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Plus sex que chems : de l'automne au bonheur grâce au 2cb 



Feuilles CCBYNS2023Cependant


Incessante loi de séries en ce moment.

Ponts ancestraux qui s'écroulent, quatre vérités éparpillées sur ma gueule.
Et parfois silences radios soudains sans réponses aux explications.

J'essaye pourtant de garder la tête haute, aucune envie d'être «sauvée» (de moi-même ?) par des amies auxquelles je demanderais simplement de ne pas me reléguer dans un rôle de victime, mais si elles souhaitent et comme elles souhaitent d'être juste là au nom de l'amitié, en connaissance de cause même pour mes défauts.

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Ça sera peut-être un défaut de tox d'ailleurs, celui de ne pas se contenter des miettes, de vouloir tout et tout de suite [1], même si je range le trop plein de patience plutôt du côté de mes défauts face aux galères de la vie, pour lesquelles je relativise et contextualise plutôt que de trouver des faciles coupables.

Bref, ce n'était pas ça le sujet du billet.
Mais je vous l'ai annoncé, défaut professionnel de contextualisation oblige, la pluie de feuilles, ne m'évoque pas que des voltiges colorées et du goudron polychrome. Larmes du ciel et de mon visage, unique chaleur réconfortante pendant ces jours aux os glaciaux, imbibent mes membres rouillés.

Pourtant, je pédale, je m'obstine à vouloir contempler les derniers rayons rasants du haut d'une colline urbaine, je poursuis les tâches qui me sont allouées. Je m'extasie face à des bonheurs si minuscules qui n'arrivent pas à balayer la masse informe qui m'encombre. Mais je persiste à ne pas vouloir rester encroutée dans les lambeaux de malheur où tout m'amène.

Je pars de loin.
C'était une soirée tekno, avec moins de personnes que prévu.
Une grande salle au béton sur le sol et le strobos aux couleurs froides qui perçaient le nuage épais de fumée artificielle.
J'errais dans les boums-boums qui résonnaient sur les parois bétonnées en me demandant où trouver les survivants.
Après avoir vagué dans les espaces du lieu, je remarque que le peu de personnes commençaient à déserter dans un coin sous les toits, poutres au plafond et table au centre de la pièce.
Fumée de blonde épaisse, sans fenêtres, traces sur la table, innombrables roules ta paille pliés.
Je m'assois, je commence à discuter à droite et à gauche parmi les convives improvisés de cette tablée sans tête ni queue.
J'en obtiens un réconfort immédiat par rapport à des méchantes paroles que j'avais reçues par un retournement de situation (car oui, en vrai j'ai le don de me remettre constamment en question jusqu'à ne plus savoir où aller, jusqu"à ne plus savoir ce que j'ai fait ; mais tête haute et droite dans les bottes malgré tout, c'est bien vital sur les terrains glissant de verglas d'incompréhension ; loi des séries je disais).

Dopage limite -- un doux speeball à me réchauffer, un peu d'alcool à arroser les veines --, je parle pour voir quoi d'autre peut être disponible dans ces contrées.

On me sort un taz vert.

Ça fait à peine une semaine que j'avais gobé de l'MD (autre soirée techno, mais bien plus remplie, surtout de personnes qui réchauffaient l'espace de réconfort chaleureux), mais ce n'était pas ça à me bloquer (d'ailleurs, erreur de dosage la semaine précédente, je prends moins de 70mg, normale que mes mâchoires ne deviennent machine à écrire, même en raccompagnant une inconnue aux parfums d'épices sur sa route -- la seule qu'on aurait partagée d'ailleurs, quelques mètres d'un trottoir...là j'ai bien compris ce qui était le consentement éclairé ; ou c'était peut-être mon insécurité à remettre en cause son invitation qui sortait de ses pupilles plus larges que ses yeux ? Il était question aussi de ses amies à elle, entre leurs inquiétudes et leurs jugements pour son bien-être ; mais bref, je poursuis la route après sa demande d'un câlin glané au bord du tram, avec la promesse éphémère de se revoir surement le lendemain, alors qu'on aurait surement pu prolonger jusqu'à l'aprèm ce matin qui commençait à s'éclaircir derrière les bâtiments des avenues...).

teuf ¢ 2023 cependant


Bon bah voilà, tout ça pour dire que ce n'était pas un taz celui qui lui ressemblait par la forme et la couleur.
Un petit pokémon verdâtre à me faire de l'œil. On fait les présentations, on me dit qu'en réalité il cache ce qu'il faut de 2cb. Molécule inconnue dans mon bataillon d'expériences, entre le vide sidéral sur la piste de dance, le vacillement de ma sécurité en moi, je préfère garder le présent pour plus tard. Je partage une trace de speed (également une nouvelle expérience pour la personne avec qui j'échange) et je ne traine jusqu'à pas trop tard, sans arriver pour autant à ne pas me faire engueuler par l'"agente de nottoyage" qui doit refaire la chambre d'hôtel pour le lendemain (j'avais omis de dire que même si c'était une soirée techno, ça l'était pour le taf, hébergement compris).

