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Du rêve au cauchemar, l'éternel retour 



Texte écris à chaud, entre rêve (décharge de dopamine) et cauchemar (descente).


J'ai été jongleur d'opiacés, d'opioïdes. J'ai kiffé, surkiffé. En retour, ils m'ont aimé, suraimé. Plus que n'importe quel être ne m'a aimé jusqu'alors. Oui, c'est une triste vérité. 
Notre histoire d' amour a connu des hauts et des bas. Parfois, c'était un rêve réel ; parfois, c'était un cauchemar réel. Parfois, j'étais le charmeur de serpents ; parfois, ils étaient charmeurs du serpent. Mais... à force de jouer au dominant et au dominé, on en vient à oublier qui est le dominant et qui est le dominé. A vrai dire, on ne sait même plus ce que signifie la domination, si tant est qu'on l'ait su un jour...

Leur abandon a été une nécessité. D'abord voulu par l'État avec l'interdiction de la vente libre de la codéine. Ensuite voulu par la société avec l'impossibilité de me fournir en rabla. Enfin voulu par moi-même, dans un élan vitaliste si j'ose dire. Dans un effort de changer de vie, un effort qui a payé. Je crois. Je pense.

Oui. Moi, le charmeur de serpent devenu serpent charmé. Je me suis défait de leur charme, de leur emprise. Et j'en suis très fier. Aujourd'hui, seul le kratom perdure dans ma vie. D'un côté, il est jovial et coloré. De l'autre, il est âcre et aigri. On a tous nos défauts, m'a-t-on dit. Rouge, blanc, vert et or, pourtant tous sont verts. C'est leur commun uniforme de guerre. ils obéissent tous au même empire. Ce sont les soldats qui s'affrontent à mes côtés dans certains combats dans la vie. Car oui, maintenant je mène des combats dans la vie, et non plus des combats contre la vie. Enfin, c'est ce que je croyais il n'y a pas si longtemps. Aujourd'hui, je crois surtout que le rêve et le cauchemar sont des cycles de la vie humaine. Je crois qu'ils constituent une forme d'éternel retour propre à chaque être en ce bas monde. Chacun a le sien. Je commence à connaître le mien.

Retour à la case départ. J'ai trouvé pire que mes précédents dompteurs opiacés. Oui, j'ai trouvé pire. Ou peut-être que j'ai trouvé mieux. Ou peut-être que j'ai trouvé pire et mieux. Parfois il m'arrive de mener des combats non plus dans la vie ni contre la vie, mais contre la mort.
Mort imaginaire, fantasque, onirique, cauchemardesque, va-t-en savoir! Toujours est-il qu'il s'agit bien d'un combat contre la mort, contre une mort. Certains le savent aussi bien que moi, peut-être même le savent-ils mieux que moi, les descentes de cocaïne sont tellement hypnotisantes que l'imagination prend parfois le dessus sur la réalité, et le cauchemar d'une mort lente se transforme vite en réalité d'une mort subite.

Oui, j'ai trouvé pire et mieux que mes précédents dompteurs. Aujourd'hui, c'est à toi que je m'adresse, chère cocaïne. Excellente charmeuse de serpents, s'il en est. Tu me fais "prendre mes rêves pour des réalités", comme disent les indolents. L'afflux massif de dopamine, mama mia, ô ça non maman tu ne connaîtras pas, mais moi, oui, je  connais. Le rêve devenu réalité, quoi.

Mais... Ne parlons pas trop vite. Car le cauchemar n'est autre que la face cachée du rêve. C'en est même parfois la clé de voûte. Ce marionnettiste de la conscience nous fait croire de belles choses... pour rendre celles qui suivront plus horribles qu'elles ne l'auraient été autrement. Marionnettiste, vicelard que tu es!

Oui, allons-y. Parlons maintenant du revers de la médaille, dame cocaïne. Celui dont tu ne m'as jamais osé me parler. Et qui pourtant me ronge terriblement.
Eh bien, chère paranoïa, c'est à toi que je m'adresse maintenant. Là, au moment où j'écris ce texte, tu me tiens fermement dans tes serres acérées, tel un aigle affamé. Tu me fais survoler le vaste empire de ma conscience. De là-haut, je prends mes cauchemars pour des réalités.

