Hello ici,
Avoir une ordonnance de
skenan n'est pas forcément facile.
Dans le cadre d'un
TSO, c'est
mission impossible. J'ai essayé un paquet de fois "par la voie normale" pendant des années auprès de mes différents prescripteurs de
TSO et je n'ai fait que me ramasser des refus. Comme tu le sais, le sken n'est pas indiqué comme
TSO - la seule façon d'obtenir une dérogation serait de montrer des arguments solides d'intolérance (preuve à l'appui) sur les deux traitements autorisés (sub et
meth) auprès du médecin conseil cpam (lui seul pouvant autoriser le switch) sachant que "l'échec en soi" n'est pas un argument pour abandonner le sub ou la
meth mais au contraire pour en augmenter la posologie... une rechute dans l'
hero n'est donc pas un argument. Dire que la métha "fatigue" ou "constipe" ne passe pas non plus, évidemment...
Il faut que cela soit du solide, une réaction allergique à un excipient, un problème de métabolisation etc... je connais une personne que la
méthadone faisait parfois (mais pas tout le temps) gonfler par crise et qui vomissait systématiquement la
buprénorphine. Et il a fallu quand meme une hospi d'urgence sur une de ses crises pour officialiser l'intolérance
methadone. Suite à cet évènement, il a pu avoir du
skenan LP officiellement...
Par contre la
morphine est indiquée pour tout un tas de douleurs et c'est généralement le seul moyen d'en avoir que de prétexter comme ça. Il y a pas mal de douleurs qui peuvent nécessiter un recours de
morphine orale, que ce soit les calculs rénaux à l'hernie discale en passant par différents types de douleurs neurologiques. Le tout est de trouver le truc qui sera le plus en phase avec son profil... il faut donc etre un bon acteur, et aussi expliquer que la douleur met en danger l'assiduité au travail - ce genre d'argument qui va faire pencher la balance du côté de l'ordonnance sécurisée remplie en bonne et due forme.
Le plus galère, c'est avoir une première ordonnance. Il faut généralement trouver un médecin sympa, ce qui veut souvent dire se taper la tournée des grands ducs et se faire jeter X fois. Pour ma part, rien qu'à attendre la voix du médecin, j'arrive à savoir si il sera réfractaire ou non... généralement, les hommes 40-50 ans bien
speed, ceux là te jettent par la fenêtre, ou au pire, te balancent une ordonnande d'acupan, quand c'est pas du Perfalgan... Les nanas sont plus cools quand elles sont douces et compréhensives, bien qu'il faut pouvoir les convaincre que la douleur est vraiment intense. Les jeunes, No Way, ils flippent trop de faire une erreur. Au bilan, c'est les vieux
docs qui continuent après la retraite qui sont souvent les plus peaces.
Donc c'est la premiere ordonnance qui va etre duraille. L'obtention du dosage aussi est pas évident... souvent quand le médecin accepte, il pose un gentil et inutile 40mg/jour.... La aussi il faut batailler, sachant qu'en cadre
TSO, il faut minmum 3-400 mg/jour.
Mais se faire
represcrire du sken n'est pas difficile en se pointant chez un médecin avec des ordonnances récentes et en prétextant un déménagement (ou autre...)
Ceci dit, ils sont rares et le deviennent de plus en plus mais il existe des médecins qui assument de prescrire des traitements alternatifs hors AMM à des usagers de drogue, j'ai une amie qui est suivie par du durogésic depuis des années... Les récents scandales et émissions de TV dénonçant le détournement de
skenan à travers la France a certainement enfoncé le clou : ce genre de médecins étaient déjà bien rares en temps normal... ils sont maintenant des perles.
Pour le
skenan, j'ai réussi à en avoir un bout de temps. Le seul moyen a été de trouver un prescripteur peu regardant (ça existe encore un peu...) et pour en trouver un, j'ai du me rencarder dans le réseau TOX et on m'a filé une adresse. Le mec m'a posé une question et m'a prescrit en deux secondes mes 500mg/jour. Ensuite une fois que tu as une ordonnance, c'est tout de suite beaucoup plus facile de te présenter chez d'autres confrères. Represcrire engage moins un prescripteur : en cas de pépin celui ci peut se défendre d'avoir initialisé ce traitement.
En tout cas, une chose est certaine, les médecins détestent prescrire de la
morphine aux toxicomanes, ils craignent tout un tas de choses, à commencer par le mésuage ou la suspicion de fraudes et d'etre accuser d'etre des dealers en blouse blanche...
Par contre, malgré tout, le
skenan est prescrit à tour de bras... pas plus tard qu'hier, passant à la pharmacie pour ma
steribox, j'ai vu une petite mamie se faire servir 4 grosses belles boite d'actisk, ça m'a fait doucement marrer...
En gros pour résumer, en tant que tox c'est la merde pour en avoir, mais comme "patient souffrant" c'est relativement possible...
C'est encore une des belles inepties du système qui pousse les usagers à devoir recourrir à des stratégies toujours plus ou moins suspectes pour réussir à trouver un équilibre dans la dépendance, qui est somme toute, souvent vécue sous l'effigie de la souffrance tant qu'une molécule de qualité ne stabilise pas la cervelle...
en gros, courage :)
Ps : attention à ne pas se voiler la face sur l'efficacité des sulfates. Si souvent ça donne l'impression au départ d'etre plus efficace qu'un substitut, c'est souvent aussi à cause de l'action rapide de la
morphine mais au contraire d'un substitut, cette période s'acheve en quelques jours/semaines et on se retrouve tres vite à devoir considérablement doubler puis tripler les dosages pour rester en équilibre, sans parler du confort restreint de ressentir des pics de manque toutes les 8-12 H... le côté opiacé rapide et plaisant renforce la dépendance psy là ou les subsituts permettent de passer à autre chose véritablement... en tout cas, si je dois parler pour moi, j'ai abandonné cette utopie des sulfates et je suis revenu à la
méthadone, qui au bilan, fonctionne beaucoup mieux pour moi pour un usage stabilisant au long cours... sous sulfate, je me sentais (et j'étais) tres près du meme délire que celui de la
came, alors que la mise sous metha me permet d'oublier littéralement ce mode de vie...
à réfléchir donc ... car nombreux sont ceux qui ont rouvert un long et poignant épisode de dépendance en passant à la
morphine, pour finalement revenir quand meme bien des années a la
méthadone pour soigner leur morphinomanie débordante...