La Vérif : 28 jours sans
alcool, bon pour la santé?
La Vérif avec Vincent Maisonneuve
Radio-Canada
Dès aujourd'hui, des milliers de personnes vont relever le défi 28 jours sans
alcool lancé par la Fondation Jean Lapointe. Concrètement, quels sont les effets de quatre semaines de sobriété sur la santé?
Un texte de Vincent Maisonneuve et Nathalie Lemieux
La réponse dépend évidemment de vos habitudes de consommation. Toutefois, le professeur Kevin Moore de la University College de Londres a mené, en 2015, une expérience plutôt éclairante. Le spécialiste des maladies du foie a recruté 102 bons buveurs : des hommes et des femmes dans la quarantaine qui consomment quatre à cinq verres par jour.
Après quatre semaines de sobriété, le professeur Moore a noté chez ses cobayes :
une réduction de 15 % à 20 % de la graisse hépatique. Une surcharge en graisse peut mener à une cirrhose du foie.
une réduction de 28 % de la résistance à l’insuline. En un mois, le pancréas des cobayes gérait déjà plus facilement le taux de sucre, ce qui réduit les risques de diabète.
une amélioration de la pression sanguine
un meilleur taux de cholestérol
une meilleure qualité du sommeil
une perte de poids
À la lumière des résultats, le professeur Moore a dit que s’il pouvait inventer un médicament qui aurait le même genre d’effet, il serait milliardaire.
Mais qu’arrive-t-il si on recommence à boire après un mois de sobriété?
Marie-Ève Morin, médecin de famille oeuvrant en dépendance et en santé mentale à la clinique Caméléon, croit que de « respecter des périodes d’abstinence comme ça n’annule jamais les bienfaits parce qu’on recommence ».
Par contre, « si on arrête de consommer et qu’on avait une consommation régulière et modérée, au bout d’un mois, on a moins de tolérance et l’alcool peut "frapper plus fort", comme on dit. Il faut faire attention et recommencer doucement. »
Des cocktails préparés dans un bar Photo : iStock / Tsuguliev
Soulignons que certaines études démontrent que les participants à ce genre de défi ont tendance à consommer avec plus de modération dans les semaines et les mois suivants la période de sobriété.
Mise en garde aux personnes dépendantes à l’alcool : en général, « il n’y a pas de danger à arrêter de boire d’un coup sec. »
Dre Morin souligne toutefois que les personnes qui ont une forte dépendance à l’alcool doivent être prudentes et ne pas arrêter subitement sans l’encadrement d’un médecin.
L’alcool est une substance assez puissante qui peut provoquer une dépendance physique, psychique et neurologique. Quand on est dépendant à l’alcool, il ne faut pas arrêter tout seul. Il faut faire ça avec un médecin et parfois même à l’hôpital. Mais pour tous ceux qui boivent de façon récréative, ça va être rapidement bénéfique d’arrêter de consommer de l’alcool.
Marie-Ève Morin, médecin de famille
1 Canadien sur 5 admet boire de façon abusive.
Selon le dernier sondage d’Éduc’Alcool, la consommation moyenne des Québécois a baissé à moins de 3 verres par semaine, alors que l’on était à 3,3 verres il y a cinq ans. Reste que 19 % des Canadiens et 22 % des Québécois admettent consommer de l’alcool de façon excessive.
Consommation excessive d’alcool*
19 % des Canadiens en moyenne
24 % des hommes
14 % des femmes
Consommation excessive d’alcool*
22 % des Québécois
1 homme sur 4
1 femme sur 5
Lituanie
18,2 litres
Bélarus
16,4 litres
Moldavie
15,9 litres
Canada
10 litres
États-Unis
9,3 litres
Argentine
9,1 litres
*Au moins une fois par mois depuis un an
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) dresse un classement de la consommation d’alcool dans le monde. Selon l’OMS, les Canadiens boivent en moyenne l’équivalent de 10 litres d’alcool pur par année, ce qui classe le Canada au premier rang en Amérique et à la 37e position dans le monde.
Dans un récent rapport, l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) souligne que les problèmes d’alcool sont à l’origine d’un plus grand nombre d’hospitalisations que les crises cardiaques.
L’ICIS rappelle qu’au Canada « les coûts économiques des méfaits de l’alcool ont dépassé les 14 milliards de dollars en 2002. De ce montant, environ 3,3 milliards de dollars correspondaient aux coûts directs en soins de santé. »