Ah! Bordel. Mon cœur bat dans ma poitrine. Mais non, il hurle, il fulmine même. Je l'entends, je le vois. Ne l'entendez-vous donc pas? Ne le voyez-vous donc pas? Eh bien, je vous encourage à prêter davantage attention à ce qu'il se passe. Observez avec moi, tendez l'oreille avec moi. Et croyez-moi ou non, mais mon cœur compose une symphonie des enfers.
Il se consume à pe... grand feu, je crois. Il se contorsionne dans tous les sens. On dirait un danseur étoile. Il est dans mes abdominaux, dans mon estomac, dans mes jambes, dans mes poignets, dans ma tête. Le corps tout entier devient l'Opéra de mon cœur. Les organes deviennent le chœur de ce cœur. Le cœur, c'est le maestro et le maelström à la fois. 

Il raisonne tellement fort. Plus puissant qu'un écho dans la montagne. Je l'entends partout et nulle part.
Ô chère paranoïa, tu me rends hypocondriaque. Je le sais. Tu le sais. Alors avoue le moi. Avoue le moi, bordel!
Regarde, c'est évident. Mes abdominaux deviennent nerveux et tendus sans raison. Mes poumons succombent sans succomber. Ma main, simplement posée à la surface de ces derniers, fait œuvre de remède miracle. Oui, je ne ressens plus la douleur... Mais l'ai-je déjà seulement ressenti ou bien me le fais-tu croire, chère paranoïa?

Ahah! Vous riez, et vous avez parfaitement raison. Moi aussi, je rie. Je rie de ma mort, à petit feu. Et pourtant je crois mourir, à grand feu. Mais au fond, tout cela n'est qu'une immense mascarade! C'est d'une naïveté sans nom! Et pourtant cette naïveté n'est-elle pas ma réalité au moment où j'écris ces lignes?
Demain, tu es loin. Demain, dame paranoïa sera transfigurée en une autre dame de malheur, la très chère culpabilité que je connais très bien aussi, un peu trop même. Oui, moi, l'autodestructeur à temps partiel, comme elle se complaît à me surnommer.

Mais ne parlons pas de demain, parlons d'aujourd'hui.
Ca y est. Il arrive. Je le ressens. Ne le sentez-vous pas pointer le bout de son nez? Si. Si! Cet ultime sentiment de déception, tout le monde le connait. Usager ou non. Souvenez-vous, lorsque vous étiez gosse. Lorsque vous portiez une foi naïve mais impérieuse en une chose d'une valeur toute particulière à vos yeux... Une glace, un chocolat, la venue d'un camarade, une partie de football etc. Eh bien, maintenant souvenez-vous de la peine ressentie lorsque vous réalisiez que cette chose tant chérie n'adviendrait finalement jamais. Précisément, c'est tout juste ce que je viens de ressentir. Moi, ou ma conscience, ou mon cerveau peut-être, qu'importe. Je pensais que la charge de dopamine provoquée par dame cocaïne allait durer pour l'éternité... Non, non. Pas du tout. Ridicule et enfantin, n'est-ce pas? Et là, c'est l'annonce qui vient sonner le glas du coup de massue tant redouté.

Ce coup de massue, c'est un casus belli contre moi-même. Formule débile, en toute objectivité. Mais riche de sens, pour l'autodestructeur que je suis.
Quand l'inspiration meurt aussi vite qu'elle est née dans mon âme seulement quelques minutes auparavant, et que par là-même, la paranoïa prend le pas sur tout le reste, alors la guerre est déclarée.

L'adversaire porte un nom simple et bien connu de tous. C'est la descente. Au moment où je vous écris, plusieurs choix s'offrent à moi. Succomber à l'adversaire en m'enfilant une énième ligne? Envoyer mes troupes de benzodiazépines et de kratom? Laisser couler? Mais laisser couler, cela reviendrait à me noyer. La descente, si je ne la combats pas, me flingue le cerveau. Elle fait danser  le stress, les angoisses, la paranoïa et l'anxiété dans ma conscience pendant des dizaines de minutes qui semblent être une éternité...
Je vous laisse deviner quelle solution je vais choisir.

