Symboliques.
Des
héros aux zéros en passant par les parents.
Texte court. Une page, pour trois générations.
J’ai l’impression, parfois d’être un vieux mohican, désadapté social, en voie de disparition. Comme si sa présence n’avait ni forme ni sens. Même dessus-dessous.
C’est vrai que j’ai commencé jeune, à faire le con. Mais là, je vous dis en deux mots, l’avant, jusqu’à ma vie, d’où suis-je ici. Ou plutôt «de quand».
Mon grand-père a du fuir la ville, pour le maquis, l’étoile jaune le désignait, lui, fils de
héros de 14-18, français depuis que les coqs ont des dents, comme paria.
Mon père, lui a pris un autre genre de maquis, pas armé, sa vie n’était pas en danger. Ce n’était pas l’étoile jaune, non, l’étoile rouge.
On ne serait pas victime.
On serait combattant.
La première politisée et même plus, par l’oppression fasciste,
la seconde, fédérée par l’antifascisme révolutionnaire, prolétarien. Les luttes vont s’arrêter là.
La troisième, c’est la mienne. Il était trop tard pour jouir sans entraves, et trop tôt pour être raisonnablement flippé comme les jeunes sérieux de maintenant, jamais culturellement adultes mais gagas devant leurs enfants. Sérieusement, l’intolérance des derniers, n’a d’égal que son égoïsme individualiste!
L’année où l’on a sonné la fin de la récré. 1977
On a plus pleuré Claude François, à l’usine, que n’importe quelle figure révolutionnaire. Le Che compris! Belle politisation des masses!
Europe numéro 1, contre radio Tirana! (comprenne qui pourra)!
Personne ne meurt en pensant à son travail, qui souvent l’a tué, et fait vivre.
Mais à ses enfants toujours.
On voit bien où se trouve l’essentiel, l’amour. Le plus fort, celui qui ne casse pas avec la vaisselle, mais réunit les petits enfants devant les cartons «à secrets».
La lutte a cédé la place...
Et puis, entre les traîtres à la cause, les ambitieux, les retournés, les entristes et les centristes, le chacun pour soi…
Cours camarade, le vieux monde est en train de s’écrouler!
Les années 70 embauchaient, la classe ouvrière existait.
Et puis, ce fut le chômage, la crise. L’héroïne fait son arrivée dans les quartiers, défavorisés, à la suite des routards magnifiques (faisant fantasmer Olivenstein, qui les disait flamboyant, parfois), hippies romantiques, on eu des junkis «diaboliques».
Des épaves vivantes, revendiquées «je suis un déchet». Junk c’est la casse, les récupérateurs de métaux, comme cet «ami», gitan, qui prend ses 100e de ferraille par jour, mais est toujours en manque le matin. Quand on vit dans une rue de la drogue, on en croise du monde.
Certains se battaient, avec la croix gammée pour choquer, arabes, fils de syndicalistes, et oui, quelle misère pour un père communiste de voir son fils, avec le signe d’Hitler, en manque de tout repère, à terre. A côté de sa pompe (voir p’tit Farid r.i.p.). Le SIDA surtout. J’aurais pas eu de stéri qui sait? J’ai eu de la chance et la
RDR, mais on peut très bien se foutre de la
RDR, qui ne fut pas bien accueillie, première version Ilôt Chalon au début de la vente de seringues.
Depuis 1992 je baisais sans capotes, et les tests de sida et de grossesse de s’enchaîner. Pour être juste, on mourrait plus sur la route. 8000 morts par an, je crois que c’est le suicide qui a pris la tête aujourd’hui, chez les jeunes de 20 ans.
La guerre contre les skins, que menait les «chasseurs» de banlieue, le racisme, tout était encore, toujours, politique. T’écoutes quoi comme musique? La question était aussi sérieuse dans les 80’s 90’s que de savoir si t’es «pas de ma bande...». Et pouvait très mal finir, selon le badge ou le patch affiché sur la veste en jean Levi’s. Mode vestimentaire du Bronx qui se retrouvait autour des premières block parties
. Nous étions autant influencé, plus, même, par Londres.
Ce n’était pas fait exprès, la crise aurait suffi, mais, les trotskistes, révolutionnaires, ont toujours été anti drogue, comme les Panthers de Harlem. Ils avaient raison, drogues et subversion sont dures à concilier!
Maintenant, on sait que le SDECE et les «services», se sont financés par l’héroïne, et qu’il fallait la vendre.
Mais c’est un autre billet.
Je n’avais pas prévu de vivre, de me projeter, d’avoir une ambition, la vie était dure?
Comme l’oiseau pour charmer la belle, je m’intoxiquais pour montrer ma capacité a endurer le mal. Oui ce comportement existe dans la nature. C’était trop facile? J’allais m’attacher les mains dans le dos et sauter comme Luke Skywalker dans la bouche du monstre.
Pour mieux rebondir?
Mon excuse à la dictature de la performance, qui m’a presque dégoûté de la vulgarité du sexe (si tout le monde le fait...alors que le
speed ball, ça, il faut des balls, c’est une aristocratie! sic).
Dégoûté de l’amour et de l’argent, ce qui compte pour les gens, moi je le jette, à tous vents.
Avoir les boules, les boules de tout, de la vie, moins de la mort.
Là je parle, de résistance, de lutte sociale, puis de nihilisme «existentiel».
C’était ça, le punk, pour moi, une dégénérescence historique en miroir, montrant ses propres errements à une société qui avait besoin d’être choquée.
Le livre sur la «punkitude» d’Eudeline, parle d’un jeune qui avait créé son t-shirt, en écrivant tout simplement l’année en cours : 1977.
C’est tout, maintenant!
No future, pas de passé. Maintenant c’est tout!
Maintenant, c’est tout?
J’écris sur un autre site, sur les sujets touchant à l’identité et à l’histoire, l’actualité et la politique.
(En MP), mais je reviendrai, avec des sujets comme celui-ci, c'est ma vie, et la source, le sang ou je puise mon écriture. C'est dans cette perspective, ou une autre, qu'on se situe, quand on se dit "et si, moi aussi, j'avais quelque chose à raconter?". J'ai fait léger, mais j'ai un sac lourd dans le dos!