Salut le BREIZH AR PEOC'H,
La toxicomanie laisse toujours des stigmates: n'oublie jamais que "les abimes rendent - quand elles le rendent - l'homme ou l'être humain, abimé."
Moi même, je n'ai plus aucune dent.
Plus une seule.
Je profite d'ailleurs de la peur du CoVid 19 pour continuer à masquer cette partie de mon visage qui me fait honte.
Normalement je devrais subir une intervention chirurgicale pour extraire toutes mes racines et me faire poser un dentier. A 43 ans seulement. Il faut que je prenne rendez-vous chez le dentiste puis auprès d'un chirurgien spécialisé.
Là tu as rencontré le toxicomane typique, perdu presque à vie, malheureusement pour lui et ses proches; qui aura énormément de difficulté à quitter sa dernière drogue, sorte de phase finale de la toxicomanie: le
crack.
Il peut encore s'en sortir. On peut toujours s'en sortir. Mais pour reprendre l'image des abysses, des abimes. Nous revenons toi et moi d'une certaine profondeur propre à chacun. Lui est situé bien plus profondément dans les fosses abyssales que toi et moi. Il lui faudra développer beaucoup plus d'énergie et de volonté pour sortir du
crack.
La pire des drogues avec la
méthamphétamine (la "pervitine" du IIIème Reich... et oui les allemands prenait de l'Ice).
La consommation de
crack s'autorégule selon le discours d'un travailleur social ou d'un policier - je ne sais plus - que j'ai vu dans un documentaire sur le
crack parce que cette drogue asservi tellement le consommateur, aliène bien plus que l'
héroïne et effraie donc même les héroïnomane chevronnés.
Rares sont ceux qui sortent de l'
héroïne ou des
opiacés définitivement (sans aucun
TSO au final, c'est à dire sans
méthadone et sans
Subutex, totalement guéri).
Extrêmement infime est la chance de briser sa consommation de
crack. C'est presque sans espoir de retour à la surface.
Regarde des émissions sur "la colline du
crack" à Paris, tu comprendras. Regarde le premier documentaire montrant des usagers de
crack, tu comprendras.
Cette drogue effraie même les vieux héroïnomanes tellement elle est sulfureuse. Tellement c'est une vraie saloperie.
C'est la pire des drogues, j'insiste sur ce point. Coutant peu, elle provoque un flash de plaisir très puissant, très intense qui dure 15 à 20 minutes à peine et oblige ainsi l'usager à en reprendre quasiment immédiatement.
Très rapidement le "syndrome de la poule" apparait: l'usager cherche partout à même le sol ce qui ressemble à un
caillou de
crack espéré abandonné ou tombé d'une poche.
Quasiment personne ne revient des profondeurs du
crack. C'est quasiment impossible. L'espoir est presque nul. Il existe toujours mais est extrêmement faible (et "les extrême c'est jamais bon").
Tu as vu en cet homme, qui mérite plus la pitié et la compassion qu'autre chose, ton futur si tu reprend le chemin de l'
héroïne ou si tu l'avais suivi encore, ignorant consciemment ta prise de conscience, ton éclair de lucidité... Ta seconde chance.
Cet anonyme te sert d'avertissement.
Tu es sauvé du péril imminent. Tu peux choisir la vie à présent avec l'expérience désagréable de l'héroïnomanie que tu as vécu dans ta chair et par ta psyché.
Néanmoins, je pense qu'un travail psychologique est nécessaire, pour toi, selon moi. Tu trouveras un ou une psychologue à ton
CSAPA. N'hésite pas à prendre rendez-vous avec.
Essaye de comprendre d'où vient se besoin de consommer... même consommer de l'
alcool.
On ne se drogue jamais par hasard et comme Claude Olievenstein l'a dit: "il n'y a pas de drogué heureux".
Cet homme est le père de l'addictologie en France. Il a crée l'hôpital Marmottan à Paris: première clinique de cure et de traitement des toxicomanies et donc des toxicomane en France. Hôpital "pilote" pour la
méthadone entre autre. Fondations de l'accompagnement à la française des toxicomanes.
La vie a placé sur ton chemin un miroir en cette personne qui t'as montré comme tu le dis: "voilà où j'allais, voilà la fin du chemin de l'héroïnomanie qui m'attendait. Voilà ce que je risque de devenir si je rechute ou si j'avais continué sur cette voie".
La morphinomanie n'est guère mieux. Consommer de l'
oxycodone n'est guère mieux. Le seul point positif avec ses drogues, c'est leur provenance: elles sont prescrites par le médecin et obtenues chez le pharmacien.
