dans ses bras. Sans un mot nous partageons notre tristesse. Sa tendresse arrive à m'apaiser pour une courte durée, trop courte. Le parrain à David fait son entrée (il vit juste à côté). On veut savoir ce qui s'est passé, je croyais qu'il était entrain de décrocher, le fric vous a brûlé les mains. Je le savais qu'un jour il finirait comme ça. Quel gâchis avec votre
came de merde.
Je m'effondre, le souffle coupé, je sais que je vais pouvoir dire ce que je veux, au fond de moi je sais très bien que leur opinion est faite. Son parrain n'invite à rejoindre la famille dans son salon. Conseil entrée l'accusé!!!!
Assieds-toi, je reste debout. Je ne veux pas m'effondrer pas devant eux, je veux en finir avec eux de toute façon, ils ne me croiront pas. J'essai le plus calmement du monde de leurs expliquer la journée. Revivant chaque instant, j'essai de ne pas flanché, de rester digne.
La cousine de David, me sert dans ses bras, je le savais.
Tu ne vas pas la croire quant même. A cause d'elle David est retombé dans sa merde comme jamais, il était cline. Tout est de sa faute.
Mon neveu est mort à cause de toi, c'est toi qui aurait du crever, pas lui, salle tox de merde casse toi de ma baraque. DEGAGE!!!
J'essai de ne pas flanché, de ne pas m'effondré sur place et prend la porte. Aussi misérable qu'à mon arrivée j'ai perdue mon peu de dignité.
La cousine de David me rejoins dehors, je l'écoute sans l'écouter. A-t-il tord?? Non, j'ai gâché la vie de l'homme que j'aime tant.
Je veux rentrer, je commence à partir quand je pense à l'argent, je dois leur rendre. Tempi, je n'ai pas envi, les affrontés une nouvelle fois. Je n'ai pas le choix, il le faut. Je retourne humblement chez la grand mère de David. Elle me fait rentrer avec sa gentillesse que rien n'égale. Elle s'excuse pour le comportement de son fils. Elle n'a pas besoin, ce n'est pas grave,(au fond il n'a pas tord). Nous discutons longtemps, très longtemps. Je savais qu'elle me croirait, elle connaissait David et notre amour mieux que qui conque. Temps que elle me croyait le reste n'avait aucune importance.
Avant de partir je lui tend l'enveloppe contenant l'argent gagné par David, elle péte les plombs en apprenant que sa fille était venu me le réclamer. Grande le, c'est ce que David aurait voulu.
Je rentre chez moi, les paroles du parrain a David résonne dans ma tête, accompagne mes flash back.
Pourquoi??? Pourquoi???? Pourquoi????
J'ai tué l'homme de ma vie. Je l'ai laissé mourir.
Je me sent si seule, il me manque tellement. Comment continuez de vivre sans lui???
Je rentre dans la maison, étrangère de ma propre vie. Il faut que j'arrête de penser, je deviens dingue, ne sais plus quoi faire, quoi penser. Des flash back encore et encore, je deviens dingue.
Je pars me chercher de quoi me vider la tête, de quoi m'empêcher de penser, mettre mon cerveau en veille.
Je monte dans le prochain train...
Mon dealer s'étonne de me voir, depuis le temps et s'interroge de ne pas voir David. Qu'est ce que ca peut lui foutre. Je prends ma
came et pars sans lui répondre. Sur le chemin, en pleine rue, je m'arrête sur un banc l'histoire de taper un peu en attendant mon retour à la maison. Je n'en ai plus rien à foutre de rien.
Arriver à la maison, je pose tout sur le canapé, cherche le box acheté plutôt. Un shoot, puis deux, puis trois... il faut que je flingue mon cerveau, m'empêcher de penser, de mourir de chagrin.... Et ces flash back qui me tue à petit feu, je voudrais tant mourir, mourir pour ne plus souffrir.
Le téléphone sonne, j'émerge lentement. Retour brutal à la réalité :
-comment va tu? on part aux pompes funèbres, je me suis dit que tu voudrais surement y participer? Et puis à 16h on peut aller voir David une dernière fois. On te cherche si tu veux?
- je serrais prête. Et je raccroche.
Revoir une dernière fois David, c'est à ce moment là que mon esprit à quitter mon corps, je revis les jours à venir comme une spectatrice. Spectatrice de ma propre vie, je deviens un automate faisant ce qu'on attend de moi.
Quelques fixe plus tard, ça sonne, elles sont là , je dois partir. Dans la voiture je les entends me parler, mais je me trouve incapable de leurs répondre. On arrive devant un beau bâtiment. J'y rentre accompagné de la grand-mère de David et sa mère. Une femme nous accueille, très gentille. Première question.
-vous voulez l'enterrer ou l'incinérer?
-Incinérer, c'était la volonté de David, je le sais on en avait déjà parler plusieurs fois. Il me disait toujours qu'il ne voulait pas servir de bouffe aux vers de terre et autre insectes.