Je rentre chez moi, je ressaye quelques soirées sans arriver à balayer de ma tête les difficultés de ces derniers temps. Je suis bourrée un soir, je commence à écrire des textos un peu plus désinhibée que d'habitude. Sans sous-entendu pourtant !

Je propose à quelqu'un une soirée 2cb petit repas espagnol, avec des spécialités d'outres Pyrénées. Je trouve rassurant et marrant de partager la découverte d'une nouvelle molécule. Le fait que parfois des effets aphrodisiaques/empathogènes soient quand même possibles aléatoirement avec la molécule ni m'effraye ni m'encombre plus que ça.

Le seul repaire face à toutes ces coupures bien trop pas nettes qui ont déchiré ma confiance c'est de ne rien attendre, ne rien prévoir, juste essayer de construire l'instant, lui donner vie en façonnant les secondes en sachant qu'ils auront une fin. Ce qui a finalement une vertu plus apaisante que de croire dans ce qui me semblait immuable et se casse la gueule, en me défigurant le visage à coup de tasses d'expresso, portes claquées à la face ou accusations pas explicitées suite à des messages...
Incertitudes qui dégringolent du toit au boulot, mais je finis par apprécier la précarité d'un équilibre instable, savourer ces moments qui flottent sans lendemain.

Ah, on en était à un texto un peu bourrée. Repas et 2cb...invitation incongrue que presque j'avais oubliée quand j'en reçois une réponse positive.

Puis quelques jours passent et presque j'ai failli décommander vu l'état de frissons glacés qui parcourt mes membres toute la journée. Malgré le chauffage tropical, je porte en mois l'Arctique artériel, d'autant plus que je ne suis pas certaine de saisir tous les sens subliminaux cachés dans certains messages précédents et l'aura déprimée de ces jours est en train d'avoir raison de moi. Bref, qu'importe, faut surtout que j'arrive juste à allumer les plaques de cuisson.

J'ai failli m'endormir dans le bercement d'un bus, sans répondre donc aux messages que je n'ose pas regarder. Pas besoin d'annuler, je pourrais toujours partir me coucher dès que je sens la fatigue monter.
Grâce au syndic qui devait passer vérifier des travaux j'avais sacrifié au ménage mes précédentes matinées, je n'ai pas grand-chose à faire à part m'extasier sur les derniers œuvres réalisées (par mes propres mains en plus, avec un résultat étonnamment propre ! tête haute, je disais).

"Ding dong" -- ah oui la sonnette remarche ! D'ailleurs la chose m'avait fait peur à un premier abord, par rapport à la vulnérabilité qui vient de la rue. À chaque coin de voie où je vois un mec entortillé par couvertures et cartons, je pense à lui. Je pense que j'aurais pu lui ouvrir ma porte encore et encore, que je ne lui souhaite pas de rouiller ses os saillants à cause des courants d'airs coupants, mais que je ne pouvais pas me souhaiter de dégringoler avec lui dans un caniveau malheureux sans choix.

"Ding dong", j'ouvre et j'éloigne les images envahissantes qui rien n'ont à voir avec ce moment présent.
Coup d'éponge momentané sur le tableau de la vie, tout semble d'une fluidité enfantine, les échanges, le peu de gênes, les sourires, les rigolades, les mouvements dans l'espace, l'enchainement d'activités tout aussi variées.

Et on bosse, avec une concentration fluctuante à cause de la fatigue pour ma part, et on arrête pour se partager la préparation du repas -- obsession malaisante de ma part celle pour la bouffe et le dévoir, presque maternel --comme on me l'a fait remarquer non sans raison et une pointe d'écœurement à juste titre-- d'assurer que ce soit prêt (histoires familiales qui me façonne, malgré les multes déconstructions déjà entamées). Légèreté donc même dans la répartition des tâches, et chaque bouchée est plaisir, même quand il met les pieds dans le plat en demandant si j'avais pensé si je voulais qu'on passe la nuit ensemble.

Non, je n'y avais pas pensé. Pas de projets, pas de programmes dans mon agenda déjà surchargé. Mais ce qui ne veut pas du tout dire que j'en ai pas envie ! J'omets de dire que malgré la dose réduite d'MD la semaine dernière, sa main dans ma nuque m'avait secouée de plaisir et certainement aussi de désir, que je tâchais bien d'enterrer dans la foule du son.

