Après une hospitalisation en décembre, j'ai de nouveau entendu le mot
"borderline" ,
qui faisait écho à mon hospitalisation de 2017.
un mot finalement lancé un peu dans le vent, dont je n'avais pas trop su quoi faire jusqu'à présent.
Un mot dit comme ça,
à la volée,
une ou deux fois,
mais pas vraiment assumé,
comme si c'était un mot,
un diagnostique,
un trouble,
qu'eux même, les psys, les médecins,
osaient à peine prononcer.
un mot dont il ne savait pas vraiment quoi faire,
au fond
un maux
qu'ils savaient ne pas vraiment connaitre, finalement
Borderline
c'est un trouble qui vient d'autre part,
étudiés par les américains, les canadiens,
en France, c'est juste un mot fourre-tout
qui ne veut finalement pas dire grand chose
ou peut être dire trop de chose
en tout cas, on ne sait pas trop quoi
...
finalement, je suis tombée sur ce site,
AAPEL,
et ca m'a franchement changé la vie.
franchement.
j'ai eu la sensation, pour la première fois de ma vie, que tout ce que je vivais,
toutes ces "anormalités", ces souffrances et douleurs, ces comportements que je n'arrivais pas à expliquer, ces émotions disproportionnées,
tout à coup,
tout cela,
ça faisait partie de quelque chose d'autre,
quelque chose de plus grand.
toutes ces pages,
tous ces textes,
ils m'ont dit ce que j'avais besoin
enfin, j'ai lu
que je n'étais pas toute seule,
que toute cette souffrance avait un nom,
et que j'avais le droit d'en parler,
que tout cela ce n'était pas que des faiblesses,
mais une vraie maladie,
que tout ce qui me faisait du mal depuis 15 ans,
c'était possible de le dire, d'en parler, et surtout, d'y mettre un terme et soigner tous ces comportements, ces émotions, ces pensées, ces souffrances, ces solitudes bizzares
...
Pourtant je l'avais déjà depuis 3 ans, ce mot là,
Borderline
mais je ne m'étais jamais vraiment reconnue dans les descriptions
enfin, pour la première fois,
ce site a exprimé tout ce que je ressens,
je me suis reconnue,
j'ai trouvé une certaine légitimité
...
Mais je fais quoi, de tout cela ?
Je ne suis pas dans le déni, et je me prends en charge, j'essaie de prendre soin de moi, de bouger, de comprendre.
Parfois, je me dis que tout ce que j'entame, tous ces suivis, ça me permet juste d'avoir la conscience tranquille, de brandir aux yeux des autres le fait que "je me soigne", et que donc "laissez moi tranquille, le travail est en court".
Mais ces derniers temps, je me rends compte que non,
ces suivis ne sont pas une banderole que je peux brandir,
pour rassurer mes proches.
car finalement,
la plupart des gens ne veulent pas les lire, ces pancartes
ca les dérange
ca veut dire quoi , "la plupart des gens" ?
je ne sais pas
mes parents, mes amies les plus proches,
finissent par être habitués de mes troubles, mes sautes d'humeurs, mes excès
j'ai toujours été comme ça
mais les gens en général
ça les dérange
ca dérange leur petit bureau intérieur
celui qu'ils ont aménagé comme ils le veulent
en laissant visible ce qu'ils veulent bien voir
et en cachant le reste au fond des tiroirs
ces vieux dossiers à peine feuilletés,
qu'ils ne veulent pas lire, qui sont sans intérêt
...
Aujourd'hui,
et depuis plusieurs années,
j'ai entamé plusieurs suivis
j'essaie de prendre soin de moi,
au milieu des soirées alcoolisées, nuits blanches cocainés,
J'essaie de trouver des solutions.
j'ai une psychiatre depuis plusieurs années,
après plus d'un an sans traitement,
j'ai recommencé en juin à chercher,
ce qui allait me faire du bien.
en 6 mois, on a cherché, taté, raté,
ca a pas marché
et finalement, depuis quelques semaines, je crois que jai enfin trouvé le bon traitement,
je me sens enfin mieux,
après plusieurs mois très sombres
je suis suivie en
CSAPA avec une psychologue depuis 2 ans
et aujourd'hui, j'ai eu mon premier rendez vous avec une nouvelle psy,
que j'ai contacté pour entamer une Thérapie Comportementale et Cognitive,
car c'est ce qui semble conseiller pour les troubles borderline.
...
Pourtant, hier, lors d'une soirée avec les voisins,
j'entend mon mec faire ce genre de réflexion :
"les médicaments, ça sert à rien. moi quand je vais mal, j'accepte d'être triste et je préfère gérer la tristesse que prendre des antidépresseurs"
on entame un débat et il sort
"non mais quand j'ai la gueule de bois parce que j'ai trop bu, le lendemain je préfère assumer et je prends pas de doliprane, même si j'ai mal à la tête"
et puis
"quand tu vas mieux comme en ce moment, je sais plus si je parle à la vraie toi ou aux médicaments"
et puis le voisin qui sort
"moi je suis mal souvent mais j'arrive à me ressaisir et à trouver la force en moi, j'aime pas parler donc je vois pas pourquoi j'irai voir un psy, de toute façon en général c'est des gens encore pires que les autres".
...
Pardon ?
je cite pas toutes ces phrases pour entendre dire que mon mec ou le voisin sont des cons,
je cite ces phrases car ce sont des réflexions qu'on entend partout, tout le temps,
que la plupart des gens ont,
y compris quand ils vivent avec des personnes en souffrance comme moi !!
...
Alors, je suis en réelle interrogation.
Est ce que je dois vivre mes soins toute seule ?
est ce que je dois garder tout cela pour moi ?
ne pas m'épuiser à les faire entendre / à les justifier ?
est ce que je dois accepter le fait que tout ce cheminement / cette guérison n'appartient qu'à moi ?
pardon mais ca me fait vraiment souffrir de ne pas me sentir légitime à me faire soigner
et je ne sais pas si cela à un réel sens,
si je dois prendre de l'énergie à expliquer l'intérêt / le sens pour moi d'avoir recours à des soins / des thérapies / des médicaments,
pour apaiser mes souffrances intérieures,
comment expliquer le fait que tout cela,
ce n'est pas une histoire de volonté,
que les souffrances mentales,
ce n'est pas un truc qu'on décide et qu'on apaise en un claquement de doigt.
...
pour conclure, je partage le lien de ce site qui m'a permit de me sentir moins seule
le droit à la dignité
https://aapel.org/bdp/BLdroitdignite.html