La vie sans produits.

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SheepskinTearaway homme
Banni
Inscrit le 27 Apr 2015
228 messages
Bonjour à  tous. :)

Vous me connaissez déjà  je suppose. Je suis SheepskinTearaway, 21 ans, et étudie les Lettres Modernes.

J'ai des troubles psychiatriques qui m'ont amené à  la dépendance au Valium, puis à  l'alcool, puis à  la morphine et l'héroïne. A côté, il y a une conso de cannabis, souvent venant compléter l'alcool/Valium.

En ce moment, j'essaye de contrôler mes consos. Je voudrais étudier à  distance et cherche du travail. Seulement voilà  : la béquille que sont les prods, je me rends compte que c'est devenu une prothèse. J'ai du mal à  me dire, vu le peu de stabilité que j'ai, comment vivre sans boire, sans fumer et me piquer. Il y a de la honte. Enormément. Et de l'angoisse. Angoisse d'une vie que j'aurais bâti seulement sur les fondations instables des produits.

Je ne sais plus où j'en suis... j'ai passé ces derniers jours à  me défoncer, et là , rien, pas même un Valium, que du Subutex, et l'angoisse me regagne. Et je me sens inapte à  prendre du plaisir aux choses qui pourtant me servaient d'évasion avant les substances. Parfois j'arrive à  m'enivrer avec sans avoir rien pris, mais c'est très rare...

Comment faites-vous ? Voilà  ma question. Je sais, j'ai déjà  posté plusieurs fois... mais pas précisément sur cela. J'aimerais pouvoir avoir un traitement médicale de morphine ou d'héroïne et puis le diminuer, comme un Anti-dépresseur, malheureusement ça ne marche pas ainsi... et malheureusement les AD ne fonctionnent pas (j'ai tout essayé et les ai bien pris à  long terme etc.).

Merci à  vous de me rassurer. Je me sens moins seul. smileD'autant plus que j'ai peu d'amis, les ayant pratiquement tous perdus à  cause de ma maladie (borderline lourd), ou par malheur (perdu de vue, décès...). J'ai peur également de me suicider ou de commettre l'irréparable, étant très impulsif.

Dernière modification par SheepskinTearaway (09 mars 2016 à  00:29)


"She opened her heart
To a tearaway, a sheepskin tearaway
All covered in scars
And full of Heroin." - Peter Doherty

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prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
Bonjour,
J'ai écrit il y a quelques années un document sur la douleur psychique
http://classiques.uqac.ca/contemporains … hique.html

J'y pense parce que ton appel me fait penser à  un appel presque équivalent mais pour une douleur physique.
"J'ai très mal au dos et je ne peux vivre normalement qu'avec de la morphine pour calmer mes douleurs. Que dois je faire ?"

la béquille que sont les prods, je me rends compte que c'est devenu une prothèse. J'ai du mal à  me dire, vu le peu de stabilité que j'ai, comment vivre sans boire, sans fumer et me piquer. Il y a de la honte. Enormément. Et de l'angoisse. Angoisse d'une vie que j'aurais bâti seulement sur les fondations instables des produits. -

Que répondrais je ?? = probablement que le opiacés sont nécessaires pour calmer la douleur mais qu'ils n'en traitent pas la cause et donc ne sont qu'un moyen et pas un but final. L'important est de traiter les causes du mal de dos, si c'est possible. Et, en effet, parfois c'est impossible alors la Morphine peut devenir une condition indispensable à  la survie. (mais remarquons que certains rhumatologues la refuseront "pour ne pas créer des toxicomanes"-- sans commentaires !!). Mais dans la plupart des cas on peut au moins limiter la douleur du dos.

Comme je le note dans mon texte le problème de la douleur psychique est que la morphine n'agit pas seulement sur la vertebre douloureuse mais sur la cause et le vécu de la douleur à  la fois, puisque la douleur est psychique.
Néanmoins je pense qu'il faut aborder le problème d'un point de vue global, comme dans le mal de dos.
Les produits permettront de calmer la douleur mais ils n'en traiteront pas la cause (au contraire ils risquent de l'aggraver quand ils deviennent insuffisants ou qu'ils entrainent des effets secondaires), donc il faut essayer de maitriser la cause le mieux qu'il est possible (la guérir serait mieux mais souvent dans les maladies chroniques c'est impossible et la cible est donc de maitriser plus que de guérir). Tu as évidemment vu des tas de psychiatres et ils ne t'ont pas guéri mais peut etre certains ont mieux réussi que d'autres à  te stabiliser. D'autre part, tu n'as pas vu TOUS les psychiatres et toutes les méthodes.  Donc en cherchant, tu peux peut etre trouver des méthodes plus apaisantes. Travail long mais potentiellement utile. Je ne te donne volontairement pas de piste, parce que je ne suis pas spécialiste et parce qu'il faut garder ouvert le champ des possibles.

