1/ ContexteJ'ai décidé de faire une pause de plusieurs mois avec la
codéine à partir de fin novembre, la dernière prise remonte au 26 novembre exactement (CWE de 270mg)
Cette pause a pour but de diminuer ma tolérance afin de pleinement apprécier les effets à la reprise.
J'ai déjà fais des pauses de 2 mois, ce qui donne un bon résultat à ce niveau, et j'ai décidé d'aller à 3 mois cette fois ci, donc rien en décembre, janvier et février.
Ce qui fait donc 3 mois plein soit 90 jours (année non bissextile)
Il reste 1 renouvellement à mon ordonnance et en la gardant chez moi je n'aurais clairement pas tenu aussi longtemps à mon avis, je l'ai donc placée hors de portée, ce qui a été une très bonne décision.
2/ Pauses précédentesLors de mes pauses précédentes de 2 mois je n'avais pas d'ordonnance valide sous la main, j'attendais donc assez avant d'aller voir mon médecin.
En cas de renouvellement restant j'ai du tenir maximum 3-4 semaines, sachant que de se lever avec le papier tout prêt est un peu comme avoir son paquet de gâteau préféré dans le placard : j'y pense en boucle, c'est pas tenable sans craquer dans la durée.
Le plaisir était au rendez vous après 3 semaines mais pas autant qu'en cas de pause plus longue, de loin.
Je n'ai pas une tolérance énorme non plus, en gros j'arrive à garder sous contrôle mon objectif en restant en moyenne à 240mg en cas de longue pause, si je reprend plus tôt j'augmente le dosage jusque 300 ou 330mg.
ça marche très bien en augmentant mais ça diminue le nombre de sessions possibles + ça me gonfle de faire ce compromis alors qu'il "suffit" juste d'être patient.
C'est un peu de l'auto arnaque.
3/ EtapesLors de ces 85 jours j'ai pu analyser mon rapport au
craving, ou à l'envie de
codéine avec ses hauts et ses bas, c'est pourquoi je crée ce blog afin de me relire plus tard et me souvenir des étapes mentales par lesquelles je suis passé.
Peut-être que ça pourra aussi intéresser ou motiver d'autres personnes qui sait.
les 4 jours terminant novembre se passent bien, je les vois un peu comme un échauffement avant de réellement commencer, j'ai surtout cette notion de 3 mois = 90 jours en tête, ça fait un compte facile.
Au bout de 2 semaines vers le 10 décembre je sens une envie de consommer qui me prends, cette envie s'étend plusieurs jours et c'est typiquement là ou je serais allé à la pharmacie si j'avais eu l'ordonnance sous la main.
Je me dit que cette idée de ne pas pouvoir accéder au papier est vraiment utile, parce que je ne peux rien faire concrètement.
Il me faudrait faire un trajet assez long pour la récupérer et même si je partais sur un coup de tête ça serait vraiment un échec d'y aller à ce moment là, donc bonne probabilité de faire demi tour en cours de route.
Ce verrou mental est vraiment pratique je trouve, l'envie est passée en quelques jours et même si je pense souvent au produit c'est davantage mon rapport à celui ci que j'examine.
Les fêtes de fin d'année arrivent, je bois un peu d'
alcool (j'ai diminué ma consommation aussi depuis début décembre)
1er Janvier je sens une petite victoire, hop 1 mois de fait!
Je m'étais dit que craquer avant 1 mois serait un échec, à partir de 2 mois c passable, et à 3 mois expérience réussie.
Donc c'est plutôt cool de commencer l'année sur une note positive, ça me motive et je décide de limiter drastiquement l'
alcool, je suis "tout ou rien" niveau tempérament donc ça se passe bien au jour d'aujourd'hui (20 février) je n'ai bu que 3 fois sans excès depuis le 1er janvier.
Mi janvier approche et c'est là que j'ai ressenti vraiment le
craving.
En retournant le truc dans tous les sens je pense que le fait d'arriver à 45 jours donc la moitié du total, me mettait en position ou le plus gros était fait, et psychologiquement ça voulait dire que l'heure de la récré était plus proche, ce qui me fait trépigner d'avance.
Et quand ce genre de façon de penser se met en place chez moi c'est assez difficile de penser à autre chose.
