No punish et ElSabio,
Merci beaucoup pour votre soutien. Idéalement, j'aimerais faire de la recherche. Mon dada, c'est ça et c'est pour faire ça que je me suis formé en sciences sociales.
J'avais commencé à en faire (en plus de ce que j'avais déjà fait pendant mes études) en travaillant comme chargé de recherche pour une association qui regroupe les professionnels des addictions, de la prévention et de la
RDR en Suisse Romande. On ne peut pas être bon dans la recherche sans se poser de questions et inévitablement, on découvre des choses révoltantes. C'est ce qui s'est passé. Par la même occasion, j'ai découvert que la Suisse étant extrêmement conservatrice, même en tant que chercheur, il faut fermer sa gueule quand on tombe sur quelque chose qui ne correspond pas à la version officielle. Comme je suis du genre à parler de ce qui me révolte et que je ne supporte pas l'hypocrisie, je me suis fait saquer dans le réseau.
J'aurais bien voulu continuer avec un doctorat directement après mon master. Mais pour pouvoir le faire, j'aurais dû me faire engager comme assistant. Or, mon ex, qui souffre de trouble bipolaire/borderline, qui a cessé tout suivi depuis une dizaine d'années parce qu'elle se faisait proposer des médocs et qu'elle ne voulait pas en prendre (et qui est aussi la mère de mes enfants) n'a pas supporté que je n'aie pas eu beaucoup de temps à lui consacrer quand je rédigeais mon mémoire (sa maladie ne me poserait pas de problème si elle trouvait une autre manière de se calmer quand elle ne va pas bien plutôt que de se défouler sur moi et comme je ne vis plus avec elle, désormais, elle utilise mes enfants pour se défouler sur moi). J'avais fait une recherche de terrain conséquente sur le Mouvement des Sans Terre en Bolivie, avec 20 entretiens en espagnol à retranscrire (beaucoup de travail). Comme elle n'a pas supporté que je n'aie pas eu suffisamment de temps à lui consacrer, elle m'a viré en pleine rédaction de mon mémoire. J'ai dû rédiger mon mémoire d'une centaine de pages dans des conditions extrêmement difficiles. Le résultat, c'est que l'écrit n'était pas bon, suffisamment bon pour réussir mon master, mais pas pour être engagé comme assistant et poursuivre directement avec un doctorat. Comme j'avais fait une très bonne recherche de terrain, mon expert et mon directeur de mémoire m'ont proposé de me faire échouer une première fois, de manière à ce que je puisse récrire mon mémoire et avoir toutes mes chances d'être engagé comme assistant et de faire mon doctorat. Comme mon fils avait entre 6 mois et une année, que je savais que les premières années sont les plus importantes dans le développement d'un enfant et que je savais que mon ex ne supporterait pas que je me concentre à nouveau sur la rédaction de mon mémoire, j'ai refusé l'offre pour pouvoir retourner vivre avec mes enfants et mon ex (que je n'aimais plus).
Je suis passionné par les questions liées aux politiques des drogues, à la
réduction des risques et aux addictions. J'ai travaillé en Angleterre comme stagiaire dans une ONG internationale leader dans ce domaine dans le monde entier. Je continue à faire ponctuellement des traductions pour cette organisation que j'adore, mais cela n'est pas suffisant pour me permettre d'en vivre. J'ai aussi continué à m'impliquer dans le domaine des politiques des drogues de manière volontaire et bénévole. Le résultat, c'est que mon CV est vraiment axé sur les politiques des drogues et j'ai constaté que pour chercher du job dans d'autres domaines en Suisse, ça ne passe pas. Malgré tout ce que la Suisse a achevé dans le domaine de la
réduction des risques, les préjugés à l'égard de ceux qui aimeraient réguler les marchés des substances psychoactives et les légaliser sont très forts en Suisse, tout comme les préjugés envers les usagers. Les employeurs se méfient et personne ne m'engage, même dans les boîtes de travail intérim. Cela ne donne rien. Je suis aussi très révolté contre les associations actives dans la
RDR, qui se donnent une bonne image en prétendant engager des usagers, mais qui n'engagent que des personnes qui ne consomment plus rien depuis environ une dizaine d'années. Je suis convaincu que dans le domaine du travail, c'est comme dans le domaine du logement. Si l'on prend l'exemple des programmes de Housing First, on se rend compte que les personnes à qui l'on offre un logement sans exiger l'abstinence se stabilisent et réduisent leur consommation. Je suis convaincu que c'est exactement la même chose en ce qui concerne le travail. Ce genre de choses, je les dis, parce que j'ai vraiment envie que la situation des usagers s'améliore. Mais cela ne passe pas et je me suis fait saquer dans tout le réseau.
Travailler dans un autre pays, j'y ai pensé. Mais j'ai envie de continuer à voir mes enfants au moins un weekend sur deux. En Suisse, pour pouvoir le faire, légalement, il faut que chaque enfant ait sa chambre. Donc, j'ai un loyer de 2'200CHF à payer chaque mois et une pension alimentaire de 1'050CHF/mois. Ce sont les frais fixes. En dehors de ça, il y a tous les autres frais. Donc, à moins de 5'000CHF/mois, je ne m'en sors pas (et ce n'est vraiment pas beaucoup en Suisse avec mon niveau de formation). Donc, comme la vie est très chère en Suisse, je ne peux pas espérer avoir de quoi vivre si je travaille dans un autre pays et que je conserve un appartement en Suisse pour voir mes enfants. J'ai postulé pour un poste de consultant pour une ONG basée à Londres (pas la même que celle pour laquelle je fais des traductions). Si j'étais engagé, je pourrais avoir tout juste de quoi vivre, si je travaillais un peu en Suisse à côté tout en continuant mon travail de traducteur. Si j'étais engagé, ça serait un peu chaud, mais je pourrais m'en sortir.
Sinon, une amie qui se lance dans le
CBD, mais en se focalisant principalement sur la promotion de l'autoproduction et sur les personnes qui en ont besoin pour leur santé aurait besoin de moi. C'est un bon projet, mais elle a besoin de moi essentiellement pour s'assurer de faire les choses dans les règles de l'art, en toute légalité. Comme j'ai déjà (à part quelques détails éventuels) toutes les informations dont elle a besoin (j'ai fait mes recherches et je me suis assuré de l'exactitude de ce que j'ai trouvé en contactant les différent département fédéraux qui s'occupent de ces questions), je suis pleinement conscient du fait qu'il n'y aura pas suffisamment de job pour que je puisse en vivre. Elle a beau être adorable, je pense qu'au bout d'un moment, elle ne voudra pas continuer de payer quelqu'un qui ne lui est plus utile. En plus, pour le moment, rien n'est signé et son projet se met progressivement en place. Je pourrais éventuellement travailler pour elle à partir de novembre ou décembre. Mais en toute objectivité, je ne pense pas que cela représente plus d'un mois de travail.
Pour le moment, je vis en dilapidant un petit héritage que j'ai reçu en avance. Je n'arriverai pas à tenir plus d'une année avec ça...
Travailler à l'étranger dans la recherche, comme consultant, chargé de recherche, ou comme travailleur social dans les domaines des politiques des drogues, de la
RDR ou de l'addiction, je commence à y songer parce que cela pourrait me permettre de tenir un peu plus longtemps, tout en faisant ce qui me plaît. C'est compliqué à organiser, parce qu'il faut que je conserve un logement en Suisse, que je paie la pension alimentaire et que je puisse payer l'avion un weekend sur deux pour voir mes enfants. Ce n'est pas viable sur le long terme, mais je commence à me dire que je pourrais effectivement le faire.
Voilà...