Catégorie : En passant - 06 octobre 2019 à 21:38
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Anonyme Acculée a écrit
... nous donner plus de force pour le prochain combat, jusqu'à la victoire finale.
"combat", "victoire finale"...
méthaphores guerrières qui ne font que mimer nos petits combats interieurs ?
pourquoi rentrer en guerre contre les psychotropes, qui sont avant tout des produits INERTES ?
dans une guerre, l'ennemi attaque...je n'ai jamais vu mon bout de shit (oui, moi, c'est le shit/weed/cannabis mon addiction) se jeter sur moi pour être consummé...par contre, quand j'attaque MOI, j'ai bien du mal à m'arrêter...
et si, à force de combattre cet ennemi imaginaire...on finissait de guerre lasse par s'avouer vaincu ?
alors qu'il suffirait (peut-être ?) d'enterrer la hache (hash ?) de guerre, de se réconcilier avec ce produit qui nous amené aussi des choses, des "bénéfices" comme disent les addictologues...pour mieux le quitter sans souffrir, en le remerciant, ce produit pourtant inerte et insensible, pour ce qu'il a pu nous offrir et dont nous n'avons (peut-être ?) désormais plus besoin pour avancer ?
je ne traiterai jamais le cannabis de "sale con"...d'une part parce qu'il risque de ne pas s'en souvenir (ça fait ça, le canna, des soucis de mémoire)
et en plus, parce qu'il s'en fout, le canna, de mes insultes
il s'arrange juste pour être là parce que j'en ai besoin...peut-être ?
Anonyme Acculée a écrit
Merci pour ce beau texte.
Je ne peux pas parler de l'addiction à l'alcool, qui semble assez/très forte, car j'ai la chance de ne pas la connaître. Mais en ce qui concerne ma récente addiction aux stimulants de synthèse, je me fais la réflexion suivante (est-elle valable au sujet de l'alcool, je ne sais pas, il est possible que je me trompe)
Je pense que ta réflexion est tout à fait valable pour l'alcool.
Et finalement le pire dans ce qu'on appelle "rechute" ou "écart" ou autrement selon le degré de culpabilisation qu'on veut mettre dessus, le pire c'est justement le sentiment de culpabilité qu'on y attache. Pourquoi d'ailleurs ne pas considérer ces moments de "faiblesse" comme des éléments nécessaires au processus d'arrêt ou de diminution de la consommation ? Pourquoi ne pas se dire que ces moments font partie d'une forme d'apprentissage, qu'ils nous aident à mieux connaitre notre fonctionnement comme dit Lena mais aussi qu'ils servent à dédramatiser d'autres "rechutes" (vraiment ce terme n'est pas adapté, trop moralisateur, mais je manque d'inspiration) en les rendant moins exceptionnelles : si tu fais tout parfaitement, le jour où tu déconnes c'est encore plus dur à vivre que si tu sais que ça peut arriver, que ça fait partie du chemin.
Dans mon processus de diminution de ma conso d'alcool, la seule chose qui découle des séances de culpabilisation post-"écart", c'est un nouvel écart. J'ai remarqué qu'ils venaient souvent en couple, et je suis assez convaincue que c'est la culpabilité ou l'énervement contre moi-même lié au premier qui crée une forme de tension interne ou d'angoisse qui me pousse à surconsommer à nouveau (tout ça de manière presque inconsciente).
psychodi a écrit
alors qu'il suffirait (peut-être ?) d'enterrer la hache (hash ?) de guerre, de se réconcilier avec ce produit qui nous amené aussi des choses, des "bénéfices" comme disent les addictologues...
Oui, pourquoi ne pas essayer de se rappeler pourquoi on consomme un produit, ce qu'il nous apporte de bon, pour aborder tout ça plus sereinement, et pour identifier l'état ou les sensations qu'on recherche en lui pour mieux savoir les trouver ailleurs...
psychodi a écrit
pourquoi rentrer en guerre contre les psychotropes, qui sont avant tout des produits INERTES ?
Mode chipotage ON, les psychotropes sont peut-être inertes physiquement, mais chimiquement ils sont hyper actifs!, Mode THDA Off.
C'est dans notre nature humaine d'avoir recours aux allégories pour nous exprimer, et de dramatiser un peu. C'est parfois un moyen de sublimer la déception ou la douleur au travers de la recherche d'une certaine forme de beauté d'expression.