Un morphinomane ou un opiomane comme moi au sens contemporain du terme n'a pas à craindre de devoir fréquenter les dealers. Mon dealer était la sécurité sociale et elle payait tout à ma place ou plus objectivement mon médecin était le dealer et la pharmacie sa "nourrisse".
Je n'avais pas - en aucun cas - à craindre de tomber sur un produit de mauvaise qualité ou trop pur ou encore coupé à la strychnine. J'avais un dosage indiqué en mg sur la boite. Il me suffisait de compter les gélules à mettre en solution ou le volume d'Oramorph pour savoir quelle dose je m'envoyais (100 mg, 180 mg,..240 mg de
morphine ou 40 à 160 mg d'
oxycodone)
ça m'a réellement préservé du petit monde fait de mesquinerie, d'abus de confiance, de mensonges, de trahison, de traitrise mais aussi d'agression et de violence de ce petit monde de la
came.
Mais je vois parfaitement l'image de cette personne que tu me décris. J'en ai rencontré plusieurs comme cet homme au
CSAPA ou je vais, dans mon existence, et dans ma vie.
Un jour j'ai vu un ancien usager, Quinquagénaire ou fin quadragénaire sorti de l'aliénation à l'
héroïne et autres. Une bonne personne, gentille, intelligente, pas négative (donc pas néfaste), honnête (il m'a semblé) & propre sur elle. Et surtout totalement repentie (son discours le laissait penser). Mais grande, maigre, avec un grand nez aussi et le visage émacié et avec un dentier.
Les dents sont attaqués en premier par les
opiacés et rapidement.
Les toxicomanes lourds comme je le fus sont tous stigmatisé par l'absence de dents. Tous ont le visage creusé, le crane osseux. C'est la
came qui te ronge. Même la
morphine ou l'
oxycodone ronge le toxicomane.
Je suis content et heureux que tu sois sorti de ce piège. Un piège mortellement dangereux. Un piège qui aurait pu te conduire à la rue - tu serais devenu SDF - ou à la mort par overdose ou usure du corps qui fatigue. Tout comme je suis heureux d'être personnellement à plus de 6 mois d'abstinence.
Je ne peux que t'inviter à faire une réelle pause dans ton existence pour tout reprendre en main au niveau de ta santé et aller comme tu m'en as parlé en cure. Je pense que cela te ferait du bien. Un grand bien.
Tu pourrais exprimer tes traumatismes, tes trauma comme on dit en psychiatrie et en psychologie.
Tu y rencontrerais de bonnes personnes, volontaires et positives. Faire de belle rencontres. Même si il y a - je ne vais pas mentir - parfois des connards ou des connasses qui n'ont pas leur place en cure et qui ne respecte rien et sont les premiers à se plaindre de tout. C'est comme partout dans la vie. Il faut de tout pour faire un Monde. Même des cons.
J'ai fait, personnellement, des rencontres, en cure, qui ont bouleversé le cours de ma vie. Positivement. Parfois juste avec une simple phrase ou au détour d'une courte conversation.
Je me souviens d'un prénommé Gerry, publicitaire belge qui est à l'origine du nom de café: "carte noire". L'histoire est véritable. Il était présent à ma première cure à FONTAN 2 au CHU Huriez de Lille. Un homme d'une soixantaine d'année qui vivait à Tournai en Belgique et qui avait une conversation digne de son métier et délicieuse. J'ai correspondu un temps avec lui. Il était alcoolique.
J'ai aussi tissé d'autres liens en cure. Même si aujourd'hui, ces liens n'existent plus.
Je suis content et heureux de voir que tu n'as aucune envie de replonger: la prise de conscience chez toi est complète et totale visiblement comme pour moi et tant mieux pour nous deux. Car je le redis, c'est le plus dur, c'est le plus difficile à obtenir.
Tu es sur la bonne route, continue mon ami, l'abstinence te va bien. Garde là. Chérie là. Préserve là comme un trésor personnel. C'est comme cela que je la vis.
Et n'oublie jamais la somme de souffrance que tu as connu et enduré étant usager d'
héroïne.
Ne cède plus au chant des sirènes. C'est un mensonge.
Tu sais comme moi que le plaisir est fugace, éphémère et qu'il coute bien plus cher que l'argent qu'une consommation d'
héroïne demande.
Oscar Wilde disait: "le cynisme c'est connaitre le prix de tout et la valeur de rien".
