Partie III
LE DEPOTRésumé des épisodes précédents : insultes, amitié brisée, guet-apens, vengeance, coup d’Opinel. Puis rémission immédiate, du blondinet, votre serviteur, qui court, son couteau, bouillant, à la main, jusqu’au premier comico.
Vous aviez raté le début ?Rendez-vous avec mon traître d’ami était pris. A Danube, pour aller pécho rue Gaston Pinault 75019 (il ne se demanda pas pourquoi j’avais besoin de lui pour ça, je lui ai dit que j’étais mal servi). Mince il n’est pas seul.
Le couteau est dans ma poche, et ce n’est pas, comme en sera persuadée
la juge, mon couteau de dealer, qui me sert à faire mes barrettes…Mais l’arme du crime, prémédité, avec annulation possible, jusqu’au dernier moment…
Je lui tends deux perches, espérant un résultat ou un autre,
sans émotion.
Il veut partir avec mes
thunes, et je l’en empêche.
Avec violence, graduée, mais pas le temps de fuir, ni de se mettre à deux contre moi. Il tombe en faisant
gicler son sang, le cul devant l’entrée...de la pharmacie.
Touché au foie, il est en danger de mort, en fait il devrait être mort d’ici quelques minutes...J’en ai sur moi, plein, de son sang, (pas le mien pour une fois!) sur mon bombardier, mon 501, mes mains...
Coups et blessures hashishins. Sans défonce, sauf les cachetons, partagés avec la bière, offerts par moi, avant que
la victime, décide, ayant l’argent et une sensibilité à cacher sous une carapace de psycho, violent, de me la faire à l’envers.
Méfiez-vous du faux calme, qui est à bout…Il n’a pas le contrôle, mais est déterminé. Je parle de moi, pas de ces deux cranes rasés qui le toisent d’une bonne tête. En fait si, contrôlé, j’étais résolu, en espérant qu’il ne tombe pas dans le piège, de vendre une amitié pour 6 g de
shit…
J’espérais qu’il ne soit pas si ingrat, après ce que j’avais fait pour lui par le passé.
On l’a vu pour moins. Depuis je me suis laissé arnaquer toute ma vie, ils croyaient me voler, mais c’était donné. Allez-y puisque je suis une victime aux mains liées, et à l’épée de Damoclès de la Prison au dessus de la tête…
Quand le cave se rebiffe, et se montre non coopératif avec ses tortionnaires. Je me dresse tous crocs dehors, sans faire bien peur !
Alors je vais plus, trop, loin.
Pas de demi mesure, comme un timide sur scène je sors toute la haine, qui, distillée à partir de «je t’aime» déçus, et de « à la vie...à la mort » à sens uniques. La vie est un labyrinthe, (negro, les petits poissons se font manger par les gros...) et la mort une voie sans issue, sans retour. Enfin, à part Jésus.
Je redresse mon dos, tend mon bras, serre mon poing, et fait briller le fer, à la lumière, grise, de cette journée d’hiver.
Comme un seul «
non » qui tue, au milieu de mille humiliations, qui continuerons. Je taille dans le gras, fonce dans le tas.
Cela frise le masochisme…
La victime a raison de culpabiliser, car c’est elle qui s’est laissée coincée dans cette situation. Si la vie était juste...mais, l’injustice fait que ce sont toujours les mêmes qui subissent. C’est parce qu’on appelle ça, on l’attire, de sa tête de pitié-man, de son inconscient qui fantasme son martyr…
La vengeance grise, libère de la
dopamine et nous donne l’impression que l’on domine. Mais on ne fait qu’inverser les rôles, dominé/dominant, apparents... En restant dans ce schéma victime/vrai mec, puéril. Et pourtant, si important quand on a seize ans...
Il me poignarde dans le dos, je lui troue la peau, de face, et en lui laissant une chance de tout arrêter. En somme il m’a utilisé pour se tuer, à travers son comportement, son ami perdu. Il cherche la limite. Je ne l’a trouve pas…
Donc ma victime, là oui, est sur le billard. J’en ai fini avec la deuxième garde à vue.
Je suis entré Jeudi, nous sommes samedi.