Totalement d'accord avec toi quand tu écris cela:
psychodi a écrit
alors qu'il suffirait (peut-être ?) d'enterrer la hache (hash ?) de guerre, de se réconcilier avec ce produit qui nous amené aussi des choses, des "bénéfices" comme disent les addictologues...pour mieux le quitter sans souffrir, en le remerciant, ce produit pourtant inerte et insensible, pour ce qu'il a pu nous offrir et dont nous n'avons (peut-être ?) désormais plus besoin pour avancer ?
Un rapport apaisé et dépassionné à la substance (qui pourra conduire à un éventuel détachement) passe par une prise de conscience claire des bénéfices de sa consommation, pas seulement de ses effets indésirables.
psychodi a écrit
il s'arrange juste pour être là parce que j'en ai besoin...peut-être ?
Inerte mais vivant, limite empathique le cannabis?
Allez, allez, j'arrête de te titiller, tu pourrais lacaniser en réaction.
Isoretemple a écrit
Et finalement le pire dans ce qu'on appelle "rechute" ou "écart" ou autrement selon le degré de culpabilisation qu'on veut mettre dessus, le pire c'est justement le sentiment de culpabilité qu'on y attache.
Pierre dit "consommation", comme dans consommer de nouveau. C'est effectivement neutre.
Pour me réconcilier avec Psychodi - qui te dirait Akcknopol, que ce n'est pas par hasard - je voudrais souligner que dans Au revoir, il y a revoir.
That is the question
Hilde a écrit
psychodi a écrit
il s'arrange juste pour être là parce que j'en ai besoin...peut-être ?
Inerte mais vivant, limite empathique le cannabis?
Allez, allez, j'arrête de te titiller, tu pourrais lacaniser en réaction.
je ne fais pas partie des lacanoïdes donc ça devrait aller
"il" ne s'arrange pas, c'est vrai...c'est MOI qui m'arrange pour en avoir sans cesse...et je trouve le cannabis assez sympathique...mais "empathique", là non...que ça me mette dans l'pâté, ok...mais "empathique" là non...
dans "adieu", il y a aussi "dieu" et je suis pas trop trop croyant donc bon...peut-être est-ce pour ça que je ne dis qu'au revoir ? et donc que j'y reviens ?
ha bah merci, Hilde, comme si je gambergais déjà pas assez comme ça !!
la "guérison" ne consiste pas forcément à tout arrêter d'un coup, définitivement, et les "rechutes" ne sont pas à interpréter comme des échecs.
Le problème n'est pas la rechute en elle même mais la manière de la gérer, croire que l'on peux avoir une consommation raisonnable et ne pas tomber dans l’excès sauf que ce n'est pas le cas tout ce reproduit suivant le même schémas on ce fixe des limites et un jour ou l'autre on les dépasse un peu puis une autre fois et ça entraîne un effet boule de neige jusqu'à en arriver la où on c'était arrêté voir plus loin. Au fur et a mesure que ça arrive je me pose la question de savoir si c'est possible d'avoir une conso modéré ou si ce n'est pas mieux d'arrêter pour de bon.
alors qu'il suffirait (peut-être ?) d'enterrer la hache (hash ?) de guerre, de se réconcilier avec ce produit qui nous amené aussi des choses, des "bénéfices" comme disent les addictologues...pour mieux le quitter sans souffrir, en le remerciant, ce produit pourtant inerte et insensible, pour ce qu'il a pu nous offrir et dont nous n'avons (peut-être ?) désormais plus besoin pour avancer ?
Je ne diabolise pas l'alcool quand j'en consomme je sais pourquoi j'en bois mais sur le long terme ça devient plus un fardeau qu'un bénéfice. Enterrer la hache de guerre quand on prend conscience de ce que l'on devient à cause de ce produit reviendrait à baisser les bras et tout simplement toucher le fond, ce n'est pas possible.
Pourquoi d'ailleurs ne pas considérer ces moments de "faiblesse" comme des éléments nécessaires au processus d'arrêt ou de diminution de la consommation ?
Je suis d'accord sur ce point je ne vois pas comment arrêter un produit dont on est addict sans avoir essayé plusieurs fois avant, surement quelques personnes réussissent mais étant donné mon caractère addictif je ne vois pas d'autres solutions mis a part les médicament mais ça reviendrait à compenser un produit par un autre.
J'ai remarqué qu'ils venaient souvent en couple, et je suis assez convaincue que c'est la culpabilité ou l'énervement contre moi-même lié au premier qui crée une forme de tension interne ou d'angoisse qui me pousse à surconsommer à nouveau (tout ça de manière presque inconsciente).
