Bonjour,
Je viens vers vous pour vous faire part de mon expérience avec la
buprénorphine et le
cannabis. Je pense que ça va être très long, mais j'ai besoin d'écrire, donc merci à ceux qui liront.
Tout a commencé à 14 ans, au début de mon année de 3ème. Je n'étais vraiment pas bien dans ma vie, ne me sentais pas à ma place ni dans mon collège ni dans mon quartier et n'avais qu'un seul ami, qui fumait (je pense que vous voyez où je veux en venir).
Pendant près d'un an, j'allais me poser avec lui discuter, jouer à des jeux vidéos etc..
Jusqu'au jour fatidique où je me retrouve seul chez moi, et que je tombe sur un enormé bout de
shit en cherchant une manette dans la chambre de mon père.
Je décide alors que j'ai envie d'essayer, qu'une fois ne me fera pas de mal, je découpe donc un petit bout en faisant en sorte que ça ne se voye pas.
Problème, je ne sais pas rouler, donc j'appelle évidemment mon ami pour lui faire part de ma découverte et de mon envie de tester.
Surpris mais content, on se rejoint et il en roule un. On le fume en tirant 2 barres à tour de rôle jusqu'à le finir, et je trouve ça vraiment pas incroyable (je crois bien qu'il n'avait quasi rien mit dedans et mis dans sa poche le reste
).
Donc je n'y retouche pas malgré la large possibilité de le faire.
Environ deux semaines après, c'est lui qui m'appelle cette fois pour me dire qu'il en a. Je suis personnellement chaud pour réessayer donc on se pose à l'endroit habituel, mais cette fois il nous en roule un chacun. Et là.. bah j'adore. À ce stade là, je fume environ une fois par semaine le weekend après les cours, puis 2 fois, 3 fois etc..
Jusqu'au moment où je ressens réellement l'envie, et que j'aille acheter mon premier 10, une semaine avant le brevet des collèges (donc ça fait déjà plusieurs mois que je fume).
Problème, mes parents captent que je fume avant même de sortir mon bout de son pochon. Résultat : Ils m'envoient chez ma grand mère dans une autre ville jusqu'au brevet (sanction toujours incompréhensible à ce jour, sachant qu'ils n'étaient pas là et que j'avais encore + de possibilité).
Avant de partir, j'avais pris soin de cacher dans ma chambre, un paquet de clope, des feuilles, un briquet et le
shit.
De retour chez moi la veille du brevet, enfermé dans ma chambre avec mes parents qui ne venaient pas me voir, je me suis dis "let's go, c'est le moment de d'apprendre à rouler". Et ce soir là, je fume seul pour la première fois, le premier d'une longue lignée.
Je commence à fumer tous les soirs, entre petit vol dans la conso de mon père, et achat après économie.
Malgré ça, je réussis à merveille mon brevet avec mention très bien. Faut dire que j'étais très bon à l'école, au point d'être moqué "d'intello premier d'la classe" avec mention "calculatrice" parce que plein d'acné.
En bref, pour mes parents, mon avenir était tout tracé, et j'avais arrêter de fumer.
Mais évidemment, il y a eu l'entrée au lycée, où je me suis fait mes vrais premiers amis. Mais aussi mes premières relations réellement toxiques
.
Je rencontre rapidement un groupe avec qui je resterai tout le long du lycée et qui cherche à fumer. Venant d'un quartier, on me fait (bizarrement) confiance en me donnant 50 euros pour acheter de la cons pour le lendemain (le premier jour de notre rencontre). Ce que je fais.
Et là commence la période du plusieurs
joints par jour, sécher les cours pour fumer, aller en soirée dans cet unique but même si je me l'avouais pas.
Puis on arrive aux vacances d'été avant d'entrer en première, à ma première expérience avec d'autres drogues aussi.
Un soir où je n'ai pas à fumer, je n'arrive pas à le supporter et je cherche quelque chose pour me défoncer. Le truc c'est que je ne peux pas sortir de chez moi, il est déjà 23h et j'ai même pas encore 16 ans. Mais wait ? Ils parlent de quoi les rappeurs que j'écoute ? De
codéine. Et c'est quoi la
codéine ? Un médicament en sirop pour la toux (je pensais que c'était uniquement en sirop à ce moment), et des sirops pour la toux, j'en ai une bonne vingtaine à la maison, que personne ne touche.
Problème, pas de
codéine en vue, seulement 2 bouteilles d'helicidine, et une quinzaine de tussidane (aïe). Je décide quand même de me renseigner sur cette fameuse substance qu'est le dextrométorphane, et c'est ce soir la que je découvre psychoactif.
Je tombe sur des tas de
trip report, et je suis de suite emballé (je l'aurai fait pour tester dans tous les cas, même avec l'helicidine).