Normalement, il y a une limite, un renouvellement de 24h max, de GAV. Selon époques et domaines (terroriste, stup’, mineurs…). A l’époque c’est 48, voire 72 cas précis.
Je quitte donc le commissariat, en
fourgon cellulaire. Déferré au parquet (substitut du procureur), ou plutôt sous le parquet,
le dépôt est lieu à part, et c’est là-bas, au
Palais de Justice de Paris, sur l’île de la cité, que je suis transporté.
Sous ces ors et pierres anciennes, conciergerie, et Sainte Chapelle, se trouvent les geoles de la honte, de la République. Qui, dès la Révolution, enfermait jusque dans le chef d’oeuvre de l’Eglise St Louis. Et pire.
On me sort avec les menottes derrière le dos. Puis on me fait entrer derrière le fourgon de Roland Magdane, mais avec six cellules, grillagées.
Si vous avez vu «
Le clan des Siciliens », la scène de début (histoire vraie), Delon est dans une de ces prisons roulantes. Dans le rôle inspiré par Loutrel ou Girier je ne sais plus quel braqueur a fait ça en vrai. Il sort une mini disqueuse et scie un passage dans le plancher, pour s’échapper. Sur la musique fameuse, de ce film noir.
Et bien c’est exactement ça, depuis 45, et le hold-up célèbre, en traction-avant, sans ticket d’essence, de la paye des employés de la caisse des dépôts. Le voyou méprise le prolo, qu’il aurait pu être, mime le bourgeois dont il fréquente les femmes et se protège dans la marginalité. Depuis, peu a changé, sinon rien.
Les prisons françaises, et lieu de privations de libertés (dénoncés, sans relâche, comme inhumains et illégaux, par la Cour européenne des Droits de l’Homme, il y a du progrès depuis, mais toujours une spécialité française : l’évasion), ces
cachots, cachés aux infos, n’ont rien à envier au tiers monde.
Il y avait encore des camions citroën à ouverture de portes vers l’arrière, chevrons avant stylisés, increvable véhicule, à passer la porte du 34, entrée du lieu, quai des Orfèvres. Oui, on a une tradition de vol et d’or, ici.
On me détache, je crois (pas sûr) et m’enferme. Un autre détenu en transit est dans une autre case d’un m² (on est debout, si je me souviens bien). On ne voit rien, et ne sait pas où on va.
Le « collègue » me dit :
-Eh cousin ! (accent de blédar), quand on sort on se barre, OK
-Si tu veux te prendre des coups, oui…Je te conseille de rester tranquille.
-Vos gueules là dedans! Vocifère l’haleine de bière du flic, vers l’arrière.
En sortant, je constate, qu’en toute logique, on est à l’intérieur du Palais. Et que, malgré mon conseil le gars à la tête démontée. Là, il l’a cherché…
J’t’avais prévenu...Menotté dans le dos, dans l’enceinte aux murs hauts, il pensait quoi ?
On est pas encore entré, on ne sait même pas où on est. On nous guide
menottés, à travers les portes, portails, grilles, lourdes, et couloirs, escaliers, et encore…
On passe par la salle de fichage et d’identification, à l’ancienne, même si on continue, avec l’informatique, c’est la
méthode Bertillon.
La police « scientifique » a vu le jour en France, avec les portraits décrits, les mensurations, et empreintes digitales, et la photo. Tout cela existe, dans chaque comico où je suis passé j’ai laissé, identité (même innocent), empreintes, photo. Ca prouve que même s’il y a peut-être un réseau national (pas sur…) il y a toujours des fichiers dans chaque commissariat.
A Paris on centralisait les fiches.
Puis tout le monde passe un par un à la fouille. Aux empreintes, chaque doigt dans l’encre.
On se retrouve dans une salle qui donne sur un espace de cages et de coursives, sur trois étages qui est grand comme un terrain de foot en salle, plus même.
La souricière comme on nomme les venelles et les parties, de cellules et couloirs, qui bordent d’autres geoles. Moi je suis au dépôt, sous le sol du palais, avec son itinéraire balisé. Qui n’a pas changé depuis cent ans, ou à peine. C’est le cas de le dire.
Là nous sommes majeurs, mineurs, en slip, à la queue leu leu...c’est le cas de le dire, avec chacun son barda, vêtements etc.