Oui jusqu'à arriver au moment de l'abandon, penser a boire des le réveil sape le moral et je me lâche dans une frénésie sur plusieurs jour.. Voila où est l’excès.
C'est dans notre nature humaine d'avoir recours aux allégories pour nous exprimer, et de dramatiser un peu. C'est parfois un moyen de sublimer la déception ou la douleur au travers de la recherche d'une certaine forme de beauté d'expression.
C'est un peu ça, j'ai pensé que l'écrire comme dans une lettre d'adieu aiderait peut être de manière inconsciente au lieu de ce le dire ou de le penser.
Anonyme813 a écrit
Au fur et a mesure que ça arrive je me pose la question de savoir si c'est possible d'avoir une conso modéré ou si ce n'est pas mieux d'arrêter pour de bon.
Pour certains la consommation modérée peut-être un objectif immédiat - en général parce que leur dépendance est nulle -, pour d'autre un objectif à plus long terme, et pour d'autres encore elle n'est pas envisageable.
Les effets non-seulement aigus mais durables de l'alcool sur le système nerveux central, en affaiblissant la capacité à contrôler ses propres comportements, y compris ceux associés à la consommation d'alcool, rendent extrêmement difficile un accès immédiat à la modération.
En plus de l'instauration de nouvelles règles - concrètement, d'interdiction de conso en certaines circonstances -, je suis d'abord passée par une période d'abstinence totale puis une période de contrôle des occasions sociales de consommation d'alcool, avant de (re)trouver une bonne capacité de modération.
Par modération j'entends à la fois, modération du nombre d'occasions, et modération des quantités par occasion.
C'est vraiment un travail de long terme, on ne passe pas en quelques mois d'une conso très problématique à une conso totalement maîtrisée, aussi quand on s'engage dans un changement il faut vraiment embarquer pour le long terme.
Si on en plus on est physiquement dépendant, comme de toute façon compte-tenu des risques associés au sevrage il ne faut pas partir sur un coup de tête, ça se réfléchit et se prépare à l'avance.
akcknopol, si tu veux vraiment reprendre le contrôle total, c'est bien un au-revoir qu'il faut lancer, mais avec l'idée que tu vas parcourir une sorte de tour du monde et devenir un homme nouveau avant de la retrouver, pas avant.
Et puis il ne faut pas se leurrer, c'est quand on a oublié, qu'on n'est plus amoureux mais devenu peu sensible aux charmes de la boisson, qu'on est parfaitement apte à se modérer... pas quand elle nous fait encore craquer.
Mode chipotage ON, les psychotropes sont peut-être inertes physiquement, mais chimiquement ils sont hyper actifs!, Mode THDA Off.
Tu m'as tué.
Votre discussion me fait me remémorer la période où je prenais beaucoup de stims. À chaque arrivée de RC dans ma boîte aux lettres, je me jurais des tas et des tas de choses : pas consommer tout de suite, me limiter à XXXmg par session, pas plus d'une session par semaine etc etc et à chaque fois, ça finissait pareil : un bon gros binge des familles qui démarre sitôt la lettre ouverte, en trois jours y avait plus rien et je me retrouvais comme un con, triste, la paille encore fourrée dans mon nez ensanglanté, à penser "méchant Gollum, méchant ! t'as sniffé tout le précieux !!!"...
Je sais pas trop si au cours de cette période j'ai réussi à tirer un enseignement sur mon mode de consommation, autre que "quand y en a, j'en prends". J'ai juste noté que la modération, ben c'était pas mon truc. Finalement, c'est en partie ce dégoût de mon mode de raisonnement qui a fait que j'ai arrêté, je me suis juste dit "allez, j'en achète plus" et c'est ça qui m'a fait tenir. Ça et mon passage aux opiacés. Finalement, je crois que tomber accro à la codéine, si c'est pas la chose la plus intelligente que j'ai faite de ma vie, m'a permis de retrouver un rapport apaisé avec toutes les autres drogues.
psychodi a écrit
Pourquoi rentrer en guerre contre les psychotropes...
Nous sommes bien d'accord, quand je parle de combat, il s'agit du combat intérieur que je livre contre moi-même, dans les tréfonds de mon inconscient, un tri dans une poubelle qui contient des saloperies dont je ne comprends pas toujours l'origine... Pour continuer dans la métaphore. La drogue, elle, n'y est pour rien, même si on aime la personnifier, en particulier quand elle prend la forme d'une merveilleuse amie qui vous emmène en voyage !