Puis on a un antécédent déjà, raides bourrés et défoncés aussi, ce qui pour moi avait expliqué la chose...mais si je ne me laisse pas de répéter ici sur le forum que c'est souvent bien trompeur de tout mettre sur le dos des drogues, j'ai du mal moi-même à ne pas endosser cette clé de lecture si facile pour me bander les yeux face aux ressentis plaisants d'orgasmes décousus.

Si je crois donc dans la démystification du sexe, je suis de l’avis que dans cette vie entravée par les galères pas choisies, toute forme de plaisir (encore plus si partagée) est une partie intégrante de la lutte contre les élans mortifères et aliénantes du capitalisme et de son monde. Et cela peut aller des drogues, à la musique, à la découverte de la beauté de paysages et des personnes, de bouffe transcendante et, aussi, d’une partie de jambe en l’air ! Car oui, ça fait bien partie des choses que je kiffe dans la vie.

Après, comme je le (re)découvrirai une fois de plus, quand la confiance et la même longueur d'onde sont là, le partage ne peut être que plus puissant et plaisant.

Revenons à nos assiettes non encore terminées. Nous bossons tous les deux le lendemain matin, mais je ne sais pas comment on arrive à ne pas se faire angoisser par le temps qui tourne. Personnellement, je garde juste l'impression d'un moment figé et à la fois incroyablement dynamique, heure dilatées à la fois dans leur douce lenteur et insouciance à ne pas les voir passer. Mais c'est "la" drogue ça...peut-être, je ne sais pas, je n'ai pas de comparaison.

Car à la base, l'histoire que je voulais raconter, sans être un trip report était ma première au 2cb.

En vrai, déjà ça commence mal, par mon incroyable qualité à ne jamais trouver ce que je cherche. Ce qui, certainement, dans certaines occasions, augmente la frénésie de la trouvaille.
Bref, là je me maudis d'avoir parlé d'un pochon que je n'arrive pas à trouver.
Je commence par ressortit le contenu de tous les tiroirs de la commode. Je trouve la copie des clés de chez moi porté disparue depuis plusieurs jours, mais aucune trace du cachet.

Une nouvelle bouteille entamée après, j'arrive à mettre les mains sur le petit sachet convié.
Hésitation sur les dosages, les temps d'actions, les effets. C'est limpide, facile et rassurant comment on trouve un accord simple et on décide de partir dans l'aventure.
Petit set d'une dj techno qu'il avait appréciée quelques teufs en arrière, on se partage le cachet et on le gobe simultanément.

Le plan est simple : on sort le gâteau du four et on se fourre au lit.
Je me rends compte que tellement je n'avais pas anticipé cette escapade que je navigue depuis un jour dans la sueur de mon entrainement de boxe et mes draps humides sont tous sauf que propres. Il n'a pas l'air de bien en tenir rigueur. J'insiste quand même pour me prendre une douche, histoire d'adoucir la peau et de réchauffer mes membres glacés (frissonnade inexplicable depuis la matinée).
Pendant que l'eau coule, je me dis que j'ai peut-être tout raté avec cette histoire de douche : ça se trouve les effets du 2cb vont disparaitre à cause de la chaleur et l'excitation va se noyer dans l'attente.

Rien de plus faux. Déjà en montant les escaliers, je ressens une perception différente des couleurs, légers halos brillants derrière les choses...et quant aux ressentis physiques, j'arrive à peine à garder un enchainement chronologique d'instants les plus intenses les uns que les autres.
Emmêlement direct de membres dont la chaleur monte proportionnellement aux effets réciproques de deux corps qui s'effleurent de plus en plus près, jusqu'à fondre dans un seul et unique cri et secousse de plaisir extrême. Les gestes s'enchainent, mélange continuel de fluides et plaisirs, touches vivifiantes et électriques, tellurismes corporels entortillés sans plus besoin de définir d'autres sens qu'un apaisement et une excitation profonde.

CC BY NC SA 2023 Cependant


Ce n'était pas la première fois que je vivais une nuit de passion endiablée, bestiale et câline où tout est laisser-aller et les seules choses qui comptent sont le propre et autrui plaisir. Les deux demeurent inséparables dans des moments d'osmoses orgasmique, l'autre y est bien pour beaucoup et difficilement interchangeable, à chaque fois ses spécificités particulières...et ça faisait un moment que je n'avais pas ressenti mon corps crier sans même réfléchir aux voisins, sans que plus rien ne compte à part ce qui se passe dans cette chambre, si froide il y a à peine quelques heures et si bouillonnante pendant ces instants brulants.

