(je ne sais qui a mis cette photo sublime sur instagram. Si j'apprends qui c'est je le citerai volontiers).
C'est l'histoire millénaire d'une jeune fille dans une grotte au soleil levant. Le vent souffle au-dessus de la mer, c'est frais, alors on garde la robe et sa couverture. C'est aussi un vieil homme à côté, torse nu, qui porte sur sa peau le tableau mystique qu'elle a peint sur son dos. Elle fait arts plastiques au lycée, elle est complètement artiste… C'est une nuit étoilée de Van Gogh qu'elle a représentée, parce qu'il aime Van Gogh, et aussi parce que le soleil et la lune réunis dans ce tableau symbolisent ce que deviendra leur relation : éternellement relation, éternellement séparés. Mais lui ne le sait pas.
C'est un homme de symboles, il a préparé tout un rituel pour sceller, dans la lave et la roche et le creux des volcans, cette amitié naïve et pure qu'il croit éternelle. Elle le suit, souriant. C'est intéressant, là ! Elle a fugué 1500 km pour être ici, elle a traversé l'Europe, en cachette.
Les mots, tous les maux, sont dits, purgés.
Alors.. ils prennent leur morphine. Mais, peut-être en a-t-elle trop pris ? Le vent s'est calmé, le soleil matinal maintenant réchauffe, car tout à coup elle tombe, nue, dans ses bras et sous sa robe tachée, elle s'endort. Il l'allonge sur le sable, il l'admire, il la respecte.
Puis elle se réveille enfin, ils redeviennent nus, seulement couverts de leurs scarifications colorées. Trois randonneurs allemands s'approchent, ils s'éloignent timidement, peut-être sont-ils contents d'assister à un acte sacré à ne pas profaner?
Elle escalade la falaise, elle est pleine d'audace, elle le guide, lui l'homme, peureux, relevant les défis à leurs vertiges et leurs peurs, au milieu de ces blocs de roche rouge et bleue. Puis ils redescendent en courant les escaliers au travers des broussailles, dans la mer si proche, laissant derrière eux, au fond du sanctuaire, un carré de sable ratissé avec un caillou au centre.
Ils gagnent en nageant un ilot (un plateau) à un saut de la crique.
Et, là, dans le soleil de midi déjà, le monde, soudain, bascule autour d'eux.
Le soleil redescend dans la mer qui chavire. La roche se soulève et les cris des baigneurs s'en vont avec distance. L'air devient eau, on le sent sur la peau. C'est l'opium qui les prend avec retard, gentiment, tous les deux en même temps.
Ils tombent à genoux, l'un près de l'autre, à terre.
Et, pendant une minute, cinq minutes, 10 minutes, qui sait ? Qu'importe la durée quand on a l'infini ! Tout deux, ensemble, au même moment, pure effraction, viol de leur destin, vous comprenez! Ils planent et s'envolent au dessus des flots et dans le calme de l'univers. Surprise de leur union! surprise des choses qu'ils ont prises ! surprise de ne faire plus qu'un et ce qu'est de ressentir au fond de son âme l'éclat de l'âme de l'autre, à s'en briller la mémoire, à s'en brûler l'avenir.
Le secret retombe sur cette belle aventure.
Oui... plus tard, elle le bannira. Mais elle sait qu'il s'en remettra, il vivra... Et puis un jour, quand il n'aura plus peur, sans doute qu'il l’appellera encore, pour entendre sa voix.
Catégorie : Paroles de femmes - 10 janvier 2018 à 22:32
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