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Un naufragé de la codéine de plus 



Bonjour aux lecteurs de ce billet.

Je fait partie de la vague des nouveaux inscrits arrivés lors du passage sous ordonnance de la codéine. Je connaissais auparavant le forum, que je lisais de temps en temps.

Pourquoi débuter un blog plutôt qu'écrire un post sur le forum ? Hé bien, parce qu'il n'y a pas vraiment de question dans ce que je vais écrire ici... et car c'est sans doute un pavé un peu trop long pour avoir sa place dans la section "Présentations" du forum :)

Je fume quotidiennement de l'herbe depuis mon adolescence, j'ai pris pas mal de champignons aux alentours de la vingtaine (c'était cool !) et j'ai essayé la cocaïne et la MDMA en soirées quelques fois depuis que je suis entré dans la trentaine.

En ce qui concerne les opiacés je prennais de la codéine, d'abord occasionnellement puis très vite régulièrement, depuis deux ou trois ans en espaçant les prises pour éviter la dépendance physique. Psychologiquement, l'accroche était bien là : dès le lendemain de mon petit voyage au Tussipax je pensais au prochain, qu'il faudrait attendre encore une semaine...

Je consomme le cannabis et les opiacés en partie pour le plaisir et en partie pour traiter comme je le peux une bonne vieille dépression des familles qui me suit depuis... toujours ? Les deux aspects sont de toute façon très intimement liés, le plaisir étant un très bon moyen de reprendre goût aux choses :)

J'ai pris durant un temps des anti-dépresseurs et des anxiolitiques, officiellement prescrits, mais je n'ai pas supporté ces traitements du tout. Les effets secondaires étaient beaucoup trop désagréables et, pour moi, le cannabis faisait un bien meilleur travail qui m'a suffit pendant longtemps (puis, suite à quelques moments très difficiles, la codéine s'y est ajoutée).

Lorsque la codéine a été mise sous ordonnance, j'ai tout d'abord tenté de me passer de mes prises : celles ci étaient "occasionnelles", je n'avais pas d'accroche physique et peut être que c'était le moment de calmer les choses et de me contenter de ma bonne vieille marie-jeanne.

Sauf que ça n'a pas marché : deux jours après la mise sous ordonnance, je parcourais le dark net pour la première fois de ma vie afin de trouver de la codéine, de refaire mes stocks et de reprendre ensuite ma consommation telle qu'elle était.

Pour ce premier contact avec la cyber-criminalité, j'ai réussi à me faire scammer d'une centaine d'euros par un vendeur anglais. Grace a la montée des cours du bitcoin, il me restait encore un peu de petite monnaie mais plus grand chose.
En parcourant la catégorie "opiacés" et en cherchant de la codéine, de la dihydrocodéine ou même du tramadol, je réussis a trouver un sample d'héroïne (0.1g). J'hésite un peu mais je le commande. Après tout, pourquoi pas ? J'étais tenté par le produit depuis des années et 0.1g ne vont pas m'engager à grand chose.

Le paquet est bien reçu cette fois ci. Je le récupère en revenant du travail et j'attends le vendredi soir pour l'essayer. Je tique un peu sur l'aspect, la poudre ayant tendance a accrocher un peu le pochon, comme avec de l'électricité statique. Je n'y connais rien en héroïne mais j'ai lu ici que c'était possiblement un signe de coupe au fentanyl.

Bon, j'essaye tout de même le truc avec une toute petite pointe en sniff et l'effet opiacé est là : petites pupilles et légère euphorie mais pour une durée assez courte (plus courte que la codéine).
Cette fois ci, je suis certain d'avoir récupéré un sample d'héroïne coupée au fentanyl. Après quelques autres hésitations, je décide de chercher un vendeur proposant un produit de qualité afin de ressentir pleinement les effets que le sample m'avait présenté.

J'en trouve un, je commande cette fois-ci 1.5g et tout est bien reçu dans ma boite aux lettres. Vu le temps que ce sachet aura duré, je soupçonne le vendeur d'avoir mis un peu plus que ce que j'avais commandé mais je n'ai pas de balance pour peser ce que j'ai reçu.
Cette fois ci, le produit se présente comme un bloc marron, avec un peu de poudre au fond du sachet.

Contrairement au précédent, je n'attends plus le week-end pour essayer. Et c'est beaucoup plus agréable que ce que j'avais recu auparavant ! L'euphorie est nettement plus prononcée, elle dure beaucoup plus longtemps et je ressens des effets très agréables avant même d'avoir les pupilles rétrécies.
J'ai reçu le produit un jeudi et j'en ai repris tous les jours (un trait ou deux) jusqu'au dimanche, où je me suis contenté de quelques cachets de Tussipax.

Tout cela se passait il y a à peu près un mois et je me rends compte à ce moment là que je commence à suivre une pente dangereuse - ce qui ne m'empêche pas de continuer de prendre au moins une trace tous les soirs après le boulot et une dès que j'en ai envie le week-end !

A partir d'un moment, les journées au boulot deviennent difficiles : sans parler de symptomes de manque physique, je n'ai simplement pas la forme, ni la tête à ce que je fais et... j'ai une super chiasse ! Je commence à prendre quelques cachets de codéine le matin pour éviter cela. Il m'en reste un peu car depuis que j'ai gouté à l'héroïne, la codéine ne me tentait plus vraiment.

