L'appui à la
légalisation du
cannabis a chuté en deux ans en Colombie-Britannique et en Ontario, selon un sondage de l'Université Dalhousie. Ce coup de sonde indique aussi que l'accès des jeunes à des produits comestibles du
cannabis est une source d'inquiétude au sein de la population.
Un sondage mené en avril démontre que le taux d’appui à la
légalisation a diminué d’un peu plus de 18 points de pourcentage entre 2017 et 2019 au pays. Cette baisse est particulièrement marquée en Ontario et en Colombie-Britannique.
Pendant cette période, la proportion de personnes ayant une position incertaine face à la
légalisation a plus que doublé dans toutes les régions du Canada.
Le professeur Sylvain Charlebois, qui a mené l’étude, est surpris des résultats. « On pensait que la
légalisation allait avoir un impact sur la
stigmatisation et l’acceptabilité du
cannabis, mais c’est un peu le contraire qui se passe. Il y a beaucoup plus d’incertitude et moins d’appuis pour la
légalisation », expose-t-il.
J’ai l’impression que, de plus en plus, les gens se demandent si la
légalisation du
cannabis était une bonne idée.
Sylvain Charlebois, professeur, Université Dalhousie.
Produits comestibles : une source d’inquiétude
Alors que les produits comestibles du
cannabis sont sur le point de faire leur entrée sur le marché l’automne prochain, près de 61 % des répondants s’inquiètent que les enfants et les jeunes adultes aient accès plus facilement à ces produits.
Plus de 63 % considèrent que les comestibles représentent un plus grand risque pour les jeunes que les autres variétés de produits du
cannabis. Une proportion semblable de gens (60 %) craignent de consommer par mégarde une trop grande quantité de
cannabis sous forme d’aliments.
Le ministre responsable de la
légalisation pour le gouvernement Trudeau, Bill Blair, assure qu’il est conscient des risques et qu’une réglementation musclée sera adoptée à temps.
« Nous voulons nous assurer que ces produits sont adéquatement emballés et étiquetés pour réduire les risques de consommation accidentelle chez les enfants », explique-t-il.
Le ministre ajoute que des informations claires seront affichées sur les paquets pour bien informer les Canadiens de la composition des produits achetés.
Le professeur Sylvain Charlebois estime que le gouvernement fédéral a négligé les efforts d’éducation à propos de ces nouveaux produits, ce qui contribue au climat d’incertitude. « On est obsédés par les risques inhérents à la consommation de
cannabis et on est comme un petit peu passés à côté du volet éducatif », estime le chercheur.
De moins en moins de Canadiens seraient prêts à consommer des produits comestibles comparativement aux données de 2017.
Canadiens qui achèteraient des produits comestibles du
cannabis légaux
2017 : 45,8 %
2019 : 35,9 %
• Source : Edibles and Canadian consumers’ willingness to consider recreational
cannabis in food or beverage products : A second assessment. Université Dalhousie.
Dans le cadre de cette étude, 26 % des Canadiens disent avoir consommé au moins une fois du
cannabis sous forme de nourriture. Les produits comestibles et dérivés du
cannabis seront légalisés au plus tard le 17 octobre 2019.
Le « pusher » toujours en affaires?
Le marché noir n’est pas sur le point de disparaître, selon les données compilées par l’Université Dalhousie. Malgré l'arrivée des magasins légaux, plus de 60 % des consommateurs de
cannabis interrogés affirment qu’ils s’approvisionnent toujours, en tout ou en partie, auprès de leur ancien fournisseur.
Pour Sylvain Charlebois, les prix expliquent la survie du marché illégal jusqu’ici. « Le prix au détail pour le
cannabis légal est supérieur au prix du
cannabis illégal », souligne-t-il.
Cependant, des données de Statistique Canada montrent que l’approvisionnement auprès du marché illégal est en baisse. Au cours des trois premiers mois de 2019, 38 % des consommateurs ont déclaré avoir obtenu du
cannabis auprès d’une source illégale, alors qu’ils étaient 51 % en 2018.
Le ministre Bill Blair croit que cette tendance s’accentuera avec le temps. « À mesure que les provinces développeront leur réseau de distribution, il y aura une compétition plus forte pour les criminels et les gens choisiront le marché légal », croit-il.
Le sondage de l'Université Dalhousie a été mené auprès de 1051 répondants en avril 2019. Sa marge d'erreur est de 3,1 %, 19 fois sur 20.
source
www.radiocanada.ca