(Triste anniversaire de l'Innommé, ce jour il y a quelques mois.)
(photo prise sur instagram @tabatha_ahtabat )Je suis allé écouter Fishbach et Maria Zinger au Rosa Bonheur aux Buttes-Chaumont. Supère soirée. Il y avait de tous les âges, y compris un vieux monsieur avec une cravate et des cheveux blancs. Je prends 0,5 ml de
GBL et des tartines de jambon, des tapas. Une heure et demie après je reprends une bière. Je vais danser dans le coin des sœurs gouines. Je n’y ai guère ma place en apparence, alors je suis le mec transgenre, et je me fais perché. L'une d'entre elles un moment donné vient me faire un hug et m'embrasse sur la joue. Je jubile, c'est ça que j'aime. La soirée doit se terminer à minuit. Je prends plusieurs photos de Fishbach qui pose et de Maria Zinger aussi. Finalement on prolonge, ça se termine à une heure. Je repars, c'est le dernier métro. Il m'arrête à Jaurès. J'en profite pour passer place Stalingrad. La place vivante. Il est étrange de voir tout ce monde s'agiter à une heure aussi tard. J'avise une jeune femme qui est assise avec un petit sac, je l'aborde. Je lui demande si on peut trouver quelque chose. J'applique le conseil que m'a donné Axel, ne pas demander quelque chose de précis. Elle me dit "que cherchez-vous ?" Je lui réponds de l'
héroïne. « Ici on n'a pas mais on trouve plutôt du
crack. Si vous voulez on peut en fumer une ensemble. » Je tape d'accord. Je propose de l’accompagner shopper, elle dit « non vous ressemblez trop à un flic, laissez moi y aller toute seule ». Je garde ses affaires , elle part avec mes 15 € et elle revient avec une galette. Nous allons chercher des bières, des clopes, commençons à boire. Nous nous installons sur un tapis. C'est son coin, une porte cochère d'un immeuble. On se tutoie et c’est sympa. Elle fume le
crack au tube. Ça va donc être une première pour moi. Elle me montre comment on fait, on met le
crack sur la paille métallique, on le fait fondre et il imprègne la plaque. Ensuite, on respire avec la flamme. Et on se couvre d'un vêtement pour que les gens ne nous voient pas. Cette couverture crée une ambiance particulière, on s'isole dans sa tente. Je pense que je prends un petit quart de pastille. J'en ferai 4 fumes au total. Diana, puisque c'est son nom, m'apprend a bien tirer. Mais c'est facile, car c'est un tout petit tube. Le plaisir monte à mi-temps, et s'amplifie ensuite. La durée du flash est brève quand même ensuite. Plus la fume est longue, mieux c'est. Il faut y aller doucement. Après chaque fume, nous fumons une
cigarette. Le plaisir de ces
cigarettes est immense. D'ailleurs le rituel participe de l'événement. Le kif… on fait fondre la galette, c'est beau déjà. Ensuite on se voile, c'est étrange. On expire profondément. Et on aspire enfin dans une longue respiration. Le respirer c’est chaud, peut-être brûlant. Et c'est vers la moitié de l'aspiration que l’effet commence à se faire sentir. Les oreilles ne bourdonnent pas encore, le cœur bat plus vite lui, envie de vomir parfois. Je me branle discrètement les tétons, le plaisir est vif, j’aime le côté sexuel et orgasmique de la
cocaïne basée. Pour moi ça ne dure que quelques petites minutes. Je crois que je n'ai jamais aimé fumer des
cigarettes autant que ce soir-là. Les
cigarettes prolongent énormément l'effet du kif. Ensuite nous nous retrouvons avec une amie qui est V***. Tout cela nous a pris 2 heures. Elle est accompagnée d'un mec J**** qui travaille à la RATP. Lui fume aussi. V*** a 32 ans, des baskets Adidas. Elle a 2 filles de 6 ou 7 ans je crois. Elle fait plus jeune que son âge. Ces filles sont évidemment placées. Ensuite les 2 copines vont se faire une piqûre de
Skenan puisque je leur en ai procuré une gélule. 2 mecs qui passent par ici me passent une seringue à insuline dont ils disent qu’elle est propre. Je n'en sais rien. Les filles utilisent une vieille cupule, un filtre coton dont je ne sais pas très bien d'où il vient. Pas de filtres toupie. Leurs aiguilles proviennent d'emballages stériles. En revanche elles utilisent une seringue personnelle. Pas de désinfection, pas de tampon. Diana prépare le
Skenan, j'en prends 10 pour cent c'est mon idée. C'est-à-dire environ 10 milligrammes, ensuite elle remplit sa seringue, et nous y allons. Je pense que je me suis repris à 2 fois pour me piquer, je n'ai pas tout envoyé car… je ne me souviens plus. Je ne finis pas mon fix, Diana vide la seringue sur le mur avc mon sang, V** gueule au gaspillage. Dispersion de l'attroupement en un instant. Ensuite nous restons tous les 2, Diana et moi, un petit peu seuls. J'apprends qu'elle n'a plus de papiers depuis plusieurs années, elle me demande et je lui propose de l'aider. Elle n'a plus de téléphone, elle n'a rien. On lui vole ses affaires, un chien qui a été volé et la fille, qui le gardait, a été tabassée lorsqu'elle est revenue après lui avoir confié son chien. Elle me donne le numéro de téléphone de la
salle de shoot Gaia et elle me dit de les appeler. C'est ce que je ferai ensuite, jamais plus je n'aurais de nouvelles, évidemment.
Je devine qu'elle aimerait bien je l'héberge, je lui explique ce n'est pas possible à cause du locataire. Je pense qu'elle a une maladie gynécologique puisqu'elle ne cesse de se gratter.
Je la laisse seule alors qu'elle aurait sans doute aimé que je reste un peu avec elle. Elle me chahutait un peu en disant je parlais trop fort, que j'étais très imprudent, il fallait que je sois plus discret.
J'arrive chez moi il est 6 heures. Mon beau téléphone tombe dans les toilettes quand je vais faire pipi. Il est foutu. Je suis défoncé encore.
Deux mois après mes tests hiv & hépatite sont négatifs. Maintenant dans mes affaires j'ai toujours avec moi un kit expert de
Safe en cas de tentation....
Un jour avant le printemps, Diana, je te retrouverai. J'irai te chercher place Stalingrad et je partirai avec toi faire tes papiers. (photo prise sur instagram @tabatha_ahtabat )