Je me retrouve avec chaque doigt appuyé sur l’encrier, étalé sur la fiche.
Ce système de fichage, avec empreintes digitales et mesures, photographies, est atribué au français, Bertillon. Ce qui rend historique la salle de fouille, fichage, identité, empreinte, photo, numéro, qui se trouve, là où on l’a inventé.
Au début le fichier, sur papier bristol, ne servait que pour les récidivistes, puis, voyez, chaque personne qui passe en g.a.v. même comme témoin, aujourd’hui, est fichée de la tête aux pieds, cela ne fait que s’amplifier. On peut, en théorie, refuser, vous avez quelque chise à vous reprocher pour empêcher le travail policier ? En général au moment de la prise de vue, on est pas au top crédibilité, ni maquillée.
Cela mérite une aparté. Dans chaque commissariat de France où je suis allé on m’a pris empreintes, et photos, ADN et cela sans raison légale. Maintenant c’est numérisé, pourtant, on ne se contente pas de vérifier si vous êtes dans le fichier, une nouvelle fiche est réalisée chaque fois.
Soit (au début c’était pire que ça, pas de communication du tout), il n’y a pas de fichier utilisable (le stic, oui le grand banditisme, les fichés, ou autre mais bon, étant donné qu’il y a soit les condamnés et repérés de fait, soit les 10 millions de français ayant étés cités dans une procédure…), soit c’est une violation des droits, qui, de surcroît, n’a pas d’effet bénéfique pour la bonne marche de la police judiciaire.
Aux USA, ils ont sorti, enfin non, la machine à 100 000s made in France, Safran, 20 minutes pour prendre les photos, mais les empreintes, en 2/2 grâce aux ingénieurs, dont la France ne peut s’offrir le fruit du labeur, qu’elle a pourtant contribué, financièrement, à faire exister.
On a donc des comicos, avec encrier, et d’autres avec d’étranges petits appareils scanners à l’usage aussi approximatif que poussif et capricieux. La police est pauvre et ça c’est une contradiction que seule peut égaler celle qui concerne la justice et la pénitentiaire. Détrompez-moi si je me trompes, lecteurs flics ou « matons », pensionnaires ou surveillants.
Cette salle est connue, car une fois les empreintes prises on va les classer avec la fiche d’identification et la photo. Ce fichier papier était encore le seul utilisé quand j’y suis passé. Décuplé pour chaque localité, mais pas d’ordinateurs, ni dans les commissariats que j’ai fréquenté, ni dans le bureau du procureur. Seul le bruit de la frappe maladroite et lente, d’un « putain plus d’encre » officier de Police judiciaire, « chier, faut que j’recommence, ils sont où les carbones, putain !! », ou les touches au bruit sec et précis de la greffière. Notez.
C’est le moment de la photo, le plus émouvant. Il est encore presque d’époque, ce système de chaise photographique anthropométrique.
On vous assoit, sangle presque, sur une chaise en bois, avec un appui tête, le corps est maintenu droit. Là un opérateur lance la chambre, l’appareil dont le flash et l’obturateur se déclenchent automatiquement. En lien avec la position du détenu, que l’on pivote de profil, à l’aide d’une roue de fer. Ce mécanisme est fort impressionnant par son ancienneté, son efficacité et son parfum de graisse et de ferraille, des brigades du Tigre.
Clic, face. ManivelleClac, profilC’est dans la boite
Les
rails et les
roues ainsi que la
toise, en métal noir sont comme sur de vieilles photographies…
Ainsi j’ai mon portrait, parmi la galerie des illustres Bonnot, René la Canne, Mesrine, mais aussi des bagnards, et des collabos, des inconnus, et une mer d’innocents. Ahuris après deux jours de cellule, on entre dans la galerie des mauvaises têtes.
Certains ont le regard fier des
Apaches de Menilmuche, d’autres comme, Landru la
tête du coupable qui n’en avait pas l’allure...
Guy Georges a posé ses fesses d’enculeur de personnes agées, sur le siège où mon froc s’est frotté !
La photo de Nino, le roi de la belle (celui qu’on a libéré à coup de C4 et d’armes de guerre, en faisant le siège de Fresnes), a circulé dans tous les commissariats et dans tous les journaux.