Je bois une première bouteille à l'orange, j'attends 30 minute et rien. Impatient que je suis, je bois une deuxième, au caramel (ceux qui connaissent comprennent ce qui arrive
). Donc il est 23h40 environ, je ferme les yeux 30 secondes, et bah... non. Il est 3 heures du matin. Complètement confus, je me lève et là je comprends de suite que je suis déchiré, visions trouble, avec des couleurs "bizarre", un corps extremement lourd mais léger en même temps. Mais surtout, une envie de chier comme j'en ai jamais eu xD. La deuxième bouteille était évidemment sans sucre.
Je passe donc la nuit au toilette mais en kiffant ce qui m'arrive, à n'avoir plus l'impression d'être dans mon corps, à réfléchir sur tout, n'avoir quasi plus d'émotion etc...
Je passe la semaine qui suit à boire une bouteille par soir, en finissant 1 fois sur 2 au chiotte (sans savoir que le problème c'était les bouteilles sans sucre) mais ça me dérangeait pas.
Après cette semaine, mon meilleur ami revient d'un voyage qu'il n'avait vraiment pas apprécié, et a lui aussi envie de se déchirer à + qu'au
shit. Je lui fais donc par de ma découverte, il est chaud, on une demie bouteille chacun, et il en roule un.
Et là je découvre l'association des deux substances. Avec une demie bouteille, j'étais pratiquement autant high qu'avec mes deux premières.
On réitère l'operation tous les soirs jusqu'à ne plus en avoir. Et là, c'est le manque absolu. Pas de
dxm non, mais juste le manque d'un état second autre que celui du
cannabis "trop léger". Je pars donc chez ma grand mère, et à ma plus grande désillusion, pas de
dxm. MAIS, trois bouteilles d'
euphon (et là, la substance qui va m'emprisonner pendant longtemps s'approche, mais c'est pas la
codéine).
Mon pote boit une bouteille, et moi, beaucoup trop téméraire, je bois les deux autres. Ce qui devait arrivait arriva, dans la montée, mon visage entier s'est mis à gonfler, j'ai eu les plus grosses nausées de ma vie, je ne m'étais jamais sentie aussi mal. Mais après avoir vomis, je me suis posé sur le cannapé, et là ça été la révélation : J'adore les
opiacés.
Mais on avait tout pris d'un coup, donc plus de possibilité d'en choper.
Donc pendant quelques jours, je me contente de fumer. Pendant ce temps là, je faisais ma rentrée en première. Et qui dit rentrée, dit nouvelles connaissances. Et ça n'a pas raté puisque je rencontre quelqu'un qui vend du
tramadol. Me disant que c'est proche de la
codéine, et après avoir fait quelques recherches, je suis ultra partant.
Ce fut l'addiction immédiate.
Là où la
codéine me donnait des nausées ingérable, une sensation un peu trop légère à dose raisonnable, mais surtout une impossibilité de pratiquer des activités physiques, le
tramadol lui, s'adaptait à toutes situations. Dès ce moment-là, il ne s'est pas passé une seul jour sans
tramadol jusqu'à mon arrêt plus d'un an plus tard.
Je suis très rapidement monté à plus d'un gramme par jour. Tout en testant tout ce que je trouvais à côté. Des qu'il me restait du T (comme je l'appelais) que pour une semaine, je me pressais d'en trouver.
Mon pote, lui, est partit dans les exctas, drogue que je détestais car je la trouvais malsaine et ne supportais pas la
descente.
Cette "direction" différente à créer une sorte de fracture entre nous, si bien qu'on ne se voyait plus que très peu.
J'avais commencé à trainer avec des gens uniquement pour consommer, refusais d'aller les voir quand ils n'avaient pas de cons. En bref, j'étais devenu un gros connard.
À ce moment-là, après plus de 6 mois de conso, je ne voyais plus ma vie sans
tramadol. J'ai décroché des cours, redoublé pour changer de lycée et être avec mes sois-disant potes jusqu'au jour où mes parents sont venuent me voir en me disant clairement qu'ils savaient, qu'ils avaient retrouvé des tas de boîtes dans ma chambre, que je n'étais plus le même, je devenais un zombie. Ce jour ils ne m'ont pas engueulé une seule fois, ils se sont simplement mis à pleurer en me suppliant de les laisser m'aider, qu'ils ne voulaient pas me voir devenir un déchet, et encore moins mourir. Cette scène m'a détruit de l'intérieur, je me suis mis à pleurer pour la première fois depuis des années. Et après environ un an et demie de conso quotidienne bien trop excessive de
tramadol, j'accepte d'aller voir un addictologue.
J'ai même pas encore 18 ans, et je suis sous 8mg de sub, et 40mg de
valium par jour, avec une conso de 5 à 8
joint par jour en solo la plupart du temps. J'ai coupé les ponts avec toutes mes fréquentations, sauf mon meilleur ami avec qui on se retrouvait.
J'ai bel et bien stoppé le
tramadol, mais je continuais à consommer régulièrement d'autres substances,
kétamine,
cocaïne et
MDMA en particulier. Je n'étais accros à aucune de ces drogues, contrairement à mon ami qui ne pouvait s'en passer.
