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Un projet de décret est à l’étude pour permettre aux détenus toxicomanes de bénéficier de seringues pour consommer des stupéfiants « à moindre risque » en détention…
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http://www.20minutes.fr/societe/1992191 … oxicomanes« Ne donnons pas le bâton pour nous faire battre ! » Comme FO Pénitentiaire, la CGT est vent debout, depuis le 4 janvier, contre un projet de décret qui envisage la mise à disposition de seringues auprès de détenus toxicomanes afin de leur permettre une « consommation [de stupéfiants] à moindre risque ».
A l’image du débat très vif accompagnant l’ouverture, en octobre, de la première «
salle de shoot » à Paris, les discussions en cours se cristallisent sur la nécessité de soigner les détenus au sein même des prisons tout en assurant la sécurité des agents pénitentiaires y travaillant. Explications…
Que prévoit exactement ce projet de décret ?
Le décret est censé permettre l’application de la « Loi de modernisation de notre système de santé » du 26 janvier 2016. Et notamment de son article 41. « La politique de
réduction des risques et des dommages [des usagers de drogue] s’applique également aux personnes détenues, selon des modalités adaptées au milieu carcéral », indique celui-ci.
Le Conseil d’Etat planche donc actuellement sur la rédaction d’un décret qui pourrait permettre aux détenus toxicomanes de pouvoir bénéficier de seringues afin de consommer « à moindre risque » des produits, même durant leur détention. Un préalable à la mise en place d’une politique sanitaire permettant à chaque toxicomane d’entamer un parcours de sortie de la dépendance. Une fois rédigé et validé, il faut encore que ce décret soit publié au Journal officiel pour qu’il soit appliqué.
Quelles seraient les conditions pour qu’un détenu en bénéficie ?
Le projet de décret est encore en cours de rédaction et donc susceptible de modifications. Mais selon les premiers éléments transmis aux organisations syndicales, il prévoirait la mise à disposition de seringues à un détenu occupant une cellule individuelle, dans un établissement n’étant pas en situation de surpopulation carcérale et après un accord du directeur de cet établissement.
Pourquoi les syndicats y sont-ils opposés ?
« On marche sur la tête », s’étrangle Emmanuel Gauthrin, secrétaire général de FO Pénitentiaire. Selon lui, la mise à disposition de telles seringues présente des risques pour les personnels surveillants. « Des risques de transmissions de maladies d’abord, décrit-il. Et surtout que les détenus transforment les seringues en armes. Que fera-t-on le jour où il y aura une prise d’otage à l’aide d’une seringue ? »
Opposé également, Christopher Dorangeville, de la CGT Pénitentiaire, est toutefois un peu plus nuancé. « Du point de vue sanitaire, c’est une avancée, indique-t-il. Mais je crains que cela ne soit dangereux pour les personnels. Sans parler du risque de trafic de seringues qui pourrait ainsi voir le jour. »
Y a-t-il beaucoup de détenus usagers des drogues dures ?
Si le
cannabis circule énormément en prison (lire ici et là notamment), il n’en est pas de même pour les drogues plus dures. « Certains parviennent à faire entrer des téléphones en détention. D’autres, moins nombreux, du
crack, de l’héroïne, de la
cocaïne… », assure Christopher Dorangeville.
Le projet de décret vise donc aussi à éviter que ces détenus se confectionnent eux-mêmes des seringues artisanales. Une pratique jugée « marginale mais extrêmement dangereuse » par une source proche de l’administration pénitentiaire. « Il faut reconnaître qu’il n’y a que quelques cas », poursuit Emmanuel Gauthrin.
A quelle échéance ce projet pourrait-il voir le jour ?
Il y a encore beaucoup d’étapes à franchir. Le projet de décret n’est encore qu’en cours de rédaction au Conseil d’Etat. Il doit ensuite être validé avant sa publication officielle. Présenté aux organisations syndicales, mercredi 4 janvier, il doit encore faire l’objet de nombreuses discussions.
En parallèle, une expérimentation sur le sujet est actuellement menée au centre pénitentiaire des Baumettes, à Marseille (Bouches-du-Rhône). Contactée par 20 Minutes, l’administration pénitentiaire refuse de communiquer sur le sujet avant les résultats définitifs. Mais son principe semble assez simple à appréhender : qu’un toxicomane entrant en prison ne le soit plus le jour où il sort…