Bonjour,
j'espère pouvoir t'aider un peu avec ce qui suit .
Je précise bien sur que ce n'est valable que pour moi et que pour le moment ...
Les réponses que tu as eu sont sages : passer à un
TSO stable et maitriser , bref arriver
à ne plus prendre le
TSO comme une défonce mais comme un traitement .
Mais tu en as trop marre , et tu veux griller les étapes . A un autre degré, c'est exactement
ce que j'ai fait : Arrêt net le 26 octobre (j'étais à 2mg de
Bupré en sublingual , 1mg matin , 1 soir),
A l'hôpital pour 10 jours (vraiment super hôpital que je peux te conseiller en mp). On voulait me garder plus , mais j'ai pas voulu ( à tort).
J'ai mis ma mère dans le coup pour m'aider , donc réfugié chez elle pour m'aider à gérer
les choses de la vie : mon fils , les courses , faire à manger etc... Pendant presques 2 semaines de plus . Avec le boulot qui me téléphonait tous les deux jours , vous reprennez quand ? etc... J'ai repris en piteux état au bout de 3 semaines. En prévenant que j'allais pas être efficace ... Les journées étaient interminables,
retour des symptômes de manque en milieu d'aprem , envoyer un mail me prenait 1 h au lieu de 5 mn .
Passer le
sevrage physique (10 jours + diarrhée 10 jours de plus , même avec immodium à grosse dose).
La fatigue , la dépression , le froid dans les os (atroce) , ne cessent pas , jamais de répit . Aucune amélioration.
J'ai eu une angine épouvantable (après un mois et une semaine) retour des symptomes de manque :
baillements , frissons , diahrrée + fièvre de l'angine . Re-arrêt maladie , donc .
A 6 semaines , j'étais à deux doigts de supplier mon addicto de me mettre sous
méthadone (ayant développé une aversion totale à la
buprénorphine , à l'origine de ma volonté de
sevrage).
Le plus terrible durant ces 6 semaines est ce sentiment de la dilatation du temps . Les 6 semaines les plus longues de ma vie ! Sans la moindre amélioration à laquelle se raccrocher , même une demi journée m'aurait beaucoup aidé. Je précise qu'ayant peur des Benzo , je me suis toujours tenu à 1
seresta 50 pour dormir le soir , pas plus .
Il a fallut attendre le 14 ou 15 décembre pour un beau matin , me sentir "mieux" . Je ne parle pas de ce formidable retour des sensations souvent évoqué . Mais juste envie de me lever , ne pas avoir la sensation de devoir affronter une nouvelle journée de bagne . Ce "mieux " se confirme , tout doucement ,
avec des forts retours de manivelle , mais gérables ; et de vrais moments où j'oublie , et je me dis : wow , t'as fait ça sans t'en rendre compte , quasi sans effort . Ce n'est pas linéaire . Mais je sais désormais que ya des "mieux" et qu'ils ont tendance à durer d'avantage. Donc c'est possible ! Le plus dur au fond est de pas avoir de repère dans le temps : Quand est-ce que je vais aller mieux ? Cette question m'obsédait totalement. Et personne n'a pu me donner une réponse . On me disait : "Là au bout de 3 semaines vous êtes sevrer ! c'est dans votre tête ,maintenant il faut faire des efforts , vous bouger " Pfff , mais à l'impossible nul n'est tenu !
C'est donc bien plus long , compter le double (50 jours dans mon cas), et pas pour être tiré d'affaire , mais avoir des moment de "mieux" repérables , significatifs.
Les fameux
PAWS (voir psychowiki) sont là , bien sur , et tous le monde s'accorde à dire que c'est long .
Je me donne jusqu'au printemps , j'ai compris qu'il fallait compter large .
C'est la clef : compter large , très large même , du fait de la dilatation du temps lors de la dépression .
Et se faire aider ; seul , ça me semble pas possible . il faut qu'on puisse te faire à bouffer et le ménage pendant 2 mois . Pas facile , mais sans ce confort là , je pense pas que j'aurai tenu.
Je n'exclu même pas de replonger un jour , j'ai lu trop de témoignages dans ce sens pour ne pas les prendre au sérieux . On ne sait pas ce que la vie nous réserve .
Autre chose à ne pas oublier : en faire le minimum durant cette période de 2 mois , ne pas projeter de truc obligatoire à faire , se garder une porte de sortie si au moment M on se sent pas d'y aller . Ce que cela demande de précautions , de prévention auprès de l'entourage , peut paraitre compliqué à mettre en place , mais la détermination à se sevrer le permet . Et dans mon cas , je le répète , je n'y serai pas arrivé sans cela .
Aussi j'ai déjà raté un
sevrage (en mai dernier) par manque de préparation de l'entourage (j'avais rien dit) . Donc rater un
sevrage n'est pas un échec , c'est une nouvelle marche de franchie .
Encore une fois : ça c'est passé comme ça dans mon cas , ce n'est pas une recette à prendre au pied de la lettre; on est tous différents dans des contextes différents.
Mais le temps et la préparation de l'entourage semblent des constantes repérables dans la plupart des témoignages de
sevrage opiacés.
Bon courage ,
si tu te sens faiblir , à bout , je réponds .
J'ai plein de petits trucs (bains chauds , tisanes, lectures à recommander, quand ça va pas).
Bon réveillon.
T.