Pour conclure, imagine un jeune qui sort d'un accident de voiture. Il a été amputé d'un bras et a des blessures multiples qui l'empêchent de faire même les choses les plus simples.

Il peut dire = je vais prendre de la morphine (pour mes douleurs) et rester dans un hebergement médical mais ma vie est foutue.

Il peut dire = ce sera dur mais j'arriverai à  contrôler mes handicaps et mes douleurs et à  mener une vie autonome et remplie. La morphine, les médecins et kinés m'aideront pour cela pendant un temps (et après au besoin)mais le but final sera de m'en débarrasser pour mener MA vie.

où souhaite tu te situer ?
Amicalement

Dernière modification par prescripteur (09 mars 2016 à  09:03)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
un bras amputé se compense de maintes façons ; par contre un psychisme amputé de sa quietude fondamentale est désequilibré et se cherche alors un traitement que nul psychiatre n a encore trouve parce qu ils refusent de comprendre que l heroine peut etre ce traitement
la douleur psychique est si pernicieuse! elle attaque meme le corps
rechercher son origine demande du temps et surtout un specialiste competent...ça se situe du cote des psy (chologue;chanalyste) ...c'est peut etre par là  que tu pourrais tenter qq chose
Reputation de ce post
 
Sans statuer je trouve l'hypothèse et la formulation très intéressantes. /Syam

l angoisse est le vertige de la liberté

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SheepskinTearaway homme
Banni
Inscrit le 27 Apr 2015
228 messages
Je devais répondre hier, mais j'étais complètement déchiré...

"Il peut dire = ce sera dur mais j'arriverai à  contrôler mes handicaps et mes douleurs et à  mener une vie autonome et remplie. La morphine, les médecins et kinés m'aideront pour cela pendant un temps (et après au besoin)mais le but final sera de m'en débarrasser pour mener MA vie."

C'est la phrase qui résume tout Prescripteur. Sauf que je ne peux pas avoir la même prescription de morphine qu'un type qui a des douleurs chroniques - et pourtant j'en ai. C'est une souffrance existentielle. Peu de gens la comprennent. J'ai lu ton texte - d'un très haut niveau intellectuel - Prescripteur, et il est dit, qu'effectivement l'angoisse, la douleur plus généralement, est liée au non-sens, à  la quête de sens. Quand l'enfant se retrouve dans une situation de non-sens, il trouve cela douloureux, et c'est souvent lié au départ de la mère (si j'ai bien compris). Il y a quelque chose de cette ordre-là  chez moi. Trouver le sens des choses, de ma vie... je ressens le monde extérieur comme hostile parce qu'il a peu de sens pour moi. C'est pour ça qu'il m'angoisse.

Ceci étant, c'est là  où je souhaite me situer Prescripteur, mais c'est pas là  où je me situe... je suis plutôt dans l'abdication. Parce que je n'y arrive plus, à  vivre tout simplement. Je vois aujourd'hui une psychologue avec laquelle c'est la première fois que j'ai vraiment l'impression de travailler. Mais c'est long, et pour l'instant c'est compliqué, car il n'y a plus personne autour à  part elle et l'équipe du CSAPA plus généralement.

Je suis tout à  fait d'accord avec toi bighorse. C'est dommage que je ne puisse pas avoir un traitement, ou au moins une tentative de traitement par une prescription opiacée... ceci étant, heureusement, peut-être que ça n'est pas possible. Je ne sais pas. Je pense à  l'accoutumance ; c'est vrai que dans les douleurs chroniques, souvent, la dose qui stabilise la souffrance la stabilise tout le temps. Les effets psychoactifs des opiacés sont les plus prompts à  disparaître avec une utilisation répétée. L'effet antalgique mène pas forcément à  une dépendance aussi rapide - de ce que j'ai pu lire. C'est encore différent... corrige-moi si je me trompe Prescripteur.

J'ai envie d'un travail mais je sais qu'il servira à  consommer... En même temps, sans cela, c'est l'ennui profond, car aucune envie de rien.

"She opened her heart
To a tearaway, a sheepskin tearaway
All covered in scars
And full of Heroin." - Peter Doherty

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