Je continue à parcourir les forums du dark net et à regarder les produits et les commentaires des différents vendeurs le soir en revenant du travail. Je finis par en trouver un qui vends qui semble sérieux et vends de l'héroïne blanche, produit que je n'ai  encore jamais gouté. Je décide d'en commander un demi gramme par curiosité.

Le paquet est bien reçu, un lundi, et je teste le produit le soir même. Whoa... Les effets sont nettements meilleurs que ceux de la brown que je prennais jusque là ! Et la qualité semble au rendez-vous une fois encore : même si l'euphorie baisse en intensité avec le temps, ce qui donne envie d'en redrop après quelques heures, les effets sont présents pour un long moment.

A ce moment là, il me semble assez clair que j'ai perdu pied et que mes règles de consommation de l'époque de la codéine sont un passé lointain auquel j'aurais énormement de mal à revenir. Je décide de me rendre à un CSAPA un soir en revenant du travail.

J'y suis très bien reçu, d'abord par l'assistante sociale, puis par l'addictologue quelques jours plus tard.

J'expose donc deux fois mon histoire et il apparait (logiquement) que je peux me diriger soit vers un arrêt, soit vers une substitution. Très franchement, l'arrêt... Je ne le sens pas vraiment durer dans le temps (et le temps qu'il durera, je le sens déjà très pénible à vivre). Il reste donc la substitution et, au sein de la substitution, le choix de la molécule.

Le principal problème que j'ai vis à vis de cette solution est que je n'en suis qu'au début d'un usage quotidien et que je me sens un petit peu comme un "escroc" ou un "faible" en venant à choisir le TSO plutôt que le sevrage. Parce que, oui, je pourrais sans doute arrêter plus facilement que ceux qui ont consommé durant des années plutôt que de me reposer sur une molécule de substitution.

D'un autre coté, les opiacés - que ce soit la codéine à l'époue ou l'héroïne aujourd'hui - me font un bien fou malgré leurs défauts et je sens qu'une tentative de sevrage conduira surtout à un yoyo entre les périodes d'arrêt et de rechutes... jusqu'à finalement arriver à un TSO. Alors pourquoi m'infliger cela et ne pas directement essayer de stabiliser ma consommation ?

En parallèle, j'ai pris contact avec un psy afin de débuter un travail de fond (non médicamenteux) sur mes problèmes. Je me sens beaucoup plus capable de faire cela aujourd'hui que je ne l'ai jamais été : les opiacés me procurent une certaine forme de tranquilité et d'assurance qui me permettent plus facilement de m'exprimer. Ce qui m'a aussi permis d'écrire ce billet de présentation :)

Je n'ai pas de consommateurs d'opiacés dans mon cercle d'amis, même si j'ai pu en parler après de longues hésitations à ceux qui me semblaient susceptibles de m'écouter sans me juger (et qui finalement m'ont bien aidé). Je n'en ai pas parlé à ma famille qui ne comprendrait pas et paniquerait totalement.

Voilà donc où j'en suis aujourd'hui. Je contacterais le centre la semaine prochaine pour débuter mon traitement, qui sera du Suboxone 2mg. J'angoisse un petit peu à l'idée de ce changement.

Je me demande surtout si ça va marcher et si je vais retrouver dans le TSO ce que je cherche dans ma consommation, au delà du simple fait de compenser un manque physique (ce dont je ne pense pas avoir besoin, ma consommation quotidienne datant d'un peu moins d'un mois).

Merci à ceux qui ont lu jusqu'au bout d'avoir supporté ma prose et mon histoire :)

Catégorie : Présentation - 24 septembre 2017 à  00:04

#héroïne #codéine



Commentaires
#1 Posté par : PsyAgentDouble 24 septembre 2017 à  00:28
Salut Perceval.

j'ai rien de bien plus pertinent à dire que : bienvenue

j'espère que le suboxone t’apportera ce dont tu as besoin

 
#2 Posté par : oliv 24 septembre 2017 à  09:13
Perceval, oui passer de la codeine à l'hero récréatif puis aux TSO c vraiment dommage , par ailleurs bravo tu es passé à coté des traitements antidépresseurs benzo mais tu smokes ce qui est mieux mais non négligeable , excuse moi d être un peu cash mais passer à la substitution, c la course à  l’échalote pour les ordonnances et ce sont des médicaments plus puissants que l’héroïne de rue, je connais des mecs qui passeront leur vie sous sub en iv. Le seul avantage la gratuité. Cela en tous cas peut te permettre de franchir une étape mais sur le long terme c qd même chaud.

 
#3 Posté par : perceval 24 septembre 2017 à  14:16
Merci pour le message de bienvenue :)

@oliv : j'ai bien conscience qu'avec ce choix, je suis certain de développer une addiction physique qui rendra le sevrage plus compliqué à terme.
Mais malgré tout, je pense que c'est le meilleur choix pour avancer et régler mes problèmes dans un premier temps, puis me sevrer (quitte à ce que ce soit long) dans un second temps. Les autres approches, je les sens trop périlleuses pour moi...
Et malgré tout, j'ai quand même pas mal de choses à préserver (le boulot, la famille, les amis...), donc je cherche une solution qui, en plus de me permettre d'avancer, risque le moins possible de mettre à mal tout ça. Rien que sur les aspect légaux, le TSO de ce coté là est nettement mieux que de continuer ma conso (puisque le sevrage, pour le moment, je ne veux/peux pas).

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