La première chose à laquelle j'ai pensé, c'est que je me sens rassurée.
Je te vois, et la petite crainte présente s'envole.
La deuxième, c'est que je te trouve beau. Je me dis que j'ai de la chance. Tu sors de la douche, tu m'as écrit que tu t'es lavé le corps en te frottant comme un gamin de 15 ans.
Tu me dis que c'est la première fois que tu fais une rencontre dans ce cadre.
Que tu es tombé amoureux de ma photo.
Malgré moi, j'ai une idée du genre de mec que tu es.
Tu es beau, mais tu rentres du travail tard, je sens que je te fais de l'effet, que tu es sensible à ce que je dégage.
Je me dis que tes rencontres doivent être pauvres, que tu ne dois pas faire beaucoup de nouvelles rencontres, que le moment avec moi va vraiment être une expérience inédite pour toi.
Tu dois être excité, et en même temps je t'impressionne.
Tu t'excuses une nouvelle fois pour le bazar.
"P't'sin c'est le bordel ici !!!" m'as tu envoyé par texto, comme une prise de conscience soudaine de l'environnement dans lequel tu étais.
Je te rassure.
C'est touchant le bordel.
Ca dit des choses de la personne.
Bon, j'avoue que je me rendrais compte assez vite que chez toi c'est vraiment le bordel, ça sent l'appartement de célibataire qui alterne boulot, soirées et méditations solitaires.
Mais je me sens tout de suite bien dans ton chaos.
Elle est belle, ta saleté.
Tu me glisses les billets dans mon sac : c'est réglé et on en parle plus.
Je vois alors le petit sachet bleu sur une assiette, cartes et bout de papier roulés posés à côté.
Je comprends alors.
Se rencontrer à 4H du matin, il n'y a finalement pas de mystère ...
Tu me demandes si je tape.
Cool.
Je me dis que je vais passer une bonne soirée avec toi.
Tu me sers à boire, du Prosseco.
Pas de mystère, encore une fois.
Tu as bon goût.
On commence à discuter.
Les langues se délient.
Ca y est, on y est.
C'est l'instant suspendu d'une rencontre.
La parenthèse un peu magique pendant laquelle deux histoires qui n'auraient jamais du se croiser commencent à créer la leur.
Au fil des mots.
Au début, ça semble assez banal.
On parle de nous.
Nous avons ce point commun, celui de nous être trouvé dans un monde un peu à part, un monde abstrait, qui s'appelle Internet à Paris, et qui ouvre le champ des possibles. C'est grâce à cette fenêtre ouverte que nous sommes là tous les deux ce soirs, à raconter notre vie à une personne inconnue.
Au bout de quelques minutes, je me rends compte que je me suis complètement trompée sur toi.
Tu n'es pas du tout, mais alors pas du tout, la personne que j'ai cru entrevoir en arrivant.
Tu me parles tout de suite de façon totalement affranchie, libérée, décomplexée.
Tu arrives à m'étonner.
Tu me racontes tes expériences très longuement, je suis curieuse, tu sembles avoir du plaisir à me conter tes aventures sexuelles et assumées aujourd'hui auprès de tes proches.
Tu ne m'étonnes pas seulement, tu m'impressionnes.
J'en viens à être quelque peu admirative de ce mode de vie décadent que tu sembles croquer à pleines dents sans roture psychologique.
Je me dis "Je ne suis pas comme lui"
Et à la fois je t'admire et tu me fais envie. Et à la fois tu me fais peur car c'est la face de moi contre laquelle je lutte souvent;
Je me laisse aller. Tu me proposes plusieurs rails. C'est bon.
On termine la bouteille. Déjà. Trop vite.
Le temps continue de s'écouler malgré moi - ou malgré nous- je l'ai perdu et ne le compte plus.
Tu me parles de tes relations avec tes copines, jeunes et moins jeunes.
Aussi, avec un trans.
Ca m'amuse car je lis le tome 2 de Vernon Subutex et Vernon a une histoire d'amour avec un magnifique trans.
Ca m'avait semblé bizarre en le lisant.
Quelques jours après, tu me racontes ton expérience avec un trans, et ton ouverture sur la bisexualité. Cela me fascine.
Je n'ai pas envie d'arrêter notre conversation, j'en veuxx encore, et encore.
Je repousse le reste, "les choses à faire", même si tu me fais envie.
Je me dis qu'on a le temps.
Et heureusement, tu sembles dans le même état d'esprit.
Tu m'avoues m'avoir menti sur ton âge. Tuas 45 ans, et non pas 35.
Je m'en fiche. Ca m'est égal. Je te trouve beau et attirant.
Tu dégages, toi, une jeunesse que déjà des mecs de 30 ans ont perdu.
Tu me montres des photos sur ton téléphone.
Un téléphone qu'on classerait X, interdit aux moins de 18 ans.
Des photos de culs, de chattes, de meufs.
C'est pas trop mon délire.
Tu me raconte tes soirées délurées, no limite. Ca me donne envie et je le dis.
Tu me réponds que de toute façon, on va se revoir.
On discute depuis une heure et déjà, tu sais que tu veux me revoir.
Je me dis "Hey, t'emballes pas, ils disent tous ça !"
Mais je souris à la place.
En fait, je passe un bon moment, je suis bien.
Finalement, je ne sais plus trop comment, on finit par se rapprocher.
Je grimpe sur le canapé, et sur toi.
(à suivre...)
Catégorie : Témoignages - 23 janvier 2018 à 13:24
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