Aujourd'hui tu connais la valeur de ta liberté et de ta santé retrouvé même partiellement. Même si tu as connu à une époque simplement et uniquement le prix d'un gramme d'
héroïne (au début).
Aujourd'hui tu as conscience. Et comme le dit D de Kabal: "Et la conscience s'élève".
Ta conscience s'est élevée pour atteindre la vérité de ta situation. Situation qui ne peut aller qu'en s'améliorant avec l'abstinence.
J'insiste & j'insisterai toujours sur ce point: l'abstinence. Parce que c'est la clé de ta liberté comme c'est la clé de la mienne.
Rechuter, c'est prendre le risque de ne plus avoir de prise de conscience, d'éclair de lucidité et finir comme cet homme que tu m'as décrit... perdu corps et bien comme un navire qui a coulé et que j'imagine facilement par rapport à mon expérience et à mes rencontres personnelles.
Si tu rechutes, tu peux tout perdre, jusqu'à tes meilleurs amis. Et surtout perdre tout le bénéfice du travail que tu as accompli jusqu'à ce jour.
Je le redis et j'insiste: l'abstinence te va bien. Garde là.
Tu es volontaire pour reprendre ta vie en main. Alors continue sur cette voie.
Tu peux demander de l'aide à Dieu. Parfois prier aide à se sentir plus fort face à ses faiblesses. Et il ne sert à rien de faire de longs discours. Seule la sincérité compte.
Sinon tu as raison: la verbalisation orale ou par l'écrit soulage. "On vide son sac". Or un toxicomane a souvent un sac chargé de mauvaises choses, de traumatismes, d'expériences négatives subies souvent.
Echanger avec toi, me libère et me guide sur les futurs entretiens que je vais avoir à l'avenir avec la psychologue de mon
CSAPA. Je vais lui raconter comme je t'ai raconté l'histoire de ma toxicomanie et la préhistoire de cette toxicomanie que j'ai vécue et connue. Aujourd'hui, tout cela me semble lointain alors que cela ne remonte qu'à 6 mois. soit une demi année, moins de 200 jours ou à peine.
Je trouve en toi une écoute, une oreille qui comprend mon parcours même si tu ne me connais pas ou très peu.
Ce que je t'ai confié, doit être confié à ma psychologue. C'est un point incontournable. Une condition absolue pour me libérer de la tristesse et de la dépression. Mais une chose est certaine: m'être confié à toi m'a demandé du temps, de l'écriture, frappe après frappe au clavier "AZERTY", un effort de mémoire, de précision et d'honnêteté totale. Je ne voulais pas de raccourcis ou te mentir par facilité. Ce travail m'a usé, vidé, poussé aux portes de la fatigue. Mais une fois réalisé, j'ai vu ma condition de vie quotidienne s'améliorer... Je ne trichais plus. Pour la première fois de ma vie j'ai eu l'occasion de me livrer en entier. De livrer le toxicomane que je suis et son histoire à rebours. Mon histoire.
Et je m'aperçois que je ne me suis pas trompé. Nous pouvons nous entraider mutuellement & réciproquement.
J'ai immédiatement senti que tu étais "l'interlocuteur". Même mes amis les plus proches ne savent pas que le bouton de ma toxicomanie est passé de "turn on" à "turn off".
Aujourd'hui, je me considère comme un consommateur épisodique de
cannabis et de sclérotes à la
psilocybine & à la psilocine. Pour le dire simplement de
truffes magiques.
Peut être gouterai-je un jour à un cactus à
mescaline mais c'est tout.
Les psychédéliques sont mes dernières drogues et tous sont à but thérapeutique pour moi et employés avec sporadicité, rarement. L'objectif est de me placer sous un angle de pensée différent. D'avoir un point de vue intellectuel différent pour mieux comprendre mes problèmes.
Le
cannabis est très puissant sur moi, jusqu'à l'effet enthéogène. Les
truffes, elles, me placent dans un état plus contemplatif: je peux écouter de la musique classique en regardant des livres de peintures durant des heures sans dire un mot sans hallucinations.
Sinon je le redis, je prie toujours chaque soir, sans grand mot, sans éloquence particulière pour toi et Estelle, mon épouse, qui souffre d'une grave dépression. Je prie certes simplement mais toujours avec l'honnêteté du cœur. Parce que ça ne peut pas faire de mal et c'est pour moi aussi l'occasion aussi de m'adresser à Dieu, une fois par jours.
Le crabe tambour