J'en prends. J'en prends, sûrement trop. J'en prends.
J'en prends parce j'ai vu des algues briller comme de petits soleils.
J'en prends pour entendre les mélopées sifflantes des arapèdes sur le gris du rocher.
J'en prends pour que le scalpel impeccable de la molécule m'incise le cortex de joie.
J'en prends pour les mandalas d'herbe chuchotant leur murmure.
J'en prends pour que l'on m'ouvre les banques de données des archives cellulaires.
J'en prend pour changer en pagodes les barres de béton.
J'en prends, pour la transverbération de la bonté primordiale.
J'en prends pour établir mon camp au milieu des pulsars.
J'en prends pour regarder au fond des yeux ma peur.
J'en prends pour vous mes frères de la vraie nudité, et j'en prends avec vous.
J'en prends pour guérir les gangrènes.
J'en prends pour échapper aux diktats immuables du temps.
J'en prends pour dire merde à Je.
J'en prends pour lever le voile sur les coulisses de la Comédie énorme.
J'en prends pour ce gamin qui a su être Christ en finissant sa bière.
J'en prends pour les derviches de la nuit.
J'en prends pour la terreur, de ne plus rien connaître
J'en prends car je suis le Morse et le Tatou.
J'en prends pour la grande fluidité de la danse.
J'en prends, pour dresser mon majeur devant la folie.
J'en prends pour devenir l'été.
J'en prends, sûrement trop, j'en prends.