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L’hypnose qui soigne 



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C'est une pratique encore marginale dans le milieu de la santé, chez nous. Mais l'hypnose permet aux soignants d'aider leurs patients à ressentir moins de douleur. La science, d'ailleurs, comprend de plus en plus précisément ce qui explique ces succès.
Un texte de Jean-François Bouthillette, des Années lumière
À l’occasion du 21e Congrès mondial d’hypnose médicale et clinique, des chercheurs et soignants de partout dans le monde ont convergé vers Montréal. Parmi eux, des dentistes, psychologues et médecins qui ont en commun l’utilisation de techniques d’hypnose pour aider leurs patients.
La psychologue Clarisse Defer travaille auprès de patients atteints de cancer au service de radio-oncologie de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, à Montréal. Pour elle, l’hypnose est un outil qui permet d’aider ses patients à vivre avec leur cancer et les traitements envahissants qu’ils reçoivent.
Dans son bureau, elle hypnotise les patients qui le souhaitent. D’une voix grave, d’un ton lent, elle les amène à se glisser dans un état de calme et de bien-être.
« J’invite la personne à s’asseoir, à fermer les yeux. En accompagnant le mouvement de sa respiration, je vais lui proposer, sous la forme de suggestions, par le choix de mots apaisants, de rentrer dans cet état de conscience modifiée, décrit par les patients comme un moment d’absorption, où l’on est plus à l’intérieur de soi, moins conscient de l’environnement extérieur », explique Clarisse Defer.Pas d’inquiétude à avoir, précise-t-elle : il ne s’agit pas d’une prise de contrôle de l’esprit du patient par autrui. Il s'agit plutôt d’accompagner le patient pour qu’il atteigne lui-même cet état d’absorption – qu’il pourra idéalement atteindre bientôt seul, sans son aide.
« Je peux aussi leur suggérer de laisser leur esprit voyager dans un endroit agréable », ajoute-t-elle. Les traitements potentiellement anxiogènes, voire traumatisants, passent ainsi plus facilement.
Écoutez le reportage complet de Jean-François Bouthillette à l'émission Les années lumière, dimanche sur ICI Première.
Jusqu’à des chirurgies sans anesthésie générale
Au-delà de l’anxiété, l’hypnose permet de réduire la douleur des patients. Non seulement de la rendre moins menaçante, ou moins envahissante, mais bien d’agir directement sur l’intensité de la douleur.
Une illustration spectaculaire de cela peut être trouvée dans les travaux de l’anesthésiste Marie-Elisabeth Faymonville, directrice du Centre de la douleur du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Liège, en Belgique.

