Ciao :)
Billet très troublant... je suis un adepte de ce style d'écriture, celui que j'ai adopté...
Mais ce qui me trouble c'est l'allusion au 11 septembre, n'étant pas un fan de Beigbeder, je ne savais pas qu'il avait écrit dessus. C'est troublant parce qu'hier très tard dans la nuit je me suis enfin décidé d'écrire sur ce sujet - en aparté avec mes écrits toxicophiles... Je n'arrive pas à comprendre pourquoi le 11 septembre me hante depuis quelques semaines : ça m'est pourtant passé à travers durant 22 ans, j'ai été choqué comme tt le monde, mais j'ai vite oublié. Et depuis un certain temps les images me reviennent à l'esprit : je suis littéralement obsédé par les 200 "jumpers" prisonniers des flammes des Twin-towers. Je pense que c'est l’ineffable atrocité qui se passe à Gaza qui joue un rôle en mon esprit. J'ai d'abord nommé cette nouvelle de 30 pages "
Noyau-dur de l'Absurde" puis je l'ai renommé "
Réverb". Ce que j'ai écrit à ce sujet, ça donne ça :
La médium Lefzao – « Le torrent se cache
Dans les herbes
De l’automne qui s’en va.
Les feuilles qui tombent
S’amoncellent les unes sur les autres ;
La pluie cingle la pluie. »
L’occultiste Hezuki – Tu es une abstraction pour nous aussi. Nous le sommes tous les uns pour les autres. Le solipsisme ne peut être ni démontré ni réfuté. Comme le paradoxe du menteur.
Le paria Diod – Il faisait un temps magnifique, un matin comme j’en avait peu vécu durant ma vie de trentenaire. L’air était doux, les gens souriaient, une belle journée… ouais, une belle journée, en somme. J’ai vécu de près la collision, j’ai vécu de près le crash. Je n’avais pas le choix, le feu était partout et l’air était aussi suffocante que brulante. J’étais déjà brulé de la main à l’avant-bras, la douleur était insupportable. Les gens hurlaient, se débattaient, certains pleuraient aux fenêtres. Je crois que je me souviens de ma chute, je crois que je me souviens du choc, je crois que je me souviens avoir hurlé lorsque je ne fus plus qu’à dix mètres du sol, après une chute de 350 mètres. J’ai mis mes bras ballants, mes mains sur mes tempes et mes doigts cachant ma vue, j’ai tenté de protéger mon crâne. Je ressens dans mes os l’impact horrible. Je sens le sang… ma cervelle et mes dents répandues sur le sol… je sens… ah nom de Dieu. Mon Dieu…
L’homme-machine 6.4IS – Efoiy Foufi…
Le medium Madhi - « Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde.»
Le paria Diod – Adieu, bande de chtarbés…
[...]
Le paria Diod – J’ai marché jours et nuits durant deux décennies dans le même quartier, le même district, j’ai vu les mêmes visages et les mêmes corps vieillir autant que moi, j’ai vu les saisons défiler, j’ai ressenti la misère de l’hiver approchant, j’ai ressenti la joie d’un soir d’été renaissant, j’ai vécu et revécu l’angoisse de l’errance, sans but, sans objectif, sans cause à défendre. Me voilà maintenant en train de traverser une salle gigantesque, aux vitraux bleus-lagons, aux carrelages de marbre, aux murs et aux façades glabres, il n’y a d’issue qu’à la porte-nord. C’est ce qu’ils m’ont dit. De loin je perçois les clignotements écarlates des caméras, et j’entends déjà s’assoupir le cercle, peut-être pour toujours… est-ce qu’ils m’ont tendu un piège ? Moi le réticent, moi l’indomptable, moi l’indocile, à la fois marteau, à la fois faucille. J’ai tellement marché, tellement gâché le temps qu’il me restait à vivre. Je ne devais pas ce jour-là me retrouver dans cette tour, j’accompagnais seulement mon amie pour quelques démarches commerciales. Mais l’inexorable coup du destin avait d’autres plans pour elle et moi, tandis qu’elle gisait au sol enfumé et de part en part embrasé, j’ai chuté du 84éme étage d’un immense édifice, percuté par un avion de ligne. Avec d’autres personnes, nous nous sommes accrochés au-dehors de la fenêtre, le corps en plein air, les bras lâchant facilement prises, les pieds glissant sur un pan en revers, mes brulures me faisaient souffrir, j’ai vu deux personnes tomber, puis j’ai compris qu’il n’y avait aucune chance d’en sortir, alors de rage ou de détresse, j’ai pleuré, j’ai supplié Dieu… « pas comme ça non, je ne veux pas que cela se termine comme ça. » Mais l’adrénaline et le stress furent tels que mes larmes séchèrent vite. Le vertige était tel que je me demandais si je n’allais pas me réveiller d’un sale cauchemar ; moi qui avait souvent cauchemardé de me retrouver au bord d’un précipice et d’y être paralysé. Vous comprenez… c’est le télescopage immédiat d’une vie normale et tranquille basculant soudainement dans l’horreur. Vous comprenez… je me parle à moi-même, je murmure pour moi-même. Ce peut-il que cette chute soit un faux souvenir ? Pourtant je la ressens dans les plus infimes parcelles de ma peau. « le cœur d’une expérience hors-du-commun » a claironné l’occultiste.
+++++J'avais besoin de partager ce texte... merci pour ton billet camarade...