J'ignore combien de fois on recommence et combien je jouis et combien il jouit. Tout est jouissance, y compris le temps qui perd de son sens, dans des instants plus puissants que la plus forte de bases de crack. Et puis le matin se rapproche, les muscles tremblent d'un infini relâchement d'électricité fluide, jusqu'à qu'on s'endort après avoir échangé paroles et rigolé.

Le matin arrive, on repousse le réveil jusqu'au café que j'arrive à sauter du lit pour préparer (enfin par rapport aux standards de mes derniers matins) malgré le peu d'heures de sommeil.

J'ignore si et quand il y aura une autre fois. J'ai du mal à imaginer comment ça pourrait être mieux que la magie de cette soirée. Mais je m'en fais pas, cela m'a bien suffi pour interrompre une loi des séries qui me poursuivait, me recharger les batteries de la confiance et du plaisir dans la beauté des autres. Les instants vécus sont incommensurables pour ce qu'ils ont été, sans besoin de projections ultérieures. J'espère que j'ai pu donner autant que j'ai reçu, autant de courage pour faire face aux difficiles moments qui s'étalent.

Je n'ai qu'à tourner la page et voir les couleurs d'automne à l'horizon, comme le tour dans ce parc dans ce dimanche de repos. Et tout cela m'a servi pour recharger en légèreté et ne pas sombrer quand mon téléphone a sonné et une voix bien trop familière s'est présenté au-delà du fil..." tu n'as pas 20 balles ? "

Je crois bien que ces vingt euros je vais les garder pour acheter ma came à moi. Je finis le billet que je lis le message que je voyais clignoter et je ne voulais pas ouvrir par peur que ce soit l'énième relance. On me propose une came superbe, à plus de 40% d'héro et environ 50% d'autres alcaloïdes. Enfin, j'ai mes plans dans cette ville. Petite parenthèse dans des dédales qui me rappellent ceux des villes méditerranéenne, les tags en plus et la mer en moins (mais la nuit, tous les chats sont gris et les vagues sont noires).

CC BY NC SA 2023 Cependant


Il ne reste qu'à voir demain que ce ne soit pas la carotte. Il ne restera qu'à voir ces prochains temps si l'énergie, partagée ou pas, pourra continuer à me porter contre vents et marées.

Pour construire un radeau ou un voilier, ce sera l'hiver prochain à avoir le prochain mot !








[1] Les ouvriers des luttes dans les usines italiennes des années 70 devaient en être aussi...
À ce propos, je ne peux que renvoyer au chapitre Anne Coppel, "Le temps des pionniers (1964-1974)", page. 60, dans La catastrophe invisible, pour une histoire sociale de l'héroïne, sous la direction d'Anne Coppel, Michel Kokoreff, Michel Peraldi, Éditions Amsterdam, Paris, 2018, 653 pag., où elle parle des revendications " Nous voulons tous" et de la première diffusion de la came.

Catégorie : En passant - 11 décembre 2023 à  01:31

#2C-B #chemsex #découverte #sexe

Reputation de ce commentaire
 
Texte mis dans les morceaux choisis de Psychoactif. (pierre)



Commentaires
#1 Posté par : AllMindIsDeep 11 décembre 2023 à  10:45
J'ai adoré lire ton blog !

 
#2 Posté par : aidee 11 décembre 2023 à  11:40
Superbe billet de blog, très beau, bien écrit, un plaisir à lire avec ces jolies photos qui accompagnent ces belles lignes, prends soin de toi et douce journée si tu récupères tout juste de ces aventures :)

 
#3 Posté par : cependant 13 décembre 2023 à  18:58

AllMindIsDeep a écrit

J'ai adoré lire ton blog !

Merci beaucoup pour ton commentaire !

Par curiosité, qu'est-ce que tu as aimé ?
Ça t'est arrivé de vivre des choses semblables ?


 
#4 Posté par : cependant 13 décembre 2023 à  19:01

aidee a écrit

Superbe billet de blog, très beau, bien écrit, un plaisir à lire avec ces jolies photos qui accompagnent ces belles lignes, prends soin de toi et douce journée si tu récupères tout juste de ces aventures :)

Et merci beaucoup !

Moi aussi j'ai bien aimé tes billets !
J'aime bien ton écriture nette et parlante et le coté "carnet de notes"...

Oui tu as bien deviné, il a fallu que je récupère...d'ailleurs je me suis endormie le weekend une bonne partie des journées...

Toi, tu connais le 2cb ?

Au plaisir en tout cas de te lire à nouveau :)


 
#5 Posté par : aidee 15 décembre 2023 à  00:26

cependant a écrit

Toi, tu connais le 2cb ?

Au plaisir en tout cas de te lire à nouveau :)

J’ai en effet déjà testé une fois le 2cb il y a quelques mois oui :)

Merci a toi


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