Mon papa et moi

je viens de lire a peu près l'intégralité de ce sujet, que je trouve émouvant.

Ton témoignage fil est je pense important et aidant pour ceux qui se trouvent ou vont se trouver dans ta situation.

Pour avoir fais des stages en maison de retraite ainsi que des missions d'intérim, je trouve que ta décision de changer de maison de retraite, et d'en essayer une plus éloignée d'une grande ville est très bonne, et peu de gens le font malheureusement, peut être car ils pensent que toutes les MDR sont pareils ou ils ont peur que si leur parent se trouve trop éloigné physiquement, ils iront plus rarement leur rendre visite... Mais ils ont torts, car pour en avoir fais plusieurs, elles sont loin d'être pareilles !

il y en a ou le personnel soignant est à  bout, et franchement désolée mais je peux les comprendre, à  bout car le personnel est trop insuffisant dans ces lieux de vie, ou une aide soignante doit faire 15 toilettes en 2 heures, (j'exagère peut être un peu, quoi que...)  comment ne pas être mal traitant??? forcément elles ne peuvent pas se permettre de laisser l'autonomie de la personne , sans la bousculer, aller vite etc.. pareil pour l'infirmière, donner les traitement à  tous les résidents ainsi  que faire tous les pansements et autres soins mais c'est juste un casse tête pas possible!!

je ne cautionne pas ces soignants qui sont "maltraitant" (ce mot est des fois utilisé un peu trop rapidement) et je pense qu'à  un moment donné faut savoir dire stop et de partir, mais je peux comprendre qu'elles en arrivent là  malheureusement. le vrai soucis se trouve plus haut, au niveau de la direction!!
Il manque cruellement de personnel, et ce, pour en avoir fais plusieurs c'est idem dans toutes les MDR... Vu l'argent que donne un résident par mois c'est un scandale qu'il n y es pas plus de personnel

avec le vieillissement de la population ça ne va pas en s'arrangeant.

Néanmoins c'est vrai que celles à  taille humaine et éloignée de la ville sont plus chaleureuse et accueillante, mais le manque de personnel se fait ressentir malheureusement aussi je trouve.

je n'en suis pas là  encore mais le jour ou mes parents en auront besoin, je pense que j'essaierai même peut être à  l'étranger, si les choses en france n'évoluent pas d'ici là , car j'ai l'impression qu'il y a une meilleure prise en charge.. en contre partie de moins de visites, si leur dignité est respectée ça m'ira..je me trompe peut être, je creuserai le sujet en temps voulu

voilà , je voulais juste rajouter une petite touche, mon but est loin de te "pourrir" ton sujet et désolée si c'est le cas et si je suis complétement hors sujet !

Bonne continuation à  vous deux

MissTrip

Tout à  fait d'accord avec Filou au sujet des maisons de retraite à  la campagne.
Chez moi, ils ont également les enfants de la halte-garderie (où se trouve ma fille) qui viennent faire des activités genre musique, peinture... avec les personnes agées.
Ils sont transformés nos ptit vieux!

Pensées à  tous les deux.
Shao

Et hop, un chassé croisé de plus à  notre actif. Il s'est pété le deuxième col du fémur une semaine auparavant. Hospitalisé, on a attendu 7 jours qu'il ai éliminé de son sang les anticoagulants qui lui sont donnés à  la maison de retraite. Et hop, billard ce matin.
J'ai pensé qu'il profiterait peut-être de l'occasion pour filer à  l'anglaise, mais que neni ! Ça ne va pas s'arrêter en si bon chemin.
Il ne lui reste plus des masses de fractures à  se faire à  part le zizi et les oreilles, donc, je reviens à  la prochaine surpise party.
Au fait, avec trois comprimés de tramadol par jour, il était défoncé grave. C'est chouette les personnes âgées vierges, faciles à  envoyer en l'air. 
Tant que la vie coule, il y a de quoi s'occuper quand on aime.

Fil

Un petit passage quand le thread "mon papa" resurgit, c'est tellement touchant.

Trop cool cette "aventure" surtout comme tu la narres, c'est presque surréaliste et c'est bon (notamment quand tu relativises pour parler des fracture, "reste plus que le zizi et les oreilles").