Avec son air de
petite frappe millionnaire, comme le
regard vif de Vaujours, ou de Rédoine Faïd, l’air de dire « les gars, si vous croyez m’enfermer avec ça, je ne suis que de passage... ». C’est vrai que peu d’endroits de réclusion ont été si touchés par les allées et venues, évasions et simples pieds de nez (« je me barre quand je veux »), libres, ou avec otages, de toutes les façons, chacun sa manière, sa façon de faire, et son culot, depuis le saut d’une fenêtre, à la grande porte, de l’arme aux toilettes pendant la séance...à l’attaque en masse.
Regardez la toise et la cale qui maintient la tête droite derrière la nuque de (je ne suis pas du tout fan de truands même s'ils sont fascinants) Mesrines, qui n'a pas mon respect, oh non, c'est juste un exemple. J'aurais pu dire Carlos.
Je me demande comment est la photo de mon visage poupon, avec certainement, un
regard naïf mais déjà blasé, et furieusement déterminé. Mais
perdu, ici, dans cette société inhumaine, la vie si décevante faisant de moi une victime et un monstre...
Puis on doit à nouveau se mettre
en ligne,
en slip, et se désaper.
Je suis entre un gros lard blanc, puant et suant, et un athlète africain, à ses yeux, malien.
Arrivé à mon tour, deux bleus examinent, en louchant et titubant, donnant la gite à l’anis, à l’intérieur de leur sang.
- « C’est pô vrai ! »
Expression typique de là où je suis né. « Ehh t’es des côtes du nord mon gars ! Un breton, ça picole bien là-haut, hein Raymond (sa femme est de Lyon), vas-y laisse le petit, c’est bon, le Breton, Kénavo ! »
Le grand noir derrière moi, n’a pas le même accueil, je me retourne en entendant «
à poil Bamboula ».
Et là, je vois le gars nu,
la verge à l’air, fier, et cela a l’air d’impressionner l’assistance, car il pavane sous les applaudissements, ils lui trouve belle mine, à sa, pourtant pas si incroyable, bien qu’honorable,
pine.
On est une bande de potes, on se marre bien. Coluche est en dessous de la réalité.
Ici on est en dessous de tout.
La suite ? On est entassés dans une cage d’attente.
C’est à dire une
pièce grillagée de 8m2, avec rien, et 20 personnes dedans.
On a chacun récupéré ses vêtements, sauf les lacets et ceintures, on a les clopes, pour allumer il faut demander au « maton », son briquet. Ils n’arrêtent pas de courir allumer des clopes, et ouvrir des portes, c’est pas terrible pour eux non plus. Mieux vaut les solliciter avec, euh, politesse.
Cette cage donne sur une grande salle qui forme un vaste rectangle vide et s’élève sur trois étages d’escaliers, cours et grillages.
En sous sol, en fait on arrive par le -3.
Sur les côtés sur trois niveaux,
se trouvent des cellules pour une à trois personnes, sans rien d’autre que des chiottes à la turque bouchées, et l’odeur de l’air vicié.
Derrière de lourdes portes avec, comme unique lucarne un « Wassistdas » rouillé, qui donne sur l’obscurité. Dans ces geoles, qui résonnent des sons violents et râles,
émis par le trop
plein humain, dans le
vide urbain,
sous terrain,
où l’on enferme la chèvre et le loup, ensemble.
Des témoins et des assassins. Ou des personnes, normales, qui, comme de juste, après dix heures (ou deux) dans le noir, sans repères, deviennent fous. Certains mangent leurs excréments.
C’est dans cet état que des présumés innocents, seront présentés, défendus par un avocat/alibi, à un magistrat, qui au vu de son impression, sans aucun autre point de vue que celui de la
police, sera mis en
liberté ou pas.
Après 20h de dépôt, tout le monde à l’air d’avoir tué sa mère.
Les murs suent la mort, l’urine de rat, seule, peut vous tuer si vous avez le malheur d’en toucher, et de mettre à la bouche vos doigts (ou l’inverse...). Comme chaque fois qu’on se rassoit pour fumer après s’être fait allumer sa blonde « merci chef » par Didier Roger.