Peu après mes 18 ans, je le motivais à arrêter, ce fut long, mais il y est parvenu.
Il ne consommait plus que des benzos et du
shit (on a jamais vraiment aimé la
beuh) et moi, j'étais toujours sous sub et
valium.
Quelques mois plus tard, il se suicida juste avant son anniversaire. Coup de grâce pour moi. Plus aucun ami, j'avais perdu la personne la plus chère à mes yeux (ça fait aujourd'hui presque 3 ans). Je décidais finalement de plus jamais touché à une autre substance que le
cannabis, et de vite arrêter mon traitement.
Malheureusement, c'est pas si simple. Ma dépendance au sub était encore plus grande que celle que j'avais eu avec le
tramadol.
La réduction des doses s'est revelé particulièrement simple jusqu'à 2mg en un peu plus d'un an. La suite a été beaucoup plus difficile.
Je suis descendu à 1,8, puis 1,4 puis 1mg, passage le plus long et difficile, jusqu'à descendre au minimum : 0,2mg.
J'ai même descendu ma conso de
cannabis à 2 le soir.
Et ce fut un nouveau drame, je suis tomber sur une boîte de
tramadol chez moi, et j'en ai consommé toute la semaine. Je me suis vite repris, mais je suis remonté à 2mg de sub. Et là je me suis promis de ne plus jamais toucher à un quelconque
opioïde (ça fait 2 ans environ maintenant). J'ai également réduit le
cannabis à un
joint le soir, pour dormir.
Ce fut long, mais je suis redescendu à 0,2 mg de sub il n'y a même pas 6 mois.
J'ai tenté quelques arrêts, mais j'étais complètement découragé à l'apparition des premiers symptômes de
sevrage.
Je me suis dis qu'il fallait que ce soit encore plus progressif, donc j'ai commencé à les couper en deux, donc 0,1mg par jour.
Puis à n'en prendre qu'un jour sur deux, puis un jour sur trois.
Et on en arrive finalement à il y a trois semaines. J'allais prendre mon demi caché après 3 jours sans, et là, je me suis demandé : "Pourquoi est-ce que je le prends ? En ai-je vraiment besoin ?" et j'en suis arrivé à la conclusion que ma dépendance était devenu majoritairement psychologique et que je le prenais par habitude. Je ne l'ai donc pas pris.
3 jours plus tard, dans une semaine sans prendre de sub pour la première fois depuis mon commencement, je me rends compte que le
sevrage est, à ma plus grande surprise, très simple. Je me sens légèrement bizarre et j'ai un peu mal au ventre, avec quelques problèmes intestinaux, mais vraiment sans plus.
Une énorme motivation me traverse le crâne, je jettes ce qu'il reste de sub.
Je prends un bout de
shit, commence à effriter, et pour la première fois, je me dis NON. Sur un coup de tête, je jettes les 3 grammes de cons qu'il me reste en me disant qu'il faut profiter de cette motivation qui est une première pour moi.
Alors, oui, je regrette fortement mon geste quand il est l'heure de me coucher, mais je n'y peut plus rien, j'ai rien à fumer chez et personne n'est dispo.
Je mets des heures à m'endormir, je dors extremement mal, je me réveille toutes les heures. MAIS CA Y EST !! J'AI REUSSI À PASSER 24 SANS FUMER !! MIRACLE!!
Je décide donc d'arrêter definivement le 27 novembre 2022.
La première semaine fut un enfer, bien plus que l'arret de toutes les autres substances.
Sensation "bizarre" inexplicable avec des mots, dans tout le corps, tremblement, frissons, maux de tête insoutenable, transpiration bien trop excessive, surtout la nuit à chaque réveil toutes les heures, et gros problème de transit.
Par contre, aucune perte d'appétit.
Je tiendrais bon !!!
Ça fait donc aujourd'hui exactement 20 jours que je n'ai pas touché au sub, et je n'ai absolument aucune envie d'en prendre, ni lui, ni aucun autre opiacé.
Et 13 jours sans
cannabis. La plupart des effets de
sevrage se dissipent, excepté les réveils en transpiration la nuit, ce qui m'a forcé a acheté plusieurs draps et housse de couette pour pouvoir en changer tous les jours.
Par contre, l'envie est toujours là, plus forte certains soirs et quasi absente d'autres.
Mon dernier obstacle, et qui n'est pas des moindre j'ai l'impression, c'est que je déprime totalement. Je n'ai plus envie de rien faire, et même quand je fais quelque chose qui d'habitude me fais kiffer, je ne ressens rien. Mais la fierté que j'éprouve envers mon arrêt me fait tenir. Je ne sais pas combien de temps cela va encore durer, mais je ne cederais pas.
Je me force à sortir et ça me fait du bien, je commence petit à petit à faire des choses productifs (même si la déprime reprend vite le dessus) et je ne veux pas retomber dans le
cannabis qui avait supprimé toute motivation de mon esprit.
Dernière modification par Lerefs30 (09 décembre 2022 à 14:48)