Je tenais à parler ici d'un événement récent pour moi.
Je suis une jeune femme de 22 ans. Errance médicale psychologique depuis mes 6 ans, j'ai collectionné plus de psy différents et autres professionnels de santé que de cartes Pokemon, pourtant aucun n'a été capable de voir ce qui clochait. On m'a filé tout et n'importe quoi, mais surtout des trucs pas mauvais en soi mais clairement pas adaptés à moi (tercian, antipsychotiques divers...) sans comprendre pourquoi ça ne m'aidait pas.
Ce n'est qu'à ma majorité qu'il y a eu une grosse suspicion de
TDAH (Trouble Déficitaire de l'Attention avec Hyperactivité) chez moi, des psychiatres dans mon long parcours médical depuis l'enfance m'en avaient vaguement parlé mais sans me pousser vers un neuropsy ou un neurologue ou quelconque spécialiste. En soi, j'avais un dossier à la MDPH avec écrit tous les symptômes d'un
TDAH sans le terme précis écrit : il ne me manquait plus qu'un diagnostic bien propre, tout beau après des tests de rats de laboratoire devant un spécialiste. J'ai donc fini par aller voir un neuropsychologue docteur en psychologie qui m'a fait passer un bilan adulte (nous passeront outre le prix exorbitant de ce genre de bilan chez un spécialiste, mes parents me l'ont financé, j'avoue, sinon j'y serai pas allée avant 10 ans de plus). J'en suis ressortie avec la confirmation d'un bon gros
TDAH qui crève bien les yeux d'après lui et il m'a dit que je rentrais aussi bien dans des caractéristiques de Troubles du Spectre de l'Autisme. Bon, ce dernier je l'attendais pas trop. J'ai une grande soeur diagnostiquée de TSA, mais je ne pensais pas moi aussi être touchée, je pensais que ce n'était que certains symptômes commun avec le
TDAH, mais le neuropsy qui m'a vue est formel, je rentre dans les deux. J'ai réussi un test dans ma vie au moins, celui des troubles neurodéveloppementaux, comment ça le but n'est pas d'avoir le plus de points ? Oups.
Pourquoi est-ce que j'en parle ici sur un forum de personnes utilisatrices de drogues (ou de leur entourage) ? Pour plusieurs raisons. Besoin d'en parler sur un billet de blog que peut-être personne ne lira, mais je me lance.
Pour moi c'est important de faire le lien entre notre consommation de substances avec des troubles ou pathologies diverses et variées, ou encore notre parcours de vie, des choses comme ça. Ça peut parfois expliquer notre relation avec telle ou telle substance, notre façon de faire ou des particularités. Par exemple dans mon cas et je ne pense clairement pas être la seule : je me suis rendue compte que deux choses m'ont poussée vers la drogue : m'intéresser beaucoup au sujet dans les moindres détails et vouloir être plus sociable, moins me poser de questions en continu.
Depuis trois mois je suis dans une dynamique où j'essaye de faire mon "coming out" autour de ma consommation de substances psychoactives à des gens autour de moi : j'ai commencé par une amie d'enfance, puis des camarades à la fac, et enfin ma grande soeur. Mais je n'ai jamais osé encore en parler à du personnel médical. Pourtant, à de nombreuses reprises je me suis dit je vais le dire à la sage-femme/le médecin/le psychiatre (quand ils constatent que ma tension est plus élevée que d'habitude alors que j'ai juste pris un
taz la veille ou bien simplement demander les interactions de ce que je peux être amenée à consommer avec les médicaments qu'ils me prescrivent). Lors de mon bilan avec le neuropsychologue, j'ai enfin passé ce cap. Je lui en ai parlé, je lui ai dit tout mon engouement pour ce forum, tout mon intérêt pour la recherche quant à l'usage thérapeutique, ma joie d'envoyer des échantillons de mes substances en analyse, de suivre méticuleusement les étapes d'un
growkit pour faire pousser mes propres champignons...et il en a conclu à l'un de mes intérêts spécifiques majeurs.
Aussi, le neuro m'a parlé du
TDAH qui serait causé par un dysfonctionnement de certains neuromédiateurs dont la
dopamine principalement, si vous voyez où je veux en venir : oui mon amour du
speed ou des
taz ne vient pas de nulle part (sérotonine,
dopamine, tout ça)
Je lui ai évidemment parlé aussi de ces fois où j'ai fait usage de drogues pour paraître plus sociable, enlever mes peurs, me forcer à ne pas dormir car je déteste dormir depuis l'enfance...
Aussi ces quelques (rares, heureusement) fois où je n'ai pas attendu les 6 à 8 semaines préconisées entre deux consommations de
MDMA, trop pressée d'en reprendre ou encore trop hypée d'en consommer sur telle ou telle soirée.
Ces fois où j'ai consommé pour ne pas avoir peur d'être bizarre en public (alors que dans cet état j'ai sûrement l'air encore plus bizarre), ces fois où j'ai consommé pour faire la petite meuf rigolote, et arrêter d'être la gamine timide en public.
J'ai trouvé le neuropsychologue super bienveillant là-dessus, pas stigmatisant, pas abolitionniste, juste il a semblé surpris que je sois consommatrice et aussi que j'en parle avec tant de fougue et de passion pendant des heures. (bon j'ai d'autres intérêts spécifiques tout de même, ouf, j'ai les volcans aussi)
Et maintenant ? Je vais avoir accès à de la
ritaline, enfin on va tester ça sur moi, assister ça médicalement. Sincèrement sans ça, j'étais à deux doigts de m'en procurer dans la rue. J'ai pleuré dans le cabinet du neuro, puis du psychiatre, tellement c'était le combat d'une vie. J'ai beaucoup d'espoir dans ce traitement, je n'en peux plus de phaser pendant la moitié de mes cours, de ne pas entendre quand on me parle. J'espère que ça se passera bien pour moi et que je verrai des résultats concluants (j'avais des TCA par le passé, mais c'est loin derrière moi, mais aucun psychiatre n'avait accepté de m'en prescrire de la
ritaline pour cette raison, mais là celui que le neuro m'a donné est d'accord pour essayer)
Aussi : je ne vais pas m'empêcher de continue à m'intéresser au substances et passer des heures sur ce forum. Tout ce que je change, c'est en ce moment, je me fais une pause de la
MD/des
taz de 90 jours (on en est qu'à 15 jours mais c'est un début), j'aimerais me laisser ne pas dépendre de la
MD sur toutes les grosses soirées, je pense m'autoriser un peu de
ké ou des psychédéliques, mais la
MD, je n'y touche plus pour quelques temps, pour perdre mon réflexe d'en prendre pour me donner l'illusion d'être plus normale et voir ce que ça donne sans.
Beaucoup de chamboulements et réflexions dans ma tête après ces diagnostics, mais je me dis que j'avance et que ce n'est que le début de mon cheminement. Ce n'est pas pour rien qu'il y a le tag '
TDAH' sur le forum ainsi que le tag '
ritaline', je me dis, on est un certain nombre à se cacher ici.