voici notre réalité au Québec
Qu'elle soit toxicomane, sans-abri, travailleuse du sexe ou seule au monde, chaque femme qui pousse la porte du minuscule centre d'hébergement L.U.N.E peut y trouver un toit pour la nuit, mais aussi le soutien qui, parfois, change une vie. Leur refuge à Québec est pourtant menacé de fermer.
Comme toutes ces femmes vulnérables, Élysabeth amène avec elle sa petite histoire. Radio-Canada a croisé sa route dans un petit 4 et demi du quartier Saint-Roch, par une soirée très froide de février.
En quelques semaines, la vie de la jeune femme de la Beauce a basculé. Elle s'est retrouvée à la rue du jour au lendemain, sans économie, toxicomane et en rupture avec sa famille.Avant, je passais mes journées au parking Odéon, ici dans Saint-Roch. Je m'enfilais un fix après l'autre, toute la journée », explique Élysabeth.
Puis, un jour, elle a rencontré Sarah Landry, une travailleuse de rue pour le projet L.U.N.E.
« Sans le projet L.U.N.E pour vrai, si ça n'avait pas existé, je n'ai aucune idée d'où je serais rendue en ce moment », lance Élysabeth.Sauvée d'une surdose par une travailleuse de rue
Élysabeth et Sarah Landry ont vécu ensemble un malheureux événement qui les a énormément rapprochées.
« Elle a fait une surdose à côté de moi dans mon bureau, j'ai pu sortir la
naloxone, j'ai appelé les ambulanciers, je suis restée avec elle, je l'ai accompagnée là-dedans. Je pense qu'elle a réalisé que sa vie était précieuse, que les gens l'aimaient », affirme Sarah Landry.
Peu à peu, Élysabeth a créé des liens avec les intervenantes et d'autres femmes qui fréquentent le refuge.« Quand tu rentres ici, tu deviens un membre de la famille. Oui, on a des conflits avec un peu tout le monde, ce n'est pas toujours facile, mais on a un sentiment d'appartenance, on se défend toutes les femmes ensembles. C'est ce qui fait que L.U.N.E. est si spécial », souligne Élysabeth.
La rue, c'est vraiment une jungle ici, c'est le plus fort qui règne. Si tu n'es pas habituée, tu vas manger une claque en crime.
Élysabeth
Prostituée de 13 à 21 ans
Maryse Tanguay a pour sa part vécu de la prostitution de 13 à 21 ans. Elle travaille maintenant comme paire aidante au projet L.U.N.E. Elle connaît donc très bien ce sentiment « d'hypervigilance ».Maryse Tanguay une ex-travailleuse du sexe témoigne de son passage dans la rue.
« J'étais complètement démolie quand je faisais la rue. J'étais l'ombre de moi-même, j'étais en mode survie de façon constante, à essayer de trouver un moyen où j'allais dormir », explique-t-elle.
Est-ce que je vais être obligée de payer un client pour dormir chez lui? C'était le lot de plusieurs femmes avant que le projet L.U.N.E. ouvre.
Maryse Tanguay, parie aidante Projet L.U.N.E.
Un centre d'hébergement en péril ?
La fébrilité était palpable tout au long du passage de Radio-Canada dans le petit appartement de la rue Notre-Dame-des-Anges. C'est que ce refuge qui peut accueillir jusqu'à 12 femmes par nuit pourrait fermer cet été. Faute de financement.
Une subvention ponctuelle du fédéral de 15 mois n'a pas été renouvelée.
source .www.radiocanada.ca