Pour les maisons de retraite, j'ai donné en fin de carrière, dos ruiné d'ailleurs. Il n'y a pas de mieux ou de moins mal quotifié, mais le problème récurrent du manque de personnel est vachement nocif pour la qualité de soins.
Il y en a ou je suis intervenu en temps que libéral, un coup c'était la femme du directeur qui préparait les médocs (sans qualification) pour économiser une infirmière maison, une autre ou le directeur volait les pensionaires, et aussi heureusement, celles où les chats sont admis, où il y a des activités, des sorties, bref plus humaines.

Que ton papa se porte le mieux possible

Je passe par cette rubrique pour dénoncer ce que mes yeux ont vu.

A la table de mon père mange un monsieur de plus ou moins 95 ans qui termine sa vie ici après des péripéties psychiatriques lourdes.

Au fil du temps, une forme d'amitié/affection est née entre nous. Le monsieur étant aveugle, ma deuxième main le nourrissait bien souvent.

Il y 3 semaines, il a du être hospitalisé pour une pneumopathie. Le médecin qui l'a pris en charge a décidé d'arrêter sec tous ses traitements dont 150 mg de Seresta par jour depuis longtemps en sus des A.D. et autres neuroleptiques et certainement d'un peu de valium !

Comme si un pneumologue n'était pas sensé savoir qu'un sevrage de benzodiazépines pouvait être mortel.
Lorsqu'il a réintégré la maison de retraite, je l'ai à  peine reconnu tant ses yeux étaient écarquillés par l'angoisse !!!
Les psychotropes sont peut-être en opposition avec les soins dont il avait besoin, mais pourquoi n'ont -ils prévenu personne ?

Ça existe ! Et dans une indéférence presque totale. Expérimentation humaine ? Besoin thérapeutique ? Je ne sais pas comment expliquer ça.

Si Prescripteurt lit ceci, je serais heureux qu'il me (nous) renseigne. 

Fil en rogne de ne pas comprendre.

Avant de "dénoncer" il faut le "savoir" d'un pro.

Mon émotion seule n'est pas un argument suffisant. Par ailleurs, ce que je dénonce est justement l'absence de la famille dont un des rôles est de servir, éventuellement de garde-fou. D'après ce que j'ai entendu, la famille ne s'occupe pas du tout de lui.

Mon propos n'est pas de coller un responsable au mur mais de faire prendre conscience à  ceux qui vont lire ça qu'ils ont un travail de surveillance à  faire, au minimum.

J'aimerai qu'un médecin me dise si il y a un risque pour le pronostic vital de garder un vieillard sous haute dose de benzodiazépines alors qu'il souffre d'une atteinte de son système respiratoire. Je poserai la question à  mon propre toubib lorsque je le verrai.

Fil

super Fil :)

Sympa de communiquer ici avec une aide-soignate d'Ehpad. Je suis tous les jours en semi admiration devant le travail que font ces filles (mes termes sont affectueux).

Est-ce parce que la structure est petite dans un petit village (45 résidents) ? En tous cas, tu sais de quoi je parle quand je trouve drôle ce que beaucoup de gens trouveraient triste, voire insupportable à  leur petit moi.
Je participe cet après-midi pour la première fois à  ce conseil mensuel. Et mon idée fixe est de parler de la maltraitance ........ que subit le personnel soignant de la part de certains résidents (on en voit des vertes et des pas mures).

Bien à  toi

Fil

Ps : une idée est en train de germer dans mon cerveau fiévreux (ou dans ce qu'il en reste). J'ai 60 ans et mes potes aussi. Si je me projette 20 ans plus vieux, j'aurai vaporisé quelques kils de weed de plus et consommé quelques centaines de grammes de prods de tout types si mon hépatite ne m'a pas tué d'ici là , le tout dans la plus pure RDR.

Que va-t'il se passer le jour où nous allons devenir des résidents d'Ehpad ? Comment vivre en vieux defoncé semi repenti au centre d'une institution ou l'eau claire est déesse ?

Et bien, comme nous sommes de plus en plus nombreux, on pourrait envisager quelques centres destinés aux vieux toxs (toujour ssemi repentis) avec une salle de consommation assistée pour ceux qui ont trop de tremblotte pour rouler leur vieux bédot.

La proposition n'étant pas politiquement correcte, il ne faut pas s'attendre à  ce que cela arrive tout seul mais plutôt créer le lieu nous-mêmes.