-Non non il sera enterré, on a le caveau familial, il sera enterré près de son grand père.
-Mais ce n'est pas ce qu'il voulait
-C'est mon fils, il se fera enterrer.
Je ne réponds plus, à quoi bon m'avoir chercher? Si c'est au final pour ne pas prendre en considération ce que son fils voulait? Pour se donner bonne conscience? J'assiste à la mascarade impuissante une fois de plus.
Je veux voire David, on peut le voir, il est juste là à côté.
La salle est prête, nous pouvons y aller, je laisse mon tour attend que tout le monde y soit aller. Je veux être la dernière. La famille de David sort, je peux enfin voir l'homme de ma vie qui sait, peut être que....
La salle est très sobre, très belle, David est couché là , on dirais qu'il dort, je m'approche de lui, l'embrasse, lui parle, pose ma tête sur son épaule. L'espace d'un instant je me sent à nouveau bien, je suis près de lui, je peux le toucher, l'embrasser, j'attends qu'il se réveille....
La grand-mère de David est à côté de moi, je ne l'avais même pas entendu rentrer.
-Allez vient, laisse le partir maintenant"
-On dirait qu'il dort, il a l'air tellement apaisé, serein. En paix avec lui même.
-Allez vient
-J'arrive 5minutes, s'il vous plait, juste 5 minutes.
Une inconnue entre dans la pièce, Mme il est temps, il faut sortir maintenant. J'appris bien plus tard que je suis restée plus de 2h auprès de David, deux heures qui me parurent 5min. Trop difficile de le laisser partir. La famille de David était désemparer à l'extérieur, ne sachant pas quoi faire, ne sachant pas quoi dire pour me faire sortir.
La date de l'enterrement est fixé au 02 Janvier. Les jours qui le précédèrent me sont flous, les jours qui le suivirent me sont tout aussi étrangers quant au jour de l'enterrement, j'en ai que très peu de souvenir.
J'étais mal à l'aise, triste, anéanti. Je me répétais sans cesse que ce n'est pas ce que David aurait voulu. A tout ses sentiments se rajouta très vite la honte. La honte de n'avoir su donné le dernier hommage à l'homme que j'avais aimé, l'hommage qu'il aurait largement mérité.
Je dois reprendre le travail, comment faire? Comment faire pour ne pas craquer? Ne rien laisser paraÎtre, mettre mon esprit en veille. Je rentre dans l'IME, les enfants sont sur excité, tant qu'il y a une présence j'arrive à ne pas flancher, mais une fois seule dans cette grande cuisine, les choses sont différentes, je suis différente et ils vont très vite s'en rendre compte. Les éducateurs commencent à me questionner. Tout va bien? On dirait que tu viens de pleurer. Que ce passe-t-il? Je finis par m'effondrer, par tout leur déballer.
Quelques jours plus tard je suis convoquée chez la directrice de l'institut. Je m'y rend en sachant très bien ce qui m'attendait.
Mme nous imaginons très bien la difficulté de l'épreuve que vous traverser, la situation trouble les enfants, sans vous en rendre compte vous pleurez tout le temps. Votre contrat s'arrête ce soir. Je vous propose de prendre 2-3 semaines pour vous reposez. Revenez me voire quant vous irez mieux, votre poste sera encore là . Je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour vous. Si vous avez besoin de parler n'hésitez pas, nous sommes là pour vous.
J'aurais voulu hurler, l'insulter, la taper mais .....
Je ne répond pas, prend mes affaires, part comme je suis venue la haine en plus.
Retour dans cette maison qui me devient inconnu, j'étouffe...
Ma vie est rythmée par mes flash back, flash back de plus en plus présent, de plus en plus intense, tellement réelle. Jour après jour je revis cette maudite nuit, perdant David encore et encore. Les jours se suivent et se ressemblent. Mes seules sortie consistent à aller au cimetière, en ville chercher ma
came, détour à la pharmacie, retour à la maison. Je dérive, je me perd mais quelle importance....
Plus rien apaise ma peine, plus les jours passent plus je m'écœure. Je ne me supporte plus, devenant tout ce que David n'a jamais voulu. Après tout c'est très bien comme ça, je ne mérite pas mieux. Je n'ai pas réussi à sauver l'homme de ma vie. C'est de ma faute, tout est de ma faute. Il était cline, je lui ai fait perdre 2ans de sa vie. Sans moi, il serait toujours là . Je voudrais mourir, je meurs à petit feu, mais pas assez vite.
Nouveau flash back, d'une violence sans précédant, accompagner d'hallucination. Je vois David allongé à terre entouré des pompiers, je l'entends me répété : REGARDE CE QUE TU M'AS FAIT!!!!
JE DEVIENS DINGUE. Je déraille perd le contrôle. C'est pas possible, je vais finir par me réveiller. J'ai l'impression que ma tête va exploser. Je deviens folle.