Me voici détendu.
Plateau agréable? Descente amortie par mes soldats? Je ne sais pas. Je ne sais plus rien, ou presque. Je suis détendu, et ça j'en suis certain. J'ai chaud et soif, terriblement chaud et soif. Pourtant, j'ai la crève et j'avais froid. J'avais trois pulls tout à l'heure. Maintenant, j'ai un T-shirt effiloché. La fenêtre est ouverte. La pluie bat son plein, fût-elle une mer. La fièvre me torture elle aussi.
Vie de merde, quand j'y pense. Prendre de la cocaïne, en étant malade de surcroît. Juste avant Noël. Quel bouffon je fais. Et si je faisais une OD juste avant les fêtes, les pauvres... Pense à eux, un peu! T'es un putain d'égoïste, bordel. Et oui, j'en tire un sourire. Car au pire, ils retrouveront leurs cadeaux de Noël chez moi. Et ce seront les plus beaux car les derniers. Non, non arrête tes conneries. Arrête ce mélodrame. Ca devrait aller, en tout cas pour aujourd'hui.

Pour aujourd'hui, oui. Mais pour demain, non. Et pour la suite, je n'ose imaginer. Car le cycle du rêve au cauchemar est pour moi un éternel retour. Un tour dans un four, et le tour est joué. Très mauvais jeu de mot. C'est le temps de vous quitter.


Ici s'achèvent mes billevesées cocaïnées,
Au plaisir.

Catégorie : Expérimental - 21 décembre 2018 à  21:01

Reputation de ce commentaire
 
Texte excellent ~MG
 
Ho que je me retrouve dans ces mots !
 
Oui, très beau texte et très juste. Merci.
 
Superbe ! Merci à toi.
 
Très beau texte



Commentaires
#1 Posté par : Onlymoi 21 décembre 2018 à  23:13
Merci a toi pour ce post.

Merci pour ces larmes versées a la lecture de ce si beau texte. Merci de mettre les mots sur mes états d'âme d'une dérniere trace de coke... Merci de me (nous?) rappeler que la coke n'apporte qu'un bien-être fictif et éphémère.

Merci de décrire si bien et en toute innocence et spontanéité les effets d'une bonne trace.

Tout est entre les lignes (sans jeu de maux) mais tout est si bien dit.

En espérant garder contact et nouvelles de drogués que nous somme (même si les shoots de dopamine nous le font oublier), bon courage et bon combat contre le rêve (plutôt cauchemar) de la coke.

Encore merci !

 
#2 Posté par : Ygrek 21 décembre 2018 à  23:22
Je suis vraiment touché que mon texte... t'es touché à ce point.

Mais... De rien, merci à toi surtout. Et merci a MG pour son compliment touchant.

Merci à toi de me répondre alors que j'atteint bientôt la fin de mon kepa. La pire souffrance va bientôt arriver.
Mon ultime but ce soir est de ne pas aller en rechercher, pour éviter la nuit blanche avant d'aller voir la famille, ce qui serait embêtant. Ca va être dur, mais je pense pouvoir résister. Ton commentaire va déjà bien m'aider.
Le soutien humain, que je n'ai pas dans la vraie vie en ce moment même, je le ressens à travers ton clavier. Et je t'exprime aussi mon soutien. Heureusement, nous ne sommes pas toujours seuls dans ce combat. Merci à ce forum de nous donner cette possibilité d'échange.

Sinon, je suis tellement shooté aux benzo (12mg de bromazepam sur 5 heures) et au kratom (15 grammes en deux heures de green borneo) que mes traces me font un effet plus proche du café que d'autre chose, et pourtant dieu sait qu'elle est excellente. Pourtant, je continue à taper jusqu'à la moindre petite miette, c'est ridicule. C'est du gâchis. Je pense déjà à lécher le kepa, sans considérer les aphtes. Triste existence, quand même.

EDIT : je m'endors sous cocaïne, alors que je viens de taper une poutre, et que je suis insomniaque de base. Un peu trop forcé sur les downers je crois. punk1

 
#3 Posté par : Onlymoi 21 décembre 2018 à  23:34
Pour ma part je ne tourne qu'à la coke et alcool. J'ai arrêté les anxio il y a 1 an... J'ai tapé ma dernière trace il y a maintenant 1h... En pleine redescente, pas facile... La seule chose qui m'empêche d'aller chercher un autre gramme: le manque d'argent... Qui fait que j'ai plus de clope, plus rien...

Je pars demain matin en stop voir ma famille. Je pars de Normandie en direction de Lyon... Je sais pas comment je vais faire et j'aurais bien aimé avoir un peu de c pour le voyage mais j'ai déjà fini mon gramme d'hier soir ...