Fil

Je te rejoint Yourlatesttrick,
sur le fait que nous mettions chacun en place des solutions pour se protéger de certaines difficultés qu'on ne peut pas nier ..

Quand à  l'attachement avec les résidants on m'a souvent mit en garde (ma hiérarchie) lors de formation sur le prendre soin et la bien-traitance !!

J'me suis souvent défendu en disant  qu’avant d'être un soignant je restais un être humain..La distance professionnelle chacun en fait son histoire enfin moi j'en fais la mienne,qui colle pas avec se qu'on te dis à  l'école mais qui me parait plus humaine et approprié .. 

L'école douce utopie mais c'est un metier qu'on se doit transmettre de la sorte le mieux du mieux!!

Arrivé en institution tu réalises que toutes ces belles paroles ces façons de faire va falloir les adapter aux mieux avec les moyens du bord (genre 45 minutes pour une toilette c'est un idéal, la ou je bosse c'est tout bonnement impossible)

Je bosse dans le publique ..

Cela dit tu peux t'en accommoder si tu perds pas de vu que ton taf tu le fais avant tout avec le cœur !!

Je pense également et comprend que tu aspires ou pas a d'autre choses à  un moment ou a un autre (physiquement c'est dur) et moralement aussi ..

A 60 ans je me vois pas continuer de bosser en long séjour. Le jour ou je serais blasée par mon taf je partirais pour ne pas sombrer dans le glauque et ne voir que ça .. (ça arrive à  mon taf pour certaines)

j'irais bien voir dans d'autre milieux (service) en autre la psy .. ce qui ne doit pas être de tout repos non plus,mais bon à  mon avis très enrichissant !!

Salut à  vous et bon vent , amicalement Majama

Dernière modification par majama (18 novembre 2014 à  11:03)

La situtation n'est pas des plus fraîches et cela sent la fin. Vendredi, je partais sur Lyon jusqu'à  lundi soir pour un salon alter-écolo, le salon Primevères.

Pendant ce temps-là , mon papa faisait plusieurs crises d'épilepsie accompagnées de potomanie intense et d'un A.V.C. Hôpital aller et retour et je le revois mardi midi. Le choc !

On aurait dit qu'il avait pris le TGV en pleine tronche. La vie est une valeur qui peut être plus ou moins coriace. Mon papa a choisi la version "coriace". Toujours vivant, présent à  mes yeux au fond du regard qui paraît pourtant fixe et vide aux étrangers, mais bien avancé dans le processus d'adieu du monde matériel. Il ne mange plus et en dehors d'avoir soif, il ne semble pas souffrir.

J'ai partagé une petite heure de sa conscience aujourd'hui, à  le caresser, lui donner à  boire et à  lui faire des bisous avant de le laisser vivre sa lente virée vers la mort et retourner à  mes occupations quotidiennes. Bien sûr, il y a de l'émotion et des tonnes , on a pleuré tous les deux en se regardant dans les yeux parce que l'on s'aime.
La grande peur qui me terrorisait enfant n'est plus là . Il va partir sans que j'ai de deuil difficile à  faire car le lien qui nous a uni m'a fait accepter toutes les étapes sans douleur.

Après, ce sera mon tour ! Youpi !

Les boudhistes ont un guide : le livre des morts thibétains ou Bardo Thodol. Les égyptiens ont leur livre des morts égyptiens. Les chrétiens ont un livre des morts chrétiens. Mais nous les agnostiques occidentaux, qu'avons nous pour nous aider quand nous avons un proche à  accompagner : que d'alle ! 

Fil

Cette histoire longue de 60 ans a pris fin ce soir à  20 heures dans le plus grand calme et l'humanité que l'on ne peut plus trouver dans nos grands services hospitaliers.
Chapeau bas au toubib de campagne qui a assuré grave ses responsabilités et nous a  aidé comme il se doit et à  toute l'équipe de cet Épadh d'exception de l'Aveyron. Il y a encore plein de braves gens.

FIN

Je ferme la discussion, plutôt mon témoignage.

Je vais bien et remercie tous ceux qui ont laissé un post d'encouragement pendant ces 5 ans.
Sevrage d'une relation d'amour = 5 ans

Fil