Marty Balin (1942-2018), co-fondateur du Jefferson Airplane, boss du club proto-psyché The Matrix, crooner confirmé, soulman inspiré, acid-head émérite (on compte parmi ses hauts-faits d'arme, d'avoir un jour jeté de méchants Owsley Blue dosés à 250µg au public du Fillmore West comme s'il s'agissait de cacahuètes)...Marty Balin s'est éteint ce jeudi. Ce petit texte, et cette chanson, en forme d'hommage.
Cette chanson, parce que :
- En apparaissant dans l'OST de "Stranger Things" elle a contribué à faire connaître JA à une génération de millenials pour qui au mieux c'était un obscur groupe de drogués antédiluviens. Ce qui n'est pas totalement faux par ailleurs, mais il y aurait tellement à dire sur l'influence de certains de leurs albums ("After Bathing At Baxter's" en particulier) sur des groupes comme MGMT ou Animal Collective par exemple...
- On y entend à la fois l'efficacité vocale, la force et l'élégance polyphonique qui sont la signature du groupe, et la singularité de la voix de Marty Balin, qui peu avant que le rock dans son ensemble s'engage sur des chemins peuplés de grosses guitares, de grosses voix et de grosses couilles, proposait autre chose, une sensibilité, une délicatesse, des accents soul qu'on retrouvera dans ses albums solo et dans sa participation ultérieure à Jefferson Starship. J'ai toujours considéré ce mec comme une sorte de crooner soul, propulsé par les aléas de l'histoire et du hasard au coeur de la scène psychédélique, à laquelle il a apporté beaucoup tout en sachant prendre ses distances quand il le fallait, ce qui lui a épargné les grandiloquences un peu ridicules de l'Acid Rock tardif et de l'Airplane décadent (c'est à dire, à mon sens, dès 1969/70).
- Tout simplement parce que la première fois que j'ai entendu cette chanson, à une époque qui se situe environ à équidistance temporelle entre le Summer of Love de 1967 et aujourd'hui (je sais c'est dingue quand on y pense), j'ai su immédiatement qu'il venait de se passer un truc dont je ne me remettrais pas. Je ne m'en suis pas remis.
"Flash, Paradise"...Enjoy.