 
#4 Posté par : Ygrek 21 décembre 2018 à  23:47
L'alcool c'est dévastateur. Je te comprends
J'ai commencé lorsque j'étais au lycée puis j'ai abusé en première année d'étude supp à me mettre des mines en solo. Ensuite, je me suis juré de ne plus boire, et ça fait plusieurs années maintenant que je ne me suis pas mis de cuite.

Je compatis. Tu as du courage d'affronter la descente sans downers. Pour moi, c'est vraiment une des pires tortures mentales qui soit. Bizarrement, j'ai jamais de descente ou d'effets négatifs mentaux avec les taz, pourtant réputés pour ça. Par contre avec la C, c'est un vrai enfer.

Ah oui, tu as un sacré trajet. Peut être que le coté social du covoiturage en stop te fera oublier un peu la coc. Perso, discuter ça amortie pas mal les descentes et le craving. Sinon tu peux passer prendre du mucovyst à la phamarcie, ça permettrait (apparemment) de réduire le craving.

 
#5 Posté par : Agartha 21 décembre 2018 à  23:58
Bon courage Ygrek! Effectivement j'imagine que ça doit pas être facile, j'espère qu'écrire te fait du bien. Ton texte est superbe et me permet de mettre des mots sur des sensations que je n'ai jamais eues


Mes salutations d'insomniaque distinguées ;p

 
#6 Posté par : Ygrek 22 décembre 2018 à  00:09
Salut Agartha,

Merci pour ton message et pour ton soutien.

Si tu n'as jamais connu ces sensations, eh bien je ne te souhaite de ne jamais les connaître, ahah!

Salutations, camarade insomniaque! Je viens de finir le kepa. Plus aucune miette sur la table, sur la carte et sur le billet. Kepa léché.
C'est la fin! Le moment difficile va pas tarder, mais j'espère dormir avant 3h du matin. Mes downers sont efficaces, cette fois-ci.

 
#7 Posté par : Onlymoi 22 décembre 2018 à  00:20
En effet, l'alcool est dévastateur ... Je me suis lancé dans un suivi csapa et médecin addictologue pour arrêter cette merde (avant la coke et autres substances).

Mucovyst, exomuc et plus spécialement acetylcisteine (désolé du terme scientifique mais maman médecin oblige), ça calme le craving mais pourquoi remplacer une substance par une autre ? Et j'ai déjà 2 boîtes a l'appart...

Pour tes redescente, j'avoue que moi la md me fait des redescente assez douloureuses... Mais on est tous destinés à une drogue en particulier... Moi c'est le LSD... Pas de mauvaise redescente, bonne montée, une remise en forme assez efficace. La coke je la vis bien même si je ne contrôle pas vraiment ma conso, elle ne me fais pas tant mal que ça sur le moment (je dirais pas la même chose dans 2 jours...). Chacun sa drogue... Mais il nous faut apprendre à vivre sans et surtout avec qui (ce qu') on est... J'ai pas encore réussi mais je pense être en bonne voie pour ...

Courage a toi!

PS: Agartha, merci pour ta réponse, elle est franche. En effet, ça fait du bien d'écrire et surtout d'être lu et compris. Bon courage pour tes insomnies. (Désolé Ygrek j'ai parlé a ta place...)

 
#8 Posté par : Onlymoi 22 décembre 2018 à  00:22
Stp, qu'est-ce que t'appeler downers? Et pareil, kepa léché depuis 1h maintenance et plus rien a sniffer, plus rien à boire, plus rien a fumer... Ho que la soirée va être longue...

 
#9 Posté par : Ygrek 22 décembre 2018 à  00:40
Tu as un parcours intense je vois! J'espère que tu vas réussir à te débarrasser de ces addictions! Ce n'est jamais facile en effet!

Les downers, ce sont les substances que j'utilise pour calmer la descente. Généralement des benzodiazépines (bromazépam) couplées à du kratom.
Attention, je ne suis pas biochimiste ou scientifique et je ne sais pas si ces associations sont potentiellement dangereuses ou non. D'après ce que j'ai lu, les trois produits n'ont pas de mauvaises interactions entre eux. Mais on sait jamais : je ne recommande à personne de prendre ce risque.