Je me disais que 45 jours quand même c'est pas mal, ça permet une baisse de ma tolérance qui commence à être intéressante et que 240mg me feraient un bon effet.
Je me disais que j'avais passé le 1er mois donc déjà je n'étais plus dans la case "échec" si je reprenais là.
Mais il n'était pas question de céder à mi parcours, en plus je pensais à mon résultat collatéral avec l'
alcool et je ne voulais pas dévier de cette bonne voie.
Là encore avoir l'ordonnance loin de mes pattes m'a beaucoup aidé.
Cette forte envie a bien duré 10 jours.
J'ai vraiment examiné mon rapport aux drogues à ce moment là, j'ai repensé à mon parcours la dedans depuis le milieu des années 90, à toutes les extrémités et inconsciences dans lesquelles j'ai pu me jeter.
La
codéine est de loin une des substances les moins problématiques à plein de niveau pour moi, le fait de ne pas pouvoir en métaboliser au delà de 500-600mg mets une première limite dans l'escalade, rien à voir avec l'
héroïne par exemple.
Le fait d'avoir des effets largement diminués en cas d'utilisation trop fréquente mets une autre limite, j'estime qu'en dessous de 4-5 jours c'est du gâchis.
Le fait de ne pas pouvoir
redrop efficacement est clairement un avantage pour quelqu'un qui veut pouvoir gérer une consommation.
Le fait de ne pas pouvoir l'injecter également.
A l'époque de la vente libre j'en prenais 300mg une fois par semaine, par contre je ne faisais pas vraiment de pauses et avec le temps ça me faisait plus trop d'effet, rien de comparable avec un reset significatif de tolérance.
Ce coup de faire des pauses est venu en partie avec la nécessité de voir un médecin pour en obtenir, je n'aime pas devoir exagérer pour obtenir ce que je veux, tout comme je n'aime pas courir les médecins.
C'est un mal pour un bien dans mon cas.
Une fois ces 10 jours passés je me suis senti vraiment bien, satisfait de ma détermination, et j'ai décidé de me pencher sur mon alimentation et mon activité physique (toujours ce côté "tout ou rien" chez moi)
Je me suis organisé des repas plus sains et une grille d'exercices simples par semaine : pompes, footing... sans forcer juste histoire d'être en forme.
On arrive début février, moment que je redoutais car ça faisait 2 mois sur 3 et correspondait à mes précédentes longues pauses, qui avaient donné de bons résultats.
Reprendre à ce moment là devenait acceptable quelque part et la pensée de cet état de défonce, ce rush de chaleur cotonneuse et de plaisir me trottait gentiment dans la tête...
Au final ce cap est passé tranquillement, le fait de m'être fixé des objectifs de remise en forme a aussi aidé à renforcer mon état d'esprit.
Et puis février c'est le mois le plus court, 28 jours cette année soit pile 4 semaines.
J'accumule toutes ces petites raisons pour voir les choses du bon côté, je réalise aussi que d'avoir un plan (améliorer ma condition physique, manger équilibré) est un levier très intéressant pour rester motivé.
4/ Bilan au 86e jourOn arrive aujourd'hui au 20 février, dans 9 jours ma date cible sera atteinte, et je pense que je vais déborder au delà.
Déjà autant aller à 100 jours, psychologiquement rien que pour le nombre c'est cool :)
Ensuite je verrai petit à petit suivant mon évolution physique, parce que clairement là je suis en très bonne voie, je veux dire j'ai une vie saine et une clarté d'esprit comme ça fait longtemps que je n'ai pas eu, j'ai presque l'impression de rajeunir et ça fait vraiment du bien...
Et je n'ai pas du tout envie de remettre ça en jeu de suite, ce serait vraiment dommage.
Peut-être que je ferais quelques jours de plus, peut-être que je tiendrais jusque fin mars?
Il y a tout à gagner à attendre dans cet état d'esprit, encore moins de tolérance, 180-210mg devraient faire un bon effet à ce moment là.
Lors de la fin de la vente libre je n'avais pas pu avoir pendant 10 mois environ, ça m'a complètement décalqué avec 300mg, c'était vraiment trop (j'estime qu'un reset "total" pour moi se situe donc en dessous de 10 mois, sûrement qu'à 6 mois ça m'aurait fait pareil)
A suivre :)