L'anesthésiste Marie-Elisabeth Faymonville, directrice du Centre de la douleur du CHU de Liège, en Belgique Photo : Radio-Canada / Jean-François Bouthillette
Cette spécialiste de la douleur est célèbre pour avoir mis au point la technique de l’hypnosédation. En plongeant des patients en état d’hypnose, elle est parvenue à permettre des chirurgies importantes (opération à la thyroïde, mastectomie, greffe) qui requièrent habituellement une anesthésie générale, non dénuée d’effets secondaires et de risques.
« Le patient est placé dans cet état d’hypnose, de conscience modifiée. L’équipe chirurgicale complète avec une simple anesthésie locale, limitée au territoire où il travaille. En cas de besoin, l’anesthésiste peut donner un médicament antidouleur en intraveineux. Mais, toujours, le patient reste conscient. Conscient, mais mentalement absent du bloc opératoire », dit Marie-Elisabeth Faymonville.
D’autres usages des vertus analgésiques de l’hypnose, moins spectaculaires, sont néanmoins pleins de promesses en santé. La gestion de douleurs chroniques avec moins de médicaments, par exemple.
Explications scientifiques
Pendant que les résultats en clinique s’accumulent et sont abondamment documentés, la science comprend de mieux en mieux ce qui se passe dans le cerveau d’un patient hypnotisé.
Les appareils d’imagerie permettent d’observer que le cerveau se transforme quand un patient est en état d’hypnose
On a vu que la façon dont le cerveau reçoit l’information douloureuse change drastiquement quand on est en hypnose. On a même constaté que le réseau de la douleur dans le cerveau, qui s’active quand on a mal, travaille autrement quand on est en hypnose. C’est dire que les connexions, à l’intérieur du cerveau, se modifient!
Marie-Elisabeth Faymonville
Le chercheur Pierre Rainville explore lui aussi l’effet de l’hypnose sur la douleur. Dans son laboratoire de neuropsychophysiologie de la douleur, au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, il compare ce que vivent des participants hypnotisés ou non hypnotisés devant les mêmes stimuli douloureux.
Son équipe et lui ont mesuré que les patients sous hypnose – à qui l’on fait des suggestions dans le sens d’une analgésie – tolèrent mieux la douleur infligée par de l’eau chaude ou des petits courants électriques. Ils rapportent, après coup, avoir fait l’expérience d’une douleur moindre que les participants non hypnotisés.
Mais les mesures de Pierre Rainville vont au-delà de ces rapports subjectifs par les participants. Il mesure même davantage que l’activité des différentes zones du cerveau.
« Non seulement le cerveau réagit moins, mais on mesure des réponses physiologiques périphériques, dit Pierre Rainville. Le rythme cardiaque, par exemple – qui, normalement, augmente avec la douleur –, augmente moins. Des réflexes moteurs de protection vont être atténués, ce qui témoigne d’une activation des mécanismes de régulation du cerveau vers le tronc cérébral et la moelle épinière. [...] L’effet va au-delà de la seule interprétation de la douleur ; ça peut atténuer le traitement du signal sensoriel dès son entrée dans le système nerveux au niveau de la moelle épinière. »
L’hypnose est plus utilisée dans le domaine de la santé en Europe qu’au Canada. Là-bas, des universités ont déjà intégré ces techniques à la formation de psychologues, de dentistes, d’anesthésistes ou d’infirmières.
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Cette spécialiste de la douleur est célèbre pour avoir mis au point la technique de l’hypnosédation. En plongeant des patients en état d’hypnose, elle est parvenue à permettre des chirurgies importantes (opération à la thyroïde, mastectomie, greffe) qui requièrent habituellement une anesthésie générale, non dénuée d’effets secondaires et de risques.
« Le patient est placé dans cet état d’hypnose, de conscience modifiée. L’équipe chirurgicale complète avec une simple anesthésie locale, limitée au territoire où il travaille. En cas de besoin, l’anesthésiste peut donner un médicament antidouleur en intraveineux. Mais, toujours, le patient reste conscient. Conscient, mais mentalement absent du bloc opératoire », dit Marie-Elisabeth Faymonville.
D’autres usages des vertus analgésiques de l’hypnose, moins spectaculaires, sont néanmoins pleins de promesses en santé. La gestion de douleurs chroniques avec moins de médicaments, par exemple.
Explications scientifiques
Pendant que les résultats en clinique s’accumulent et sont abondamment documentés, la science comprend de mieux en mieux ce qui se passe dans le cerveau d’un patient hypnotisé.
Les appareils d’imagerie permettent d’observer que le cerveau se transforme quand un patient est en état d’hypnose
On a vu que la façon dont le cerveau reçoit l’information douloureuse change drastiquement quand on est en hypnose. On a même constaté que le réseau de la douleur dans le cerveau, qui s’active quand on a mal, travaille autrement quand on est en hypnose. C’est dire que les connexions, à l’intérieur du cerveau, se modifient!
Marie-Elisabeth Faymonville

source www.radiocanada.ca

Catégorie : Opinion - 11 mars 2019 à  12:08



Commentaires
#1 Posté par : Fluche 11 mars 2019 à  12:34
Étant assez sceptique de nature, l'hypnose je n'y croyais pas trop. Et puis j'ai vu ma mère, qui avait développé une véritable phobie des soins hospitaliers après plus de 10 ans de charcutage à coup de cathéther taille maximale pour des plasmaphérèses, seul traitement qui soulageait ses crises de myasthénie, toute détendue avec une dizaine de trous dans ses bras aux veines pourries et les tubes qui la branchaient à la machine. Je lui ai demandé si elle avait mal : "Oui, mais je m'en fous".
Pour l’anecdote elle a aussi subi une coronarographie (sous anesthésie locale du point d'entrée de la sonde), dans le même contexte de phobie des soins, sous hypnose sans avoir dû prendre le moindre benzo/hypnotique. En espérant que cette utilisation de l'hypnose se démocratise !

 
#2 Posté par : Morning Glory 11 mars 2019 à  19:11
Pour toi Yopski :)

C'est vrai que ces pratiques ne sont pas toutes nouvelles non plus, j'en avais entendu parlé déjà voilà longtemps, mais les pharmaceutiques feraient la gueule si on arrêtait les anesthésies G :p

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