Courage pour ta descente, on est dans la même merde wink pense à moi quand tu commences à en chier et je penserai à toi quand je commencerai à en chier, c'est un soutien moral et fictif qui fait pourtant un bien réel.

 
#10 Posté par : Onlymoi 22 décembre 2018 à  00:58
Ok dak, je vois les downers... Genre gros tarpé en redescente de lsd!

Perso pour la coke la descente est soft. C'est plutôt le fait de me dire que demain matin je pars en stop pour faire 600km qui me stresse à mort... Sans une miette de tabac en poche... 1 semaine sans fumer une clope, sans taper une trace, sans boire d'alcool... Voilà ce qui m'attend en allant voir ma famille pour Noël...

Bon je vais me coucher pour encaisser la descente et les 4h de dodo de la nuit précédente. Courage et en effet, de sentir moins seul fait du bien!
Reputation de ce commentaire
 
Oui, très beau texte et très juste. Merci

 
#11 Posté par : Darkside1982 23 décembre 2018 à  01:16
Ygrek,
Ton texte est magnifique et tellement parlant ! Je m y retrouve...
Merci à toi pour ce partage.
Sincèrement.
Bon courage à toi.

 
#12 Posté par : LennyBar 23 décembre 2018 à  21:00
Très belle plume !!!

je dépends actuellement des opiacés, héroïne et je voulais savoir comment tu as passés les premiers jours

 
#13 Posté par : Onlymoi 23 décembre 2018 à  23:50
Hola! Comment se passe les jours d'après ?

 
#14 Posté par : Ygrek 24 décembre 2018 à  09:37
Merci Darkside pour ton commentaire, je te souhaite bon courage aussi! :)

Lennybar, tu parles des premiers jours de servage ou d'addiction?
Pour le sevrage, j'en ai raté plusieurs, tentés sur presque deux ans. En cold turkey, le  sevrage physique est particulièrement infâme : nausées, diarrhées, grosse fièvre, impossible de manger, sueurs, soif etc. Un mélange d'une grosse grippe et d'une grosse gastro pendant deux ou trois jours. Pour éviter ça à l'avenir, j'ai utilisé la méthode chinoise. Diminuer très progressivement pour s'éviter de trop gros symptômes de sevrage. Le craving a été dur le premier mois puis ensuite avec le sport et les occupations c'est passé assez vite (par rapport à la C, où l'addiction psychologique me tient en laisse plus fortement et plus longtemps).
Pour l'addiction, rien de spécial les premiers jours. Juste une bonne envie d'en reprendre, pas de descentes désagréables, pas de conscience d'addiction. C'est beaucoup plus vicieux que les stims pour moi, car je ne me suis aperçu de rien alors que je pensais être le maître en la matière.

Onlymoi a écrit : Hola! Comment se passe les jours d'après ?

Salut, pour ma part je vais super bien, je suis loin d'un possible lieu où je pourrais pécho donc ça va. Ca sera bien plus dur de ne pas céder à la rentrée.
Par contre, j'ai encore plus la crève. Je sais pas si c'est du au sevrage brutal de kratom, après une conso quasi quotidienne pendant un mois, ou si c'est la continuité normale de ma maladie.
Et toi ça va? Bien arrivé à destination? Pas trop d'envies?


 
#15 Posté par : Onlymoi 24 décembre 2018 à  11:26
Tant mieux si ça va!

Pour la maladie qui empire, il y a p'tet la coke aussi qui irrite les voies respiratoire. Un bon grog et ça ira mieux

 
#16 Posté par : Conscience 27 décembre 2018 à  17:20
AHAH

Tu m’énerves...
T'as su retranscrire des émotions que beaucoup partagent, avec style !

Un talent d'écriture en devenir.

drogue-peace

 
#17 Posté par : Nemesia 27 décembre 2018 à  22:22
Ton texte retranscrit bien ce que j'ai vécu avec un abus d'amphétamines, une descente très hard avec une parano par rapport à mon cœur, où je croyais que j'allais mourir d'une crise cardiaque ou d'un infartus.
Cette parano revenait à chaque redescente de stimulants, et un peu aussi avec le cannabis.
Même si maintenant j'évite les abus et ne vis plus trop cette parano, cette période m'a marqué.