Pour l’instant je m’accroupis auprès d’un type, « tu as une garrot mon frère ? », oui je lui tends.
« Donne au gardien qu’il allume une autre à toi, et comme ça je m’en servirai pour. émietter.. »
Il a réussi après ces fouilles approfondies, à passer un bout de techi ! Dans son cul. A ce moment là, après toutes ces heures de misères, je m’en fous que cela vienne de son fion ou de la chatte de Thatcher…
J’ai de la chance, 1,67m au milieu de 19 adultes, dont de gros durs, et je trouve un « protecteur », le seul mec qui a du
shit, c’est lui. Il roule avec le bout incandescent de la
cigarette pour ramollir le
hashish. C’est du très bon, à l’époque on est pas habitué à la grande qualité.
Ma chance, c’est que ce
joint, c’est moi qui serait, le seul à le partager avec mon compagnon d'infortune.
Au dessus de nous l’odeur monte, forte, avec la fumée, curieusement nous ne sommes pas taxés par les autres prisonniers. Et plus étonnant, les gardiens, dont les bottes trottent au dessus de nos têtes, sur les coursives en grille, ne remarquent rien.
Je suis en train de
fumer un joint,
dans une cellule,
au mitan des mitards, du dépôt au
troisième sous-sol du
quai des orfèvres, et du
Palais de Justice de la Préfecture de Paris. Les surveillants passent à côté, au dessus, et finissent par appeler mon nom.
On me guide jusqu’au
quartier mineur. C’est plus
convivial, on peut finir la baston commencée dehors, puisqu’on est dans des cellules ouvertes, qui donnent sur un couloir, où se trouvent des tables et chaises, rivetées (
où l’avocat pourrait consulter mais ce no man’s land personne n’y vient de son gré ! Sauf les cathos les éducs, les baveux et encore, et les gendarmes).
Et normalement, une personne, assermentée, pour le
contrôle des lieux de privations de libertés dix ou vingt fois condamnés, ce dernier fut aveugle jusqu’à nouvel ordre).
Et, surtout, nous avons, en lieu et place de lourdes portes de dix tonnes, ou d’acier trempé, une grande vitre (anti-gorilles comme au zoo). De la lumière et une vue, sur la misère, en miroir...la beaufitude en illustration.
Les surveillants viennent
allumer les clopes, mais quand tu n’en a plus ou qu’il te dit « pas pendant les prochaines heures... », tu n’as pas idée de l’heure de toute façon...sauf à chaque arrivée et par horloge interne, en gros.
Comme si les bruits de clefs, les claquements de lourdes, les cris et OOOOooOO !! OUAIS OUAIS ROUIA...aaaaiddeeezzzz mooooi….AAAAAAaaaaaa TA GUEULLE BAM BAM BAM BAM…
Euh t’y es allé un peu fort là J.P…
Il respire...encore ! Vas y continue..
On se défoule, on est humain (quand un flic dit ça cela ne veut pas dire, vulnérable, mais « faut pas trop nous chercher... »)
Sur cette baie vitrée, résonne le bruit du ballon qui frappe, quand les gendarmes (ce sont eux qui s’occupent de ce lieu, et d’amener, menotté et enchaîné, l’inculpé (1995) au proc’) se le renvoient. Ils shootent, tirent et tacles, lobent et font des passes, dans un fracas diabolique, au cours de véritables parties de foot avec paris (et pipi contre les murs). Ils ne se cachent pas pour boire le pastis, sans glace.
La balle rebondit sur toutes les portes, métalliques,
et les murs décrépis mais aussi les vieilles pierres, on est dans un monument millénaire, mais ceux là ignorent bien qui était St Louis et ce qu’est la Conciergerie (comme tout le monde sauf qu’eux font vivre un lieu de mémoire en l’ignorant, mais dans la droite ligne (sadique) historique, qui devient, début XXème le sous-sol, fier, puis peu à peu honteux, de ses cuisines et vestiaires).
Les «
oh vas-y Pierrot tire ! » et rebonds à faire sursauter un mort, font
écho avec le
vide et la hauteur de plafond.
C’est Alcatraz sauce royale saucisson-pinard, l’enfer en plein milieu de la capitale, le cerveau ou le coeur de la France ?
