Je n’attends plus rien de ce monde merdique et brutal. En l’espace de dix ans je suis passé d’enthousiaste à doomer. Je les vois les figures de proues, teints frais, dents blanches, bac + 5, qui nous appellent nous, le Lumpen, au soulèvement. J’en ai assez de jouer cette partie d’échec avec des personnes qui me surpassent. Il fut un temps où je me rendais aux réunions dites « libertaires » aux quatre coins du pays. Le temps s’accélère, je n’arrive plus à suivre. J’ai de l’amour pour la jeunesse présente, qui peut changer la donne. Mais en ce qui me concerne, c’est déjà foutu. J’en ai vu des toubibs hausser les épaules en leur expliquant mes « troubles ». D’un côté c’est rassurant, d’un autre je me vois comme un blessé de guerre dont il est impossible d’avoir de l’empathie, je ne suis pas le seul sur la liste. Je me mets à la place des soignants, et ce con de Camus
( Sisyphe heureux ?? et puis quoi encore ??), impossible d’éprouver la moindre empathie pour telle ou telle « victime » de ce système. Je serais comme eux/elles. Qu’ils le veuillent ou pas, je ne suis qu’un numéro. J’écrivais récemment : « c’est soit la souffrance, soit le néant. » Mais la vie toute entière est déjà un néant. Jamais je n’ai eu de retournement agressif contre moi, jamais je ne céderais à l’envie d’en finir. Quitte à finir grabataire, j’irais jusqu’au bout du bout, jusqu’à ce que dieu me rappelle à lui. N’oublions jamais que Dieu à la même racine que « diurne », que « diem », soit le jour, la lumière. Je ne suis pas Nietzschéen (je n’ai lu de lui que des biographies, puisque avant tout sa philo est basé sur « le corps » et la « grande santé »), j’ai passé des heures à Nantes à flirter avec des livres en bibliothèques, ce qui m’amène à retranscrire ceci, mon livre de chevet que je ne cesse de lire et de relire :
Un ami difficile« Dans ses rapports personnels, dans ses amitiés avec les hommes et les femmes, Nietzsche fut toujours en premier lieu un naïf, et en second lieu un dominateur maladroit. Ce fut le cas avec Rohde, avec Wagner, avec Lou von Salomé. Tout d'abord il misait sa vie entière sur cette amitié, il se vidait de lui-même face à l'autre, il offrait ses pensées et ses actes en holocauste. Mais tout de suite après, il prétendait que l'autre lui donnât tout en échange. Il est difficile que des rapports entre des êtres humains soient prospères sur de telles bases. D'ailleurs toutes les amitiés de Nietzsche furent des échecs; il en retira les souffrances les plus aiguës, au cours d'une existence déjà peu plaisante quant au reste. Son élan, le moment de l'effusion, étaient reçus avec plaisir par les amis, mais ce qui suivait, les caprices, les bouderies, les éclats de colère, les lettres féroces, laissaient d'abord tout le monde stupéfait, puis irrité, et pour finir, fuyant. Les blessures de Nietzsche ne venaient pas d'un manque de réciprocité, mais d'une déception brûlante, liée à la certitude que les autres ne ressentaient pas ce que lui prétendait et croyait qu'ils ressentaient. Il fut toujours conscient du vide autour de lui, après des saisons, longues ou brèves, d'exaltation; alors l'exaltation lui sembla futile et à la fin il s'enferma dans sa solitude. Ainsi Nietzsche donne-t-il l'impression d'avoir eu tort vis-à-vis de ses amis, comme cela se passe lorsque quelqu'un se livre, se donne sans retenue, et puis se fâche contre lui-même de l'avoir fait. » ( Après Nietzsche, Giorgio Colli) Arrivé à 40 piges, je suis peut-être le plus politisé de ce site. Cela fait maintenant cinq ans que je slalome entre addictions et activisme. Je ne consomme plus de drogues, mais cette plateforme qu’est P.A est incorporé en moi, c’est le seul endroit où je me sens libre de me lâcher complétement. Je parle du quotidien, je n’ai ni diplômes, ni vie de famille, ni ambitions. J’en appelle à la gen Z, ne vous laissez pas malmener par : « quand j’aurais besoin de vos avis, je vous les donnerais ». J’ai écris un book durant 3 ans qui ne trouvera aucun écho, et je m’en fiche pas mal, à moins qu’un fantasme post-apo me fasse découvrir des
poussières. Dans « guérir » il y a guerre. Et je le dis sans fard : dans les années à venir je devrais apprendre à vivre sans benzos ni
tercian. Et ça fout les jetons. La pression est si puissante, si forte, que je n’en dors pas la nuit. Je n’ai aucune vocation à jouer les Cassandre, mais notre pays s’enfonce de jour en jour dans le libéralisme autoritaire. À partir de là, il nous faudra au moins nous serrer les coudes. J’ai déjà choisi mon camp, je protégerais autant que faire ce peu les musulmans, les LGBT et tout ce qui ne rentre pas dans le cadre de ce vieux monde qui crève et dont la réaction est terrible et bruyante. Je suis l’un de ces « soulèvement de la Terre », et reste un cerveau non dispo. Mon cœur a été balafré mille fois, pourtant je continue et persiste : fraternité > égalité > liberté (nouvel ordre). Je reste debout, et près à affronter le feu. Une révolution est encore possible même si je ne crois plus au grand soir. Des archipels de résistance, toutes aussi différentes les unes des autres, finiront par se connecter. Que vive l’utopie. Et que les tyrans soient confondus et déposés. Je n’oublierais jamais que les meilleurs moments de ma vie étaient fait d’entrelacements avec mon amie sous
héroïne. Mais ce temps ne m’appartient plus. Jeunesse qui me lit : soulève toi, et bats toi contre la privation de nos droits inalliables arrachés durant plus de cent ans de luttes. Le monde entier à les yeux rivé sur notre pays. Battez-vous. Battons-nous. Nous sommes le futur de tous les possibles.
Love. Nils.