 
#18 Posté par : Célinox 07 août 2020 à  04:34
Ah la culpabilité du lendemain, le sentiment d’être moins que rien, même si rien est déjà quelque chose. Le sentiment d’être à fleur de peau, que tout est dit contre nous alors que parfois, ce n’est pas dit. Le sentiment de tout faire mal, de ne pas mériter les autres, de trahir ses collègues en n’étant pas là, de trahir son amour en lui faisant vivre une énième redescente où il ne sait plus que faire sinon montrer son visage désolé. Encore une fois cette question : quelle est l’énergie malfaisante qui me pousse à me saborder, quelle est cette puissance démoniaque qui annihile toute raison ? Quel est l’intérêt de cette drogue de l’ego, qui ne nous fait nous sentir bien que dans la montée et nous fait reculer de trois pas en arrière en descente, qui nous fait douter de tout, de soi, et qui nous pousse à nous questionner sur notre capacité à continuer d’être aimé.. surtout quand on ne l’accepte pas soi-même. Finalement on s’écouter parler, on se masturbe intellectuellement et honnêtement j’ai vécu mes plus intéressants débats sous coke. Mais que reste-t-il de l’authenticité de ces propos quand ils sont dits si facilement, qu’il n’y a pas de « prix » à payer quand on les dit ? Est-on satisfait de la valeur qu’ils ont à être dits si facilement alors qu’ils mériteraient tout le poids qu’ils représentent. Se sert-on de ce produit par facilité pour mettre moins d’importance à des choses qui finalement nous bousculent ? J’ai eu des facilités impressionnantes à parler de mes traumatismes en étant dans cet état, alors que ça m’a valu des séances entières en pleurs avec mon psy ? Pour autant, quelle  situation m’a fait le plus avancer et grandir ? La solution est pourtant la première.. car si j’ai avancé en séance, je ne suis toujours pas arrivée à ce pourquoi j’étais venue. Et même si comme une maison est un tas de pierres, la vie est une somme de choses, les constellations sont trop nombreuses pour arriver au noyau. Peut-être est-ce une étape, je me plais à le croire pour ne pas avoir à me donner du mal pour aller bien. J’aime cette expression et je la trouve terriblement juste. Il n’y a que ma décision qui puisse amorcer un changement. Mais j’ai beau en avoir envie en surface, peut-être que cet état d’habitation des conversations, cette recherche, cette mise en mots exacerbée me plaît. Malheureusement, faire un étalage, aussi intéressant soit-il, de mes pensées dans cet état, reste une conversation avec moi-même, même avec un interlocuteur. On n’écoute pas les gens dans ces cas-là, on répond pour répondre. Le résultat est que souvent le débat avance, mais ai-je vraiment écouté et entendu ce que l’autre a dit, ou lui ai-je laissé la parole juste pour répondre et exposer MON avis, MES idées, MA faiblesse finalement. Ne crions-nous pas au monde notre soif irrépressible de reconnaissance ? Mais vivre par l’autre, être avide de l’autre, n’est-ce pas une forme d’annihilation de soi ..? Quand est-ce que ma parole arrivera à me satisfaire moi sans avoir besoin de convaincre les autres, et sans avoir besoin de mettre sur la place publique l’évaluation et le jugement de l’autre pour se donner consistance ?

 
#19 Posté par : Anonyme6525 07 août 2020 à  14:39
Je pense que pour beaucoup d'entre nous toxicomanes, il nous manque la capacité de s'aimer de façon inconditionnelle quoi que nous fassions. Ceci ce travaille, le cerveau est plastique. 10min par jours de méditation sur l'amour inconditionnel dirigé vers soi même peut réellement changer en profondeur sa façon de se percevoir (au bout de quelques semaines de pratique quotidienne). Une fois que l'on s'aime malgré ses défauts en reconnaissant clairement ses qualités, nous n'avons plus besoin de la reconnaissance d'autrui (ou quand elle ne nous es pas donnée, un refuge extérieur dans les produits) nous sommes plus mature émotionnellement parlant. Le bénéfice immédiat que j'en ressent, c'est de ne pas rajouter une culpabilité inutile a une binge ou une prise en trop grande quantité, pour potentialiser la résilience et le retour à un mode de vie plus apaisé.

Il existe de la littérature scientifiques sur ce que j'avance, comme par exemple : https://www.frontiersin.org/articles/10 … 01693/full

Une aide a ne pas négliger...C'est pas juste une connerie hippie de bisounours new-ageux !

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