Bonjour à Tous et en particulier à Asssoactis,
Je suis alcoolique depuis, voyons voir... Difficile à dire. Je pense que ça a été en douceur en quittant Lyon pour aller à Paris et avoir mon appart' à 20 ans. J'ai commencé en me faisant plaisir avec de l'
alcool de bonne qualité, des cocktails. Puis incidieusement la régularité des prises banalise le fait. Puis le coté financier qui vient changer la donne. La notion de plaisir change de sens.
ça se jouait juste avec le
cannabis au début, c'était "bon enfant", puis ça s'est dégradé. Après l'
héro et la c sont arrivés en
sniff d'abord... L'argent était engloutit par les drogues et ce qu'il restait était investit dans des
alcool de mauvaise qualité, ce qui n'arrangeait pas les choses.
Je suis alcoolique et abstinent depuis 2007, pas une goutte, pas une pulsion, envie... L'
alcool avec la c, m'ont fait rentrer en psychiatrie, puis après c'était juste l'
alcool, mais c'était pire, plus d'
alcool. J'ai abusé de pas mal de choses, je ne suis pas quelqu'un qu'on peut qualifier de raisonnable. Ce qui est sur c'est que c'est l'
alcool qui m'a fait le plus de mal, physiquement et psychiquement. J'ai échappé à la cyrhose , à l'hépatite, j'ai perdu presque toutes mes dents en très peu de temps, ma mémoire a beaucoup trinqué, j'avais pris une trentaine de kilos. Cette période dure a duré 6 ans. A cause de l'
alcool principalement, sur un terrain préparé par les drogues, j'ai passé 2 ans et demi environ en hp en 4 ans, au début en HDT, jamais en HO, puis à l'arret de l'
alcool de petits passages volontaires pour commencer à récupérer . Depuis 2016 je vais nettement mieux. Je suis toujours alcoolique, je ne risque pas de l'oublier. Si je bois un verre et que j'y prends plaisir, je sais pertinement que je rechercherais l'ivresse. Je pense que si je franchissait le pas, j'imagine bien la suite : j'ai muri, j'ai été abstinent, ça m'a servi de leçon; ce petit verre j'ai appris à l'apprivoiser donc je peux (prendre le risque de) le boire. Puis je me dirais, peut etre pas : une fois par an, mais une fois par mois ça reste raisonnable et ce n'est pas de l'alcoolisme, puis ce sera le samedi soir (bien que dans mon cas tous les jours ont le meme role), puis après le samedi ça sera le week-end, le soir puis la journée entière, et tout ça en augmentant les doses. J'ai fais 5 ou 6 cures et post-cures, j'ai compris l'importance des cures par rapport aux simples hospitalisations sans réels suivis. C'est intéressant de revoir mes peintures de l'époque, généralement sombres, arrachées, sanglantes, mais aussi pas mal de toiles qui disent : j'ai mal, je suis dans la m... mais je vais guérir, c'est sur!
Autre point : psychique (rapide), l'
alcool rends con, stupide, amnésique et surtout dangereux pour soi bien sur, mais et là ça se complique encore quand tu es dangereux pour les autres. Comme pour les autres drogues, mais beaucoup plus fréquents, les accidents de la circulation... blessés..., morts... et là on perds tout de tout. Sous l'emprise de beaucoup d'
alcool et d'un mental énormément affaibli j'ai fais une connerie que je qualifierais de moyenne, une connerie que je n'aurais jamais faite à jeun ni avec une autre drogue (à ma connaissance). Cela m'a valut 7 mois de maison d'arret, 2500 euros de dommages et intérets , 1 an ferme avec sursis pendant un an. Je suis viscéralement quelqu'un de non-violent, mais sous l'emprise de l'
alcool j'ai été très violent une fois et ça aurait pu très mal finir. Pour la connerie j'ai été incarcéré car j'avais un mauvais avocat, il aurait pu évoquer mon passé sans tache ou si peu, mon suivi en addicto et mes séjours en psychiatrie et mes cures car le délit était lié à l'
alcool, j'était trop déglingué pour me défendre, ou peut etre que le procureur a très bien évalué la situation, ma fragilité et les risques de récidives peut etre pires, alors une bonne leçon est la meilleure solution. J'ai eu de la chance d'avoir eu ce problème et de me retrouver incarcéré. Là on comprends dans un premier temps qu'on n'est plus rien, je veux dire qu'on ne peux plus rien décider. Quand on réalise que cette ligne que l'on connaissait théoriquement et avec le sentiment de l'évidence, que je sentais personnelement infranchissable; et bien, ça y est , elle est franchie, belle et bien franchie. Quelles seront les conséquences, quelle sera la peine?
Je parle, je parle, mais je ne pense pas m'éloigner du, des, problèmes liés à l'
alcool. Il faut dire que ça m'a un peu bousculé, mais pas traumatisé, pas de séquelles. La première fois que je vois mon avocat en détention, je lui demande combien je risque, il me réponds, pas fier, peut etre bien entre 12 15 ans. Je lui pause donc des questions, réponses vagues. Je ne me suis pas démonté, je n'y croyais pas. J'était conscient de ce que j'avais fait, dans un état second, avec des dommages légers, mais quand meme... Bon, j'ai la foi (la mienne!) donc ça ira, il est impossible que ce soit la cata, me disais-je.
Cusco! l'
alcool est la drogue la plus stigmatisante, tu penses ? Elle est en tout cas la plus visible, repèrable, mais elle est légale, peut avoir un role social et fait partie de notre patrimoine culture,l néanmoins! Si on sait que tu prends de l'
héroine, on se diras que tu es en marge de la société, un marginal dans le pire des sens, d'autant plus que l'
héro c'est forcément en
iv, tu sera bel et bien stigmatisé, et traité de menteur et de voleur (ce qui est bel et bien fréquent).
Bon aller je me fais une petite pose de
3mmc, en tout bien, tout honneur.