Le foie malade et l’estomac qui balance l’inculpé comme un chat dans la machine à laver…
Les égouts de la République. extrait du film documentaire de Depardon "Délits flagrants" 1995, scène où l'on mène le détenu, prévenu, au bureau du substitut du procureur. Cette image est importante, il n'en existe pas de prise dans le cloaque. (Sauf peut-être les selfies des gendarmes avec les bites des prévenus...)
En effet,
Il a été tourné une fois, seulement, et quel hasard la même année que mon histoire un film sur ces lieux, dont même les chroniqueurs judiciaires, ignorent, l’effet produit, immédiat, sur le corps. Et bien plus.
Ce film est «Delits flagrants » de Depardon, qui montre fidèlement le moment où le déferré passe du dépôt, enfin des geoles, au bureau du juge ou du substitut du procureur. Ces couloirs si longs, d’où l’on remonte les numéro d’écrou (?), en passant par des tunnels.
On est tiré par une chaîne, que tient un
gendarme en livrée. Cela donne un côté solennel à tout cela.
le dernier juge que j'ai vu, avait plus de vice, que le dealer de ma rueAssassinS
Je me demande, si le
procureur se rend compte, d’où sort la personne, qu’elle convoque, et à qui elle parle avec morgue, (je dis elle, pourquoi pas, partout où l’entrée est sur concours, les femmes sont légion (sauf dans la légion)). Elle a le pouvoir de décider de la vie d’un gosse, qui a fait une connerie.
Mais n’allons pas trop vite,
je
fumais un joint du samedi soir, au
mitan des mitards avant d’être amené à ma prison de la nuit.
Moment de grâce comme on en vit que dans la crasse...Et de
solidarité entraide,
mais faut pas pousser, fumé à 20 ce
joint n’aurait servi à rien. J’ai été assis à côté de la bonne personne, (Farid), au bon moment, (dernier samedi de février 1995).
Tu parles une
anecdote comme ça, tu sais déjà que tu la raconteras à tes petits enfants... ou du moins dans trente ans !
Je me crois dans un endroit qui n’existe pas. En effet il faut le voir pour le croire. Je n’en reviens toujours pas.
Et ma victime était en vie, pour l’instant, enfin, je ne savais pas.
Moi ce que je pensais, c’est que j’allais en à
Fleury.
Quand j’arrive en quartier mineur, il y a un homme, en fait il a dix sept ans. Mais sa carrure, fait passer ce grand blond de la
cité des Bosquets, qui a fait un week-end sauvage et atterri ici, pour un vrai mec.
Il a d’après lui amoché des gars, puis volé une caisse avant de faire une course poursuite et de frapper un flic, puis de se faire tabasser, par ceux qui croyaient avoir à faire à un majeur.
Quand un autre fait son entrée. Entre mineurs on peut discuter.
Il est
speed, n’arrête pas de parler, un débit de cité comme dit Steve. On parle très vite tous les trois.
Ils sont impressionnés par mon geste, et du coup me respectent, moi le moustique à la tête de bébé bourgeois. « T’es bon pour trois ans à Fleury », « oui mais primaire, peut-être la préventive et du sursis en suite… ».
Je m’en fous. A ce moment. Je ne me projette pas. Mon « pote » est quand même dans le coma ou sur le billard...
En tout cas, il semble que dans la hiérarchie « underground »,
planter un gars, soit mieux placé sur le papier, respecté, que voler un walkman.
Ou même frapper un flic, casser une bouteille sur la tête de sa meuf, et s’emparer d’un véhicule pour causer des dégâts très coûteux.
D’ailleurs c’est vrai, entre du matériel et la vie, c’est autre chose, et si l’on pense, sait, l’autre assez « fou » pour ne pas s’arrêter à la barrière, on le craint ou le respecte, car il peut aller plus loin.Je sais que c’était la fin, de la trilogie, mais je préfère faire un autre billet pour la suite, mort pas mort ? Prison ou non ? La suite dès les prochains jours, la tête de moi !
Mieux vaut ça qu’une fin de billet déjà long.
Epilogue avant vendredi prochain, inch’ Allah
Croquis du siège photographque anthropométrique judiciaire :
merci